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Citations de Martin Lings (126)


Deux grandes nations, c’est-à-dire deux puissances bien guidées, deux instruments faits pour accomplir la volonté du Ciel, car la bénédiction promise par Dieu n’est pas d’ordre profane, et il n’est de grandeur devant Dieu que la grandeur selon l’Esprit.
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En faveur d’Ismaël, Je t’ai entendu. Vois, Je l’ai béni... et Je ferai de lui une grande nation. - Dieu à Abraham
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Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu’on ne pourra pas la compter. - L'Ange à Agar
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Lève les yeux au ciel et compte les étoiles si tu peux les dénombrer. Telle sera ta postérité. - Dieu à Abraham
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L’ouvrage de Rama P. Coomaraswamy, The Destruction of the Christian Tradition (...) est un exposé brillamment écrit et bien documenté sur ce qui s’est déroulé immédiatement avant, pendant et après le concile Vatican II. L’auteur s’intéresse avant tout à ce qui est orthodoxe et à ce qui est hérétique, et la manière tout à fait claire, directe et simple dont il traite son sujet est basée sur les décisions des précédents conciles et les déclarations des plus hautes autorités de l’Église à travers les siècles. Ce qu’il a écrit est suffisant et n’a pas besoin d’additifs. Mais, à partir d’un angle légèrement différent et en quelque sorte pour affronter les modernistes sur leur propre terrain, qui est celui de l’opportunisme psychique, nous voudrions néanmoins ajouter les remarques suivantes. Les responsables des changements en question ont fait valoir qu’une religion doit se conformer aux temps, à quoi on doit répondre : non, si se conformer veut dire cesser d’être soi-même et devenir complice des temps. La véritable conformité est différente : la médecine, par exemple, afin de se conformer à une époque, doit être capable de fournir des antidotes à tout ce qui se présente comme maladies. De même, il ne serait pas déraisonnable de maintenir qu’afin de se conformer à un âge caractérisé par de violents changements et des troubles désordonnés, la religion doit être plus préparée que jamais à manifester, et même à proclamer, son inébranlable stabilité sans laquelle, en tant que véhicule de la Vérité Éternelle, elle ne peut jamais être, en tout état de cause, fidèle à elle-même. Il ne fait guère de doute que l’âme humaine a profondément besoin dans son existence de quelque chose qui resterait toujours identique, et elle a le droit d’attendre de la religion qu’elle soit la constante infaillible qui satisfasse ce besoin.
De telles considérations furent disséminées aux quatre vents par le concile Vatican II. Il n’est donc pas surprenant que celui-ci ait précipité une crise sans précédent. La gravité de la situation peut être mesurée, jusqu’à un certain point, par les chiffres suivants : de 1914 à 1963, il n’y eut que 810 prêtres qui demandèrent à l’Église Catholique la permission d’abandonner le sacerdoce, et parmi ces demandes 355 seulement furent acceptées. Depuis le concile, il y a eu plus de 32 000 défections au sein du clergé. Il faut considérer que ces chiffres se rapportent en partie à ceux qui sont coupables de la crise et en partie à ceux qui en sont les victimes ; en ce qui concerne ces dernières, qui sont des membres du clergé ou des laïques, il est significatif que non seulement l’usage de la liturgie traditionnelle a été découragé mais qu’il a même été expressément interdit. Cette stratégie aurait totalement échoué s’il n’y avait eu le fait que l’immense majorité des laïques — et ceci s’applique également dans une certaine mesure aux membres du clergé eux-mêmes — s’imaginent que l’obéissance due à la hiérarchie cléricale est absolue. L’un des grands mérites de l’ouvrage de Rama Coomaraswamy est de montrer à quel moment, selon la doctrine catholique strictement traditionnelle, l’obéissance devient un péché et à quel moment l’autorité, même celle d’un pape, devient nulle et non avenue.
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L’homme, en raison de sa véritable nature, ne peut pas ne pas adorer ; si sa perspective est coupée du plan spirituel, il trouvera un "dieu" à adorer à un niveau inférieur, dotant ainsi quelque chose de relatif ce qui seul appartient à l’Absolu. D’où l’existence aujourd’hui de tant de "mots tout-puissants" comme "liberté", "égalité", "instruction", "science", "civilisation", mots qu’il suffit de prononcer pour qu’une multitude d’âmes se prosterne en une adoration infra-rationnelle.
Les superstitions de la liberté et de l’égalité ne sont pas seulement le résultat mais aussi, en partie, la cause du désordre général, car chacune, à sa manière, est une révolte contre la hiérarchie ; et elles sont d’autant plus pernicieuses qu’elles sont des perversions de deux des élans les plus élevés de l’homme. Corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire ; mais il suffit de rétablir l’ordre ancien, et les deux idoles en question s’évanouiront de ce monde (laissant ainsi la place aux aspirations terrestres légitimes vers la liberté et l’égalité) et, transformées, reprendront leur place au sommet même de la hiérarchie.
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Le monde d’aujourd’hui est un chaos d’opinions et d’aspirations désordonnées : le soi-disant "monde libre" est un chaos fluide ; la partie totalitaire du monde moderne est un chaos rigide. Par opposition, le monde ancien constituait toujours un ordre, c’est-à-dire une hiérarchie de concepts, chacun au niveau qui lui est propre. Le chaos a été provoqué, nous l’avons vu, par le "télescopage" humaniste de la hiérarchie jusqu’au niveau psychique, et par l’intrusion, dans les considérations terrestres, d’aspirations vers l’autre monde, frustrées et perverties.
