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Critiques de Marta Hillers (89)
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une allemande raconte à travers son journal sur une courte période (20 avril jusqu'au 22 juin 1945)ce qu'elle vit quelques jours après la prise des russes de Berlin, à la fin de la seconde guerre mondiale. le rationnement, les bombardements quasi continus, la peur, et les agressions pour la plupart sexuelles des russes sur les femmes berlinoises.



Cette allemande a bien voulu faire publier ce journal mais à la condition de rester anonyme. La quatrième de couverture explique qu'on est censé comprendre pourquoi elle a voulu rester anonyme en lisant ce journal. J'avoue que cette phrase m'a laissé entendre que son rôle n'était pas tout blanc dans cette histoire. A moins que je me trompe, je trouve au contraire qu'elle a fait acte de courage, comme de nombreuses berlinoises de l'époque.



Il s'agit d'un fait qui a longtemps été tabou. Les allemands au sortir de la guerre ont voulu oublié ce qu'il s'est passé pendant cette guerre, en portant en eux comme un déni. Les dégâts qu'ils ont causés à travers le monde pouvaient difficilement faire passer le fait que les allemands ont aussi été en quelques sortes victimes de tout ça. Sortir de l'embrigadement du pouvoir en place a été comme un réveil brutal. Et la réalité était difficilement supportable.



Cette femme va donc nous raconter comment elle a dû s'enfermer dans une cave avec d'autres personnes pour éviter les bombes, mais aussi pour éviter les russes qui rapidement se sont cru tout permis, y compris violer de nombreuses femmes. Car il s'agit bien de ça qui est très lourd à vivre à travers ces lignes : les violences envers les femmes sont légion. Ils se servent d'elles, de manière si aléatoires en se rendant parfois bien compte du mal qu'il faisait. Certains parfois allaient jusqu'à « draguer » ces femmes pour se rendre moins coupables de leurs actes. A travers le chaos dehors, les queues interminables pour accéder à leurs rations alimentaires quotidiennes ou pour accéder seulement à l'eau, les bombes, les tirs, le manque d'hygiène, les femmes se retrouvent à subir ces agressions contre de la nourriture ou leur protection vis-à-vis des autres russes.



On vit tout ça de l'intérieur et certaines scènes sont plus marquantes que d'autres : les viols (notamment des viols collectifs parfois ou des viols sur enfants), les pillages de caserne de police dans laquelle la nourriture avait été stockée, les inhumations de personnes décédées en pleine rue, les assauts de familles sur un cheval tout juste mort pour se nourrir, …



Et puis on a une vision de ce que pensaient les allemands à l'issue de cette guerre. La femme qui a écrit ce journal nous raconte sa nouvelle vision des choses, notamment à l'égard des hommes pendant la guerre. Les femmes ne pouvaient pas prendre les armes, parce que la violence ne pouvait être portée que par l'homme. Mais la narratrice nous raconte combien elle trouve que la femme aussi fait partie de l'effort de guerre, vu ce qu'elles subissent.



Et puis il y a aussi des scènes qui nous en apprend beaucoup aussi sur ce que pensait les allemands : par exemple, pour se chauffer, la propagande nazie était utilisée, les livres qui avaient fait l'objet de censure sous Hitler devenaient des livres que les allemands voudraient lire bientôt, ..



Et puis aussi, la phrase répétée tout au long de la période où Hitler a détenu le pouvoir : « C'est au Führer que nous devons ça ». Cette phrase était répétée aussi après la guerre, mais dans une version très péjorative.



Ce livre a été traduit dans plusieurs langues et diffusé à travers plusieurs pays. L'Allemagne a été l'un des derniers pays où ce livre est paru. Il est loin d'avoir eu un accueil chaleureux. Plus tard, en 1968, les jeunes allemands se sont soulevés à l'instar des français, pour plus de liberté. Ce livre a été comme un symbole des violences qu'ont dû subir les femmes. Il est devenu un symbole du féminisme. En France, cette histoire a été mise en scène en 2010 avec Isabelle Carré tenant le premier rôle.

En bref, ce livre est passionnant de bout en bout. Il faut souvent avoir le coeur bien accroché mais cette femme arrive à avoir de la hauteur sur ce qu'elle endure pour nous raconter sa vision des choses et c'est très intéressant. A lire quand on a le moral.


Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Le livre est présenté par Hans Magnus Enzensberger, il consacre les premières pages à l'histoire particulière de ce livre.



On peut lire en présentation que ces écrits n'étaient pas destinés à une éventuelle publication.



" Les "griffonnages personnels qu'elle consigna entre avril et juin 1945 dans trois cahiers d'écolier (plus quelques feuillets insérés à la hâte) lui serviront avant tout à préserver un restant de santé mentale au milieu des ruines et de l'effondrement moral. Ce sont littéralement des carnets de sous-sols, écrits dans des abris antiaériens qui offraient aussi une certaine protection contre les tirs d'artillerie, les pillages et les abus sexuels commis par les vainqueurs de l'armée rouge."

Tout ce que l'auteur avait sous la main, c'était un bout de crayon, et elle devait écrire à la lueur d'une bougie.....

"Hans Magnus Enensberger" qui est responsable de la réédition de ce livre qui est resté dans l'oubli plus de quarante ans a tout naturellement respecté la volonté d'anonymat exprimée par l'auteur. Un journaliste du nom de "Marek " a réussi à le faire publier en 1954 chez un éditeur américain Ainsi " Woman in Berlin" parut-il pour la première fois dans une version anglaise, puis succéderont des traductions norvégienne, italienne, danoise, japonaise, espagnole, française et finnoise.



Il a fallu 5 autres années pour que l'original allemand voit le jour. De toute évidence , le public allemand n'était pas préparé à accepter le récit de faits aussi dérangeants.... (selon les estimations disponibles, plus de cent milles berlinoises furent victimes de viols en cette fin de guerre) Les vainqueurs russes s'emparaient de ces femmes comme des butins de guerre.....



L'auteur de ce livre était une journaliste chevronnée, et sa position politique fut un facteur aggravant :

"sans s'apitoyer sur elle-même, elle observe froidement le comportement de ses compatriotes avant et après la chute du régime, et inflige un cinglant camouflet à l'auto-compassion et à l'amnésie de l'après-guerre. Il n'est donc pas étonnant que le livre n'ait rencontré que silence et hostilité".

Pour cette réédition il a fallu attendre les consignes de "l'anonyme" qui ne souhaitait pas rééditer ce livre en Allemagne tant qu'elle était en vie, réaction bien compréhensible étant donnée le sort funeste qui avait été réservé à l'ouvrage en 1957.

En 2001 "l'anonyme" est décédée, son livre pouvait reparaître après avoir été oublié pendant 40 ans.

Si vous voulez d'autres informations, regardez le blog de "Sérialecteur" dans mes liens.

Son livre est un hommage à toutes les femmes victimes des atrocités de la guerre.
Lien : http://de-page-en-page.over-..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Triste certe mais passionnant.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une témoignage rare du côté des vaincus... Une voix de femme libérée grace à l'anonymat avec 80 années d'avance. A lire absolument pour les amateurs d'histoire, de droits des femmes ou tout simplement de l'Humain.....................................
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Une Femme A Berlin est le journal intime d'une femme qui a vécu l'arriver des russe dans Berlin !

je vais pas faire long, je vais juste vous citer une phrase que mon prof d'histoire un jours ma dit " A Berlin en 48h il y eu 2 millions de viole..." plus la faim et le froid, on imagine la terreurs et la misère que devais vivre les femmes enfants et vieillard qui ont vécu cette époque.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Un « Journal », et quel journal que celui d’«Une femme à Berlin » ! Une femme qui a besoin de mettre sur le papier ce qu’elle vit, ce que vit un peuple battu, soumis, sous le joug des vainqueurs : les viols répétés, la violence, la mort, la faim, la promiscuité, la camaraderie intéressée car pour survivre il faut s’entraider. Le tout sur un ton assez détaché -teinté parfois d’humour noir- qui dit la sidération, la défense psychologique inconsciente pour pouvoir survivre, pour vivre malgré ces traumatismes répétés.

Et l’incompréhension qui s’installe avec ceux qui n’étaient pas là, et ne peuvent comprendre.

Malheureusement, ce texte reste d’actualité pour toutes les victimes des guerres, et en particulier les femmes, dont le ventre est un enjeu, terrain d’humiliations, de suprématie, de conquête. Quelle que soit l’époque, quel que soit l’endroit du globe, le vainqueur ne change pas. Et c’est terrifiant.
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..





