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Critiques de Marie Saglio (20)
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Bombay

Pour ceux qui sont restés au pays, Shiv est un Indian-Brit. Son retour en Inde nécessite qu’il fasse ses preuves. Hors il débarque à Bombay avec pour mission de monter un projet de récupération d’énergie à partir des immenses déchetteries à ciel ouvert où survivent des millions de déracinés qui ont quitté la campagne contre leur gré pour s’entasser dans les bidonvilles.



Shiv est loin de s’attendre à ce qu’il va découvrir : la complexité de l’organisation mafieuse, la corruption, l’implication des politiciens dans le maintien d’une organisation extrêmement protégée et la difficulté d’ignorer ce contre-pouvoir.



C’est aussi un constat sans appel des conséquences délétères de nos modes de vie des décennies récentes, la pollution à la dioxine, et aux métaux lourds, à des taux qui dépassent l’entendement.



Le pays vit de plus sous la menace permanente d’actions terroristes en lien avec la haine farouche qui oppose les communautés hindoues et musulmanes.



Mais Shiv est un coeur pur, doublé d’un amoureux transi, malgré les obstacles quasi-infranchissables qui se dressent entre lui et la jeune femme qu’il a quitté il y a plusieurs années quand il a émigré en Angleterre. De révélations en coup de théâtre, mènera t-il à bien sa mission ?





Dans ce premier roman fort bien écrit, Marie Saglio nous révèle un aspect de ce contient peu traité dans la littérature, si bien ancré dans le contexte géopolitique contemporain. Une lecture instructive et nécessaire.



400 pages Serge Safran 13 janvier 2023
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Bombay

De retour en Inde



Spécialiste de l'Inde, Marie Saglio passe au roman pour raconter Bombay en imaginant le retour au pays natal de Shiv expatrié à Londres depuis sept ans. Il est chargé du projet d'assainissement de la plus grande décharge de la ville et ne va tarder à saisir la complexité de sa tâche.



Après avoir passé sept ans à Londres et gravi les échelons dans une entreprise de la City, Shiv a l'opportunité de rentrer à Bombay. Raja Singh, son rival sur ce projet, ayant démissionné, on lui confie ce très gros contrat portant sur le traitement des déchets. Car Bombay est devenue «l’épicentre du problème des ordures». Au fil des ans, et avec le développement économique, la montagne de déchets de Gandapur est devenue gigantesque. «Avec vingt millions d'habitants, chacun produisant près d’un demi-kilo d’ordures par jour — un taux de génération largement supérieur au taux d'urbanisation —, le désastre est bien avancé.»

Une fois le constat dressé, il faut se coltiner à la réalité, c'est-à-dire aux milliers de personnes qui vivent de cette montagne. Autour des Banghi, «le nom de caste pour désigner les fouille-la-merde», il y des éboueurs, des extracteurs, des ferrailleurs, des recycleurs et des triqueurs, qui tous revendiquent un savoir-faire et un territoire. Alors Shiv marche sur des œufs, il sait que «respecter la hiérarchie indienne, c'est ne supporter aucune confusion.»

Après avoir traversé une ville en constante mutation, de plus en plus peuplée et polluée, il arrive devant la montagne d'immondices et à la joie de retrouver Lénine, un camarade chargé du recensement. Avec lui, il va parcourir ce dédale et se faire expliquer la hiérarchie instaurée ici, des petites mains aux deux chefs mafieux qui régentent tous les trafics.

Il sait qu'il devra composer avec eux s'il veut réussir.

Mais pour l'heure, il doit s'attaquer à une autre montagne, l'administration. «Shiv ne compte pas sur la municipalité. La ville est embrouillée dans les tractations ancestrales entre ses lobbies, ses industriels, ses négociants, les Bhora, les Khoja, les Gujaratis, les Marwari, les Parsis, et leurs intermédiaires, agents, émissaires, les intérêts des uns, la filouterie des autres. En revanche il compte sur l'État, mieux, il espère de l'État une vision.» Après d'âpres tractations, il finit par obtenir le mandat et les fonds. Ce qui ne fait pas plaisir à tout le monde, en particulier aux intégristes religieux qui voient une menace dans ce chantier qui finit par démarrer. Secoué par un lynchage, Shiv est prêt à tout arrêter, d'autant qu'il comprend que Laleh, son amour de jeunesse, est devenue un rêve inaccessible.