L’homme, en raison de sa véritable nature, ne peut pas ne pas adorer ; si sa perspective est coupée du plan spirituel, il trouvera un "dieu" à adorer à un niveau inférieur, dotant ainsi quelque chose de relatif ce qui seul appartient à l’Absolu. D’où l’existence aujourd’hui de tant de "mots tout-puissants" comme "liberté", "égalité", "instruction", "science", "civilisation", mots qu’il suffit de prononcer pour qu’une multitude d’âmes se prosterne en une adoration infra-rationnelle. Les superstitions de la liberté et de l’égalité ne sont pas seulement le résultat mais aussi, en partie, la cause du désordre général, car chacune, à sa manière, est une révolte contre la hiérarchie ; et elles sont d’autant plus pernicieuses qu’elles sont des perversions de deux des élans les plus élevés de l’homme. Corruptio optimi pessima, la corruption du meilleur est la pire ; mais il suffit de rétablir l’ordre ancien, et les deux idoles en question s’évanouiront de ce monde (laissant ainsi la place aux aspirations terrestres légitimes vers la liberté et l’égalité) et, transformées, reprendront leur place au sommet même de la hiérarchie.
Le désir de liberté est avant tout désir de Dieu, la Liberté Absolue étant un aspect essentiel de la Divinité. Ainsi, dans l’Hindouisme, l’état spirituel suprême qui marque la fin de la voie mystique est désigné par le terme de délivrance (moksha), car c’est un état d’union (yoga) avec l’Absolu, l’Infini et l’Éternel, qui permet l’affranchissement des liens de la relativité. C’est évidemment, avant tout, cet affranchissement auquel le Christ faisait référence lorsqu’il disait : "Recherchez la connaissance, car la connaissance vous rendra libre", étant donné que la connaissance directe, la Gnose, signifie l’union avec l’objet de la connaissance, c’est-à-dire avec Dieu.
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Aujourd'hui, en dépit des profanations, la nature demeure encore une inépuisable réserve de rappels adressés à l'homme, rappels de son véritable héritage, et qui peuvent devenir opérants à la lumière de la doctrine; et d'une manière comparable, même si le rétablissement de la civilisation chrétienne ne semble guère plus possible que celui de la nature vierge, nombre de ses points de repère subsistent encore, les cathédrales par exemple, monuments d'une éblouissante beauté qui portent témoignage de l'enthousiasme spirituel des siècles qui leur ont donné naissance. Outre leur pouvoir en tant qu'art sacré, elles ont celui de matérialiser avec éloquence — et jamais davantage que lorsqu'on les regarde du fond de l'abîme actuel — la règle universelle de toute spiritualité : «Cherchez premièrement le Royaume des Cieux et tout le reste vous sera donné par surcroît», ainsi que la règle parallèle : «On donnera à celui qui a». Et par là même, leur présence démontre encore une fois cette vérité complémentaire que « à celui qui n'a pas, on ôtera même ce qu'il a » : en tant que constructions de pierre, elles proclament la domination spirituelle de l'homme sur la matière, tandis que l'impuissance du monde moderne à produire quoi que ce soit qui leur ressemble trahit l'infirmité du matérialiste précisément là où on aurait pu s'attendre qu'il excelle. Il est «celui qui n'a pas», ayant rejeté la transcendance; et «ce qu'il a», c'est-à-dire la matière, lui est ôté en ce sens qu'on ne peut réellement dire qu'elle est à lui, puisqu'il n'a sur elle aucun pouvoir qualitatif. Il suffit d'approcher une ville comme New York pour avoir l'impression terrifiante que la matière a pris possession de l'homme et l'a quantitativement submergé. Mais devant les cathédrales de Durham, de Lincoln ou de Chartres, il saute aux yeux que nos ancêtres médiévaux étaient capables de maîtriser la matière au point de la contraindre à se surpasser jusqu'à se faire vibration de l'Esprit.
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Le désir de liberté est avant tout désir de Dieu, la Liberté Absolue étant un aspect essentiel de la Divinité. Ainsi, dans l’Hindouisme, l’état spirituel suprême qui marque la fin de la voie mystique est désigné par le terme de délivrance (moksha), car c’est un état d’union (yoga) avec l’Absolu, l’Infini et l’Éternel, qui permet l’affranchissement des liens de la relativité. C’est évidemment, avant tout, cet affranchissement auquel le Christ faisait référence lorsqu’il disait : "Recherchez la connaissance, car la connaissance vous rendra libre", étant donné que la connaissance directe, la Gnose, signifie l’union avec l’objet de la connaissance, c’est-à-dire avec Dieu.
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Un jour, dans un site naturel d'une insurpassable grandeur, un disciple du cheikh dit, en montrant de la main les montagnes dressant leurs cimes enneigées au-dessus des versants boisés, le ciel bleu, les nuages blancs et le soleil à demi voilé : « Dieu est comme cela. » Sans doute, pour amener ses disciples à saisir d'une compréhension qui ne fût pas seulement mentale, que, sans Dieu, toutes ces choses offertes à leurs yeux s'évanouiraient en un instant. Le même Maître a dit encore : « Dans la caverne, le Prophète a enseigné à Abû Bakr les mystères du nom divin. Une toile d'araignée empêcha les infidèles d'entrer. Cette toile est la doctrine métaphysique qui sépare le monde profane de la gnose et la gnose du monde profane. La toile d’araignée est l'extériorisation du soi.
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Le Bouddha n’est nullement cité dans le Coran, mais celui-ci spécifie que Dieu a envoyé un Messager à chaque peuple (Coran : 10, 47), et que certains d’entre eux ont été mentionnés et d’autres non (Coran : 40, 78 ; 4, 164) : et comme le Bouddha a fondé il y a plus de deux mille ans une religion qui couvre encore aujourd’hui une grande partie de l’Orient, il a dû être un messager au sens plénier du terme arabe rasūl. Ne peut-on pas alors rétorquer que l’absence dans la doctrine bouddhique de tout terme que l’on peut raisonnablement traduire par “Dieu” constitue une sorte de contradiction interreligieuse ? La réponse est que l’insistance du Bouddhisme sur la Réalité Une, absolue, infinie et éternelle, la met en accord avec toutes les autres religions.
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Très instructif
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Le monde occidental a si longtemps subi l’em­prise de l’humanisme que les études sur le sou­fisme, parfois inconsciemment, émettent des juge­ments selon des critères humanistes et donc antimystiques. Cela porterait à croire que l’Orient à partir du xvie siècle aurait commencé à « stagner », alors que l’Occident « se développait » et « progressait ». Mais, quel que soit le sens attribué à ce dernier mot, il est une chose qu’il ne saurait jamais désigner, même pour le pro­gressiste le plus acharné, c’est l’augmentation du détachement de ce monde, seule forme de progrès que le mysticisme puisse accepter.

