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Critiques de Marta Hillers (89)
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Un témoignage extraordinaire

Ce livre est à lire absolument. Il retrace la vie d'une femme avant et pendant l'arrivée de l'armée rouge à Berlin. Ecrit par une femme particulièrement intelligente, il a tout d'abord une portée universelle rappelant cet invariant de l'histoire des guerres trop souvent tu, la cohorte de violences contre les civils et en particulier les civiles. Et dont jamais elles ne furent épargnées. On sait d'ailleurs que l'arrivée des Américains en Normandie ou ailleurs ne fut pas non plus indolore, mais à un tout autre niveau (cf. l'ouvrage Des GI et des femmes. Amours, viols et prostitution à la Libération). Mais là c'est à une toute autre ampleur, proprement hallucinante, sans épargner personne, à savoir des viols collectifs, répétés, systématique.

Le livre témoigne aussi de l'état dans lequel se trouvait alors la société allemande, du moins à Berlin. Il montre aussi que sous le totalitarisme nazi, on pouvait garder (mais c'était bien méritoire et remarquable) une forme de liberté d'esprit qui fait également méditer.

Le livre présente de vraies qualités d'écriture. Il se lit aisément et fait réfléchir. Il soulève en creux une question vertigineuse, est-ce que le fait d'être la victime parmi une telle masse d'autres personnes peut--il constituer une sorte d'atténuation de l'horreur ?

Un livre qui avait en son temps été adapté au théâtre et magnifiquement interprété par la géniale Isabelle Carré.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette période terrifiante, je ne peux que recommander l'Europe barbare de Keith Lowe.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une Femme A Berlin est le journal intime d'une femme qui a vécu l'arriver des russe dans Berlin !

je vais pas faire long, je vais juste vous citer une phrase que mon prof d'histoire un jours ma dit " A Berlin en 48h il y eu 2 millions de viole..." plus la faim et le froid, on imagine la terreurs et la misère que devais vivre les femmes enfants et vieillard qui ont vécu cette époque.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Un « Journal », et quel journal que celui d’«Une femme à Berlin » ! Une femme qui a besoin de mettre sur le papier ce qu’elle vit, ce que vit un peuple battu, soumis, sous le joug des vainqueurs : les viols répétés, la violence, la mort, la faim, la promiscuité, la camaraderie intéressée car pour survivre il faut s’entraider. Le tout sur un ton assez détaché -teinté parfois d’humour noir- qui dit la sidération, la défense psychologique inconsciente pour pouvoir survivre, pour vivre malgré ces traumatismes répétés.

Et l’incompréhension qui s’installe avec ceux qui n’étaient pas là, et ne peuvent comprendre.

Malheureusement, ce texte reste d’actualité pour toutes les victimes des guerres, et en particulier les femmes, dont le ventre est un enjeu, terrain d’humiliations, de suprématie, de conquête. Quelle que soit l’époque, quel que soit l’endroit du globe, le vainqueur ne change pas. Et c’est terrifiant.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une allemande raconte à travers son journal sur une courte période (20 avril jusqu'au 22 juin 1945)ce qu'elle vit quelques jours après la prise des russes de Berlin, à la fin de la seconde guerre mondiale. le rationnement, les bombardements quasi continus, la peur, et les agressions pour la plupart sexuelles des russes sur les femmes berlinoises.



Cette allemande a bien voulu faire publier ce journal mais à la condition de rester anonyme. La quatrième de couverture explique qu'on est censé comprendre pourquoi elle a voulu rester anonyme en lisant ce journal. J'avoue que cette phrase m'a laissé entendre que son rôle n'était pas tout blanc dans cette histoire. A moins que je me trompe, je trouve au contraire qu'elle a fait acte de courage, comme de nombreuses berlinoises de l'époque.



