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Critiques de Maurice Attia (83)
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Alger la Noire

"L'Algérie

Écrasée par l'azur

C'était une aventure

Dont on ne voulait pas" Alice Dona/Enrico Macias>, l'Algérie.





1962: Paco Martinez, inspecteur de police à Bâb el Oued ( Alger) refusant envers et contre tous de prendre parti dans la guerre civile, se retrouve chargé de l'enquête sur un crime odieux:

Estelle Thévenot et Mouloud Abbas : Une jeune femme blonde et un arabe nus et enlacés, sur la plage.





On veut faire croire que c'est l'O.A.S ( Organisation Armée Secrète, opposé à l'indépendance de l'Algérie) pour contrer les attentats de FLN.

Une atmosphère pesante, la violence et la haine. Des barbouzes de De Gaulle. Et une famille bourgeoise glauque, celle d'Estelle Thévenot... L'inspecteur Choukhoun (l'équipier de Paco) est abattu...





En cherchant la vérité, Paco va déclencher la tuerie du 26/03/62 : il s'agit de la fusillade de la rue d'Isly à ALGER où des partisans de l'Algérie française manifestent contre les accords d'Evian (signature du cessez le feu). L'armée française tire sur des pieds noirs. Des voix supplient d'arrêter de tirer mais la fusillade se poursuit. le bilan officiel sera de 46 morts.





Les dernières heures de l'Algérie Française, "Alger la Blanche devient Alger la Noire"...





"Un port ce n'est qu'un port, mais dans mes souvenirs

Certains soirs malgré moi je me vois revenir

Sur le pont délavé de ce bateau prison

Quand Alger m'a souri au bout de l'horizon"
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Alger la Noire

Quand on s’arrange d’une vérité, quoi de plus facile que clore le dossier. Heureusement, il reste de bons flics. L’inspecteur Paco Martinez flanqué de Choukroun, un vieux de la vieille désabusé, sont bien décidés à voir au delà des lignes. L’assassinat d’Estelle et Mouloud n’est pas aussi clair que le laisse penser les indices. Mais, on est en 1962 à Alger.

Maurice Attia dresse un remarquable tableau de cette période au combien traumatisante. L’atmosphère pesante, violente, désespérante, Attia en fait un personnage à part entière. Alors si bien sur, le fil rouge d' "Alger la noire » est l’enquête, Attia montre comment l’Algérie est en train de basculer vers l’indépendance, les pieds-noirs ne sont pas dupes. Violence, haine tout les ingrédients sont là près à faire feu pour le malheur des deux communautés arrivées au point de non-retour. Un polar très noir et surtout très réussi. Prix Michel Lebrun de la 25ème heure du livre du Mans, cher à mon cœur. Le roman d’Attia a été aussi adapté en BD par Jacques Ferrandez.

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Alger, la noire (BD)

Un univers à la Ellroy et son célèbre Dahlia noir, mais ici c'est Alger qui est noire, Alger la blanche, il y a de quoi en être pantois.

Jacques Ferrandez a adapté le roman noir de Maurice Attia avec la patte que nous lui connaissons. Mais nous sommes loin de ses Carnets d'Orient car les paysages algérois cèdent la place à l'enquête policière sur fond de guerre: nous sommes au début de l'année 1962.

Paco Martinez, policier d'origine espagnole aura maille à partir pour démêler une sale affaire:un double meutre dans lequel l'OAS et le FLN semblent concernés à divers degrés.

Le contexte politico historique est saisissant de réalisme, et la psychologie des personnages est également tres finement croquée ce qui donne à cet ouvrage un double intérêt.

J'ai tout particulierement apprécié le vocabulaire des personnages émaillé de mots arabes, montrant l'acculturation des populations européennes à travers la langue.Nous évoluons aussi dans un monde interlope fait de prostitution et de trafics divers.

Alger la blanche, une vision en clair obscur de cette cité fascinante à une époque trouble de notre histoire.