En ce qui concerne le reproche de « stagnation », cela signifierait, dans le cas du soufisme, qu’il n’aurait pas produit de « penseurs originaux », ce qui nous ramène à notre premier chapitre. Si le mot « original » est pris ici dans son acception moderne, alors cette prétendue faiblesse devient une force : c’est la capacité de ne pas être dévié dans des manifestations d’individualisme où la nouveauté l’emporte sur la vérité. Mais, pour ce qui est de l’originalité dans son véritable sens, qui est le contact direct avec l’Origine, sa perpé­tuation constitue le thème de la promesse déjà citée : « La terre ne manquera jamais de qua­rante hommes dont les cœurs sont pareils à celui de l’Ami du Miséricordieux », car, en arabe, khalîl (ami) désigne un contact intime, ou, plus précisément, une interpénétration. On peut encore citer cette Tradition : « Dieu enverra à ce peuple, dans chaque siècle, un rénovateur de sa religion », car il ne saurait y avoir de renouvellement de vigueur sans retour à la source de l’inspiration. Pour le soufi, ces promesses comportent la garantie d’être accomplies. (pp. 163-164)
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Il existe déjà, en langues européennes, un certain nombre de biographies du Prophète (Pour les références précises, on pourra se reporter au Mahomet de M.Gaudefroy-Demombynes, nouvelle éd. Paris, 1969 ( "L'évolution de l'humanité").
(...), et celle -ignorée des orientalistes mais que, pour ma part, je préfère à toutes les autres parce qu'elle est écrite avec la plume de la foi et le pouvoir évocateur du peintre -due à Etienne Dinet et Sliman ben Brahim.
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En apprenant, il y a quelques années de cela, que Martin Lings s'était attelé à la tâche considérable d'écrire une vie du Prophète de l'Islam en se reportant aux plus anciennes sources historiques, qu'il consultait dans leur texte original arabe, je me suis réjoui car je savais que son ouvrage viendrait combler une lacune qui répondrait à un besoin du lecteur occidental. Les qualités de l'auteur, érudit scrupuleux ayant de l'Islam une connaissance à la fois savante et intérieure, conféraient à l'avance à son travail une garantie de sérieux et d'objectivité, celle-là même qui avait caractérisé naguère sa belle monographie sur Un saint musulman du vingtième siècle, le chiekh Ahmad al-'Alawî.
Avertissement du traducteur
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Elle mesurait ce qu'il avait fallu à Khadija de courage, de force et d'intelligence pour tenir bom aupres de celui qui devenait le Messager.
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Il [cheikh Ahmad al-Alawî] fait suivre cela d’un passage dans lequel on peut dire qu’il s’exprime, au sujet de l’interprétation symbolique des textes sacrés, avec l’accent de tous les vrais mystiques :