Marie Saglio n'ignore rien de ce subtil système où tous se surveillent, où personne n'est responsable et où chacun cherche à profiter. Après avoir étudié et publié plusieurs ouvrages et études sur le sujet – notamment Intouchable Bombay – sous son nom complet, Marie-Caroline Saglio-Yatzimirsky, elle passe avec bonheur au roman. Ce qui lui permet de nous livrer cette ambitieuse épopée, lui permettant de nous offrir un panorama complet des maux qui gangrènent la société. Pris entre son envie de développer le pays et le poids des traditions, Shiv incarne parfaitement cette aspiration à réformer, mais aussi la montagne des obstacles à surmonter. Un travail colossal !




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Bombay

Merci à Lecteurs.com et aux éditions Serge Safran de m'avoir permis la lecture de ce magnifique roman .Shiv vit à Londres et travaille pour une société qui recycle les déchets et doit faire une étude pour assainir une montagne de déchets en périphérie de Bombay où s'est implanté un bidonville vivant du recyclage des déchets sous le joug de truands notoires .C'est l'occasion pour lui de retrouver ses amis et peut-être son amour de jeunesse .Un magnifique roman où l'on retrouve cette Inde qui me fascinera encore longtemps .
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Bombay



Il est à remarquer que M.Saglio titre son livre Bombay et non Mumbai ainsi appelée depuis 1996. Shiv, indien parti en Angleterre revient dans sa ville Bombay, alors qu’il est ingénieur et envoyé par son entreprise afin d’évaluer les travaux à effectuer pour éradiquer la plus grande décharge d’ordures du monde située là. Elle permet à des milliers d’Indiens de survivre en fouillant jour et nuit ces montagnes d’immondices.

Après une absence d’une dizaine d’années il a du mal à reconnaître sa ville où maintenant les gratte-ciel poussent partout où un carré de terre se libère, il va se confronter à la mafia,, à la corruption à tous les niveaux, à cette guerre civile qui mijote depuis si longtemps entre les « vigilants », hindouistes radicaux et les musulmans.

Et puis en fil rouge une histoire d’amour contrariée, les castes existent toujours.

Cette fourmilière humaine ne dort jamais, et l’auteur excelle dans le rendu de cette effervescence éreintante. J’ai vraiment apprécié ce roman sans prétention littéraire mais si vivant, je me suis retrouvée là bas il y a des années avec la même émotion.
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Bombay

J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération "Masse Critique littérature" de janvier 2023, organisée par Babelio.

Merci à Babelio et aux Editions "Serge Safran" pour cet envoi.

Shiv jeune ingénieur travaillant à Londres dans une société de recyclage est envoyé à Bombay, en Inde, son pays natal, pour mettre en place une usine d'incinération des déchets et transformation en énergie sur la décharge de Gandapur. Il retrouve Shantiji, sa mère d'adoption, son guru, aujourd'hui vieillissante et malade, chez qui il va loger, et Lenine, son ami, frère de celle qu'il aimait et n'a jamais oubliée, Laleh. Guidé par Lenine, Shiv va redécouvrir la décharge de Gandapur et le bidonville qui l'entoure, ainsi que les hommes qui y vivent : le Kannada, leader des chiffonniers, Hari, un chiffonnier qu'il a connu enfant. La décharge gigantesque fait vivre des milliers de personnes, y compris des enfants et des vieillards, tout en les empoisonnant.

Shiv va découvrir des secrets qui lui avaient été cachés, et ceux de Gandapur : pollution à la dioxine, couche de méthane, eau rare et contaminée, trafics, empoisonnements, meurtres, haine.

L'auteur nous plonge dans l'Inde d'aujourd'hui en proie aux conflits de religions : affrontements entre hindous et musulmans, à la corruption et la mafia, à la pollution des villes, la désertification des villages "ennoyés" au profit des villes, la surpopulation, avec la persistance et la complicité des castes, l'opposition entre riches et pauvres.

Les personnages sont bien brossés et certains sont attachants : Shiv, jeune homme droit, intègre, qui souhaite préserver les travailleurs, petites mains, éviter les contaminations, envoyer les enfants à l'école et aussi Shantiji, femme impliquée pour améliorer la vie des plus pauvres, l'accès à l'éducation, Lenine, homosexuel, ami fidèle. Leur alliance constitue une piste d'espoir, un chemin lumineux dans ce pays sous tension, en danger.