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Le rouge et le brun

Le roman se développe à partir de deux évènements historiques : d'une part l'enlèvement en 1978 par les Brigades Rouges d'Aldo Moro, alors président du parti de la Démocratie Chrétienne qui s'achèvera par son exécution après 55 jours de détention; d'autre part le siège, en 1899, rue de Chabrol à Paris, du local du Grand Occident de France et de son journal antisémite et antimaçonnique L'antijuif, dirigés par Jules Guérin, au moment où se tenait à Rennes le procès en révision d'Alfred Dreyfus. Autant je me souvenais du premier de ces deux évènements, autant j'ignorais tout du second, bien qu'il soit à l'origine de l'expression "Fort Chabrol", couramment utilisée lorsqu'une ou plusieurs personnes se retranchent dans un domicile et tiennent tête aux forces de police qui l'encerclent.



En dehors de l'intérêt historique qu'il a pu avoir pour moi, ce roman policier ne m'a pas emballé, ni par ses personnages, ni par la trame qui tente de les relier, ni par le style. J'ai eu beaucoup de mal à parvenir au bout de cette lecture. Ce fut une "mauvaise pioche" pour moi dans la récente opération "masse critique" de Babelio. Merci néanmoins aux éditions Jigal !
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Alger la Noire

Roman policier historique qui nous rappelle qu'il ne faut pas nous habituer. A quoi, me direz-vous ? A l'indifférence. Si vous regardez des séries télévisées, vous êtes confrontés à des explosions en pagaille, qui entraînent sans doute des morts mais chut ! on n'en parle pas. A Alger, en cette année 62, les explosions, c'est à dire les attentats, sont fréquents, quotidiens, on ne compte plus les morts, les assassinats en terme de représailles, les assassinats pour présomption de lâcheté, les assassinats pour se débarrasser de quelqu'un que l'on ne peut pas sentir et que l'on accuse de tout et de rien.

Aussi, le double meurtre sur lequel Paco Martinez enquête aurait pu passer à la trappe, si ce n'est qu'une jeune femme d'une bonne famille est l'une des victimes. L'autre ? Un algérien, donc tout le monde s'en moque ou presque. Idem quand son père est assassiné à son tour. Cinq cents meurtres ont été commis, la police est débordée. Seuls Martinez et Choukroun sont déterminés à enquêter, quitte à déranger - un peu, voire beaucoup, pour ne pas dire énormément, dans le cas de Choukroun.

Paco est le fils d'un anarchiste espagnol, sa grand-mère a trouvé refuge avec son petit fils encore enfant à Alger, et aujourd'hui, elle revit une nouvelle guerre avec les événements d'Algérie. Exclusive, débordante d'amour, elle n'apprécie guère Irène, la compagne de Paco. Oui, j'ai bien dit "compagne" : la flamboyante Irène se refuse à la vie commune, au mariage, elle a fui la bourgeoisie orléanaise dès sa majorité, ce n'est pas pour retomber dans les travers de la vie commune en Algérie. Puis, les "événements", elle les porte dans son corps : elle a perdu une jambe dans un attentat, elle a refusé de se laisser abattre.

L'enquête progresse, et nous entraîne dans des directions totalement inattendue, précipitant des drames, dévoilant des tragédies intimes. Des lâchetés aussi, celles de la bonne bourgeoisie qui ferme opportunément les yeux sur certains actes, certaines amours - la respectabilité et le confort de vie avant tout.

Livre désespéré ? Oui, parce qu'il nous montre un monde qui s'écroule, une justice impossible à rendre et des êtres en souffrance. Bref, un roman noir, un vrai.
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Alger la Noire

L'auteur est un Algérois et il est né et Algérie en 49. En 62, il avait donc dans les 13-14 ans. On peut dire qu'il était alors trop jeune pour comprendre très exactement ce qui se passait à l'époque... Mais c'était, aussi, l'âge des premiers engagements. On devine qu'il avait «saisi» les enjeux et les drames de l'époque.



