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Critiques de Marta Hillers (89)
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Etrange, cet ouvrage anonyme bien écrit, étrange et dérangeant ce récit des quelques semaines qui séparent la fin du régime nazi de l’installation des troupes russes à Berlin.



Sous la forme d’un journal, c’est une réalité rarement évoquée en France par le cinéma ou la littérature, qui nous est présentée. La crudité du propos sur les viols perpétrés par ces militaires de l’Armée Rouge privés de femmes mais aussi pour certains animés par l’esprit de vengeance, bouleverse.



Plus bouleversant encore, peut-être, c’est la vie de privations qui s’étale sous nos yeux, les artifices pour trouver de quoi se nourrir, s’abriter, vivre simplement.



Les références à Knut Hamsun sont présentes, elles rappellent le moteur et la prison que peut constituer la faim.



La lâcheté obligée, la domination éprouvée, sont tant d’éléments qui banalisent les viols dont la portée n’est pas encore mesurée par les victimes elles-mêmes ; trop tôt ou déjà trop tard…



Le sentiment, quelle que soit sa forme, est présent durant ces quelques jours et les « Ivan » apparaissent parfois attendrissants. Ce peuple allemand, dominateur, rejoint vite la position du dominé. Loi du Talion ou bêtise humaine offerte grand à nos yeux. Ce journal est aussi l’illustration de la passivité, devant le régime nazi d’abord et annoncée déjà avec la domination soviétique qui s’installe pour 45 ans, on le sait. C’est aussi cette passivité du quotidien qui heurte une sensibilité engagée parce qu’elle démontre que même écrasé, l’Homme trouve en lui toujours ce ressort… étonnant… inqualifiable.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

"Oui, c'est bien la guerre qui déferle sur Berlin. Hier encore ce n'était qu'un grondement lointain., aujourd'hui c'est un roulement continu. On respire les détonations. L'oreille est assourdie, l'ouïe ne perçoit plus que le feu des gros calibres. Plus moyen de s'orienter. Nous vivons dans un cercle de canons d'armes braquées sur nous, et il se resserre d'heure en heure".



L'auteur, qui écrit ses première lignes le vendredi 20 avril 1945 à 16 heures, est une jeune femme de trente ans, journaliste et appartenant à la bourgeoisie prussienne. Elle a voyagé dans toute l'Europe et a vécu à Moscou, Londres et Paris. Alors que Berlin est à feu et à sang, encerclée par l'armée soviétique, que la population se terre dans des abris de fortune, que la mort, la misère - tant morale que matérielle - est le lot de chaque berlinois, cette jeune femme qui a voulu garder l'anonymat a conscience de sa qualité de témoin direct des événements.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Un témoignage passionnant!
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Lecture très bouleversante. Les derniers jours de la guerre à Berlin. Jours de terreur, jours de malheur, jours de tristesse. Des actes inhumains. L'impensable. L'insoutenable. L'improbable. Comme toute cette guerre d'ailleurs. L'Homme devra un jour répondre de ces actes. Une lecture nécessaire, même si elle est triste, même si elle est cruelle, pour que plus jamais de telles choses se produisent. Pour ne pas oublier. Pour ne plus souffrir.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Un livre bouleversant, un témoignage qui suscite l'effroi face aux victimes de la Seconde Guerre mondiale et dans ce cas-ci les Berlinoises à l'arrivée de l'armée rouge.

Ce témoignage illustre également que cette guerre a multiplié les victimes dans tous les camps. On comprend aussi mieux pourquoi dans pendant longtemps ceux qui avaient vécu ces terribles années ne souhaitèrent pas en parler, évitèrent de se replonger dans cette période individuellement et collectivement dramatique.

Parmi les nombreuses valeurs et surtout défauts nauséabonds de "l'âme humaine" exprimés dans le livre, deux se répondent en miroir dans la description de ces événements tragiques. D'une part, le courage et la résistance d'une femme (parmi d'autres) face à la brutalité et la violence de l'occupant justifiant ses exactions en tant que justice face aux sévices subis par les populations slaves du fait des armées allemandes. D'autre part, la lâcheté et la complicité implicite dans l'horreur à l'image des cohabitants laissant l'auteure se faire violer et s'assurer leur propre sécurité.



