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Critiques de Martin Edward Malia (8)
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Histoire des révolutions

Au moment de me lancer dans l’écriture du commentaire de cette Histoire des révolutions, j’ai lu le quatrième de couverture et compris que je ne pourrais mieux exprimer mon ressenti qu’il ne le faisait. Notamment, cette phrase : « Un exceptionnel récit d’histoire comparée, limpide, sans artifice, où le modèle théorique est toujours strictement subordonné à l’exposé des faits »

La lecture de ce livre de Martin Malia, un des grands historiens du XXe siècle incite à l’humilité… Il m’a beaucoup appris et il devrait être conseillé à tous ceux qui tentent encore de défendre ou de remettre au goût du jour des idéologies marquées du sceau indélébile de l’échec trempé dans le sang populaire de millions d’innocents.

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Histoire des révolutions

Qu'est-ce qu'une révolution ? Le mot est utilisé à toutes les sauces, dillué au point que tout soulèvement contre un pouvoir est qualifié, dès ses balbutiements, de révolution. Retour donc sur l'histoire des mouvement révolutionnaires. Chacun se nourrit du précédent pour passer à l'étape suivante, tout en répondant aux spécificités du lieu. Tout commence dans la Bohème hussite, en un temps où la religion seule peut provoquer la révolte. Cela s'amplifie avec la réforme luthérienne, sans pour autant provoquer de renversements politiques majeurs. Puis il y a la Hollande et l'Angleterre, et, prototypes des révolutions futures, les Etats-Unis et, modèle absolu et auquel on essaie toujours de faire ressembler les autres révolutions, la France. Les points communs? Un Ancien Régime déconsidéré et une alliance des principales forces pour s'y opposer, sans pour autant vouloir dès le départ renverser complètement l'ordre établi. La lutte entre modérés et radicaux est dans un premier temps gagnée par les radicaux, avant qu'une réaction thermidorienne vienne achever la révolution de manière minimale. Ce processus est brisé par le deuxième modèle de révolution, le seul qui se base sur un système idéologique complet qu'il s'agit à tout prix de mettre en place, quitte à mentir s'il s'avère que ce système est faux, et qui ne connaît pas de réaction themidorienne, la révolution russe de 1917. Paradoxalement, alors que le marxisme prétend qu'il faut d'abord une révolution bourgeoise (1789) et ensuite une révolution socialiste, et que cette révolution ne peut avoir lieu que si elle a une base prolétarienne solide, les seuls endroits où des révolutions marxistes ont eu lieu dans des Etats arriérés, sans la base nécessaire, sous la direction d'une élite "éclairée" qui s'est accaparé le pouvoir pour illusoirement mettre en place une société correspondant à la théorie. Les révolutions arabes aujourd'hui semblent plus proches du premier modèle, celui dont l'avenir est le plus flou, mais aussi celui qui évite le retour à la dictature. Il faut éviter à tout prix que les révolutions de févier connaissent des révolutions d'octobre.
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La tragédie soviétique

Un travail de réflexion sur les causes profonde de l'échec soviétique. Rien de novateur mais utile.
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L'Occident et l'Enigme russe : Du cavalier ..

Un superbe ouvrage passionnant pour les férus d'histoire comme moi , une enquête très détaillée et documentée sur ce pays continent encore assez méconnu qui nous fait revivre toute l'histoire de ce pays continent avec ses hauts et ses bas.



Le tire est en lui même évocateur car effectivement ce pays continent reste assez méconnu et nos rapports avec l'URSS devenu Russie sont encore ce jour assez fluctuants.



Pour moi un livre à ne pas rater pour la puissance du récit et la pertinence de l'analyse. En plus les commentaires et notes du texte apportent une réelle plus value à l'explication et à la compréhension du texte, une tres belle reussite sur ce point également.
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Comprendre la Révolution russe

Une analyse très intéressante de Martin Malia, professeur d’histoire et grand connaisseur de la Russie et de l’U.R.S.S., à propos des Révolutions, de la Révolution Russe de février 1917, puis du coup d’Etat bolchevique (communiste).