A travers ce premier volet de toute une trilogie, volet qui a obtenu bien des prix et traduit, dit-on, en plusieurs langues, il a présenté la communauté pied-noir de l'époque, celle de Bab El Oued, la plus radicale (et la plus inconsciente) par son engagement aux côtés de l'OAS, dans ses aspects les plus réalistes. Noir, c'est noir ! Pas les pieds seulement, mais toute l'âme. L'histoire : sur fond de, terrorisme, l'Inspecteur Paco (d'origine espagnole) et son ami un autre policier, (d'origine juive, celui-ci) va sauver l'honneur, non en essayant de sauver les «melons», mais de mener à son terme son enquête sur un crime d'un couple : un jeune arabe et une belle européenne, trouvés, enlacés, nus, assassinés dans une plage, crime déguisé en crime terroriste. Des policiers déjantés dans une société européenne en pleine décomposition, dominée par un «bourgeoisie» pourrie jusqu'à la moelle, et qui a fait le malheur de tous les autres.



Avis : Ce n'est qu'un bon polar et il se lit, donc, d'un trait. Rythme soutenu... mais une fin qui n'en est pas une. Aucune morale : Les crimes restent impunis. Aspect positif : l'auteur nous décrit sa société de l'intérieur, et de manière crue. Cela nous change des romans presque roses écrits par les européens «nostalgériques» et..., aussi, par des nationaux et qui nous décrivent une société coloniale européenne presque pacifique.
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Alger la Noire

Le premier livre que j'ai lu de Maurice Attia est Pointe Rouge, choisi un peu par hasard au denier Livre Paris.



Dés le début de ma lecture j'avais noté qu'il s'agissait du deuxième tome d'une trilogie. Ayant apprécié cet ouvrage je me suis rapidement lancé dans la lecture des tomes 1 et 3.



le premier volet de la trilogie "Alger la Noire" se déroule début 1962. La guerre d'Algérie touche à sa fin. Français et Algérien signeront les accords d'Evian le 18 mars 1962.



En janvier 1962 deux jeunes gens, une française et un algérien, sont retrouvés nus sur une plage, une balle dans le cœur pour la jeune fille, une dans la nuque pour le jeune homme avec OAS gravé au couteau dans son dos. Paco Martinez, fils d'un anarchiste espagnol et à Maurice Choukroun, membres du commissariat du quartier de Bab-el-Oued prennent en charge l'enquête.



Paco est célibataire, il vit chez sa grand-mère qui l'a élevé. Il a une maîtresse Irène, belle jeune femme indépendante, blessée grièvement lors d'un attentat. Quant à Choukroun il a une épouse et un fils, étudiant.



Le déroulement de l'enquête, les événements (attentat, massacre...) nous sont racontés alternativement par Paco, Irène, Choukroun et la grand-mère.





Malgré l'anarchie créée par les attentats de l' OAS et du FLN, et malgré les obstacles placés sur sa route Paco s'impliquera totalement dans l' enquête. Il veut savoir par qui et pourquoi ces deux jeunes ont été tués. Il découvrira la vérité après une plongée dans l'univers peu reluisant d'une famille de la bourgeoisie algéroise.



Ce livre est également une plongée dans l'Histoire pas si ancienne que cela. Petite fille en 1962 j'ai encore le souvenir de cette période, des jeunes officiers dont le père de ma meilleure amie et des "appelés" de l'ouest de la France ont été tués. Les familles de certaines élèves du pensionnat dans lequel j’étudiais étaient plutôt "Algérie française". Également le souvenir de l'arrivée de quelques "pied noir", évidemment beaucoup moins nombreux que dans le Sud.