C'est un plaisir de lecture, un coup de coeur , une découverte d'un pays fascinant, complexe, sous tension que je n'oublierai pas
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Bombay

 Je crois à la vérité de cette histoire parce qu'elle est impossible à inventer.

Je crois à sa vérité qui est à la limite de l'invraisemblable et sans compromis avec l'acceptable. »

Erri de Luca



« Il n'y a pas de retour possible. Pas en Inde. En Inde le retour s'appelle renaissance. »



« Hari vit dans les poubelles. Ses yeux semblent être devenus fous à force de chercher, comme un gobe-mouche, sa pitance dans les ordures. »

S'il est un roman bénéfique, crucial, immensément révélateur, puissamment écrit, « Bombay » est celui-ci.

Écrit par Marie Saglio, anthropologue, spécialiste de l'Inde et de l'exclusion sociale, des bidonvilles d'Inde et du Brésil…. « Bombay » est une mise en abîme de l'Inde moderne .

C'est un outil de savoir où l'on pressent les protagonistes dans l'orée d'une contemporanéité époustouflante. Un roman entre rive documentaire, sociologique, finement politique. Une histoire engagée, sociétale, l'Inde dans tous ses diktats et ses habitus .

Nous suivons des yeux Shiv (l'un des deux Indiens du groupe) qui travaille à Londres dans une entreprise de recyclage des déchets : W.A.R.R.I.O.R (Waste Recycle Re-use Industrial Organisation). Il lui est proposé de travailler durant six mois sur Gandapur, la plus grande décharge de la ville. Un projet en partenariat avec Bombay. Lui, l'expatrié comment va-t-il vivre cette expérience, lui, Indien et pris en tenaille entre les enjeux de son entreprise et ce qu'on attend de lui ?

Construire une centrale capable d'alimenter en énergie une grande zone, celle du nord-est qui développe ses villes. Économie circulaire, quid de l'écologie.

Détruire des bidonvilles, raser à plat les invisibles qui gravitent sur les décharges. Vendre des détritus pour des miettes de pain. Shiv s'envole pour l'Inde. Dans ses bagages, la consigne implacable de faire évoluer les décharges. Changer la donne. On ressent un homme averti aux causes environnementales. Conscient des périls de son pays l'Inde ployée « dans cette vaste brocante qui s'étale le long de la voie ferrée, grand corps en remous traversé par la frénésie du marchandage, les objets disparaissent plus vite qu'ils n'arrivent. »

Shiv s'imprègne de sa terre natale. Il ressent de plein fouet les souffrances des basses castes.

« Tout en bas de l'échelle, il y a toujours le plus bas du plus bas, les chiffonniers, les hommes de la décharge. Ils traitent les déchets des déchets et ce qu'il en reste. »

Recycleurs, l'effervescence de la survie, fourmilière qui gravite dans les déchets. le dos courbé, les pieds blessés, Shiv observe, prend note, veut changer la donne. Les affrontements entre les hindous et les musulmans, la chasse à l'homme, les religiosités aux abois. Les couleurs qui se meurent dans le Gange. Les fléaux des pollutions, l'eau boueuse sur les lèvres des enfants

La trame perfectionniste rassemble l'épars. Nous sommes dans un récit géopolitique intense, visionnaire et implacable . « Le monde du bidonville est tenu par des contrats invisibles. Tu vois le recyclage, ça permet de blanchir pas mal de choses. Tu as aussi appris que rien n'arrête un père de famille. Que des hommes organisés peuvent empêcher un barrage. Qu'un village mobilisé est une mine de vie. Ton Gandapur est un grand village avec des familles. Il est tenace. »

W.A.R.R.I.O.R, le pot de fer contre le pot de terre. Qui croire ? Que révèle un mastodonte financier aux allures faussement philanthropiques ?

« Ou tout simplement des hommes, au jour le jour, dans le Carpe Diem de la survie. Et des marchés. »

Bombay rebaptisée Mumbai en 1992. Ville tarentule, où d'aucuns risquent de sombrer. Où l'espoir n'a d'enjeu que la survie. « Fais ce que tu as à faire sans peur. ». Shiv vit son pays. Pressent sa présence sur cette terre natale comme les battements mêmes de son coeur. Il devine ses combats, ses engagements, l'urgence des projets. Bâtir sa propre humanité dans une ville-monde, macrocosme fabuleux, fragile et salvateur.

