À l'occasion de la rentrée littéraire, retrouvez une nouvelle mini série de vidéos, portraits de ceux qui participent à la vie littéraire au quotidien : libraire, bibliothécaire, modérateur, auteur, lecteur
Retrouvez aussi nos articles « le livre du jour » chroniques quotidiennes proposées par l'équipe de la Fête du Livre de Bron sur quelques-uns des livres de la rentrée.
Un mot ou plus pour présenter les Prix Summer, prix littéraires de la Fête du Livre de Bron au travers des voix de Sylvain Pattieu, lauréat du Prix Summer des Collégiens 2022, Marie Vingtras, lauréate du Prix Summer 2022, Evan et Anouk, élèves de 3ème, ou encore Anne Rosset, professeure de français et festivalière.
« C'est important cette proximité entre le lecteur et l'auteur » Anouk
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Parce que ça n’a pas de sens, et qu’ici tout a un sens, parce que chaque geste vous coûte un effort et que Dame Nature, elle vous fait jamais de cadeaux. C’est ça le deal. Vous voulez vivre ici ? Profiter de l’air pur, du gibier, du poisson ? Être libre de vos actes, ne rendre de compte à personne et peut-être ne croiser un être humain pendant des semaines ? Libre à vous.
(page 23)
Avant les enfants, vous croyez que votre vie est pleine et palpitante, que les événements insignifiants qui la rythment suffiront à vous rendre heureux. Après, vous mesurez que ce sera le vide quand ils seront partis, quand il n’y aura plus rien qui vaille tout à fait la peine, rien qui vaille plus que le bonheur de les avoir vus grandir, changer de statut d’enfants hésitants à devenir de jeunes adultes qui contestent la moindre de vos décisions.
(page 128)
Mais un gosse et une bonne femme perdus dans le blizzard, autant que je m’en souvienne, c’était pas encore arrivé. Et Benedict savait bien pourquoi. Parce que ça n’a pas de sens, et qu’ici tout a un sens, parce que chaque geste vous coûte un effort et que Dame Nature, elle vous fait jamais de cadeaux. C’est ça le deal. Vous voulez vivre ici ? Profiter de l’air pur, du gibier, du poisson ? Être libre de vos actes, ne rendre de comptes à personne et peut-être ne croiser aucun être humain pendant des semaines ? Libre à vous. Mais le jour où vous vous retrouverez nez à nez avec un kodiak ou que votre motoneige ne voudra plus démarrer alors que vous êtes à des miles de votre piaule, il faudra accepter l’idée que personne vous viendra en aide, à part vous-même.
Même lorsque j’ai passé le concours d’entrée dans la police, que j’ai été intégré pour mon premier poste à Miami, et que des flics nostalgiques d’un temps où un Noir ne pouvait entrer dans un poste de police autrement que menotté me cherchaient des noises, je n’ai jamais perdu mon calme, ni ma foi. Je ne les détestais pas, c’était inutile, ils étaient tels qu’ils avaient été élevés.
(page 93)
C’est un gars d’ici, pas un de ces crétins des villes qui viennent se perdre sur nos routes en été pour être en communion avec la nature, comme ils disent, avec leurs lunettes à monture en écaille, leur GPS qui ne fonctionne pas, leurs pantalons retroussés comme s’ils allaient à la pêche et qu’il n’y avait pas de moustiques. Chez nous, tu réfléchis pas pour savoir si t’es beau en t’habillant ; tu t’habilles juste pour pas te geler les roubignoles et pour qu’on soit pas obligé de te couper des orteils gelés.
Ce n’était pas grave, j’étais tellement persuadé d’être un Américain comme un autre, même si les autres appelés me trouvaient plus naïf qu’un nouveau-né et que, pour nos chefs, je suppose que j’étais et resterais un nègre, même avec un uniforme sur le dos.
(page 58)
Ma vie a vraiment changé quand j’ai été appelé pour combattre au Vietnam. J’avais le profil pour y être envoyé, disaient mes sœurs, trop pauvre pour pouvoir refuser, trop stupide pour me rebeller.
On sait ce que ça représente une lumière dans la nuit, ou dans le blizzard, quand vous êtes perdus. Ça doit être un peu comme un phare dans la tempête pour un marin. Ça veut dire qu’il y a un être humain quelque part et que vous allez peut-être survivre aux éléments.
La guerre nous avait pris notre fils et elle ne nous avait restitué que le négatif de la photo, juste une ombre blanche sur un fond désespérément sombre.
J'ai toujours aimé les tempêtes, et surtout le moment juste avant, quand il faut tout protéger, boucher les interstices, rentrer assez de bois pour tenir quelques jours et se faire un espace clos, le plus hermétique possible.