« Celui qui ne considère que la signification extérieure ou littérale en l’isolant de l’ensemble, est un matérialiste (hashwî), et celui qui ne considère que la signification intérieure en l’isolant de l’ensemble, est un pseudo-mystique (bâtinî), mais celui qui allie les deux significations est parfait. C’est en ce sens que le Prophète a dit : « Le Koran est comme une muraille surmontée d’une tour de guet, il a un extérieur et un intérieur. » Ou peut être est-ce 'Alî qui a dit cette parole car le lignage de celle-ci s’arrête à lui. Ce que je veux montrer, c’est que Moïse avait vu dans l’ordre d’ôter ses deux sandales, un ordre de se dépouiller des deux mondes, aussi obéit-il à ce commandement, extérieurement en retirant ses sandales et, intérieurement en rejetant les mondes. Le véritable rapport est celui-ci : il faut aller et venir, passer de l’un à l’autre, de la formule extérieure au secret intérieur ». (pp. 200-201)
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Après avoir cité les vers suivants d’Al-Harrâq(1) :

La somme des recherches est dans Ta Beauté.
Tout le reste, pour nous, ne vaut pas un regard.
Et même en regardant, nous ne voyons rien
A côté de Ton Merveilleux Visage.

il [cheikh Ahmad al-Alawî] en fait le commentaire : « Le Gnostique n’a pas atteint la Gnose s’il ne reconnaît Dieu dans toute situation et dans toutes les directions vers lesquelles il se tourne. Le Gnostique ne connaît qu’une seule orientation, c’est la Vérité Elle-même. De quelque côté que vous vous tourniez, là est la Face de Dieu, c’est-à-dire, de quelque côté que vous tourniez vos sens vers les choses sensibles, ou votre intelligence vers les choses intelligibles, ou votre imagination vers des choses imaginables, là est la Face de Dieu. Ainsi, en tout ain (où) il y a 'ain(2) et tout est là ilâha illa’Llâh (il n’y a pas de dieu si ce n’est Dieu).

En lâ ilâha illa’Llâh, tout être est compris, c’est-à-dire, l’Être Universel et l’être individuel, ou l’Être et ce qui est métaphysiquement dit existant, ou l’Être de la Vérité et l’être créé. L’être créé se place sous lâ ilâha, ce qui signifie que tout sauf Dieu, est néant (bâtil)(3) c’est-à-dire nié sans la moindre possibilité d’affirmation, et l’Être de la Vérité se place sous illa’Llâh. Ainsi, tout les maux se placent sous la première partie et tout ce qui peut être loué se place sous la deuxième. »

(1) Muhammed al-Harrâq (mort en 1845) disciple du Cheikh Ad-Darqâwî.

(2) Ce mot extrêmement synthétique signifie : œil, fontaine, soi, origine, et, comme ici, en une synthèse suprême, l'Essence divine.