Un livre témoignage qu'il faut avoir le courage de lire.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Cette auteur nous coupe le souffle pendant la totalité de son journal; un recul et une force impressionnant, dans une écriture très belle et émouvante.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

UNE FEMME À BERLIN est le témoignage d'une jeune anonyme trentenaire, écrit lors de l'entrée des Soviétiques dans la capitale allemande. Écrit quotidiennement entre le 20 avril et le 22 juin 1945, dans des cahiers d'écolier, dans une cave, à la lueur d'une bougie, ce journal a permis à l'auteur de survivre et de ne pas sombrer dans le désespoir et la folie.

L'HISTOIRE DU LIVRE

L'histoire du livre en elle-même est déjà extraordinaire, car ce texte est resté dans l'oubli pendant plus de 40 ans. L'auteure, anonyme, travaillait dans la presse, comme photographe semble-t-il, et ne s'est jamais fourvoyée avec les nazis. Elle avait comme contact un journaliste et critique allemand, réhabilité après la guerre et vivant aux Etats-Unis. C'est à lui qu'elle remis ses cahiers. Il mit des années à la persuader de les publier. Un éditeur américain le publie en 1954 en version américaine avec avec des traductions norvégienne, italienne, danoise, japonaise, espagnol, française et Finnoise. Il fallut attendre cinq autres années pour que l'original Allemand voit le jour.

Le public féminin allemand n'était pas supposé témoigner de la réalité des viols. Les hommes allemands n'étaient pas censés apparaître comme des spectateurs impuissants devant les vainqueurs russes qui s'emparaient de leurs femmes comme d'un butin de guerre ( plus de 100.000 Berlinoises furent victimes de viols massifs, collectifs et quotidiens, soit 80% des femmes âgées entre 16 et 60 ans.) Le livre ne rencontre à l'époque silence et hostilité.

Dans les années 70, un éditeur allemand tente de rééditer Une femme à Berlin. Après maintes péripéties, il découvre que l'anonyme ne souhaitait pas voir son livre réédié en Allemagne tant qu'elle était en vie, à cause du mauvais accueil à sa sortie. Finalement en 2001 elle décède et le livre est enfin publié en allemand en 2002 est en 2006 aux éditions Gallimard.

LE RÉCIT.

Une femme à Berlin raconte la vie quotidienne des femmes dans Berlin dévasté au moment où les Russes pénètrent dans ce côté de la ville. Elle décrit les nombreux viols dont elle est victime et témoin. Elle raconte la faim, la recherche quotidienne de nourriture. Berlin et ses morts. Berlin coupé du monde, sans eau, gaz, électricité. Sans journaux, sans radio, sans nouvelles. Et puis, du jour au lendemain, le nettoyage de la ville par les femmes. Leur souffrances morales et leurs douleurs physiques au quotidien. Un témoignage poignant mais dénudé de haine. Un témoignage capital, unique et bouleversant, vu par l'autre côté de la lorgnette. Un témoignage humain.

Aujourd'hui encore, comme dans les années 60, lors de sa parution, on refuse d'entendre les souffrances des allemands. On refuse de reconnaître que les femmes, neutres dans ce conflit, ont été des victimes traitées comme des objets de victoire. Comme le dit l'ami de l'auteure : " il est trop facile de jouer les juges quand on est soi-même en sécurité" .

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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Sans doute le meilleur témoignage de survie d'une jeune intellectuelle, en avance sur son époque, assez libérée, pour raconter sa survie dans le Berlin dévasté de la fin de la guerre. On peut comprendre que son auteur n'ait pas voulu être connue et reconnue. Viol, faim, froid, prostitution, elle nous fait part de sa méthode de survie dans le chaos de l'apocalypse des derniers mois de la guerre. Rencontre entre une population cultivée et il faut bien le dire, une armée russe de paysans incultes et en manque de femme qui va piller et violer, se payer sur l'ennemi, et malheureusement sur les femmes qui vont subir la vengeance d'un peuple qui aura payé un lourd tribus 23 000 000 de morts et toutes les infamies...
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Qu'il est difficile de parler d'un tel récit; les adjectifs comme grave, lourd, noir remuant, dérangeant, reflètent imparfaitement les terribles événements relatés.