Il s'agit d'un fait qui a longtemps été tabou. Les allemands au sortir de la guerre ont voulu oublié ce qu'il s'est passé pendant cette guerre, en portant en eux comme un déni. Les dégâts qu'ils ont causés à travers le monde pouvaient difficilement faire passer le fait que les allemands ont aussi été en quelques sortes victimes de tout ça. Sortir de l'embrigadement du pouvoir en place a été comme un réveil brutal. Et la réalité était difficilement supportable.



Cette femme va donc nous raconter comment elle a dû s'enfermer dans une cave avec d'autres personnes pour éviter les bombes, mais aussi pour éviter les russes qui rapidement se sont cru tout permis, y compris violer de nombreuses femmes. Car il s'agit bien de ça qui est très lourd à vivre à travers ces lignes : les violences envers les femmes sont légion. Ils se servent d'elles, de manière si aléatoires en se rendant parfois bien compte du mal qu'il faisait. Certains parfois allaient jusqu'à « draguer » ces femmes pour se rendre moins coupables de leurs actes. A travers le chaos dehors, les queues interminables pour accéder à leurs rations alimentaires quotidiennes ou pour accéder seulement à l'eau, les bombes, les tirs, le manque d'hygiène, les femmes se retrouvent à subir ces agressions contre de la nourriture ou leur protection vis-à-vis des autres russes.



On vit tout ça de l'intérieur et certaines scènes sont plus marquantes que d'autres : les viols (notamment des viols collectifs parfois ou des viols sur enfants), les pillages de caserne de police dans laquelle la nourriture avait été stockée, les inhumations de personnes décédées en pleine rue, les assauts de familles sur un cheval tout juste mort pour se nourrir, …



Et puis on a une vision de ce que pensaient les allemands à l'issue de cette guerre. La femme qui a écrit ce journal nous raconte sa nouvelle vision des choses, notamment à l'égard des hommes pendant la guerre. Les femmes ne pouvaient pas prendre les armes, parce que la violence ne pouvait être portée que par l'homme. Mais la narratrice nous raconte combien elle trouve que la femme aussi fait partie de l'effort de guerre, vu ce qu'elles subissent.



Et puis il y a aussi des scènes qui nous en apprend beaucoup aussi sur ce que pensait les allemands : par exemple, pour se chauffer, la propagande nazie était utilisée, les livres qui avaient fait l'objet de censure sous Hitler devenaient des livres que les allemands voudraient lire bientôt, ..



Et puis aussi, la phrase répétée tout au long de la période où Hitler a détenu le pouvoir : « C'est au Führer que nous devons ça ». Cette phrase était répétée aussi après la guerre, mais dans une version très péjorative.



Ce livre a été traduit dans plusieurs langues et diffusé à travers plusieurs pays. L'Allemagne a été l'un des derniers pays où ce livre est paru. Il est loin d'avoir eu un accueil chaleureux. Plus tard, en 1968, les jeunes allemands se sont soulevés à l'instar des français, pour plus de liberté. Ce livre a été comme un symbole des violences qu'ont dû subir les femmes. Il est devenu un symbole du féminisme. En France, cette histoire a été mise en scène en 2010 avec Isabelle Carré tenant le premier rôle.

En bref, ce livre est passionnant de bout en bout. Il faut souvent avoir le coeur bien accroché mais cette femme arrive à avoir de la hauteur sur ce qu'elle endure pour nous raconter sa vision des choses et c'est très intéressant. A lire quand on a le moral.


Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

C’est dur, c’est insupportable parfois. 400 pages de l’enfer vécu par une jeune Berlinoise à l’entrée des troupes Russes dans la capitale du Reich. On découvre cette vie misérable, dans la crasse, la faim, le froid, mais surtout la peur… Des bombardements, de la soif de vengeance des troupes de l’armée rouge : vols, viols, exécutions sommaires… ou comment passer entre les goutes d’une mort quasi certaine.