(3) Écho de la tradition, qu’il cite ailleurs (al-Qaul al Ma’rûf, p. 51). « Le mot le plus vrai qu’ait dit le poète est : ‘’Toutes choses ne sont-elles pas néant, sauf Dieu ?’’ » (Bukhârî, Manâqib al-Ancâr, 26). Le poète en question est Labîd. (pp. 162-163)
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Dans son enseignement oral, le Cheikh avait l’habitude de paraphraser, comme suit, les formules du Cheikh Al-Bûzîdî sur ces vérités : « L’Infini ou le Monde de l’Absolu que nous concevons comme étant en dehors de nous, est, au contraire, universel et existe au dedans de nous aussi bien qu’au dehors. Il n’y a qu’Un Monde, c’est Lui. Ce que nous regardons comme le monde sensible, le monde fini du temps et de l’espace n’est rien qu’une conglomération de voiles qui cachent le Monde Réel. Ces voiles sont nos propres sens : nos yeux sont les voiles de la véritable Vue, nos oreilles les voiles de la Véritable Ouïe et il en est de même pour les autres sens. Pour que nous prenions conscience de l’existence du Monde Réel, il faut écarter les voiles des sens... Que reste-il alors de l’homme ? Il reste une faible lueur qui lui apparaît comme la lucidité de sa conscience... Il y a parfaite continuité entre cette lueur et la Grande Lumière du Monde Infini et, lorsque cette continuité a été saisie, notre conscience peut (au moyen de la prière) prendre son essor, se déployer pour ainsi dire dans l’Infini et ne plus faire qu’Un avec Lui, de sorte que l’homme parvient à réaliser que l’Infini Seul est, et que lui, la conscience humaine, existe seulement comme un voile. Une fois que cet état a été réalisé, toutes les Lumières de la Vie Infinie peuvent pénétrer l’âme du Soufi et le faire participer à la Vie Divine, au point qu’il ait quelque droit de s’écrier : « Je suis Allah ». L’invocation du Nom Allah est comme un intermédiaire qui va et vient entre les lueurs de la conscience et les splendeurs éblouissantes de l’Infini, affirmant la continuité entre elles, les entrelaçant dans une relation de plus en plus intime jusqu’à ce qu’elles soient ''fondues dans l’identité''. » (pp. 152-153)
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Le Cheikh ad-Darqâwî rapporte que Abû Sa'îd ibn al-A'râbî, comme on l’interrogeait sur la signification de l’extinction (fana’), répondit :

« C’est que l’infinie Majesté de Dieu apparaisse au serviteur, lui faisant oublier ce monde et l’autre, avec tous leurs états, degrés et stations, et tout souvenir d’eux ; l’éteignant à la fois, à l’égard de toutes les choses extérieures, de sa propre intelligence et de son âme, et même à l’égard de son extinction et de l’extinction de son extinction, à cause de sa totale submersion dans les eaux de la Réalisation Infinie. »

Le Cheikh Al-'Alawî dit :

« Les Gnostiques ont une mort avant la mort ordinaire. Le Prophète a dit : ''Mourez avant que vous mouriez'' ; c’est là la véritable mort, car l’autre mort n’est qu’un changement de demeure. Le vrai sens de la mort dans la doctrine des Soufis est l’extinction du serviteur, c’est-à-dire son effacement total, son annihilation. Le Gnostique peut être mort à lui-même et au monde entier et ressuscité en son Seigneur, de sorte que s’il t’arrivait de l’interroger sur son existence, il ne te répondrait pas, parce qu’il a perdu la vision de sa propre individualité. On interrogea Abû Yazîd al-Bistâmî sur lui-même et il répondit : ''Abû Yazîd est mort. Dieu veuille ne point lui faire grâce'' Voilà la véritable mort ; mais, si au Jour de la Résurrection, tu demandais à quelqu’un, mort seulement de la mort ordinaire : « Qui es-tu ? » il répondrait : ''Je suis untel'', car sa vie n’a jamais cessé ; il n’a pas senti le parfum de la mort, mais il a seulement passé d’un monde dans un autre. Et qui n’est pas mort de la mort véritable ne peut en saisir la signification. Ainsi donc, les Soufis ont un règlement de compte avant le Jour du Règlement des Comptes ; comme l’a dit le Prophète : ''Appelez-vous, vous-mêmes, à rendre compte avant que vous y soyez appelés.'' Ils s’efforcent donc de s’appeler eux-mêmes à ce règlement jusqu’à ce qu’ils soient libres de contempler leur Seigneur ; leur résurrection précède la Résurrection. » (pp. 181-182)
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