Cette réalité-là dépasse tout. Parce que la tourmente de la guerre emporte tout. Soldats comme civils.

La guerre des hommes qui écrasent les femmes, les humilient, qui leur fait porter le poids des fautes de notre humanité.

Mais à la fin, qui est innocent ? Hommes comme femmes, jeunes comme vieux, sont broyés.

Car d'autres guerres sont menées; celles pour assurer sa propre survie: celle faite à l'autre, l'ami, le voisin, le collègue, le commerçant; une guerre sombre, celle des réduits et des caves, avec ses compromissions, ses trahisons, ses mensonges.

Attention à toi, futur lecteur! Impossible de rester indemne en refermant ce livre... et c'est tant mieux !

Ah, qu'elle est belle notre humanité !

Un livre précieux, un livre-témoin, à ranger à côté de ceux de Primo Levi, de Semprun, de Wiesel, de Martin Gray,et de bien d'autres.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Contrairement à "Rien où poser sa tête" qui est également le témoignage d'une femme durant la Seconde Guerre mondiale, ce récit a la qualité d'un roman. C'est en quelque sorte un véritable livre d'histoire sur la guerre, mais du point de vu de ses acteurs anonymes et non combattants. Ce livre dénonce aussi la condition féminine, même si ce n'est peut-être pas son but, ce qui est d'ailleurs assez étrange, mais soulève aussi de nombreuses questions existentielles et philosophiques.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Pas toujours facile d'être une femme aujourd'hui, mais hier c'était plus dur encore. Et comment être femme dans une ville en ruines d'un pays vaincu, occupé par des militaires étrangers à la recherche de sexe... On imagine l'horreur que cela a pu être pour toutes ces femmes. Un livre à lire pour s'imaginer tout cela...
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Magnifique ouvrage que ce journal de guerre couvrant la période charnière de la débâcle hitlérienne jusqu’à l’occupation de Berlin ! Très bien écrit, ce livre resté anonyme peint le quotidien des Berlinoises, dans une ville désertée par les hommes allemands, livrée aux mains de ceux qu’elles appellent les Ivan, prénom russe courant. D’exactions en viols, l’auteure de ce journal subit toutes les humiliations et les violences, mais elle se redresse aussitôt pour survivre.

C’est à l’instauration d’un nouvel « ordre » que nous assistons ainsi, un moment où les valeurs changent radicalement, un moment où une Berlinoise violée peut se vanter d’un « compliment » que lui a fait son violeur, un moment où choisir parmi les envahisseurs son protecteur est une question vitale…

La faim, la misère, les désillusions, la crasse, les vols et la peur, tout passe au crible de la plume tantôt sarcastique, tantôt comique de ce témoin lucide et impitoyable. Une grande force émane de cette écriture, un élan de vitalité, qui nous fait regarder le monde autrement. Un livre à lire et à garder dans sa bibliothèque comme compagnon de route.

www.lerapportlaens.blogspot.ca
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

C’est dur, c’est insupportable parfois. 400 pages de l’enfer vécu par une jeune Berlinoise à l’entrée des troupes Russes dans la capitale du Reich. On découvre cette vie misérable, dans la crasse, la faim, le froid, mais surtout la peur… Des bombardements, de la soif de vengeance des troupes de l’armée rouge : vols, viols, exécutions sommaires… ou comment passer entre les goutes d’une mort quasi certaine.



A la lecture de cet essai bouleversant, je me suis pausé de nombreuses questions. Les citoyens Allemands savaient-ils ? participaient-ils aux exactions commises au nom du Reich ? Et quand bien même étaient-ils tous des monstres, était-il nécessaire d’être aussi inhumain que celui qui a été inhumain ? J’imagine que ces propos, 65 ans après, n’ont pas vraiment de sens, et peuvent, sans nul doute, être considérés comme ridicules… Un sentiment étrange, triste et froid comme cette sombre période de l’histoire de l’humanité.
Lien : http://testivore.com/une-fem..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Le livre est présenté par Hans Magnus Enzensberger, il consacre les premières pages à l'histoire particulière de ce livre.