Ce livre est une épopée extraordinaire et apprenante. Un voyage dans l'Inde réelle. Ce roman d'utilité publique, réaliste et intense est construit d'une main de maître, à l'instar d'une conférence à ciel ouvert. Une immersion dans l'Inde dont on ressent toute la ferveur, l'amplitude, les émois et les hôtes de ce pays empreints de ténacité. C'est une histoire plausible, fascinante et lumineuse. Un parchemin existentiel, la littérature imminente. Riche, surdoué, plaisant, « Bombay » est une chance éditoriale, le piédestal de cette rentrée littéraire de janvier. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.



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Bombay

L’Inde d’aujourd’hui, 1, 3 milliards d’habitants, sa folie et ses mystères, sa politique répressive et l’absurdité des castes. Un pays qui sera bientôt le plus peuplé du monde. Fascinant de s’y promener avec Shiv, jeune ingénieur qui travaille dans la City et revient à Bombay pour transformer l’immense décharge de Gandapur en pôle d’énergie. Mais, de ces déchets vit tout une population qui tente vainement de préserver quelques droits. Alors, que faire, comment choisir entre progrès et respect, courage et profit ? Sans trahir sa propre destinée.
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Bombay

Expatrié à Londres depuis quelques années, Shiv travaille pour une société de traitement des déchets. Un projet de grande envergure lui offre l'opportunité de revenir au pays et de retrouver ses amis.



Au delà de l'ampleur colossale de la mission à remplir, Shiv redécouvre Bombay et ses multiples facettes. Ses repères et ses habitudes sont toujours profondément ancrées en lui mais le pays qu'il parcourt n'est plus tout à fait le même.



En suivant son retour et les démarches que le jeune ingénieur doit entreprendre, le lecteur découvre une société aux multiples facettes, personnalisée dans la famille qui accueille Shiv et ceux qui l'entourent, invisibles ou au premier plan.



Au fil de son séjour, le jeune homme comprend que les choses ont changé plus qu'il ne le pensait. Il est également amené à porter un regard nouveau sur l'histoire de sa famille. Son univers et ses certitudes s'en trouvent bouleversés. Pour Shiv, le retour au pays prend des allures de renaissance.



A travers ses yeux, le lecteur découvre l'Inde et son Histoire, son climat politique; ses cultures et ses contradictions. Une lecture riche et captivante.
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Bombay

Bombay est le premier roman de Marie Saglio, anthropologue de formation et spécialiste de l'exclusion sociale, des bidonvilles d'Inde et du Brésil et des questions migratoires. Ce roman permet une immersion totale dans la société indienne et en particulier dans la mini-société des bidonvilles.

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Nous suivons Shiv qui travaille pour une grande société de recyclage des déchets, basée à Londres. Il est envoyé à Bombay où il a longtemps vécu pour mener une étude sur le grand bidonville. En rentrant en Inde, Shiv retourne dans sa famille d'adoption, retrouve son meilleur ami Lénine et est hanté par les souvenirs de Laleh, son premier amour. Son retour le plonge dans ses souvenirs d'enfance, l'interroge sur son départ. Il est aussi choqué de découvrir les nouveaux bouleversements de son pays, un hindouisme extrémiste qui pollue le quotidien des gens, le meet ban, les heurts entre les hindous et les musulmans, les problèmes d'écologie et de corruption. Il découvre aussi comment s'organise un bidonville, comment sont hiérarchisés les rapports, comment fonctionne l'économie locale et comment elle est basée sur la réutilisation des déchets.

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Shiv n'est pas très attachant mais il arrive telle une page blanche dans ce bidonville, et se construit à travers ses différentes expériences. On sent qu'il est tiraillé entre son expérience occidentale et son vécu indien, que ses préjugés se déconstruisent petit à petit. Marie Saglio réussit le pari de nous transmettre toute son expérience du terrain en tant qu'anthropologue à travers un roman passionnant.

