Par réflexe, mes mains se posent à hauteur de ma poitrine, comme pour retenir les débris de mon cœur.
En réalité, être seul, c'est comme marcher dans le froid sans manteau. Oui, c'est désagréable au début, mais au bout d'un certain temps notre corps s'engourdit. Si l'on s'habitue à ne pas être seul, en revanche, le retour à la solitude est un choc,comme si l'on vous arrachait votre édredon bien chaud à six heures un matin de décembre dans le Minnesota.
Lorsque je lui ai demandé combien d'avions chaque famille possédait, il m'a répondu : "Suffisamment."
Je suis probablement la moins bizarre de nous tous, et je loin d'être normale.
Tu ne peux pas me protéger contre la vie.
Etre en vie est devenu notre principale cause de réjouissance ces derniers jours. Voyez à quoi on en est réduits !
Je croyais que tu finirais par te réveiller et piger qu'obéir aveuglément, ce n'est pas la même chose que faire ce qui est juste. Mais ce n'est pas le cas. Ce qui veut dire que toi, moins que quiconque, n'a le droit de me parler de loyauté.
)-Qui es-tu? me demande-t-il
Je cligne des yeux, abasourdie.
-Qui je suis, moi?
Il s'appuie contre le lavabo en tripotant nerveusement la plaquette de comprimés d'ibuprofène.
(...)
-De quoi tu parles? Qu'Est-ce que je suis censée savoir?
-Je parle du fait qu'on m'a envoyé dans un trou perdu aux Etats-Unis pour recueillir des informations sur toi, une cousine éloignée de la famille. C'est rare, mais ce n'est pas la première fois. Vu la situation, il n'est pas non plus complètement incongru que les dauphin envoient Stellan mener l'enquête. Et là, juste au moment où tout est réglé, où j'allais t'emmener auprès de ta famille, j'ai reçu cet étrange message de mon mentor qui m'a dit de tout faire pour te protéger, quitte à prendre des risques...
http://lepetitmondedeceline.blogspot.fr/2015/06/la-conspiration-de-maggie-hall.html
Il ouvre les yeux. Je m'attendais à y lire de l'exaspération. Pas du tout. Il y a quelque chose de sauvage dans son regard, quelque chose de désespéré, dans sa manière d'écarter les lèvres. Mais il n'est pas fâché. Clairement il n'est pas fâché.
Nos visages sont à quelques centimètres l'un de l'autre, immobiles mais vibrants, comme deux amants que l'on essaie vainement de séparer mais qui s'attirent toujours. Il est sur le point de dire quelque chose mais s'interrompt. En lisant le désir, la peur et la frustration dans ses yeux, l'aimant que je suis lutte inutilement contre l'attraction.
Puis l'un d'entre nous- peut-être les deux- se laisse aller.
Et nos bouches fusionnent.
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J’emboîte le pas à Stellan en jetant un dernier coup d’œil aux invités. J’examine attentivement le décor. Des peintures, des tapisseries et des étagères remplies de livres couvrent les murs jusque dans la cage d’escalier. Je laisse courir mes doigts le long de la bibliothèque et je remarque une rangée de livres pourpres, tous ornés d’un filigrane doré gravé sur la tranche. Sur le livre placé à l’extrême gauche, je distingue le soleil que j’ai repéré dans l’avion et sur le tatouage de Stellan. Au-dessus, j’observe un autre symbole, un motif psychédélique formé de longs rayons émanant d’un point sombre, ainsi qu’une phrase traduite en plusieurs langues, y compris en anglais : Gouverner par le sang. Sous le soleil on peut lire en petites lettres, en anglais et en français uniquement : Lumière dans les ténèbres.
Je m’attarde pour réussir à voir tous les symboles :une branche d’olivier, une sorte de roue, entre autres, sans oublier la boussole du tatouage de Jack, sur le troisième livre en partant de la fin. Ils portent tous la devise Gouverner par le sang et le symbole psychédélique, mais sous la boussole de Jack, on peut lire Connaître la voie. Je fais le décompte : douze livres au total.
Stellan a parlé du Cercle des Douze. Les Saxon, les Dauphin… j’imagine qu’il y a dix autres familles. Au moins, ça fait sens.