Éprouvante, glaçante, voici une lecture qui m'aura marquée au fer rouge. Ce témoignage lève le voile sur un chapitre méconnu et longtemps resté tabou de la seconde guerre mondiale. Sous forme d’un journal rédigé au jour le jour par une jeune berlinoise durant la période du 20 avril au 22 juin 1945, il retrace la chute du régime hitlérien et la prise de la capitale allemande par l'armée Rouge. 



***



Printemps 1945



Berlin est encerclé. Le IIIème Reich vit ses derniers jours. 



“Oui, c’est bien la guerre qui déferle sur Berlin. Hier encore ce n’était qu’un grondement lointain, aujourd’hui c’est un roulement continu. On respire les détonations. L’oreille est assourdie, l'ouïe ne perçoit plus que le feu des gros calibres. Plus moyen de s'orienter. Nous vivons dans un cercle de canons d’armes braquées sur nous et il se resserre d’heure en heure.” 



La capitale est dévastée, éventrée par les bombardements successifs des Alliés. La population qui y réside encore, "tout le saint-frusquin dont ne veulent ni le front ni le Volkssturm”, tente désespérément de survivre. 



L’auteure décrit avec une minutie redoutable le quotidien des civils désormais entièrement livrés à eux-mêmes. Du plus déroutant au plus tragique, la jeune femme ne fait l'impasse sur aucun événement. Terrés le plus souvent dans l’obscurité des caves, femmes, enfants, personnes âgées ou invalides, forment ensemble un microcosme souterrain. Tenaillés par la faim, réduits à une existence misérable dans des abris insalubres menaçant de s'effondrer à chaque instant, tous redoutent autant qu'ils espèrent la fin de cette guerre. 



L'arrivée en fanfare des troupes soviétiques scelle le sort des femmes. Sans défense, traquées telles des proies dans les moindres recoins de la capitale déchue, elles servent à satisfaire l'appétit insatiable des soldats victorieux. Un climat de terreur règne sur le champ de ruines berlinois.



“... ce qui nous gagne en permanence, c'est le sentiment d’être entièrement délaissées et livrées en pâture. Dès que nous sommes seules, le moindre bruit, le moindre pas nous terrorise.”



Les “Ivan” se livrent en toute impunité à des viols massifs, multiples et collectifs. Les faits rapportés offrent une déclinaison de l’abject échappant à tout entendement. Personne n'ose s'interposer par crainte des représailles. Seul appui, la solidarité "de circonstance" qui se développe parmi les victimes. 



Selon les historiens, entre avril et septembre 1945,  plusieurs centaines de milliers de femmes allemandes furent violées par les soldats russes. Une arme de guerre redoutable, effroyable…



Dans ce récit autobiographique aux allures de reportage, vous ne trouverez ni apitoiement, ni larmoiement, ni étalage de ressentiments. L'auteure fait preuve d'une étonnante distanciation vis-à-vis des évènements. L' écriture est précise, tranchante comme une lame, terriblement évocatrice. Seules quelques bribes de son journal laissent entrevoir l'étendue et l'intensité des souffrances endurées ainsi que la force de vie incroyable qui l’anime.



“(...) je me sens avilie, offensée, rabaissée au niveau d’objet sexuel.”



"Je n'ai encore jamais été aussi loin de moi-même,  ni aussi aliénée à moi-même. Comme si tout sentiment était mort au-dedans. Seul survit l'instinct de survie. Ce n'est pas eux qui me détruiront." 



La jeune berlinoise porte un regard acéré sur les petites lâchetés et grands manquements auxquels chacun s'abandonne lorsque pris dans la tourmente. Ses écrits témoignent des "stratégies" qu'elle-même a dû mettre en place pour pallier à l'horreur, aux sévices infligées et à la famine. Mue par un instinct de survie hors du commun, elle cherchera à obtenir la “protection” d’un haut gradé, d“un loup qui tienne les loups à l’écart", afin de se prémunir contre les agressions sexuelles d’autres soldats.  



Publié anonymement pour la première fois en 1954 aux Etats-Unis puis édité cinq ans plus tard dans sa version allemande, Une femme à Berlin s’est heurté à une grande hostilité. Au regard des atrocités nazies commises, les mentalités n’étaient pas prêtes à entendre la souffrance du peuple vaincu. S’y pencher pouvait sans doute être assimilé à des signes de complaisance voire de révisionnisme. L'ignominie des faits relatés et ce que cette guerre avait révélé de chaque Homme sans distinction doivent également pouvoir expliquer l'accueil glacial reçu. Le temps apaisant les esprits, cet ouvrage a trouvé son public plusieurs décennies plus tard et notamment lors de sa réédition dans les années 2000. 