Le partie pris de l'auteur pour rédiger ses livres est intéressant. Lors de la lecture des premières pages de Pointe rouge j'avais eu quelques difficultés pour saisir l'identité du narrateur puis très vite l'adaptation se fait. Original et plaisant sa façon d'intégrer des titres de film dans sa narration.



conclusion : très bon livre qui, en plus de vous raconter une histoire, vous fait réviser un peu d'Histoire.
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Le rouge et le brun

De l'enlèvement d'Aldo Moro par les Brigades rouges en 1978 à la mouvance d'extrême droite antisémite au début du XXème siécle, Maurice Attia nous entraîne dans une histoire sans temps mort et, ce qui n'est pas la moindre des qualités de ce livre, avec une grande précision historique.



Le héros de ce récit, Paco Martinez, qui regrette son passé d'enquêteur au sein de la police, se fait journaliste en 1978 pour couvrir l'enlèvement d'Aldo Moro.



Sa compagne, Irène, fait une découverte sur les activités politiques d'extrême droite d'un de ses aïeux, et cela la désespère.



Ce récit est bien agencé, nerveux.



Un régal.
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Alger la Noire

Je ne sais pas quelle valeur historique on peut accorder à ce polar mais le chaos qui règne à Alger début 1962 est à la fois bien décrit et envahissant.  Il y a bien une enquête policière complètement schizophrène et les ingrédients pour une histoire compliquée et pleine de rebondissements mais comment suivre au milieu d'une telle violence où chaque camp assassine à tour de bras c'est un peu comme tenter d'écouter un solo de saxophone dans un concert de Métal.

On s'attache à l'inspecteur et à quelques autres personnages proches.

Ce qui m'a le plus gêné c'est le passage à la narration à la première personne alternativement pour les 3 personnages principaux et l'annonce à chaque tournant du livre de ce qui va arriver derrière.

L'intrigue est posée à grosses ficelles et semble exister pour raconter la guerre civile de ce début 1962. J'en sors avec un sentiment mitigé.
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La blanche Caraïbe

Les Caraibes : son soleil, ses plages paradisiaques. Loin de cette image de carte postale, La Blanche Caraibe de Maurice Attia nous en dresse un portrait bien différent.

Dans ce roman, nous retrouvons les héros des précédents livres de l'auteur. Huit années après leurs dernières aventures, Khoupi qui a fuit en Guadeloupe avec sa compagne Eva fait appel à son vieil ami Paco.

Oubliés les flics Marseillais, Khoupi abandonné par Eva à sombré dans l'alcoolisme et survit au gré de petits boulots. Paco, lui est devenu journaliste au Provençal.

A nouveau reunis,ils vont mener l'enquête : il faut signaler qu'on meure beaucoup sous le soleil des Caraibes. le volcan de la Souffriere qui vient de se réveiller n'en est pas l'unique responsable.

Au fil de leurs aventures, nos deux héros vont être confronté à une multitude de problèmes, morts suspectes, trafic de drogue, rien ne leur est épargne. Davantage que l'histoire en elle même c'est tout l'environnement de ce livre qui m'à intéressé, la République y est ouvertement bafouée, chacun cherche à s'enrichir grâce à de petits arrangements, le clientelisme et l'affairisme y sont rois. Les sentiments n'y ont que peu de place.

Je remercie les Éditions Jigal ainsi que Babélio qui dans le cadre de l'opération Masse Critique m'ont permis de découvrir cet auteur vraiment passionnant.

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Alger la Noire

J'ai beaucoup aimé cette enquête incongrue sur la mort de deux jeunes gens, dont un Algérien, alors que la guerre fait rage et que les factions ennemies s'entretuent dans Alger. Beaucoup de pittoresque et une atmosphère à la Casablanca, ai-je trouvé.



Ce livre sort vraiment de l'ordinaire et, pour cette seule raison, est à lire par tout amateur de polar.
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Alger la Noire

7 juin 1962, à bord du bateau "Ville d'Alger", Paco Martinez, inspecteur de police, fait route vers Marseille. Il ne sait pas quel sera son avenir en métropole mais se remémore les événements passés.