D’abord, l’auteur distingue deux notions fondamentales, que sont : la Révolte et la Révolution.

En effet, on constate que pour qu’il y ait Révolution, il faut une mobilisation de TOUTES les « classes » sociales de la population ; car si, une seule « classe » se mobilise, on se retrouve dans le cas d’une « simple » Révolte.



Dans le cas du coup d’Etat bolchevique du 7 novembre 1917 à Petrograd en Russie perpétré par : Lénine, Trotski, Staline, etc., Martin Malia nous démontre qu’il n’a pas pu y avoir de Thermidor (contrairement à la Révolution Française), pour empêcher la création puis le développement du régime totalitaire communiste, car la société civile Russe a été très rapidement anéantie par le : Parti Etat unique Bolchevique.



De manière générale, toute opposition réelle ou fictive à l’idéologie communiste était considérée comme : le MAL ABSOLU, et devait donc être systématiquement écrasée !



Aujourd’hui, la fantasmagorie communiste est toujours sujette au manichéisme qui voudrait que : Staline aurait été le « méchant », celui qui aurait perverti l’utopie communiste, et Lénine et Trotski auraient été les « gentils humanistes ».



Evidemment, dans la réalité il n’en est rien, mais de surcroît ce sont bien Lénine et Trotski, les deux principaux pseudo-intellectuels de la bande de criminels, avec Dzerjinski, Staline et bien d’autres, qui ont inventé, TOUS ENSEMBLE, dès le coup d’Etat du 7 novembre 1917 : le régime Totalitaire Communiste REEL.



D’ailleurs, Martin Malia résume très bien cette création du totalitarisme communiste par Lénine et Trotski, ainsi que sa filiation-continuation par Staline, pages 184 et 185 :



« L’histoire ou les péripéties de la lutte pour la succession de Lénine sont des faits connus. Mais, pour comprendre le grand tournant de 1929, il faut d’abord considérer la phase qui va de 1923 à 1924 : c’est-à-dire l’espace compris entre la première maladie de Lénine et sa mort, en 1924. A cette époque, chez Lénine, Trotski ainsi qu’un certain nombre d’autres membres importants du Parti, s’opère la prise de conscience de ce que le Parti est devenu une bureaucratie. La bureaucratie est une mauvaise chose et il faut lutter contre elle. Chez Lénine, une autre prise de conscience s’opère. Il pressent le danger de laisser le poste de secrétaire général à ce « grossier » Joseph Vissarionovitch Djougatchvili, Staline.

Cette double prise de conscience est souvent alléguée pour dire que, si Lénine n’était pas mort à ce moment-là, le Parti ne se serait pas transformé pour toujours en une bureaucratie rigide : si Lénine avait eu le temps de déplacer Staline pour y mettre un Trotski, la Russie se serait épargné bien des malheurs.

Pareils espoirs rétrospectifs ne sont-ils pas vains ? A vrai dire, le seul remède imaginé par Lénine consistait en une bureaucratie contrôlée, mais sans sortir du système bureaucratique. En effet, de par son origine et par son essence, le Parti est une bureaucratie universelle idéocratique. Aucune prise de conscience ne pouvait prévaloir contre cet état de choses. Lénine aurait-il vécu cent ans, cet état de choses n’aurait pas fondamentalement changé. Et si le Caucasien « grossier » avait été remplacé par quelqu’un d’un peu plus raffiné, la situation serait restée la même pour l’essentiel. »



Et aussi, page 225 :



« Staline était le stade suprême du léninisme, il n’est pas séparable du reste. Staline incarne la coercition enveloppée de mensonge porté à son point extrême, parce que c’est le passage à travers le « mur du son », le passage du monde réel au monde socialiste. Le stalinisme, c’est le point culminant de ce qui a été commencé sous Lénine pendant la période du communisme de guerre. »