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Bombay

Ce livre est un immense plaisir de lecture, une immersion totale dans Bombay et dans les problématiques qui secouent l'Inde actuelle: question environnementale et pollution des villes, violences politiques et instrumentalisation des différences religieuses, complexité de castes, fracture urbaine et pauvreté vs. croissance économique. Et pourtant, même si l'auteur nous apprend beaucoup de choses sur ce pays, on reste dans une histoire intime, celle d'un homme qui se cherche,. La réflexion va loin sur ce qui fait une vie, les "missions" de chacun. La figure du guide est très belle. les personnages sont attachants, très finement présentés. Les personnages des femmes ressortent au fur et à mesure de la lecture, ce sont des héroïnes modernes, pleines de révolte et de sagesse. L'écriture travaillée porte le livre, elle est parfois très poétique, parfois pleine d'humour ou de rage lorsqu'elle décrit une ville qui déborde, dans des tableaux hallucinés. C'est une petite histoire dans la grande, et pour cela un très grand roman, qui reste. Le livre m'a rappelé l'extraordinaire "Equilibre du monde" de Mistry. A lire absolument pour qui veut être au fait de l'Inde aujourd'hui et plonger dans l'univers d'une ville hallucinée, ultra contemporaine.
Lien : http://sergesafranediteur.fr
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Bombay

Premier roman

Bombay, un récit coup de poing, une immersion dans l’Inde contemporaine, avec ses habitudes ancestrales, ses castes, ses religions et ses inextricables complexités. Shiv, un jeune ingénieur indien, bien implanté à Londres, semble le candidat idéal pour se rendre à Bombay, la ville de sa jeunesse, pour étudier un projet de recyclage des déchets. Il y retrouve sa famille adoptive et ses amis.

Implanter une usine de recyclage des déchets, quelle belle idée ! Shiv va vite se heurter à la réalité. Il découvre, en rencontrant les habitants de la décharge, qu’il faudrait démanteler toute une économie parallèle gérée par la mafia et gangrenée par la corruption. Et que deviendront ces pauvres gens ? Le sort des intouchables et des habitants des bidonvilles n’est pas le seul problème dont il prend conscience. Marie Saglio nous parle aussi, entre autre, de l’homosexualité et du radicalisme des hindouistes. Les religions cohabitent depuis toujours et, comme les castes, elles ne se mélangent pas. Au pays de Gandhi, le chantre de la non-violence, la haine des hindouistes envers les musulmans, les poussent à commettre les pires atrocités.

Marie Saglio est une universitaire, chercheuse, anthropologue, spécialisée dans le domaine de l’exclusion sociale. L’Inde est un de ses thèmes de prédilection. Elle y a vécu quelque temps, dans un bidonville, travaillant pour une ONG. C’est dire qu’elle connaît très bien son sujet, une des raisons pour lesquelles j’ai beaucoup apprécié ce récit. L’écriture est fluide et le ton sonne si juste que les personnages imaginés par Marie Saglio semblent réels.

Bombay m’a rappelé les romans de Rohinton Mistry et, en particulier, le très fort L’équilibre du monde paru en 1995 et qui se déroule aussi à Bombay, mais en 1975. Qu’est ce qui a changé ? Certainement la taille des bidonvilles, mais apparemment pas beaucoup les mentalités.

Un roman captivant, essentiel pour comprendre l’Inde.
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Bombay

Gros coup de cœur pour ce premier roman de Marie Saglio.



A travers une trame dramatique parfaitement maîtrisée, l’auteur nous propose une analyse politique et sociale de l’Inde, et plus particulièrement de la ville de Bombay.

Littéralement scotchée par l’histoire de Shiv, je n’ai refermé le livre qu’à la dernière page. Pour immédiatement, rechercher sur internet les infos me permettant de satisfaire ma curiosité aiguisée par cette découverte intelligente et nuancée de Bombay.

Que demander de plus à un livre ? Le plaisir d’aller au bout d’une histoire pleine de rebondissements, et la compréhension de notre environnement. Je suis admirative de cette belle réussite : un vrai talent d’écrivain et une réelle expertise d’un pays complexe et riche.



Quelques mots pour situer le récit.

Embarquement immédiat pour Bombay, la moderne et la miséreuse, avec Shiv. Ingénieur indien travaillant pour une entreprise internationale de recyclage de déchets. Après 7 ans ininterrompus à Londres, il revient à Bombay où il est chargé de transformer l'immense centre de déchets de Gandapur en centrale d’énergie pour le nord est de Bombay.

