Citations de Marina Diatchenko (55)
L'argent fait le statut et le statut l'argent, mais le véritable pouvoir était bien plus enivrant que l'un et l'autre.
On les a soumis à une influence… Mais ces gamins sont quotidiennement soumis à une influence cent fois plus forte ! Ils regardent la télé, ils vont à l'école, ils échangent des textos, ce n'est plus un cerveau qu'ils ont dans la tête, mais un cimetière de virus ! Chacun se sent seul, chacun veut être aimé, tout en étant incapable d'aimer en retour…
Si tu considères que tu n'es pas manipulable, qu'à chaque instant de ta vie tu uses de ton esprit critique, que tu es plus intelligent que tout le monde, t'es dans la mouise. On est déjà en train de te manipuler.
Perdre en un jour son statut, son entreprise et toute sa fortune. C'était probablement ce qui arrivait aux gens pendant les révolutions. Et pas seulement pendant les révolutions, d'ailleurs ; un certain Joffrey de Peyrac - noble toulousain et personnage littéraire - avait été dépossédé de tous ses titres, biens et propriétés puis brûlé vif pour la seule raison que le roi l'enviait. Cependant, il s'avérait plus tard que Peyrac avait échappé au bûcher et pu refaire carrière. Arsène espérait ardemment que sa vie non plus n'était pas sur le point de s'achever.
Un adolescent de quatorze ans désemparé peut manifester une vigueur inattendue, comme un rat acculé dans un cul-de-sac.
L'argent fait le statut et le statut l'argent, mais le véritable pouvoir était bien plus enivrant que l'un et l'autre.
Vous regardez-vous comme une entité matérielle, Sacha?
Vous ne voulez pas apprendre? Alors que voulez-vous au juste? Si vous regardez dans votre âme, vous comprendrez que votre seul désir est de vous divertir. Toute forme d'apprentissage est coercitive. Toute forme de culture - hélas ! - aussi. Vous manquez de maturité, c'est pour cette raison qu'on doit vous forcer la main et la forcer de manière cruelle.
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Le jour viendra où les programmes qui corrigent la conscience feront partie de la vie publique. Alors, seul un être aveugle, sourd, paralysé et entièrement coupé de toutes les sources d'information pourra résister à la publicité et à la propagande.
- La mission, la voici : tous les jours, à 4 heures du matin, vous devrez vous rendre à la plage. Vous entrerez nue dans les eaux, nagerez cent mètres et toucherez la bouée rouge. A 4 heures du matin, la plage est déserte, il fait noir, vous n’aurez personne de qui vous cacher.
Sacha était sonnée, comme si elle venait de prendre un coup sur la tête. Était-il fou ? L’étaient-ils tous les deux ?
- Et si je ne le fais pas ? Pourquoi est-ce que***
- Oh, mais vous le ferez, Sacha. Vous le ferez. Parce que le monde autour de vous est fragile. Tous les jours des gens tombent, se brisent les os, meurent écrasés par des voitures, se noient. Ils contractent l’hépatite ou la tuberculose. Cela me contrarie de vous dire tout ça. Mais il est dans votre intérêt de faire ce que je vous demande. Ce n’est pas difficile.
Et maintenant, la manipulation des gens, dit Maxime. Le nourrisson manipule sa mère : il veut être dans ses bras et, pour obtenir le résultat escompté, il faut pleurer le plus fort possible. L’épouse manipule le mari et le mari l’épouse. Parmi les outils, on peut citer la cajolerie, les compliments, la jalousie, l’intimidation… Les amoureux jonglent l’un avec l’autre comme ils l’entendent : chacun a peur d’être abandonné. Le médecin manipule le patient, voulant se l’attacher et se faire rémunérer pour des services superflus…
Pour manipuler quelqu’un, il faut soit l’accrocher émotionnellement, soit saisir le moment où il est émotionnellement instable. Les diseuses de bonne aventure, les charlatans, les politiciens… surtout les politiciens.
Chacun sentait bien qu’il faisait quelque chose de travers ; chacun avait grandi dans une famille normale, où l’on passait des soirées ensemble, où il y avait des livres, des amis, des pique-niques en forêt. Pourtant, sa mère était désormais bien plus intéressée par le quotidien de ses amies ; et son père était accro au flux ininterrompu d’informations que la télé lui déversait en intraveineuse. Peu importait s’il était question d’une crise mondiale ou d’un gamin fauché par un chauffard ivre — c’était de l’information, celle qu’il fallait absorber, celle qui vous excitait.
Toi aussi, tu es sans doute un concept. Nous sommes tous des fragments structurés d'information. Et je découvre que ça me plaît de plus en plus. J'aime être un concept. Je grandis.
Toutes les deux, enfermées dans leurs routines quotidiennes, s’étaient interdit de penser à l’extraordinaire, chacune pour ses propres raisons. Et, pendant un certain temps, elles y avaient toutes deux réussi.