Ils sont tous là pour me scruter, pas pour m'entendre. Ils attendent ce qu'ils croient déjà savoir. On dit que les enfants ne croient qu'en ce qui les arrange, mais la vérité, c'est qu'on ne peut pas les berner. Les adultes, en revanche, veulent choisir eux-mêmes l'histoire qui leur convient. Les gens se moquent de ce que les autres disent ou ressentent, de ce qu'ils ont traversé, appris. Les gens ne s'intéressent qu'à ce qu'ils sont déjà certains de savoir.
J'essaie de me dire que Lina ne saisit pas ce qui se passe. Qu'elle est épargnée par cette histoire. Mais ça ne marche pas très bien. Je n'arrive pas à me convaincre qu'on a moins peur quand on ne comprend pas. C'est plutôt le contraire, je suis bien placée pour le savoir.
Une fin n'est tragique que si elle a été précédée d'une alternative, que si elle ressemble à une conclusion injuste. Pas quand elle est inévitable.