« Bombay est devenue l’épicentre du problème des ordures. C’est le revers de sa prodigieuse expansion économique. Ou plutôt, traduit dans la langue des affaires, la mégapole représente un marché colossal de traitement des déchets. »

Bien sûr, rien n’est simple en Inde et cela, Shiv le savait, le redoutait. Il va le constater et le subir tous les jours. Les castes ont officiellement disparu, mais les fossés demeurent entre les différentes classes sociales. Les nantis, dans des quartiers résidentiels, les chiffonniers qui vivent de la décharge, avec des hiérarchies bien définies, les slum dwellers, les habitants des bidonvilles qui vivent avec, dans, et de la décharge, les Dons ( chefs de la mafia), souvent des hommes politiques sans qui rien ne se fait. Car, avec la hiérarchie verticale érigée en symbole puissant, la corruption est omniprésente, et à tous les niveaux.

« C’est comme ça ici, tous ceux qui veulent réussir ont un pied dans la fange. »



Marie Saglio n’oublie pas l’environnement historique et social, l’exode rural qui pousse les populations à chercher du travail dans les villes, et la plupart du temps, les pousse également dans les bidonvilles, sans compter la dégradation inexorable de l’environnement naturel. La présence de produits toxiques et mortels dont tout le monde se fiche. Il faut vivre et pour beaucoup, il faut simplement survivre. La misère est présente, banalisée et la vie d’un homme, la santé d’un enfant, ne valent pas grand-chose.

Toutes les scènes dans les bidonvilles sont relatées sans pathos, mais avec beaucoup de justesse et de sensibilité. En les lisant, on se réjouit de vivre dans un pays occidental.

En même temps, beaucoup de battent pour l’amélioration de l’existence de chacun, notamment la prise en compte de l’éducation de tous les enfants, comme la mère de Shiv.



Le conflit toujours présent entre hindous et musulmans, avec toute la montée en puissance du parti nationaliste n’est surtout pas occulté. Il est essentiel dans le climat qui règne à Bombay et tout ce qu’il peut rapporter au régime en place.



Les personnages sont bien campés et attachants, complexes. Car les doutes, les espoirs, les révoltes et les compromis les habitent. Une analyse psychologique toute en finesse avec le personnage central de Shiv, à la recherche de sens et d’identité.

Une progression dramatique sans faille. Servie par une plume simple, juste et précise, quelquefois douce et poétique, dont le ton change brutalement pour décrire l’indicible :

« Shiv regarde toujours l’avocatier et se sent submergé de nostalgie pour le monde ancien de sa terre villageoise.(…) Après les moissons de l’été, tous attendaient les pluies gorgées de fraîcheur, l’heure où terre et ciel échangent leurs robes, où le fleuve gris revêt une clarté lumineuse, où l’azur noircit sous la nuit. Voilà que les lacs n’offrent maintenant que des flottilles de poissons crevés, pourrissant sous un soleil meurtrier. »



Un livre enrichissant car il permet une compréhension intellectuelle d’un milieu mais aussi une compréhension par le cœur, des doutes, de la misère, de tout ce qui accompagne l’humanité.

Merci Marie Saglio.



Lu dans le cadre du prix Orange 2023.


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Bombay

Lecture abandonnée. La cause? Ce narrateur omniscient qui surgit à l’improviste pour nous servir des propos purement informatifs qui nous font décrocher de l’intrigue plus, ce romantisme facile qui la sous-tend. On sent, et c’est honorable, le désir de l’auteure de nous faire partager la connaissance qu’elle a de l’Inde contemporaine, mais cela n’a pas été suffisant pour m’accrocher. Je le regrette car le sujet me passionnait de prime abord.
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Bombay

Un titre clair, net pour un livre cash, direct.

Shiv qui travaille à Londres dans une société de recyclage est envoyé à Bombay afin d’étudier la mise en place, entre autres, d’une usine d’incinération sur la grande décharge de Gandapur.

Pour lui c’est un retour au pays, il y retrouve sa mère d’adoption, ses amis et son 1er amour. Mais surtout, il retrouve et redécouvre le bidonville de Gandapur, la décharge qui fait vivre des milliers de personnes tout en les empoisonnant.