« … l’effondrement du stalinisme, c’est l’effondrement même du système, car la collectivisation totale qu’a effectuée Staline n’a été que la réalisation du voeu exprimé par Lénine et qui est implicite dans cette idée du socialisme comme le non-capitalisme, comme l’anticapitalisme, comme la suppression de ce que représente le vieux monde corrompu, exploiteur, etc. »



Confer également, d’autres ouvrages tous aussi passionnants sur le même thème de :

– Michel Heller Soixante-dix ans qui ébranlèrent le monde ;

– Martin Malia La tragédie soviétique ;

– Alain Besançon Les Origines intellectuelles du léninisme ;

– Leonard Schapiro Les bolchéviques et l’opposition (1917-1922) ;

– Leonard Schapiro Les révolutions russes de 1917 ;

– Orlando Figes La Révolution russe : 1891-1924 : la tragédie d’un peuple Tome 1 et La Révolution russe : 1891-1924 : la tragédie d’un peuple Tome 2.
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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Du passé faisons table rase ! : Histoire et m..

A travers ce livre passionnant, Stéphane Courtois nous propose la « suite » du fameux : Livre noir du communisme, dont la sortie en 1997 a révélé au grand public (il était temps), et prouvé aux Lénino-Trotskisto-Stalino-Mao-… bolcheviques (suite à la chute de l’U.R.S.S. en 1991, permettant l’ouverture partielle des archives de Moscou), le caractère intrinsèquement CRIMINEL du régime totalitaire, qu’est le Communisme.



Dans une première partie, l’auteur « répond » aux détracteurs du Livre noir du communisme.

En effet, le succès mondial du Livre noir, ainsi que les polémiques déclenchées à la sortie de l’ouvrage, a conduit l’auteur à un « droit de réponse » ; puis à une nouvelle mise au point à propos des innombrables réalités historiques monstrueuses engendrées par le bolchevisme (communisme).



Dans une seconde partie, Stéphane Courtois « enfonce le clou », et surtout, offre un droit de MEMOIRE essentiel aux différentes populations d’autres pays, traumatisées, elles aussi, par le totalitarisme communiste, grâce à l’intervention d’historiens et de politologues ; chacun spécialiste de l’histoire de son propre pays Ex-communiste d’Europe (Bulgarie, Estonie, Roumanie, R.D.A….).



De nos jours, au 21ème siècle, on trouve encore dans notre Démocratie Républicaine Française, et ailleurs aussi, des Lénino-Trotskistes et des Mao-Staliniens, bref des Marxistes-Léninistes, TOUS issus, en fait, de L’UNIQUE et MEME héritage despotique : celui de l’invention à partir du coup d’Etat du 7 novembre 1917 à Petrograd, de l’ignoble et absurde idéologie totalitaire communiste réelle, créée par la troïka infernale : LENINE, TROTSKI et… STALINE !



Confer également, d’autres ouvrages tous aussi passionnants sur le même thème et toujours sous la direction de Stéphane Courtois :

– Le Livre noir du communisme : Crimes, terreur, répression ;

– Dictionnaire du Communisme ;

– Communisme et totalitarisme.
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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Histoire des révolutions

Brillant ! Excitant !

Une caractérisation d'un type, la "Révolution" comme phénomène historique intrinsèquement lié à l'histoire européenne : la tentative répétée dans différents espaces culturels de secouer un Ancien Régime hérité des temps féodaux, combinant pouvoir de l'Eglise et pouvoir aristocratique.

Je laisserai à d'autres exégètes historiens le soin de peser la valeur du concept brillamment développé par Malia, mais je n'ai pu qu'être séduit par la richesse de l'analyse et du développement, solidement articulé sur une traversée de l'historiographie européenne du XVè au XXè siècle menée à bride abattue. Tout se tient et à cette aune la révolution américaine est logiquement fondamentalement européenne, pour qui il s'agissait fondamentalement de gagner la liberté par rapport aux prétentions, jugées tyranniques du souverain (britannique).