Il travaillait au commissariat de Bab El Oued, un quartier d'Alger. Avec son coéquipier Choukroun, il est chargé d'enquêter sur l'assassinat sauvage d'un couple de jeunes gens, Estelle et Mouloud, sur la plage de Padovani.Sur le dos de Mouloud sont gravées trois lettres, OAS. Mais Paco Martinez ne croit pas que ce crime soit l'oeuvre de cette organisation.



Alors que leurs collègues se contentent volontiers de cette hypothèse, Martinez et son coéquipier vont , envers et contre tout dans une ville en proie à une terreur aveugle, essayer de découvrir le vrai coupable.



Dans ce récit choral, Maurice Attia tisse une intrigue captivante aux personnages forts. Le climat de l'époque est bien restitué et pour qui ne connaît pas cette période trouble de l'histoire, on en découvre les enjeux et la violence.



Alger la noire est le premier opus d'une trilogie. Il me tarde de découvrir le second tome.
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La blanche Caraïbe

L'été dernier j'ai découvert Maurice Attia et les trois premiers tomes de sa quadrilogie dont j'ai beaucoup apprécié la lecture.

Récemment j'ai donc acheté le 4eme tome de la série "la blanche caraïbe". L'histoire se déroule sur quelques jours de mi-septembre à début octobre 1976. Les ouvrages précédents couvraient les périodes 1962, 1967/1968 et 1970.



Pour être honnête j'avoue avoir été déçue. Je n'ai pas retrouvé l'atmosphère des ouvrages précédents. Paco et Khoupi ont vieillis sans doute. Paco s'est, disons, un peu embourgeoisé : journaliste, critique de cinéma, marié avec Irène et père de famille. Tout au contraire Khoupi a plutôt tout raté, Eva l'a abandonné , il a basculé dans l'alcool et les petits boulots.

En souvenir de leur amitié Paco accepte de répondre à l'appel au secours de Khoupi.



J'ai eu de mal à entrer dans ce livre, l'impression de ne pas avancer dans la lecture. Mon intérêt s'est enfin réveillé à un peu plus de la moitié du livre. Est-ce l'arrivée d'Irène ? J'ai réussi à trouver de l'intérêt à l'histoire et à terminer ma lecture rapidement.



Cette histoire m'a laissé un goût amère. Ambiance lourde tant au niveau du climat que de l'histoire, trop de violence, de corruption et de morts. Un sentiment d'un échec pour Paco, alors que dans les trois premiers ouvrages il m'avait donné l’impression d'être un battant.
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Alger la Noire

Adapté du roman éponyme de Maurice Attia, "Alger la Noire" plonge le lecteur au cœur d’Alger, en 1962, en pleine guerre d’Algérie qui connaîtra son épilogue quelques mois après la fin de l’histoire et pendant la bataille de Bal-El-Oued et la fusillade de la rue d’Isly.

C’est au milieu des explosions de bombes et des plasticages que l’inspecteur Paco Martinez flanqué du vieux flic Choukroun vont enquêter sur le double meurtre d’une jeune fille française de bonne famille et d’un jeune algérien.

Sur le dos du jeune homme, une inscription : OAS.

Mais est-ce vraiment l’OAS qui aurait ainsi signé ce double meurtre ou faut-il voir une autre signification dans ce sigle ?

C'est en tout cas ce que suggère Irène, la maîtresse de Paco : "OAS ... c'est peut-être "oraison pour un amour secret".".



Dans cette Algérie déchirée, un tel meurtre en devient banal tant il y a de morts tous les jours, et cela n'émeut pas grand monde qu'un jeune algérien ait été assassiné, certains penseraient même que c'est bien fait pour lui, parce contre, que la fille d'un homme ait été influent, cela nécessite une enquête de police, mais sans trop approfondir non plus pour ne pas dévoiler au grand jour des secrets de famille.

