Citations de Marie Lenne-Fouquet (69)
Laisser partir ceux qu'on aime, les laisser revenir, sait-on jamais. Laisser le flot nous surprendre.
Les surfeurs et les surfeuses rient, les dents blanches et parfaites, les abdos sculptés. Elle a l'impression d'un tournage de teen-movie. Elle se demande comment ils font. Peut-être suivent-ils les bonnes règles ? Le jus de citron au réveil, les grimaces au miroir pour éviter les pattes d'oie, les cinq fruits et légumes par jour (sans la banane), les deux litres d'eau, le footing quotidien, les abdos, les fessiers, les obliques, les intercostaux, les dix heures de sommeil, les gommages aux noyaux d'abricot qui vous arrachent les cuisses, l'huile de ricin sur les cils, le lait d'ânesse sur les seins, les masques, les douches écossaises, le repoussage des cuticules, les poils traqués, le vert anti-rougeurs, le beige anti-cernes, les détartrages semestriels, les graines de chia, les graines de lin, les graines de courge, les graines de tout, la méditation pleine conscience. le développement personnel, Ie déo maison, la lessive maison, le shampooing maison.
On ne peut se voir que de l'intérieur, avec ce que cela sous-entend de méandres complexes, de battements de cœur, de craquements d'idées.
Aller mal l’irrite soudain. L'énergie que ça demande, le temps que l'on perd. Les heures qu'elle gâche pour quelqu'un qui s'en fout. Les larmes qui purgent, au fond, cest un mensonge, les larmes la noient.
Elle entend sac et chaussures être jetés en vrac dans le couloir, puis sa coloc farfouiller dans le coin cuisine.
– Prudence, je cherche une tasse propre. En vain.
– Je sais. C'est le bordel.
– Il va falloir qu'on parte à la chasse aux mugs.
– J'en vois deux sur la table du salon. Je suis sûre qu'il y en a au moins trois ou quatre dans ta chambre. Et euh, deux dans la douche.
– Dans la douche. Normal.
– Déjà je sais où ils sont, c'est pas si mal.
La balade nous fait du bien. Le sport, c'est bon quand tu as mal au cœur parce que ça donne à ta douleur un endroit où se nicher.
C'est là que je prends deux decisions. La première, à effet immédiat: je vais quitter cette soirée, maintenant. Traverser la pièce, descendre récupérer mon sac et sortir sans rien dire a personne. La seconde, je la garde au fond de ma tête en feu: un jour, je parviendrai à accepter ce que je ne maitrise pas de mon corps. J'apprendrai à me défendre, à me sentir fière d'être une fille. Je saurai trouver mes mots et ne pas écouter les leurs. Je ne veux plus que mon corps soit l'affaire des autres.
Les vieux qui nous bassinent avec leur «C'était mieux avant. » et « On était plus amoureux. Vos réseaux sociaux et le numérique, ça n'a rien à voir avec les lettres qu'on s'envoyait !» et blablabla. Tu parles ! II suffit de regarder Sofiane attendre, éclairé par l'écran de son smartphone. On n'attend peut-être plus le facteur, mais on attend la notification, la bulle Messenger, le SMS. Et on aime tout pareil. Et parfois les réseaux sociaux se taisent, comme une claque qui fait aussi mal que la lettre sans réponse.
Mais elle se fout de la dignité. Elle a mal, elle a de la peine, elle ne voit pas en quoi rester droite et fière lui permettrait d'aller mieux, elle aurait mal quand même, ce serait juste plus supportable pour Maneck.
L'odeur des gens que l'on aime est une maison douillette.
Le givre donne une idée de la préciosité des choses en habillant tous les détails.
Elle s'était projetée, à fond, sans frein. C'est souvent le problème, avec elle, elle se maltraite d'attentes immenses.
Ce qu’elle aime ça, être secouée par le beau ! C’est toujours plus grand qu’elle. C’est comme si toutes les émotions qui la traversaient en permanence, avec lesquelles elle parvient à vivre avec plus ou moins de facilité, avaient, face à l’art, le droit d’exister toutes ensemble, d’exploser sans dégâts sous la peau. Le beau a toujours aidé Prudence à prendre des décisions.
Elle essaye de donner le change, elle suppose qu'être là physiquement me donnera l'impression qu'elle passe du temps avec moi, mais elle me parle à peine, écoute à peine, envoie des mails et répond à sa patronne.
"Elle m'indique deux paires : une rouge et bleue.
-Prends celle que tu veux.
- Le bleue et depuis toujours , c'est le bleue.
Intriguée , Olga leva les sourcils."
"- Je suis bien contente de revoir un Marchieux dans les cordes, j'ai entrainé ton oncle un paquet d'années, tu sais.
- Je sais ,oui .
- Qu'est-ce qu'il devient ?
Je me tasse un peu sur moi-même.
- ça va , je crois, je ...je ne l'ai pas vue depuis longtemps."
"- Alors, tu t’inscris ?
- Et comment.
Olga hoche la tête radieuse.
- Bienvenue, Agathe."
Quentin
" J'ai pété un plomb en voyant Warren. "
" Du haut de son mètre quatre-vingt-cinq. "
" J'aime bien, ça change de mes plateaux solitaires ou de nos repas sur le pouce avec ma mère. "
On s'aperçoit de l'existence de Mélie le jour où elle est absente.
Le maître fait l'appel et Mélie ne répond pas à son prénom. On se tourne vers sa place, au fond à gauche, et c'est vrai qu'il n'y a personne.
"Je crois qu'on déborde tous un peu de quelque part, tu sais. C'est pas bien grave."
Quand on entre dans le hall, il fait moite comme dans un vivarium et je déteste cette impression d'être une couleuvre.
" C'est ça être poli quand on est une gamine : bisouiller des peaux d'inconnus, toucher la dame, toucher le monsieur. "