Dans les champs, les charrues labouraient toute la journée et donnaient à la terre une couleur sombre. Les feuilles des arbres changeaient de couleur, une pluie froide tombait presque tous les jours. Le poil des bêtes poussait dru et leur couvrait l'échine d'un épais manteau. Pelle souffrait du froid, l'existence toute entière s'assombrissait. Ses vêtements à lui ne devenaient ni plus épais ni plus chauds dans la saison froide ( ... )
Tu crois peut-être que c'est l'argent qui laboure la terre ou tisse les vêtements, ou qui extrait le charbon des profondeurs ? Il ne s'en occupe pas; le Capital international réuni ne peut même pas ramasser une épingle, s'il ne trouve pas de la main-d'oeuvre à acheter pour le faire.
On leur avait toujours mis dans la tête que l'Allemand c'était l'ennemi héréditaire et que la patrie passait avant tout. Or, maintenant, les patrons n'hésitaient pas à appeler des mercenaires allemands pour tenir dans la misère leurs propres compatriotes. Le patriotisme et tout le reste n'étaient que de grands mots ! Il n'existait que deux nations, les exploiteurs et les exploités !
Je ne comprends pas que les pauvres ne s'unissent pas. On subit tous le même sort, dit Bergendal. Si on s'entendait pour laisser ceux qui nous veulent du mal se débrouiller seuls, par exemple? Alors on verrait bien que ce sont les pauvres qui font la richesse.
Par ces tempêtes d'équinoxe, bien des bouteilles étaient lancées à ceux de la terre ferme. Tout bien considéré, c'était pour cela qu'on apprenait à écrire, pour être capable de faire sa lettre quand l'heure serait venue.