Le contexte de l'Algérie dans les années 60 est très bien rendu dans cette bande dessinée, à la fois dans l'histoire et dans le dessin.

Les pieds-noirs ne se font pas d'illusions, même né en Algérie ils savent que bientôt ils devront quitter leur pays pour la France, comme le laisse entendre Choukroun, le vieux flic qui a à peu près tout vu dans sa carrière : "Je pars en éclaireur. Quand tu viendras à ton tour, je t'apprendrai les nouvelles règles du jeu ... Ca sera facile pour personne de s'habituer à la France et aux français. Ils vont pas nous accueillir à bras ouverts, c'est sûr ...".

C'est une histoire noire, sordide, mais parfumée aux dernières effluves d'une Algérie encore française pour quelques mois : "L'Algérie est bientôt indépendante, les pieds-noirs sont en marche pour l'exil ... le pays est plongé dans une guerre fratricide et une haine définitive entre les communautés ... Alger la blanche est devenue Alger la noire.".

C'est également complexe, à la fois pour trouver le coupable et la raison de ce double meurtre mais aussi dans les relations entre les personnages.

Paco est un homme torturé qui vit dans le remords de ne pas avoir accompagné sa maîtresse Irène lors d'une soirée où elle a perdu une jambe suite à l'explosion d'une bombe, il s'en veut mais il l'aime également comme elle est et se confie à elle, ils ne sont pas mariés mais ils ont leurs habitudes de couple : "Aux rituels ... On s'engueule, on baise, tu m'allumes une clope ... et je fume ... l'ordre des choses.".

Ce couple a un côté touchant et revêt une forme d'amour idéal.

Cette histoire est très humaine, elle véhicule beaucoup de sentiments ; l'amour, charnel ou filial, l'amitié, la haine, la violence, c'est un véritable prisme des relations humaines et le contexte rend cet aspect encore plus fort.

Elle laisse également peu place à l'espoir, je n'en suis pas ressortie heureuse, mais je lui reconnais une certaine forme de beauté, particulièrement dans le graphisme et les couleurs qui sont vraiment magnifiques et justifient à eux seuls la lecture de cette bande dessinée, qui m'a transportée au cours de ma lecture dans l'Algérie des années 60 et m'a ainsi permis d'avoir un aperçu des tensions qui régnaient à l'époque et des communautés qui se déchiraient.



"Alger la noire" est une très belle adaptation par Jacques Ferrandez du roman de Maurice Attia qui permet au lecteur de remonter le temps et de vivre les derniers mois de l'Algérie française ainsi que le basculement dans la haine de deux communautés.

Cette bande dessinée a également le mérite de m'avoir donné envie de découvrir l'oeuvre originale dont elle s'est inspirée.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Le rouge et le brun

Surprise de retrouver Paco Martinez dans ce policier au titre évocateur. Dans ce roman il vient de partir pour Rome, il n'est plus flic mais journaliste et Aldo Moro vient d'être enlevé. Pas passionné par sa nouvelle vie il voit ce départ comme une échappatoire. Nous sommes en 1978. Entre histoire politique et rencontre amoureuse, on ne s'ennuie pas dans cette partie du roman. Retour sur une époque qui a fortement marquée l'Italie et le monde, une page d'histoire très fouillée où l'on voit comment les politiques et le pape ont lâché cette homme, le condamnant à une mort certaine. Les réactions d' Aldo Moro sont consignées sous forme de lettres qui alternent les chapitres. Une plongée dans l'extrême gauche pour comprendre peut-être le cheminement de ces hommes. Et là on se dit "et le brun" ? C'est la deuxième partie de ce roman. L'auteur nous donnait bien quelques clés pour nous envoyer vers cet autre univers. Paco va rentrer après son escapade, retrouver Irène sa femme qui pendant son absence à découvert des écrits de son père, un roman familial assez sordide. Quel en était la part du vrai et du faux? En tout cas ce qui est vrai c'est la montée des extrêmes droites dans les années 1899 en pleine affaire Dreyfus. Attia sait nous ferrer dans ces histoires qui pourraient être 2 romans différents mais qui font vaciller Paco et Irène, se posant la question de l'avenir de leur couple.