On peut lire en présentation que ces écrits n'étaient pas destinés à une éventuelle publication.



" Les "griffonnages personnels qu'elle consigna entre avril et juin 1945 dans trois cahiers d'écolier (plus quelques feuillets insérés à la hâte) lui serviront avant tout à préserver un restant de santé mentale au milieu des ruines et de l'effondrement moral. Ce sont littéralement des carnets de sous-sols, écrits dans des abris antiaériens qui offraient aussi une certaine protection contre les tirs d'artillerie, les pillages et les abus sexuels commis par les vainqueurs de l'armée rouge."

Tout ce que l'auteur avait sous la main, c'était un bout de crayon, et elle devait écrire à la lueur d'une bougie.....

"Hans Magnus Enensberger" qui est responsable de la réédition de ce livre qui est resté dans l'oubli plus de quarante ans a tout naturellement respecté la volonté d'anonymat exprimée par l'auteur. Un journaliste du nom de "Marek " a réussi à le faire publier en 1954 chez un éditeur américain Ainsi " Woman in Berlin" parut-il pour la première fois dans une version anglaise, puis succéderont des traductions norvégienne, italienne, danoise, japonaise, espagnole, française et finnoise.



Il a fallu 5 autres années pour que l'original allemand voit le jour. De toute évidence , le public allemand n'était pas préparé à accepter le récit de faits aussi dérangeants.... (selon les estimations disponibles, plus de cent milles berlinoises furent victimes de viols en cette fin de guerre) Les vainqueurs russes s'emparaient de ces femmes comme des butins de guerre.....



L'auteur de ce livre était une journaliste chevronnée, et sa position politique fut un facteur aggravant :

"sans s'apitoyer sur elle-même, elle observe froidement le comportement de ses compatriotes avant et après la chute du régime, et inflige un cinglant camouflet à l'auto-compassion et à l'amnésie de l'après-guerre. Il n'est donc pas étonnant que le livre n'ait rencontré que silence et hostilité".

Pour cette réédition il a fallu attendre les consignes de "l'anonyme" qui ne souhaitait pas rééditer ce livre en Allemagne tant qu'elle était en vie, réaction bien compréhensible étant donnée le sort funeste qui avait été réservé à l'ouvrage en 1957.

En 2001 "l'anonyme" est décédée, son livre pouvait reparaître après avoir été oublié pendant 40 ans.

Si vous voulez d'autres informations, regardez le blog de "Sérialecteur" dans mes liens.

Son livre est un hommage à toutes les femmes victimes des atrocités de la guerre.
Lien : http://de-page-en-page.over-..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une Femme A Berlin est le journal intime d'une femme qui a vécu l'arriver des russe dans Berlin !

je vais pas faire long, je vais juste vous citer une phrase que mon prof d'histoire un jours ma dit " A Berlin en 48h il y eu 2 millions de viole..." plus la faim et le froid, on imagine la terreurs et la misère que devais vivre les femmes enfants et vieillard qui ont vécu cette époque.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Témoignage dur, froid et émouvant de cette femme qui pendant 2 mois relate son quotidien sous les bombardements alliés à Berlin et la prise de la ville par les troupes russes.

Cette femme, cultivée ( travaille dans l’édition ) et qui a beaucoup voyagé en Europe, écrit comme elle le dit pour survivre à toutes les épreuves qu’elle traverse.

On retrouve cette nécessité dans les témoignages d’écrivains qui ont vu la mort les frôler dans les camps de concentration pendant la 2nde Guerre Mondiale .

Comme a pu le dire “ Jorge Semprun “ dans “ L’écriture ou la vie “ il faut écrire pour ne pas mourir “ . Jorge Semprun montre dans ce texte que l'homme ne se réduit pas à son corps, à ses fonctions biologiques, mais qu'il se définit essentiellement par sa dimension spirituelle.