A la lecture de cet essai bouleversant, je me suis pausé de nombreuses questions. Les citoyens Allemands savaient-ils ? participaient-ils aux exactions commises au nom du Reich ? Et quand bien même étaient-ils tous des monstres, était-il nécessaire d’être aussi inhumain que celui qui a été inhumain ? J’imagine que ces propos, 65 ans après, n’ont pas vraiment de sens, et peuvent, sans nul doute, être considérés comme ridicules… Un sentiment étrange, triste et froid comme cette sombre période de l’histoire de l’humanité.
Lien : http://testivore.com/une-fem..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Quel témoignage!

Quelle capacité d'évocation!

J'ai vraiment eu l'impression de vivre cet épisode tragique de la destruction de Berlin en avril-mai 1945.

Les habitants terrés dans les caves lors des bombardements américains; le jusqu'au-boutisme autodestructeur des nazis; la mesquinerie de ceux qui tremblent pour leur vie; la faim; la progression de l'artillerie soviétique, l'arrivée des russes, les viols systématiques, le travail forcé.

Quel courage il a fallu pour écrire tout cela, dans des conditions parfois terribles, sans compter que le contenu même pouvait conduire à la mort.

Mais l'auteure est journaliste. Longtemps restée anonyme, elle fut identifiée deux ans après sa mort, en 2003.

Elle fait son travail tout en exorcisant le malheur. On y trouve peu de réflexions, surtout des faits, mais d'un oeil subjectif. Assez peu de jugements, pas mal d'indulgence, surtout pour les femmes. Pas de vision marquée politiquement. Le récit est d'autant plus fort.



Pendant longtemps, nous avons occulté la souffrance des vaincus. Comme ils étaient coupables, leur souffrance ne comptait pas, l'évoquer était suspect de complaisance. Mais on peut se demander s'il est légitime de justifier cette souffrance, si nous ne devons pas simplement considérer qu'un humain souffrant équivaut à un autre humain souffrant, quel qu'il soit (ce qui n'exclut bien sûr pas de juger les criminels, souffrant ou non). Au nom du bon droit et de la liberté, était-il licite d'infliger des souffrances aussi terribles? Faute de réfléchir à cette question, combien d'exactions n'ont-elles pas été perpétrées par ceux qui sont convaincus d'être du bon côté.



C'est l'apport essentiel de ce témoignage, selon moi. Il expose presque cliniquement le vécu d'hommes et de femmes ayant vécu une catastrophe totale et nous oblige à nous défaire de nos préjugés trop commodes.

J'ai lu certaines critiques de presse parlant de récit distancié, froid. Ce n'est pas du tout mon impression. Nous suivons une femme bien vivante au contraire. Elle n'a heureusement pas assaisonné son récit d'un pathos qui n'aurait pu être que de mauvais goût.



En lisant le texte, et avant de savoir que l'auteure avait été identifiée, je m'imaginais qu'elle avait pu mener une grande carrière dans le journalisme ou les lettres, ou en politique, tant je trouvais qu'elle alliait le talent et le courage. Mais il n'en a rien été. Les traumatismes qu'elle a eu à subir ont-ils pesé sur sa vie? L'ont-ils empêchée d'accomplir ce dont elle était capable? Nous ne le saurons sans doute jamais. Mais ce pas impossible.

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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une témoignage rare du côté des vaincus... Une voix de femme libérée grace à l'anonymat avec 80 années d'avance. A lire absolument pour les amateurs d'histoire, de droits des femmes ou tout simplement de l'Humain.....................................
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Le livre est présenté par Hans Magnus Enzensberger, il consacre les premières pages à l'histoire particulière de ce livre.



On peut lire en présentation que ces écrits n'étaient pas destinés à une éventuelle publication.



" Les "griffonnages personnels qu'elle consigna entre avril et juin 1945 dans trois cahiers d'écolier (plus quelques feuillets insérés à la hâte) lui serviront avant tout à préserver un restant de santé mentale au milieu des ruines et de l'effondrement moral. Ce sont littéralement des carnets de sous-sols, écrits dans des abris antiaériens qui offraient aussi une certaine protection contre les tirs d'artillerie, les pillages et les abus sexuels commis par les vainqueurs de l'armée rouge."

