J'ignorais tout de cette femme (à qui on attribue la phrase « Liberté, que de crimes en ton nom ! ») avant la lecture du livre de Philippe Valode, « Elles ont fait la France : de sainte Geneviève à Simone Veil » (cf. pp. 121-122) qui la cite parmi les héroïnes et victimes de la Révolution.
Ici, point de politique, mais l'éloge de l'amitié, ainsi qu'une brève « chronologie » (cf. pp. 93-94)
Voici ce qu'il faut retenir de la biographie de Madame Roland pour appréhender ces lettres : « Manon Roland, née Jeanne Marie Phlipon le 17 mars 1754 à Paris, et guillotinée le 8 novembre 1793, est une salonnière et personnalité politique française. Égérie des Girondins puis, plus tard, des Romantiques ; elle fut une des figures de la Révolution française et joua un rôle majeur au sein du parti girondin. Elle poussa son mari, Jean-Marie Roland de la Platière, au premier plan de la vie politique de 1791 à 1793. [...]
À sa demande, elle est placée, en mai 1765, au couvent des Augustines de la Congrégation de Notre-Dame, rue Neuve-Saint-Étienne, à 11 ans, où elle se lie d'amitié avec Sophie et Henriette Cannet originaires d'Amiens. Manon entretient avec ses deux amies une correspondance suivie après leur sortie du couvent. [...]
Lorsque sa mère meurt [cf. la quatrième lettre du 12 juin 1775, pp. 45-46], alors qu'elle a une vingtaine d'années, la jeune fille se consacre à l'étude, et à la tenue du ménage de son père. La lecture de la Nouvelle Héloïse parvient à la consoler du profond chagrin qu'elle éprouve et Jean-Jacques Rousseau reste son maître. »
Ce petit livre est une sélection de 9 textes choisis et préfacés par Chantal Thomas pour la collection « le XVIIIe siècle des femmes ». Ces lettres sont extraites de l'édition publiée chez Coquebert, Paris 1814, parue sous le titre « Lettres inédites de Mlle Phlipon adressées aux demoiselles Cannet de 1772 à 1780 », établie par Auguste Breuil.
Il n'y a pas les réponses de Sophie, mais cela n'enlève rien aux plaisirs exquis de ces épitres. On ne trouvera pas non plus dans ces pages « des révélations indécentes, des confidences amoureuses, des anecdotes troublantes », car les principaux thèmes de ces lettres sont « l'envie d'étudier et la difficulté d'aimer, ou plus exactement de se marier ».
Ainsi, comme le souligne Chantal Thomas, « il est clair que les deux amies, volontiers stoïciennes, sont accoutumées à se placer très à l'écart est au-dessus du troupeau, et à mépriser les efforts de leurs consoeurs pour plaire aux hommes […]. La jeune fille ne veut pas d'un mariage qui soit un marché, mais elle ne rêve pas non plus d'un mariage d'amour, reste le mariage de raison ».
Ce qui animera tout au long de cette correspondance la jeune Manon, c'est aussi le goût de l'écriture, « de sa gratuité, [la découverte] du plaisir d'un libre vagabondage de la pensée, au fil de la plume, […] car elle est résolue à ne pas transgresser le rôle d'une femme, à ne pas s'afficher, à ne pas devenir auteur ».
Une lecture rapide et aisée qui incite à poursuivre dans la voie de l'étude des textes, sans pour autant négliger ses amitiés. Je range ce livre à sa place avec satisfaction : j'ai découvert une belle plume féminine, grâce à Chantal Thomas.
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Figure féminine forte de la Révolution selon les Romantiques du XIXème siècle, Mme Roland, épouse de l’ancien ministre sous la Révolution d’avant Terreur, Jean-Marie Roland, rédige ses Mémoires lors de sa captivité en 1793, attendant le procès qui la mènera à la guillotine.
Cette édition Folio 2 euros reprend les premiers chapitres de ses Mémoires, dans lesquels elle raconte son enfance et son adolescence. Son portrait d’enfance dessine à mesure en creux son portrait d’adulte, et on entend dans ses expériences et commentaires sur sa jeunesse quelques échos avec sa situation personnelle au moment de la rédaction et avec la situation nationale. Un cadre familial aimant et stimulant lui ont permis de développer sa nature curieuse et insatiable, très intelligente, aux capacités remarquables, obstinée et droite, hyper sensible, sincèrement croyante en Dieu et en l’être humain, fine observatrice de la nature des humains, critique à l’égard des puissants ou qui se croient tels.
La langue du XVIIIème toute en circonvolutions permet la précision de la pensée. Je l’ai trouvée fluide et me suis laissée bercer par son rythme.
Et j’en ressors avec l’envie de lire l’intégralité de ces Mémoires.
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Mémoires d'une femme dont notre société devrait plus souvent et plus honnêtement rendre hommage, tout comme à Théroigne de Méricourt et Olympe de Gouges.
Par leur charisme et force de persuasion, ces femmes ont su faire entrer le respect et l'estime d'une société, alors machiste et rétrograde, pour la gent féminine.
Personnage hors du commun par cette remarquable faculté d'appréhender le cours des événements et leurs développements.
Personnalité trop souvent ignoré dans la réalité de certaines pages de notre histoire de France.
A découvrir dans une fluidité de style rendant sa lisibilité à une période des plus troublée de notre pays.
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