Citations de Marc Aubin (21)
Il faut observer, noter, étudier en détail, envisager les possibilités, ne pas sauter trop vite aux conclusions, se renseigner sur ces fameuses pratiques sadomasochistes et tenir compte des éléments qui manquent encore à la résolution de l’énigme.
Pour la première fois, j’ai eu envie de dominer un homme d’âge mûr. Je m’étais mis en tête de séduire mon professeur de français et de le réduire ensuite au rôle de pantin, dans l’intention ultime d’obtenir de sa part un glorieux « A »sur mon dernier bulletin. Je n’ai jamais aimé le français; la grammaire, la compréhension de texte, ce n’était pas mon truc. Mais peut-être que quelques minauderies me vaudraient de meilleures notes. Je n’avais rien à perdre et tout à gagner.
Les fantasmes ne se commandent pas, vous savez. Ils sont des sources d’excitation sexuelle propres à chacun, ils viennent de l’inconscient. Certains évoluent alors que d’autres disparaissent, faisant place à de nouvelles préférences.
...les détails de ma vie sexuelle ne regardaient personne d’autre que moi-même et que je n’avais en ce sens aucun coming out à faire.
Mes parents se manifestaient beaucoup d’affection et de respect, et ce petit cocon familial était des plus chaleureux. J’étais choyée et je le leur rendais bien en m’efforçant d’être à leurs yeux une enfant exemplaire.
Lorsque leur décès est survenu, j’ai eu l’impression qu’on me dépossédait d’un trésor. On m’arrachait le cœur, on me déracinait de ce terreau fertile où j’avais grandi. Je me suis retrouvée seule, du jour au lendemain, sous le choc d’une nouvelle que je n’arrivais pas à accepter. J’aurais voulu qu’on me pince, qu’on me gifle pour me ramener à la réalité ; tout cela me semblait être le plus horrible des cauchemars. J’espérais me lever, au petit matin, en réalisant avec soulagement que ce n’était qu’un mauvais rêve, mais je devais plutôt encaisser la réalité, me rendre à l’évidence : un connard avait tué mes parents, mes adorables parents. Pour cela, il aurait mérité qu’on lui arrache la langue, afin de l’empêcher de protester et d’inventer des excuses, et qu’on lui enfonce une bouteille de 40 oz de vodka dans la gorge. Voilà ce à quoi je pensais en m’endormant le soir, rongée par la colère.
L’univers des médias est une jungle, tu sais, et les reporters se battent pour avoir droit à des exclusivités.
Le désir des hommes me saoulait; chaque fois que je rencontrais quelqu’un qui me déshabillait des yeux, j’imaginais que je nourrissais ses fantasmes. Alors je jouais le jeu en lui adressant un regard langoureux avant de me dérober comme une ombre.
Savoir qu’une personne, même en mon absence, fantasmait sur moi m’allumait beaucoup.
Non seulement j’ai obtenu mon « A », mais j’ai aussi contraint Desrosiers à octroyer un piètre « C »à l’une des meilleures élèves de la classe, une fille qui m’avait fait suer au cours des cinq dernières années. C’était ma douce vengeance.
Alimenter de faux espoirs, voilà un jeu que j’appréciais !
Dès l’âge de seize ans, j’éprouvai un impérieux besoin de passer aux actes. Les mises en scène de mon imagination ne suffisaient plus. La soif de dominer les hommes m’envoûtait, mon désir de contrôle devenait obsessionnel.
L’expérience lui a appris qu’il ne faut négliger aucune piste.
Déjà, je ne me considérais pas comme les autres adolescentes. Ces dernières, plutôt fleur bleue, rêvaient d’une danse blottie tout contre un amoureux, d’un long baiser envoûtant échangé dans l’intimité d’un sous-sol aux lumières tamisées. Je considérais quant à moi les garçons d’un œil différent. Mes rêveries étaient d’un autre ordre ; des fantasmes étranges m’habitaient dans lesquels je souhaitais voir les garçons à mes pieds. Dans mon imagination débridée, je jouais les redoutables dictatrices et je leur imposais mes quatre volontés par de furieux claquements de fouet.
Rien ne lui semble plus pénible que de se retrouver seul dans sa cuisine devant une chaise vacante. Il ne supporte pas cette absence qui rend dans son esprit sa femme encore plus présente. Il préfère l’animation des restaurants à la lancinante nostalgie de sa regrettée disparue.
Il aime se faire appeler par son petit nom par les jolies demoiselles. Ça lui donne un sentiment de jeunesse.
Les années n’avaient pas altéré sa beauté : elle émanait de l’intérieur. C’était une femme au cœur d’or, d’humeur toujours égale, qui dispensait des sourires à tout un chacun.
Cette relation mère-fils me fait sourire et me rend triste à la fois. Elle me rappelle mes parents que j’ai perdus trop tôt et dont la présence me manque. Je sais bien que s’ils vivaient encore, je serais moi aussi forcée de leur inventer des histoires afin de ne pas les troubler et surtout les préserver des inquiétudes inhérentes à ma condition particulière.
Un perdant serait éliminé chaque jour, de la manière la plus atroce qui soit, précise-t-elle, afin de lui faire payer cher le crime dont il est coupable et pour lequel il n’a pas été suffisamment puni. Toutefois, contrairement à la coutume des soirées Exécution, l’événement épargnerait cette fois la vie d’un homme, car le gagnant de la joute se verrait soustrait au terrible sort qui lui serait réservé.
La médication peut traiter votre dépression, contrôler vos crises d’angoisse, vous aider à trouver le sommeil. Mais pour le reste, il n’y a que la thérapie pour vous permettre de traverser l’épreuve. Il faut admettre que vous n’avez pas eu une année facile. Le deuil de votre femme, qui a précédé tout ça, vous a placé dans une position de vulnérabilité émotionnelle. Vous vous êtes beaucoup attaché à Annabelle. Et ensuite à cette journaliste, madame Stone, dont vous m’avez parlé l’autre jour. Elle vous a blessé à son tour avec cette rupture définitive aussi subite qu’inattendue.
Comment une jeune femme, si jolie et à l’allure si saine d’esprit, peut-elle se révéler une aussi machiavélique meurtrière ? Fournier n’ose pas employer le mot psychopathe pour la désigner ; il n’arrive toujours pas à accoler cette disgracieuse étiquette à celle qu’il considérait jusque-là, avec grande affection, comme sa propre fille.