Bien sûr, 1789 en France apparaît comme la mère de toutes ces révolutions,, aboutissement d'un côté, modèle à parfaire de l'autre. C'est là que la vision de Malia est si enrichissante, en mettant côte à côte le 1688 anglais (trop souvent escamoté), le 1789 français et le 1917 russe, il fait éclater similitudes et différences et met en place un modèle.

Un plaisir de lecture, un plaisir tout court, de voir replacer ensemble des pièces parmi les plus importantes de l'histoire de notre continent et du monde.



PS : On ne peut au passage manquer la mise en lumière par Malia des contradictions intrinsèques du marxisme, conduisant pour lui tout droit à la dictature d'un parti, à l'instauration d'une Terreur sanglante et sans fin (pas de retour au calme thermidorien) que ne peut clore que la chute du système. L'actualité nous montre toutefois dramatiquement que les braises n'en ont pas fini d'être brûlantes.
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La tragédie soviétique

Ce livre de Martin Malia (professeur et spécialiste de la Russie) représente une grande oeuvre concernant le Totalitarisme Communiste Soviétique, de sa création le 25 octobre 1917 à Petrograd en Russie par Lénine, Trotski et Staline…, jusqu'à son effondrement en 1991.



Pour toute la suite du commentaire, je précise ici une indication terminologique importante : en effet, il faut comprendre dans cet ouvrage, le terme Socialisme, uniquement dans sa version maximaliste, c'est-à-dire : le Communisme.



D'abord, Martin Malia résume fort bien le rôle prépondérant de la VIOLENCE pour Karl Marx (page 63) :



« Soulignons une fois encore que, pour Marx, cette lutte des classes passe inévitablement par la confrontation physique : l' »expropriation des expropriateurs » se ferait par une révolution violente, car « les révolutions sont les locomotives de l'histoire » et « la violence est l'accoucheuse de l'histoire ».

(…) Karl Marx n'était pas un social-démocrate. »



Martin Malia nous montre de quelle manière Lénine a puisé dans les écrits de Marx, pour fonder son système Totalitaire Communiste réel (page 108) :



« le résultat de la rencontre de Marx par Lénine fut la création de la plus extraordinaire institution politique des Temps modernes, le Parti communiste. le « Manifeste » de Marx accordait déjà un rôle d'avant-garde à ceux qu'il appelait « les communistes », et il est certain qu'il dirigea la Première Internationale avec des méthodes autoritaires et des techniques de manipulation que l'on peut très justement qualifier de « protoléninistes ». »



La vision manichéenne pour ne pas dire absurde et primaire de Lénine, reprise de celle de Marx, relevait de l'opposition viscérale entre une « classe prolétarienne » et une « classe bourgeoise » ; l'une des deux devant disparaître de la surface de la planète en étant…, EXTERMINEE !

Cette idéologie Terroriste et Génocidaire était d'autant plus aberrante qu'à cette époque la paysannerie représentait encore environ 80 % de la population Russe, alors qu'il n'y avait environ que 3 millions d'ouvriers sur une population totale de 170 millions de Russes, soit seulement 2% ; et une faible proportion de « bourgeois ».

Alors pour atteindre son objectif haineux de domination totale, Lénine créa en 1902 – 1903 son Parti Bolchevique (Communiste).



Après l'échec sanglant de la Révolution de 1905, le Tsar Nicolas II comprit enfin, qu'il était urgent d'entreprendre des réformes en Russie. le ministre Stolypine fut chargé de cette lourde et cruciale mission. Mais il fut assassiné en 1911, ce qui stoppa l'élan de restructuration de la Russie. Nicolas II se renferma alors sur son régime autocratique hérité de la longue lignée des Romanov, famille à la tête du Pouvoir Tsariste depuis 300 ans, en Russie.



