Série D'un art à l'autre - Composer : de l'oeuvre musicale à l'oeuvre littéraire
Avec Mara Tremblay, auteure-compositrice-interprète et écrivaine Recherche et animation : Catherine Pogonat, animatrice et chroniqueuse culturelle L'auteure-...
Dans sa main, j’ai senti ma vie se blottir.
Mon cœur s’ouvrir.
Ma sexualité s’épanouir.
Dans sa main, je suis tombée amoureuse.
Je me suis assise dans l’auto de location, figée par le coup au cœur que je venais de recevoir.
Le printemps ne voulait rien savoir de venir, cette année-là.
C'était dur.
Pas de soleil.
Manque de vitamines.
Manque de lumière.
J'avais hâte d'ouvrir grand les fenêtres, de respirer plus loin.
(...)
Enfin un peu de soleil. Je revivais.
C'est comme si on oubliait.
Le soleil est une nourriture.
Je ne pourrais pas vivre sans lui.
Je n'ai envie de personne dans ma vie, mais j'ai trois hommes en même temps. Pour une fois que je me sens bien, seule, je veux laisser aérer mon coeur, trop chargé. Coeur trop chargé. (...) J'ai décidé de m'aimer. D'enfin me faire du bien. Les bons choix, pour de vrai. De ne plus m'emporter dans l'amour. Trop. Tout le temps. Pas de répit. Toujours amoureuse. Je suis épuisée. Je n'ai pas envie de revoir Armand. Juste d'y penser, je suis épuisée. Je n'ai pas envie de voir Philippe. Même chose. Je ne sais pas encore si j'ai envie de rencontrer quelqu'un. J'ai besoin d'être seule. De me donner l'énergie d'amour à moi.
La rivière me traversait le corps de son mouvement.
Tout était si doux.
Deux arbres amoureux dansaient devant moi et leur spectacle était très touchant.
Parle, nature, parle.
Je t'entends et j'ai besoin de tes paroles.
Je suis amoureuse d'un homme que je ne connais que de l'effleurement.
Un paysage au ciel troublé. Mais magnifique. Lorsque la tempête et l'orage se sont montrés au ciel, j'ai compris. Cet orage était le miroir de ce qui se passait à l'intérieur de moi. Un grand bouleversement. La foudre. Elle m'a enflammée jusqu'aux racines. J'ai ressenti une grande douleur et une irrésistible et délicieuse envie de lui. Envie de l'aimer.
J'évoluais.
Je m'ouvrais sans cesse.
J'apprenais à sourire.
Pour lui aussi.
Quand il me souriait, les bobos se pansaient.
Quand je lui souriais, je sentais une confiance, une approbation que tout allait bien.
Tout allait bien.
C'est si bon de sourire.
De se sourire.
Les enfants sont si merveilleux, si grands de sourires.
Conserver le bonheur de cette solitude un moment. J'aime regarder les hommes et les trouver charmants. Ou pas. J'aime deviner où ils en sont dans leur vie. Ce qu'ils ont fait de leur bagage, de leur coeur. Qu'ont-ils au fond des yeux ? Je n'ai jamais pris le temps de regarder : j'avais tout le temps quelqu'un au coeur.
J'avais hâte de me mettre ce paysage dans les yeux, de le sentir dans mon nez, de l'entendre dans mes oreilles et de le sentir avec mon coeur. Nature, nature, nature... De ma fenêtre, j’apercevais le soleil qui se déposait sur le sommet de cet érable que j'aimais tant. Splendeurs d'automne.
Nous roulerons.
Et tout le printemps nous aurons un problème de vitesse.
Les outardes déménageront.
Les mouettes perdront leurs plumes.
Rouge profonde.
Jaune lumineux.
La clarté me plaît.
J'ai envie de rentrer dedans. La pénétrer.
Flotter sur ses mers, ses paysages de paradis.