Tout ce que l'auteur avait sous la main, c'était un bout de crayon, et elle devait écrire à la lueur d'une bougie.....

"Hans Magnus Enensberger" qui est responsable de la réédition de ce livre qui est resté dans l'oubli plus de quarante ans a tout naturellement respecté la volonté d'anonymat exprimée par l'auteur. Un journaliste du nom de "Marek " a réussi à le faire publier en 1954 chez un éditeur américain Ainsi " Woman in Berlin" parut-il pour la première fois dans une version anglaise, puis succéderont des traductions norvégienne, italienne, danoise, japonaise, espagnole, française et finnoise.



Il a fallu 5 autres années pour que l'original allemand voit le jour. De toute évidence , le public allemand n'était pas préparé à accepter le récit de faits aussi dérangeants.... (selon les estimations disponibles, plus de cent milles berlinoises furent victimes de viols en cette fin de guerre) Les vainqueurs russes s'emparaient de ces femmes comme des butins de guerre.....



L'auteur de ce livre était une journaliste chevronnée, et sa position politique fut un facteur aggravant :

"sans s'apitoyer sur elle-même, elle observe froidement le comportement de ses compatriotes avant et après la chute du régime, et inflige un cinglant camouflet à l'auto-compassion et à l'amnésie de l'après-guerre. Il n'est donc pas étonnant que le livre n'ait rencontré que silence et hostilité".

Pour cette réédition il a fallu attendre les consignes de "l'anonyme" qui ne souhaitait pas rééditer ce livre en Allemagne tant qu'elle était en vie, réaction bien compréhensible étant donnée le sort funeste qui avait été réservé à l'ouvrage en 1957.

En 2001 "l'anonyme" est décédée, son livre pouvait reparaître après avoir été oublié pendant 40 ans.

Si vous voulez d'autres informations, regardez le blog de "Sérialecteur" dans mes liens.

Son livre est un hommage à toutes les femmes victimes des atrocités de la guerre.
Lien : http://de-page-en-page.over-..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Triste certe mais passionnant.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..





Éprouvante, glaçante, voici une lecture qui m'aura marquée au fer rouge. Ce témoignage lève le voile sur un chapitre méconnu et longtemps resté tabou de la seconde guerre mondiale. Sous forme d’un journal rédigé au jour le jour par une jeune berlinoise durant la période du 20 avril au 22 juin 1945, il retrace la chute du régime hitlérien et la prise de la capitale allemande par l'armée Rouge. 



***



Printemps 1945



Berlin est encerclé. Le IIIème Reich vit ses derniers jours. 



“Oui, c’est bien la guerre qui déferle sur Berlin. Hier encore ce n’était qu’un grondement lointain, aujourd’hui c’est un roulement continu. On respire les détonations. L’oreille est assourdie, l'ouïe ne perçoit plus que le feu des gros calibres. Plus moyen de s'orienter. Nous vivons dans un cercle de canons d’armes braquées sur nous et il se resserre d’heure en heure.” 



La capitale est dévastée, éventrée par les bombardements successifs des Alliés. La population qui y réside encore, "tout le saint-frusquin dont ne veulent ni le front ni le Volkssturm”, tente désespérément de survivre. 



L’auteure décrit avec une minutie redoutable le quotidien des civils désormais entièrement livrés à eux-mêmes. Du plus déroutant au plus tragique, la jeune femme ne fait l'impasse sur aucun événement. Terrés le plus souvent dans l’obscurité des caves, femmes, enfants, personnes âgées ou invalides, forment ensemble un microcosme souterrain. Tenaillés par la faim, réduits à une existence misérable dans des abris insalubres menaçant de s'effondrer à chaque instant, tous redoutent autant qu'ils espèrent la fin de cette guerre. 



L'arrivée en fanfare des troupes soviétiques scelle le sort des femmes. Sans défense, traquées telles des proies dans les moindres recoins de la capitale déchue, elles servent à satisfaire l'appétit insatiable des soldats victorieux. Un climat de terreur règne sur le champ de ruines berlinois.