Puis survint la Première Guerre Mondiale en 1914.



Début 1917, le peuple se révolta contre les privations engendrées par le régime Tsariste et la guerre. Les ouvriers se mirent en grève à Petrograd (la Capitale) pour se plaindre de la pénurie généralisée.

En février 1917, la Révolution Populaire eut lieu, et le 3 mars, Nicolas II fut contraint d'abdiquer.

Immédiatement, il fut constitué un Gouvernement Provisoire.



En avril, Lénine qui vivait à Zurich rentra à Petrograd. Et avec ses « Thèses d'avril », il lança le slogan démagogique et propagandiste : « A bas la guerre, à bas le gouvernement provisoire, tout le pouvoir aux soviets ! ».

Pour Lénine comme pour Marx, la « lutte des classes » devant être prise au sens littéral du terme, la prise du Pouvoir ne pouvait se faire que par la violence. Suivant les préceptes de Marx, Lénine appelait donc les « masses » à « l'expropriation des expropriateurs » et à « voler ce qui avait été volé ».

Au mois de juillet, les Bolcheviques tentèrent un putsch qui échoua en quelques jours. Lénine dut alors s'exiler en Finlande.



Lénine rentra incognito à Petrograd le 10 octobre, et convoqua immédiatement le Comité Central du Parti Bolchevique, afin de prendre la décision qui devait conduire à l'Histoire de la tragédie du Totalitarisme Communiste réel : celle du vote du coup d'État ! Elle fut validée à 10 voix contre 2 (Zinoviev et Kamenev).



Dans la nuit du 24 au 25 octobre 1917, le Comité Militaire Révolutionnaire (C.M.R.) dirigé par Trotski, avec l'aide des marins de la flotte de la Baltique (ou marins de Cronstadt) et des Gardes Rouges, s'emparèrent des centres névralgiques de Petrograd.



Le 25 octobre, le Gouvernement Provisoire de Kerenski fut renversé par le coup d'État militaire Bolchevique ; et Lénine nommé : Président du Conseil des Commissaires du Peuple de la République Soviétique de Russie.

Les deux principaux responsables (avec d'autres dont Staline) étaient donc : Lénine pour ses rôles de théoricien, d'organisateur et de dirigeant depuis de longues années, du Parti Bolchevique ; et Trotski en tant que co-théoricien, qui a su méthodiquement organisé le coup d'État militaire.



Mais si ce coup d'État n'a fait que peu de victimes à Petrograd (le Gouvernement Provisoire manquait de régiments militaires disponibles à cette période) ; en revanche, les combats firent de nombreuses victimes à Moscou et dans le reste de la Russie.



Dès le 7 décembre 1917, Lénine fonda l'un des deux organes de répression du Parti Bolchevique, destiné à appliquer la « Dictature du prolétariat » : la Tcheka, la Police Politique dirigée par un Aristocrate Polonais rallié au Bolchevisme, Felix Dzerjinski.



A la fin de 1917 eurent lieux les élections au suffrage universel en vue de réunir l'Assemblée Constituante. le vainqueur fut le Parti Socialiste Révolutionnaire avec 40 % des voix, alors que le Parti Bolchevique récolta seulement 24 % des voix et des sièges.

L'Assemblée Constituante fut donc convoquée le 5 janvier 1918, contre la volonté de Lénine. Et de toute manière l'Assemblée fut dissoute par la force, dès le lendemain sur ordre de Lénine.

En seulement 2 mois, depuis la prise du Pouvoir par les Bolcheviques, ceux-ci s'attaquèrent par deux fois aux institutions : d'abord, le 25 octobre donc lors du coup d'État militaire, puis en dissolvant l'Assemblée Constituante par la violence. Sans parler de la foultitude d'assassinats déjà commis contre les imaginaires « ennemis du peuple », en si peu de temps.



