Royales Passions ! Pierre le Grand et les dents
J'ai pénétré aussi loin que j'ai pu dans l'océanographie où je sentais dormir la solution des grands problèmes de la biologie ; où je voyais se dessiner le domaine le plus puissant des phénomènes physiques et chimiques d'où sont sorties la naissance, la propagation et l'évolution des êtres. Et plus la science développait devant moi ce terrain, plus elle confirmait la formation d'une philosophie nouvelle qui réserve à nos successeurs des vues agrandies sur les enchainements du monde vivant.
Vous avez couronné l'Institut océanographique où se développent les principes de la biologie nouveau-né qui se répandent parmi les collectivités scientifiques en éclairant un peu les ténèbres où s'agite notre besoin de vérité.
Le palais de la Mer, qui domine Monaco et les siècles d'ignorance, s'enrichit tous les jours avec les dépouilles que mes collaborateurs et moi avons recueillies partout où elles attendaient qu'un esprit nouveau dans l'humanité leur demandât ce qu'elles pouvaient révéler sur les origines du monde. Car il existe peu de champs du domaine scientifique terrestre dont on ne puisse prolonger la culture jusque dans le domaine maritime ; et progressivement l'Institut océanographique et le musée ont vu leurs laboratoires fréquentés par les travailleurs les plus divers, touchés par cette notion que l'océan possède une réserve immense des éléments qui ont formé notre planète et des forces qui la gouvernent.
Prince Albert 1er de Monaco,
Discours sur l'océan, prononcé le 25 avril 1921 à l'Académie nationale des sciences de Washington.
Henry de Varigny note avec justesse dans Le Progrès de la Côte d'or "Il aurait pu se contenter du rôle de mécène ; il a voulu faire oeuvre scientifique personnelle." Et quelle oeuvre ! Le prince a consacré à l'océan "l'ardeur de sa jeunesse et l'expérience de son âge mûr", a mis à son service son intelligence, sa fortune, son existence entière. Grâce aux résultats décisifs d'Albert de Monaco, "le flambeau de la science" a pu jeter ses rayons "jusque dans les plus profondes ténèbres des gouffres".
Madame,
Vous avez pensé que le goût des fleurs ne devait pas être une étude stérile.
Vous avez réuni sous vos yeux les plantes les plus rares du sol français. Plusieurs même, qui n'avaient point encore quitté les déserts de l'Arabie et les sables brûlants de l'Egypte, se sont naturalisées par vos soins ; et maintenant classées avec ordre, viennent présenter à nos regards, dans le beau jardin de La Malmaison, le plus doux souvenir des conquêtes de votre illustre époux, et la preuve la plus aimable de vos studieux loisirs.
Vous avez bien voulu me choisir, Madame, pour décrire ces différentes plantes, et faire connaître au public les richesses d'un jardin, qui égale déjà ce que l'Angleterre, l'Allemagne et l'Espagne nous offrent de plus curieux en ce genre. Daignez agréer l'hommage d'un travail entrepris par vos ordres.
Je suis avec le plus profond respect,
Madame,
Votre très obéissant serviteur.