L’écriture permet à cette auteure inconnue de réfléchir et de retrouver une dimension humaine. En écrivant elle reste une créature pensante et spirituelle en dépit de tout.



Le reste de son temps physique , c’est pour survivre, à la faim , à la peur et aux coups et viols des assaillants russes. Toute son énergie n’est plus consacrée qu’à cela, parcourir Berlin chaque jour pour trouver un peu de nourriture ( à base de pommes de terre presque pourries ou de beurre rance souvent ) . Ses instincts primaires sont les seuls à fonctionner pendant ce temps là .

Et puis il y a la pause , l’évasion et la respiration de l’ écriture qui permet de rester “debout “ dans sa tête, de continuer à penser comme un être humain ordinaire . “ J’écris tout ce qui se bouscule dans ma tête et mon cœur … “ page 103 .

“ Je m’étonne moi-même de l’obstination avec laquelle je veux fixer ce temps intemporel “ page 213 .



“ Résister consiste à continuer à être “ Comme dans l'avant-propos de “ L'espèce humaine “ de “ Robert Antelme “ .



Elle reste tout le temps lucide car il faut survivre à tout prix : dans un 1 er temps se protéger des bombes qui pleuvent régulièrement sur son immeuble puis trouver à manger chaque jour et enfin essayer d’échapper aux russes qui cherchent des femmes .



Ce témoignage important et poignant nous emporte et nous vivons Berlin au jour le jour avec l’ auteure , accompagnés de la peur et de la faim omniprésentes .Nous souffrons avec elle .



Ce journal se rapproche d' autres récits d’ hommes et de femmes plongés dans l’enfer de la guerre ou dans l’horreur des camps d’extermination, “ Zalmen Gradowski “ “ Au cœur de l’ enfer “ par exemple .



Bien sûr ici on est du côté de l’oppresseur dans cette guerre mais on s’aperçoit que la souffrance est la même pour tous les civils, dés que le conflit est à leur porte .



La guerre est la pire des choses pour l’ humanité !



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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Transition brutale entre deux époques. Un monde, l'Allemagne nazie s'effondre et un nouveau, l'URSS prend la place en reconstruisant une Allemagne communiste. Berlin n'est plus que ruines et les habitants qui sont restés survivent comme ils peuvent. C'est dans cet intervalle que se situe l'action de ce journal. Comme à chaque fois, des exactions sont commises sur la population par les vainqueurs. La faim, les viols, la mort… Martha Hillers, puisque c'est elle l'auteure, nous raconte sa survie et celle de ses voisins. Est-il nécessaire de s'appesantir sur les ignominies qu'elle traverse ou dont elle est témoin ? Je pense que c'est ce qui se passe lors de toutes les guerres. Les vaincus sont les proies des vainqueurs. Encore plus lorsque l'on est une femme. Elle ne compte plus les viols en échange d'un bout de lard et d'une pitoyable protection. Elle stigmatise les individus qui pense d'abord à sauver leur peau, avant de se préoccuper des voisins. Chacun pour soi. Peu à peu, lorsque les bombardements s'espacent et finissent par s'arrêter complètement et que l'armée rouge prend le pouvoir, la vie se réorganise lentement. Elle commence alors à penser à retravailler, les transports se remettent à fonctionner tant bien que mal, les approvisionnements et les stocks se reconstituent. La vie reprend timidement. C'est ce qui nous est conté dans ce journal intime, au plus près du réel. Interrogation sur l'humain, sur le sens de la vie. Que signifie véritablement exister pour un être humain ?
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

C'est un journal tenu au jour le jour, en fonction des possibilités, pendant la bataille de Berlin puis les jours suivant la chute du régime.

Ce texte fait froid dan le dos, il est tellement criant de vérité, de simplicité et d'espoir aussi. On espère mais on sait le devenir de ces femmes seules face aux soldats russes, et on s'étonne des moyens qu'elles mettent en place pour se protéger, moyens qui s'apparentent presque à de la prostitution.