Début mars, Trotski fit signer à Brest-Litovsk une paix séparée avec l'Allemagne, mais en sacrifiant la Russie, d'importants territoires. L'objectif des Bolcheviques étant d'obtenir la paix, uniquement afin d'avoir les mains libres pour transformer cette Première Guerre Mondiale en une Guerre Civile, dans un premier temps intérieure, puis mondiale…



Au 1er trimestre 1918, le second organe de répression du Pouvoir Bolchevique fut créé. Il s'agit de l'Armée Rouge fondée par Trotski. Durant la Guerre Civile, entre 5 et 6 millions de Russes furent enrôlés dans l'Armée Rouge ; et environ 3 millions de soldats désertèrent.

L'idéologue qu'était Trotski, n'hésita pas à recruter des milliers d'officiers et de sous-officiers expérimentés de l'ex-Armée Tsariste pour encadrer son Armée Rouge. Eh oui ! le Communisme réel devait parfois savoir se montrer pragmatique face aux contraintes du terrain…

Mais ce pragmatisme n'excluant ni le contrôle et encore moins la confiance, Trotski fit suivre les officiers de très près par un corps de Commissaires Politiques et en prenant soin de garder leurs familles en « otages ».



A partir du 12 juin 1918, le gouvernement Bolchevique décréta la Nationalisation de toute l'industrie lourde, puis de l'industrie légère, du commerce de gros, du commerce de détail, des coopératives, ainsi que des entreprises artisanales et commerciales à partir de cinq employés…, bref quasiment toute l'économie du pays appartenait désormais à l'Etat-Parti-Unique Communiste !



Dans le cadre du Communisme de Guerre, la « lutte des classes » aux villages fut déclenchée contre les « koulaks petits-bourgeois » (petits propriétaires terriens). En réalité, l'objectif du Communisme de Guerre consistait dans la réquisition par la violence des récoltes agricoles dans la paysannerie.

Pour ces réquisitions, le Commissariat de l'Approvisionnement était secondé dans son infâme mission par la Tcheka, contre les soi-disant ennemis « accapareurs » et les « koulaks ».



Le 5 septembre Lénine fit paraître le décret sur la Terreur Rouge Bolchevique.



En 1919, furent créées les premières fermes d'État ou Sovkhozes. Même si la sécheresse fut importante pendant ces terribles années, c'est surtout la politique du Communisme de Guerre qui fut responsable de la gigantesque Famine de 1921 – 1922, faisant 5 000 000 de morts.



Alors qu'en 1917 (comme nous l'avons déjà vu) les ouvriers étaient peu nombreux : 3 millions seulement, il n'en restait plus que 1,2 millions en 1920. Martin Malia nous présente alors l'ironie suivante (page 207) :



« Comme on le disait chez les mencheviks avec une belle ironie : tout ce qui restait, c'était une dictature sans prolétariat. »



En 1919 fut également fondée la 3ème Internationale ou Internationale Communiste (Komintern). Mais les premières tentatives de « Communisation » échouèrent entre 1919 et 1920 : à Berlin, en Pologne, etc..



En mars 1921, des grèves se produisirent à Petrograd ainsi qu'une révolte à la base navale de Cronstadt. Les marins de Cronstadt représentaient la dernière force militaire encore capable de menacer le Pouvoir Communiste. Trotski se chargea de mener cette énième répression, dans un massacre de masse engendrant un bain de sang indescriptible. D'autres foyers de résistance perduraient encore, comme dans la province de Tambov. le Général Toukhatchevski qui avait déjà été missionné par Trotski pour écraser l'insurrection de Cronstadt, fit de même avec celle de Tambov.



En 1921, le marché économique fut remplacé par le Gosplan ou Comité d'État pour la planification, chargé de gérer « rationnellement » l'économie en terme de « besoins réels » et non plus en terme de profit ou de fonctionnement « anarchique » du marché. Au bout du bout de la régression économique, la monnaie fut abolie.