“... ce qui nous gagne en permanence, c'est le sentiment d’être entièrement délaissées et livrées en pâture. Dès que nous sommes seules, le moindre bruit, le moindre pas nous terrorise.”



Les “Ivan” se livrent en toute impunité à des viols massifs, multiples et collectifs. Les faits rapportés offrent une déclinaison de l’abject échappant à tout entendement. Personne n'ose s'interposer par crainte des représailles. Seul appui, la solidarité "de circonstance" qui se développe parmi les victimes. 



Selon les historiens, entre avril et septembre 1945,  plusieurs centaines de milliers de femmes allemandes furent violées par les soldats russes. Une arme de guerre redoutable, effroyable…



Dans ce récit autobiographique aux allures de reportage, vous ne trouverez ni apitoiement, ni larmoiement, ni étalage de ressentiments. L'auteure fait preuve d'une étonnante distanciation vis-à-vis des évènements. L' écriture est précise, tranchante comme une lame, terriblement évocatrice. Seules quelques bribes de son journal laissent entrevoir l'étendue et l'intensité des souffrances endurées ainsi que la force de vie incroyable qui l’anime.



“(...) je me sens avilie, offensée, rabaissée au niveau d’objet sexuel.”



"Je n'ai encore jamais été aussi loin de moi-même,  ni aussi aliénée à moi-même. Comme si tout sentiment était mort au-dedans. Seul survit l'instinct de survie. Ce n'est pas eux qui me détruiront." 



La jeune berlinoise porte un regard acéré sur les petites lâchetés et grands manquements auxquels chacun s'abandonne lorsque pris dans la tourmente. Ses écrits témoignent des "stratégies" qu'elle-même a dû mettre en place pour pallier à l'horreur, aux sévices infligées et à la famine. Mue par un instinct de survie hors du commun, elle cherchera à obtenir la “protection” d’un haut gradé, d“un loup qui tienne les loups à l’écart", afin de se prémunir contre les agressions sexuelles d’autres soldats.  



Publié anonymement pour la première fois en 1954 aux Etats-Unis puis édité cinq ans plus tard dans sa version allemande, Une femme à Berlin s’est heurté à une grande hostilité. Au regard des atrocités nazies commises, les mentalités n’étaient pas prêtes à entendre la souffrance du peuple vaincu. S’y pencher pouvait sans doute être assimilé à des signes de complaisance voire de révisionnisme. L'ignominie des faits relatés et ce que cette guerre avait révélé de chaque Homme sans distinction doivent également pouvoir expliquer l'accueil glacial reçu. Le temps apaisant les esprits, cet ouvrage a trouvé son public plusieurs décennies plus tard et notamment lors de sa réédition dans les années 2000. 



L'identité de l'auteure ne fut révélée que posthume en 2003. Elle s'appelait Marta Hillers (1911 - 2001). 



***



Un autre versant de l'horreur de la guerre

Parce que l’Histoire ne peut effacer

Un témoignage  nécessaire 







(Lu en décembre 2021)

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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Ce témoignage d'une jeune berlinoise sur les dernières semaines de l'Allemagne nazie et la bataille de Berlin est sans équivoque. J'ai adoré ce livre que j'ai lu d'une traite, il est à la fois instructif et bouleversant et montre bien la réalité sur la vie des civils allemands pendant les derniers mois de la guerre. Un classique à ne pas rater !!
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Voici un récit terriblement réaliste de ce que fut la situation des survivants de Berlin dans les derniers jours de la guerre, juste avant et après la capitulation.



Le journal d'une jeune femme cultivée, prise au piège des pilonnages russes incessants, écrivant au jour le jour et comme elle peut sur divers supports ce qui lui arrive, à elle comme à la petite communauté qui tente de s'accrocher à la vie entre le 20 avril et le 22 juin 1945.