C'est un livre glaçant, cauchemardesque mais on en sort marqué et plein d'empathie pour ces femmes qui ont survécu à l'enfer des vaincus.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

« Une femme à Berlin » est un témoignage autobiographique unique et profondément poignant, celui d’une femme prise dans l’étau d’un Berlin proprement apocalyptique. L’action se déroule en effet entre le 20 Avril et le 22 Juin 1945. Après avoir lu de nombreux récits sur la bataille en elle-même, ainsi que sur les derniers moments des dignitaires du IIIème Reich qui n’avaient pas encore quitté la ville, je trouve très intéressant le point de vue qui est adopté ici. L’on y découvre la chute de Berlin et son occupation par les Russes par le prisme des civils. Des derniers combats à la chute proprement dite de la ville, de l’arrivée des « Ivans » aux viols à répétition, tout y est retranscris avec une acuité saisissante. La femme qui a écrit ce journal voulait rester anonyme et l’on ne peut que la comprendre à la lecture du récit qu’elle nous dévoile. En 2003, deux années après sa mort, son identité est révélée. Elle s’appelait Martha Hillers, elle était journaliste et avait 34 ans au moment des faits rapportés ici. Impossible de sortir indemne d’une telle lecture, impossible également de relâcher son attention tant chacune de ses lignes sont lourdes de sens. Une lecture indispensable et salvatrice afin de mieux saisir les affres vécus par toutes ces femmes durant l’occupation soviétique de la ville de Berlin en 1945. Ce texte bouleversant a par ailleurs été adapté au théâtre avec dans le rôle de la narratrice, l’actrice Isabelle Carré. Je ne peux qu’appeler à lire cet ouvrage, véritable plongée en apnée dans un Berlin année zéro, territoire vaguement humain aux cratères lunaires. Pour ne pas oublier. Jamais
Lien : https://thedude524.com/2011/..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

20 avril 1945, une femme à Berlin, une femme comme tant d'autres femmes berlinoises en cette période, vit l'incertitude et la douleur de la guerre, une guerre qui n'en finit pas, les hommes sont au front depuis si longtemps. C'est une guerre qui produit désormais ses effets dévastateurs contre le régime qui fut à l'initiative de cette Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne du IIIème Reich et son régime nazi.

C'est une fin de guerre, l'agonie d'un régime aux abois qui livre ses derniers combats, comme un loup traqué, une bête plus dangereuse que jamais puisqu'elle sait sans doute déjà qu'elle a perdu la main sur son destin.

Les forces soviétiques encerclent la capitale allemande, pilonnent désormais celle-ci, les bâtiments, les parcs, les rues. Dans Berlin en avril 1945, qui a-t-il d'autres ici que des civils en masse ? Ce sont essentiellement des femmes, jeunes, moins jeunes, âgées, certaines sont veuves, d'autres n'ont plus de nouvelles de leurs époux combattant sur l'un des multiples fronts de cette guerre. Il y a ici des hommes aussi. Des enfants, des vieux. D'autres qui se cachent, ayant déserté, refusant la guerre...

Est-ce ainsi que toutes les guerres se ressemblent ?

Et puis il y a encore aussi quelques forces allemandes qui tentent de résister devant l'assaut de l'ennemi. Mais le ciel est paré de menaces qui vont s'intensifier pour devenir fatales.

Cette femme à Berlin, c'est une jeune femme d'une trentaine d'années qui commence à écrire son histoire, dans un abri souterrain, sur un cahier posé sur ses genoux. C'est elle qui nous parle et nous invite dans ce désastre. Elle s'est réfugiée dans un immeuble où ne vivent désormais quasiment plus que des femmes. Elles se connaissent et ont appris à mieux se connaître dans ce dernier épisode de la guerre, là dans cet abri souterrain lorsque les bombes tombent sur Berlin...

Du vendredi 20 avril au vendredi 22 juin 1945, cette jeune femme va transcrire ce qu'elle vit, ce qu'elle ressent sur de vieux cahiers d'écolier.