L'identité de l'auteure ne fut révélée que posthume en 2003. Elle s'appelait Marta Hillers (1911 - 2001). 



***



Un autre versant de l'horreur de la guerre

Parce que l’Histoire ne peut effacer

Un témoignage  nécessaire 







(Lu en décembre 2021)

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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

C’est dur, c’est insupportable parfois. 400 pages de l’enfer vécu par une jeune Berlinoise à l’entrée des troupes Russes dans la capitale du Reich. On découvre cette vie misérable, dans la crasse, la faim, le froid, mais surtout la peur… Des bombardements, de la soif de vengeance des troupes de l’armée rouge : vols, viols, exécutions sommaires… ou comment passer entre les goutes d’une mort quasi certaine.



A la lecture de cet essai bouleversant, je me suis pausé de nombreuses questions. Les citoyens Allemands savaient-ils ? participaient-ils aux exactions commises au nom du Reich ? Et quand bien même étaient-ils tous des monstres, était-il nécessaire d’être aussi inhumain que celui qui a été inhumain ? J’imagine que ces propos, 65 ans après, n’ont pas vraiment de sens, et peuvent, sans nul doute, être considérés comme ridicules… Un sentiment étrange, triste et froid comme cette sombre période de l’histoire de l’humanité.
Lien : http://testivore.com/une-fem..
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Une femme à Berlin : journal, 20 avril-22 jui..

Quel témoignage!

Quelle capacité d'évocation!

J'ai vraiment eu l'impression de vivre cet épisode tragique de la destruction de Berlin en avril-mai 1945.

Les habitants terrés dans les caves lors des bombardements américains; le jusqu'au-boutisme autodestructeur des nazis; la mesquinerie de ceux qui tremblent pour leur vie; la faim; la progression de l'artillerie soviétique, l'arrivée des russes, les viols systématiques, le travail forcé.

Quel courage il a fallu pour écrire tout cela, dans des conditions parfois terribles, sans compter que le contenu même pouvait conduire à la mort.

Mais l'auteure est journaliste. Longtemps restée anonyme, elle fut identifiée deux ans après sa mort, en 2003.

Elle fait son travail tout en exorcisant le malheur. On y trouve peu de réflexions, surtout des faits, mais d'un oeil subjectif. Assez peu de jugements, pas mal d'indulgence, surtout pour les femmes. Pas de vision marquée politiquement. Le récit est d'autant plus fort.



Pendant longtemps, nous avons occulté la souffrance des vaincus. Comme ils étaient coupables, leur souffrance ne comptait pas, l'évoquer était suspect de complaisance. Mais on peut se demander s'il est légitime de justifier cette souffrance, si nous ne devons pas simplement considérer qu'un humain souffrant équivaut à un autre humain souffrant, quel qu'il soit (ce qui n'exclut bien sûr pas de juger les criminels, souffrant ou non). Au nom du bon droit et de la liberté, était-il licite d'infliger des souffrances aussi terribles? Faute de réfléchir à cette question, combien d'exactions n'ont-elles pas été perpétrées par ceux qui sont convaincus d'être du bon côté.



C'est l'apport essentiel de ce témoignage, selon moi. Il expose presque cliniquement le vécu d'hommes et de femmes ayant vécu une catastrophe totale et nous oblige à nous défaire de nos préjugés trop commodes.

J'ai lu certaines critiques de presse parlant de récit distancié, froid. Ce n'est pas du tout mon impression. Nous suivons une femme bien vivante au contraire. Elle n'a heureusement pas assaisonné son récit d'un pathos qui n'aurait pu être que de mauvais goût.



En lisant le texte, et avant de savoir que l'auteure avait été identifiée, je m'imaginais qu'elle avait pu mener une grande carrière dans le journalisme ou les lettres, ou en politique, tant je trouvais qu'elle alliait le talent et le courage. Mais il n'en a rien été. Les traumatismes qu'elle a eu à subir ont-ils pesé sur sa vie? L'ont-ils empêchée d'accomplir ce dont elle était capable? Nous ne le saurons sans doute jamais. Mais ce pas impossible.

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