Bien entendu, j'ai déjà lu bien des ouvrages de fiction (les romans d'Harald Gilbers et Cay Rademacher entre autres) qui ont pour cadre les grandes villes allemandes sous l'apocalypse. Mais pas dans le détail ce qui arrivait aux femmes sous la férule de l‘Armée Rouge. C'est glaçant, objectif, presque détaché. On finit par comprendre que l'écriture de ces exactions constitue pour la narratrice une sorte de catharsis, une auto-psychothérapie. Un moyen de ne pas sombrer dans la folie, ou de se suicider, comme nombre de familles en ce temps d'écroulement de toutes les certitudes.



Publié pour la première fois en 1954 en anglais et sous forme anonyme, l'héroïne n'accepta que son témoignage ne fut réédité sous son nom qu'après sa mort. Ce livre fut un bestseller en 2003. Nous connaissons depuis son identité : Martha Hiller (1911 – 2001), journaliste polyglotte qui a étudié à la Sorbonne et parle russe, a voyagé dans le monde entier … mais nous ne savons rien de ses engagements politiques avant la défaite allemande et elle ne fait aucune allusion à la Shoah …



C'est une chronique de la survie quotidienne, dans le dénuement le plus total, avec la faim omniprésente, la terreur des bombardements soviétiques permanents, le travail de déblaiement à mains nues des décombres, la ville dénuée de tout : eau, énergie, immeubles éventrés, l'absence de toute information.



Mais le pire est à venir avec l'invasion des « Ivan », la soldatesque soviétique qui s'enivre, pille, fracasse, se venge de l'invasion allemande et surtout viole les femmes.



Jeunes ou vieilles, belles ou moches, toutes ou presque y passent, plusieurs fois. La description de ces assauts est affreuse. Et cependant, l'héroïne y survit et même se débrouille pour se trouver un officier russe qui la protège et apporte de quoi manger. On comprend que ces viols répétés constituent pour les milliers de victimes une expérience collective, tellement redoutée d'avance et qui, d'une certaine façon, finit par faire partie d'un contexte.



Ce qui n'empêche pas certaines femmes – apparemment pas la narratrice – d'en demeurer brisées à jamais et d'en garder des séquelles à vie.



On estime à deux millions les femmes violées par l'Armée Rouge en Allemagne dans les derniers jours de la guerre. Et nous savons que ce fléau constitue toujours une arme de terreur massive des armées dans les conflits actuels.



Cette jeune femme était de la génération de mes parents. Son récit fit scandale lors de sa première parution : il fut accusé de porter atteinte à la dignité des femmes allemandes.



Retravaillé ou pas, excellemment traduit, le texte se lit comme un thriller … Les horreurs de la guerre font toujours partie de la panoplie des belligérants. L'humanité n'a pas de quoi s'en vanter.
Lien : http://bigmammy.canalblog.co..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..



Une jeune berlinoise tient un journal, du 20 avril au 22 juin 1945, pendant les semaines terribles de l’invasion soviétique qui met fin au régime nazi.

Le récit est direct, il rapporte les terribles destructions de la ville soumise aux bombardements, la vie collective dans les caves, la débrouillardise pour surmonter les innombrables difficultés quotidiennes… L’auteur raconte, sans détour, les viols que les femmes ont subis, la recherche de la protection d’un officier en contrepartie de sa présence dans sa chambre.

Le livre vaut par l’exposé sans détour de l’effondrement du régime nazi dans les pires conditions pour la population. En écrivant, l’auteur s’est libéré d’une expérience cauchemardesque. La jeune femme dit ce qu’elle vit, ce qu’elle voit... et paraît décrire avec distance, comme extérieure au contexte général d’apocalypse. Le style est direct, la narration présente les faits et décrit des situations. L’auteur n’a pas les possibilités de les analyser car ils sont au-delà de l’entendement.