Pour nous, ce livre est une plongée sans concession dans un univers à la limite du réel. Comment en 2023 de telles conditions de vie peuvent-elles encore exister? L’auteure nous décrit une vie faite de dure labeur et de pauvreté où tous travaillent, jeunes enfants comme vieillards. Les conflits de religions, les castes, la mafia, la corruption régissent la vie de ce microcosme.

Elle nous livre un portrait dur et très réaliste d’une catastrophe humaine et écologique qui semble insoluble et vouée à perdurer. Un livre plein de pudeur sur cette Inde des bidonvilles, une immersion dans un enfer dont on ressort chamboulé

Un grand merci aux Editions Serge Safran et à Babelio pour cette masse critique

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Bombay

Shiv semble être le candidat idéal pour travailler au projet d'assainissement de la grande décharge de Bombay. Après avoir quitté l'Inde et sa chère Laleh, Shiv a acquis et gardé un altruisme et une philanthropie, qui font qu'il ne pouvait pas refuser ce projet d'amélioration pour la ville de son enfance et pour sa population grandissante. Mais depuis son installation en Angleterre, Shiv reste traversé par ses deux cultures. Londres et Bombay respirent à travers lui. Pourtant, ces deux villes, tout semble les séparer. Mais Shiv lui, sait aussi tout ce qui les unit.



Le contraste entre l'aéroport de Bombay, totale merveille architecturale à la modernité écrasante, et les bidonvilles à la puanteur prégnante à laquelle on ne peut échapper, est saisissant. Les descriptions sont criantes de vérité. On ressent à la fois la densité de la foule et les effluves suffocants qui nous étreignent et nous submergent.



Shiv est particulièrement troublé de retrouver son pays qu'il a décidé de quitter pour se créer un avenir, et qu'il est amené aujourd'hui à redécouvrir. Et ce qu'il découvre ne correspond plus du tout à ses souvenirs d'alors. Malgré un retour brutal aux réalités de la vie à Bombay et aux castes les plus dévalorisées, malgré ses obligations salariales, Shiv est hanté par Laleh et les souvenirs qu'il garde d'elle.



Un pied dans la splendeur, un pied dans la fange. Voilà ce que ressent Shiv face à ses retrouvailles avec la grande Bombay. Entre nostalgie, effarement et déceptions, Shiv est pris d'une rage qui le plonge dans un mélange de mélancolie et d'impuissance. Il faudrait changer tant et tant de choses en Inde... La pollution généralisée le laisse extatique. L'hypocrisie des lois indiennes jurant l'Enfer à celui qui osera toucher à la moindre vache ou au moindre bœuf, mais qui en abat à la chaîne dans des lieux tenus secrets, achève de rendre Shiv complètement fou. Villageois ennoyés, déplacés, ouvriers morts d'épuisement ou de maladie non soignée... Une suite de vies perdues... Tout cela sous fond de bidonvilles et de décharges à perte de vue.



Bombay "ce n'est pas la vie, c'est la survie. Ce n'est pas un problème de logement. C'est un problème d'espace vital." Entre violence, secrets et corruption, Shiv va-t-il réussir à trouver des réponses aux questions qu'il se pose depuis de si nombreuses années ? Le mal, la peur, l'amour, la loyauté ; qu'est-ce qui ressortira du marasme ambiant qui semble vouloir engloutir toute la ville ?



Des familles brisées, déchirées, au travers de la politique, la religion, la science et la spiritualité. L'homme est-il condamné à demeurer un être de violence ?



Ce livre est une immersion des plus totales et des plus bouleversantes au cœur d'une Bombay dévastée par mille et un fléaux, qui malheureusement paraissent sans issue, tant la corruption et la misère semblent faire partie intégrante de la structure de la ville. Des lignes d'une intensité et d'un réalisme foudroyants. Le livre se lit d'un coup d'un seul tant l'importance des sujets traités émane de chacune des pages. Un ouvrage terrible mais passionnant.
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Bombay

Bombay est porté de bout en bout par le désir impérieux de partager une connaissance à proprement parler sensible de la mégapole indienne, épicentre de la mondialisation.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Bombay



J'ai reçu cet ouvrage dans le cadre de la masse critique @babelio_

BOMBAY de Marie SAGLIO publié chez @sergesafranediteur vient à point pour combler mon amour de l'inde et de sa culture, de sa multiplicité, de sa complexité.

Marie SAGLIO nous dépeint ici une inde difficile, loin des clichés, quoi qu'on puisse penser parfois que l'Inde est un cliché en elle même.