Et en plus de cette horrible débauche de violence et de cette aberration économique, Trotski proposa de Militariser le monde du Travail, cela signifiait donc de diriger l'industrie comme son Armée Rouge !



En parallèle, une campagne d'élimination de la religion et de persécution : des religieux, des artistes, des écrivains, des intellectuels, battait son plein. Car pour imposer l'idéologie Totalitaire Communiste, il ne pouvait exister qu'une seule « croyance ».



Chaque catégorie sociale considérée comme « ennemie du peuple » était décrite par une terminologie discriminatoire spécifique : « koulaks avides », « traîtres petits-bourgeois », « requins impérialistes », etc..

La propagande du Parti Communiste Soviétique consistait à décrire tous les évènements qui se produisaient dans le pays ou dans le monde, à travers l'unique prisme de la « lutte des classes » dans : la presse, la radio, le cinéma, etc.. le langage était idéologisé, instrumentalisé, politisé et fanatisé, tel que le décrit avec sa « novlangue », George Orwell dans son fabuleux ouvrage 1984.

D'ailleurs, comme le disait Trotski lui-même lors de sa défaite face à Staline, en 1924 (pages 239 et 240) :



« En dernière analyse, le Parti a toujours raison, parce que le Parti est le seul instrument historique donné au prolétariat pour résoudre ses problèmes fondamentaux. (…) Je sais que l'on ne peut avoir raison contre le Parti. On ne peut avoir raison qu'avec le Parti, et par le Parti, car l'histoire n'a pas créé d'autre chemin pour réaliser ce qui est juste. »



En 1922 fut formée l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (l'U.R.S.S.), comprenant 15 pays : la Russie, la Biélorussie, la Moldavie, l'Ukraine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Ouzbékistan, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.



Après la défaite des Armées Blanches et Vertes, la Russie étant exsangue, Lénine dut faire provisoirement marche arrière et instaura stratégiquement sa Nouvelle Politique Économique (N.E.P.). Cette N.E.P. fut un pseudo retour au Capitalisme, avec le libre échange, l'apparition d'une nouvelle classe d'entrepreneurs, les « nepmen », le retour de la monnaie, et de la « spéculation petite-bourgeoise » selon les termes communistes ; mais avec une industrie lourde toujours sous le contrôle de l'État.

La tragique ironie de cette période, fut que des millions de Russes avaient été sacrifiés et massacrés durant la Guerre Civile et le Communisme de Guerre pour réaliser dans la barbarie, l'utopie Communiste, et voilà que Lénine avait recours au « savoir-faire »…, Capitaliste.



Le terrible bilan humain de cette courte période entre octobre 1917 et 1923 s'élève à plus de 10 000 000 de morts civils et militaires, autant que durant tout le conflit de la Première Guerre Mondiale !



Lénine mourut le 21 janvier 1924 et ce fut alors la course à sa succession principalement entre Trotski et Staline. Trotski très intelligent mais excessivement condescendant et trop sûr de lui, perdit face à un Staline nettement moins intelligent mais fourbe et rusé.



Fin 1929, le Politburo (bureau politique du Parti Communiste d'Union Soviétique, le P.C.U.S.) décida, sous l'impulsion de Staline, d'abandonner la N.E.P. pour un retour à la collectivisation forcée du Communisme de Guerre et à l'industrialisation de masse. Que ce soit pour Trotski ou Staline, la N.E.P. représentait une anomalie voire une hérésie dans la mise en place du système Totalitaire Communiste, comme Martin Malia le précise (page 244) :



« Aussi le Parti mit-il fin à la NEP avant qu'elle ne détruise le Parti lui-même, pour revenir à son itinéraire initial, celui du « communisme de guerre ». »



Et Staline lança donc son premier plan quinquennal.