Un roman engagé qui montre la violence des extrêmes dans des combats idéologiques, portés ou honnis par l'opinion.

C'est un roman addictif, que l'on ne lâche pas facilement. Paco est un personnage sympathique qui ne laisse pas indifférent. Mêlant la grande histoire avec l'histoire de son personnage l'auteur nous laisse nous interroger sur ces périodes, pas encore révolues, qui bousculent encore des vies. On dirait que l'histoire se réécrit indéfiniment et cela ne rassure pas.

Un chassé-croisé intéressant qui commence par 2 pages bien énigmatiques. Ce sera la 3ème partie du roman.

le rouge et le brun. Une histoire de la haine à découvrir.



Merci à Babelio et aux éditions Jigal pour cet envoi.

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Pointe Rouge

"Pointe rouge" est le deuxième tome d'une trilogie, ce que j'ignorais lorsque je l'ai acheté au salon Livre Paris. Je comprends dès les premières pages que les personnages ont un passé que j'ignore. Heureusement l' ignorance se comble au fur et à mesure de la lecture. L'ouvrage peut donc être lu indépendamment du précédent.



L'histoire se déroule à Marseille entre décembre 1967 et juin 1968. Elle nous est contée par quatre narrateurs deux policiers, Paco Martinez et Tigran Khoupiguian, deux femmes Irène et Eva. Procédé déstabilisant au début pour le lecteur qui doit deviner l'identité du narrateur.



Paco et Tigran enquêtent sur la mort suspect d'une jeune dealer dans une cité universitaire Il aurait été défenestré par un militant trotskiste. Cette enquête qui au premier abord semblait banale va se transformer en une affaire complexe aux ramifications importantes. Paco et Tigran vont être confrontés aux monde des affaires, de la politique et ses affidés dont le SAC, des mafias. La violence est omniprésente. Il y a des assassinats, des meurtres, des victimes collatérales, un policier trop curieux sera suicidé.



Le vie personnelle et le passé des deux policiers ont un rôle important dans ce roman. Paco sera grièvement blessé au cour de l'enquête. Il est toujours amoureux d'Irène beau personnage de femme indépendante. Quant à Tigran qui connaîtra des événements familiaux douloureux sera sauvé par l'amour d'Eva, la jeune paumée qui se révélera être une femme solide.



Pointe Rouge est un livre intéressant et passionnant. La fiction s'intègre aux prémices des évènements et aux évènements eux-même de l'année "68".



Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, très vite j'ai trouver un vrai plaisir de lecture au point qu'une fois le livre terminé j'ai immédiatement commandé par internet les deux autres tomes de la trilogie "Alger la Noire" et "Paris Blues".







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Pointe Rouge

J'ai découvert un auteur et un bon polar. 1967, une année qui m'est chère, une ville riche en histoire et une intrigue post mai 1968. L'auteur, pied noir m'a beaucoup appris, notamment sur le SAC et son organisation. Jeune, j'entendais mon grand père parler de ce groupe avec mépris mais je n'y entendais rien. Dans le contexte du roman policier, Maurice ATTIA est bon pédagogue et on comprend que les hommes politiques de l'époque ne lésinaient pas à se débarrasser des gêneurs. J'ai saisi également le parallèle entre la mort du commissaire MORANT et celle du ministre Robert BOULIN.
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Alger la Noire

Ce roman est certes un roman policier, mais c’est, surtout, un roman noir… très noir.