« Une femme à Berlin : journal, 20 avril - 22 juin 1945 » est un témoignage fort, rapporté au moment et sur les lieux de la tragédie. Sa lecture en est bouleversante…

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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Ce journal, témoignage autobiographe écrit entre avril et juin 45, raconte le vie quotidienne d'une femme, berlinoise, depuis que la ville est prise pas les soviétiques. Elle y raconte, avec beaucoup de finesse et de cynisme, la vie de son immeuble, la vie des ces femmes, et ses hommes, la misère et la peur.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Un livre boulversant, d'une réalité crue.
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Ce journal commence alors que l'Armée Rouge est aux portes de Berlin. Les habitants se terrent dans des caves. Puis, c'est l'entrée effective des troupes soviétiques dans la ville, avec son déferlement de pillages et de viols. Il s'achève après la capitulation allemande, alors que la ville tente de se relever de ses blessures et du chaos. Berlin est alors occupé par les 4 puissances victorieuses de la guerre, et un semblant de normalisation apparaît.

L'auteur de ce journal est une jeune femme d'une trentaine d'années qui a voulu rester anonyme. Ce qui m' a frappée, c'est l'apparente froideur avec laquelle ont été écrites ces pages, comme si cette femme était une journaliste peu concernée par les évènements, à moins plutôt qu'elle ait pris le recul nécessaire pour pouvoir mettre des mots sur la peur, l'angoisse, l'effroi de devoir vivre dans de telles conditions.

On pourrait dire aussi que cette femme est une opportuniste, tirant profit de sa jeunesse, de sa beauté, et de sa connaissance, même élémentaire, de la langue russe pour s'octroyer les bonnes grâces des gradés de l'Armée Rouge, évitant ainsi les viols répétés et s'assurant également d'obtenir de la nourriture.

Je dirais plutôt que cette anonyme est une femme extraordinairement "vivante", armée d'une formidable envie de vivre, et cela malgré le climat de désolation qui règne dans la ville. Un portrait de femme courageuse.
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malheureusement je n'ai pas du tout accroché au livre. Thème vu et revu et encore revu. C'est clairement dommage. Une vraie déception pour moi. Je pense lire de moins en moins de livres sur ce thème car presque à chaque fois je suis vraiment déçue. Dommage.
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Quel récit! Pas de fioritures, des actes et des pensées de base (animales?).

Comment les berlinoises ont survécu à la guerre pendant l'attaque russe, puis après l'armistice pendant l'occupation.

Le viol comme récompense à ces soldats frustres pour la plupart, malgré cela, l'auteure ne leur en veut pas. Elle les considère comme des êtres humains à part entière.

Comment pourrions-nous juger ces femmes qui finissent par parler entre-elles du nombre de fois où elles ont été violées comme si elles discutaient de la pluie et du beau temps.

On comprend mieux le décalage de pensée entre l'auteure et son fiancé lorsque ce dernier réapparaît quelques temps après la fin des hostilités.

A recommander,bien qu'à ne pas mettre entre toutes les mains.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

C'est le Journal d'une femme dont on ne saura jamais le nom, ni même le prénom puisqu'elle a désiré rester anonyme, même au dela de sa mort . Elle le commence le 20 Avril 1945 "Le jour où Berlin vit pour la première fois la guerre dans les yeux" alors que l'arrivée des Russes dans un Berlin déjà très éprouvé par la guerre est imminente ; elle le terminera le 22 Juin de la même année quand les combats auront cessé, et que les alliés ayant effectué leur jonction s'apprêteront à se partager l'Allemagne et Berlin. Elle écrit tous les jours ou presque, dans son petit appartement en ruines ou dans la cave où elle se réfugie la nuit lors des bombardements. Elle écrit pour survivre, pour combattre sa peur, pour empêcher son esprit de basculer dans la folie. Elle note les événements noir sur blanc - même les plus horribles - . Elle les extériorise pour mieux prendre du recul, jusqu'à les banaliser. Comment continuer à vivre autrement ? Certains n'ont pas cette force de caractère et ce sont des familles entières que l'on retrouve mortes chez elles : victimes du poison ou pendues aux lustres de leur appartement....."Chez moi rien de semblable, sans doute parceque j'ai tout craché sur le papier" écrit l'auteure.