Il n'avait désormais pas d'autre objectif que celui consistant à continuer, reproduire et perpétuer : les mêmes moyens de Terreur que Lénine, pour appliquer impitoyablement la politique de « dictature du prolétariat » par la « lutte des classes », le Communisme de Guerre, etc., mis en place par l'Etat-Parti-Unique Communiste de Lénine.



Le « catéchisme » Communiste s'appelait désormais le : Marxisme-Léninisme.



A partir de janvier 1930, Staline proclama le « grand tournant », c'est-à-dire la « liquidation des koulaks » en tant que classe. Cette « Dékoulakisation » consistait à confisquer par la force les biens des « koulaks », ou de tout paysan refusant la collectivisation forcée et d'entrer dans les kolkhozes. Plusieurs millions de « koulaks » furent ainsi « Dékoulakisés » c'est-à-dire : déportés dans des wagons de marchandises dans des régions hostiles ou dans les camps de concentration du Goulag.

Cette collectivisation forcée a engendré en 1932 – 1933 la « famine de terreur » dans la vallée de la Volga et en Ukraine, faisant 6 000 000 de morts ; Génocide nommé par les autorités Ukrainiennes, depuis 2006 : HOLODOMOR.

Dans le cadre de cette Terreur de masse : 25 millions d'exploitations agricoles Russes furent transformées en 240 000 kolkhozes, plus des fermes d'État (les sovkhozes).



Dans un discours de janvier 1931, Staline décida de payer les ouvriers à la pièce en fonction de la quantité produite en fixant des objectifs, afin de stimuler la productivité.

Dans le même temps, pour éviter la « fluidité de la main-d'oeuvre », il instaura le passeport intérieur, comme décrit par Martin Malia (page 278) :



« (…) Chaque citoyen devait se faire enregistrer auprès de la police pour vivre dans une ville donnée ; l'attribution d'un logement et des tickets de rationnement était conditionnée par la fixité de l'emploi, et l'absentéisme était assimilé à un délit et puni comme tel. C'était le début d'un processus d'asservissement de l'ouvrier à son travail qui, à la fin de la décennie, ramènerait au système policier du livret tel que l'avait connu le XIX siècle, sans parler de la déportation au Goulag. »



La propagande productiviste nommée le Stakhanovisme et basée sur la légende de l'ouvrier hyper productif : Stakhanov, devait servir d'étalon de productivité pour tout le monde ouvrier, dans le plan d'industrialisation à marche forcée.

Comme Lénine et Trotski, Staline était un adepte des concepts du Taylorisme et du Fordisme, provenant du système Capitaliste.



Puis, Martin Malia nous propose une excellente synthèse démontrant l'aberration du système, son impossible application en dehors de la Terreur, face à la réalité humaine, que représente le Communisme (page 302) :



« En d'autres termes, la faillite du socialisme intégral ne vient pas de ce qu'il a été mis à l'épreuve pour la première fois au mauvais endroit, elle est dans l'idée socialiste en soi. A l'origine de cette faillite, il y a le refus de comprendre que le non-capitalisme complet est une impossibilité en soi, parce que la suppression de la propriété privée entraîne la suppression de la société civile et de toute autonomie individuelle : quand bien même ce non-capitalisme peut être approché pendant un temps, il demande un usage de la violence qui ne peut être maintenu indéfiniment.

Le socialisme intégral n'est donc pas une attaque contre les abus spécifiques du « capitalisme » mais contre la réalité tout court. Il devient une tentative pour supprimer le monde réel, entreprise condamnée dans le long terme. Mais, pour une certaine période, cet effort peut réussir à créer un monde sur-réel, défini par son paradoxe : l'inefficacité, la pauvreté et la violence y sont officiellement présentées comme le souverain bien de la société. Un monde dont la société est impuissante à rejeter la fraude. »



P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://communismetotalitari..
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