Il m'a emporté à nouveau dans les bidonvilles Indiens, dechetteries géantes à ciel ouvert, remplis d'humanité et de misère humaine.

La plume est particulière, pas toujours simple, mais on se laisse avoir par le bruit et l'odeur, la foule et la chaleur.

Un livre que je vous conseille si vous souhaitez approfondir cette vision de L'inde très pointue sans romantisme.
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Bombay

Marie Saglio nous sangle à son récit et nous fait découvrir un pays en effervescence permanente, en proie à la dualité des classes sociales, au sein duquel la richesse jouxte la pauvreté, où évolue une population confrontée aux désastres écologiques et humanitaires, victime d’une natalité galopante, confinée entre tradition et modernité. Puis il y a une multitude d’obstacles qui endiguent le déroulement du travail de Shiv : corruption, meurtres, empoisonnements. On se situe ici à mille lieues de l’Inde fantasmée à travers le cinéma qui multiplie les danses et les chansons pour offrir du rêve. La réalité tient davantage de Zola que des productions made in Bollywood.
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Bombay

Si certains la quittent sans jamais y être complètement entrés et que d’autres se contentent de la pointer de l’index dès que quelque chose ne tourne pas rond, Bombay demeure une ville unique en son genre, un endroit où le meilleur côtoie le pire et où les castes rythment les relations que les personnes peuvent entretenir entre elles. Shiv est envoyé dans cette métropole par son entreprise spécialisée dans le recyclage des déchets. Le bidonville de Gandapur devient son nouveau foyer le temps d’une mission. Non loin de là vivent toujours plusieurs membres de sa famille : sa maman adoptive, son meilleur ami et son amour de jeunesse Laleh, auquel il rêve toujours. Il avait oublié les tensions permanentes qui règnent entre communautés. Les hindous et les musulmans ne cessent pas de se chercher querelle et chaque prétexte devient sujet à des effusions qui peuvent verser dans la violence physique.
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Bombay

Mumbai, ou plutôt Bombay comme l’autrice prend le parti de l’appeler tout au long du roman. Cette mégalopole renferme bien des contrastes. Des quartiers d’affaires dynamiques et cosmopolites, mais également des bidonvilles aux étendues inimaginables où des villes dans la ville se sont construites. Shiv est originaire de là-bas. Il est londonien depuis longtemps désormais et se consacre à l’étude de la réhabilitation d’espaces et du recyclage de déchets. Un nouveau contrat le ramène vers son pays natal. Il doit s’occuper des négociations concernant la possible réhabilitation du bidonville de Gadanpur. Cette tâche est loin d’être évidente, même pour un natif. Encore moins pour un indien qui revient au pays… et qui y redécouvre les difficultés liées aux différents acteurs intégrés au projet. En effet, en plus des autorités, il faut négocier avec les habitants du bidonville, les mafias locales, les avocats… et bien plus encore, avec les traditions bien ancrées, comme souvent en Inde. Shiv sait que son travail sera difficile. Malgré les retrouvailles avec sa mère adoptive Shantiji, Shiv ne peut pas oublier les raisons qui l’ont éloignées de ce pays. Une raison en particulier, Laleh, son amour perdu. Et puis il y a aussi Lénine, son meilleur ami, frère de Laleh, homosexuel, dans un pays trop conservateur. Shiv devra faire au mieux pour répondre aux attentes d’un employeur exigeant tout en renouant avec ses propres racines. Un combat intérieur loin d’être gagné. Il luttera pour ses convictions jusqu’à redécouvrir ses propres origines ! Magique ! Quelle joie de se plonger dans ce roman qui décrit parfaitement l’atmosphère et l’ambiance de ce pays aux immenses contrastes. Les senteurs, le train, les rickshaws, les habitants, tout y est. On ferme les yeux et on retrouve ce pays fascinant, que personnellement je connais bien. L’histoire nous tient de bout en bout. Les difficultés sont réelles et on imagine aisément les barrières de l’ambition de Shiv. Une lecture en forme de (re)découverte d’un pays. C’est très bien écrit, tellement prenant qu’on aurait même aimé en avoir un peu plus 😊. J'ai fait cette merveilleuse découverte grâce aux éditions Serge Safran. Découvrez vite cette pépite qui ravira autant les lecteurs que les voyageurs !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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