Je vivais ma chair et mon sang. Mais c'est par la forme que nous nous appréhendons les uns les autres, et nous croyons stupidement que la forme est toujours le signal fidèle de la substance. Et quand elle ne l'est pas? Quand la forme exprime le contraire de ce qu'est la substance? Quand la forme trahit la substance? Qui modère cette erreur? Le bossu et le nain que les gens voient passer près d'eux sont peut-être plus malheureux que ces gens ne le croient, parce que les gens croient que l'être du nain et du bossu est bossu et nain lui aussi. Et peut-être que non, peut-être que non. Peut-être que l'être d'une personne contrefaite est le même que celui d'une personne belle, mais nous prétendons que la personne contrefaite vit selon sa forme, et c'est là qu'est la tragédie, parce que la forme ne se vit pas, elle se perçoit, et elle se perçoit de l'extérieur. Ce que chacun vit, c'est sa substance.
Morale de toute fable: l'homme est une bête.
La première: quand un art est muet, parce qu'il n'a rien à dire, voilà que se présente le premier venu, peut-être celui qui connaît le moins cet art, peut-être celui qui l'aime le moins, car l'ignorance et l'indifférence le rendront plus audacieux, et il lui tord le cou, il lui arrache des cris d'agonie, et sur le moment tout le monde croit que cet art vient de resssusciter et que ces cris sont sa nouvelle voix. Et quand on s'aperçoit de son erreur, des fleuves d'encre ont coulé, les tableaux se sont vendus, et chaque musée a sa salle consacrée au farceur en question. Qui anéantira toute cette gloire?
Mon remords marche si lentement que le pardon et l'oubli le rattrapent toujours.
Souvent un dictateur est un révolutionnaire qui a fait carrière. Souvent un révolutionnaire est un bourgeois qui ne l'a pas fait.
L'aimant humilie le fer. C'est une théorie de l'amour.