A travers cet écrit c'est un témoignage touchant et surtout direct sur la vie quotidienne des habitants de Berlin dans les derniers mois qui précédent sa capitulation : Les longues heures passées dans les caves durant les bombardements, où se cotoient les habitants d'un même quartier, toutes classes sociales confondues, l'arrivée des troupes russes, les viols, la faim omniprésente, la recherche de nourriture, les longues files d'attente devant les magasins -quelquefois pour rien , ou un morceau de beurre rance- et la pompe à eau, les cadavres des chevaux et des hommes....Les chevaux, on les dépèce à la hâte et chacun en emmène un morceau sous son manteau, les hommes on les enterre où on peut : dans les jardins, le long de la route, partout où on peut creuser. C'est une nouvelle manière de vivre - on pourrait dire de survivre - qui s'organise. Les rapports entre les gens changent, c'est souvent la peur qui commande mais il se crée aussi une vraie solidarité entre les femmes. Les viols sont devenus choses courantes : les femmes en parlent entre elles comme de choses banales et inévitables. Après les premières salutations d'usage lorsqu'elles se rencontrent, leurs premières paroles sont : "Et toi, combien de fois ?" . Pour éviter le pire, elles en viennent à marchander avec les soudards : elles donnent leur accord mais à condition qu'il n'y ait qu'un seul homme, ou se donnent à des officiers dans l'espoir d'être protégées d'autres agressions plus fréquentes et plus brutales. L'auteure s'interroge aussi sur le rôle des hommes en général : ceux qui ont précipité le pays dans cet enfer, ceux qui détournent les yeux lorsque leurs femmes se font violer, ceux qui se terrent et démissionnent, ceux qui se battent sur le front mais qui continuent de penser que tout va bien à l'arrière pour les leurs. Lorsque Gerd, le fiancé de l'auteure revient chez elle à la fin de la guerre, elle lui montre l'ébauche de son journal. Il lui demande :"Qu'est-ce que ça veut dire Schdg ?" Je dus rire : "Eh bien, mais Schandung évidemment : Viol" Il me regarda comme si j'étais folle et se tut.

Une femme à Berlin est un livre terrible mais l'auteure ne s'apitoye jamais sur elle même ni sur ses compagnons d'infortune : on sent que dans de tels moments, l'important c'est de garder la tête froide, de ne pas éparpiller son énergie car la survie en dépend. Elle ne juge pas, elle décrit, elle raconte sans pathos, avec même quelquefois une pointe d'humour et d'autodérision .Elle reste lucide sur ses propres attitudes, sur ses propres actes et à travers ses lignes on sent que ce Journal, comme un miroir, lui permet de prendre du recul sur tous ces événements.

Ce livre a été un véritable choc pour moi et un gros coup de coeur. A recommander à tous ceux qui s'interessent à cette période historique ou qui simplement aiment les témoignages.


Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Quelques semaines dans la vie d'une Berlinoise à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La fin de celle-ci? Pas vraiment, en tout cas pas pour les Berlinois... et surtout les Berlinoises. Cette fois la guerre est là et bien là!



Commencé avec les bombardements de la capitale allemande, ce journal éclaire un aspect de la guerre trop souvent ignoré et occulté, la population civile et surtout féminine face aux soldats, face à l'occupation. La guerre est une affaire d'hommes, et pourtant quel meilleur moyen pour acter une victoire que de soumettre la femme de l'ennemi?



C'est un récit brut sur le quotidien des occupants d'un quartier, d'un immeuble, d'une femme dans les bombardements puis face à l'Armée rouge. Après la destruction et l'annihilation on voit peu à peu la vie reprendre ses droits et son cours pour la survie.



Un récit dérangeant sur la survie d'une femme allemande. L'anonymat s'explique par la volonté de livrer sans tabou une tranche de vie pénible et gênante. Qu'il soit véridique ou non, peut importe. Même romancé, il n'en reste pas moins un témoignage allemand sur un passé trop souvent oublié et mis de côté. Merci et bravo à l'auteure.
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