C'est une confession née au cours de journées et de nuits terrifiantes. C'est tout d'abord un acte d'écriture spontané, posé comme moyen de s'en sortir. Écrire pour survivre. Il est des choses que l'on ne peut oublier qu'en les exprimant. C'est comme un exécutoire, une catharsis.

Souvent, c'est la course entre l'immeuble et l'abri lorsque les sirènes sonnent.

C'est une vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté et la faim, scandée par le bruit des bombes.

L'époux de la narratrice est parti sur le front depuis le début de la guerre en 1939. Elle ne l'a pas revu depuis. Elle sait qu'il n'est pas un nazi. Il appartient à la Wehrmacht. Elle sait bien que ce n'est pas pareil.

Lorsque le ciel s'éclaire, des soldats russes entrent dans la capitale, entrent dans les immeubles, entrent dans les appartements... Ils envahissent et habitent l'espace à leur façon.

Ces soldats russes vont s'installer dans la capitale, l'occuper, entrer en relation avec la population, lui faire du mal. Il y aura des viols, de l'oppression, de la souffrance. Ils vont commettre les pires exactions, la barbarie répondant à la barbarie... Ainsi il y aura notamment cette jeune fille de seize ans habitant l'immeuble dont l'existence ne s'en remettra sans doute jamais. Comment survivre après cela... ?

C'est une façon monstrueuse de faire la guerre lorsque l'ennemi qui s'oppose sur un territoire, ce ne sont plus que des civils, et parmi eux en majorité des femmes. Ces soldats russes vont profiter du pouvoir qu'ils ont sur cette capitale vidée de leurs hommes. Ce journal dit cela aussi.

Et puis...

Se faire violer dans les escaliers de son immeuble par deux soldats russes ivres de brutalité et de haine, puis ramper jusqu'à son appartement, respirer, retrouver tant bien que mal son cahier, son crayon, reprendre l'écriture de son journal...

Parfois une femme dit : « Peut-être que les nôtres font la même chose aussi à leurs femmes chez eux. » Une autre répond que non, les nôtres ne pourraient jamais faire cela...

Plus tard il y a des chroniques ordinaires, où vivre au côté de ces soldats russes devient presque une habitude dont on finit par s'en accommoder. Certains sont moins cruels que d'autres. Certains ont même des gestes tendres. Certains sont malheureux peut-être aussi dans cette guerre... Une amitié comme cela peut naître aussi...

Le journal continue...

Plus tard, des bruits courent déjà qu'Hitler serait mort... Impensable pour la plupart des habitants ici. Pourtant, certaines de ces femmes commencent à prendre cela comme une délivrance... À commencer par la narratrice...

Ce journal de cette femme allemande nous dit tout cela aussi.

Je me suis alors demandé comment ces femmes accueilleraient après la guerre la révélation de ce que fut toute l'horreur de la Shoah...

Ce texte est un mélange subtil de mots façonnés de ténèbres et de lumières, oscillant entre la dignité, le cynisme, parfois l'humour.

Ce texte n'implore pas la compassion. Il dit la vérité parfois abrupte, froide, détachée de toute émotion, la honte, la banalisation de l'effroi, mais aussi la vie et la manière de s'en accommoder avec un ennemi qui fait désormais partie du quotidien.

Dans ce journal, nous voyageons dans les méandres complexes de l'âme humaine.

Ce n'est pas une oeuvre littéraire en tant que telle et pourtant ce journal l'est devenu d'une certaine manière. Cela l'est devenu pour ma part en lisant ce journal qu'une bibliothécaire de ma médiathèque préférée m'a conseillé de lire. Je l'en remercie ici.

Il y a une vivacité d'écriture, il y a une qualité d'écriture aussi, ce sont des mots, des phrases griffonnées parfois à la hâte. Il y a une vie malgré tout qui se dégage de ces pages qui m'ont particulièrement touché en les lisant dans le contexte actuel.

Il y a une vie, on ne sait pas comment elle est là, elle tâche de résister, de reprendre forme. Pourtant derrière la froideur et le cynisme du texte, il y a de façon souterraine quelque chose qui tient à l'émotion, qui ressemble à de l'humanité. Qui en est bien sûr.

Survivre.

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