On y retrouve tous les ingrédients d’un excellent polar : crimes, rebondissements, sexe (et même inceste), mal-être, secrets de famille, personnages ambigus et situations glauques. Mais, énorme cerise sur le gâteau, cela se passe à Alger dans les dernières semaines de l’Algérie française, cette période où ‘’Alger la Blanche’’, lumineuse, va devenir ‘’Alger la Noire’’, mortifère.



Roman polyphonique à 4 voix : le policier Paco Martinez, sa grand-mère qui l’a élevé, son collègue Choukroun et sa compagne Irène. ; chacun s’exprime de manière différente ce qui donne beaucoup de relief au roman.



Mais, à mes yeux, l’intérêt principal est dans le contexte historique. L’intrigue se déroule à Bab-El-Oued, quartier d’Alger où se côtoyaient en parfaite harmonie différentes communautés de petites gens, très représentatifs de la majorité des Français d’Algérie. Tout cela va exploser dans la violence et la barbarie : pertes de repères, haines aveugles et/ou fratricides, vengeances, assassinats ‘’gratuits’’ ; on assiste à l’effondrement d’un monde. On a presque l’impression que les crimes sur lesquels enquête Paco sont de la ‘’petite bière’’ à côté de ce déchaînement d’horreurs. Paco reste le dernier, avec Choukroun, à essayer de faire son métier alors que tout le commissariat ne se donne plus la peine d’ouvrir des enquêtes et sert de relais à l’OAS (dissidents de l’armée française et leurs sympathisants pratiquant la politique de la terre brûlée). Un ingrédient supplémentaire de bon polar : la solitude du héros qui navigue à contre-courant tout en ne se faisant aucune illusion sur l’issue inéluctable des évènements.



A l’instar de Lucky Luke, sur le bateau de l’exil qui l’éloigne d’Alger, Paco pourrait dire ‘’I’m a poor lonesome cop’’ (ce départ constitue le prologue et l’épilogue du roman)…



Un excellent roman noir, une lecture recommandée.

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Alger la Noire

Alger 1962. L’inspecteur Paco Martinez enquête sur un meurtre : une jeune Française et un Arabe sont retrouvés assassinés sur la plage. Ils sont nus, enlacés, et sur le dos de l’homme il y a l’inscription « OAS ». Paco est très sensibilisé aux attaques terroristes car sa fiancée a eu la jambe arrachée lors d’un plastiquage, il prend donc très à cœur cette enquête. Mais entre la famille de la jeune fille (un père tyrannique en fauteuil roulant, une mère partie avec son amant, et un frère à l’OAS) et un entourage professionnel difficile (un collègue tué, une taupe dans le service), il aura du mal à faire surgir la vérité...



Le scénario (tiré du roman du même nom) est excellent et Jacques Ferrandez réussit à donner vie à cette époque et à ces personnages comme dans ses précédentes BD "Carnets d’Orient". Les dessins et les couleurs nous ramènent dans une Algérie aux couleurs chaudes et l'histoire est suffisamment tortueuse pour nous donner envie de la lire d'une traite. Bref une excellente BD, comme presque toujours dans cette collection.

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Alger la Noire

Alger 1962 une jeune française fille de colon et son amant algérien sont retrouvés assassiné sur une plage. Dans une ville où les meurtres quotidien relève de l'armée, cette affaire et confier à la police. Choukroun et Martinez mènent une enquête périlleuse, alors que les combats font rage, obligeant chacun à choisir sont camp.

Récit policier et chronique d'une période clé de l'histoire de l'Algérie, ce roman est une indéniable réussite.

Sombre et poignant, il restitue admirablement le climat de suspicion et de compromission où l'essentiel et de sauver sa peau. On notera en particulier la qualité de l'écriture et la sobriété avec laquelle l'auteur évoque le sort désespéré de protagonistes, donc les drames personnels s'inscrire dans le contexte une guerre d'indépendance
Lien : https://collectifpolar.com/
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