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Critiques de Maurin Picard (15)
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Ils ont tué Monsieur H

« Quelqu'un devait prendre les choses en main au Katanga, ce trou noir menaçant d'engouffrer le coeur du continent africain dans une guerre sans fin ».



Nous sommes en 1961 la décolonisation de l'Afrique est en marche. Mais dans l'ancien Congo belge, tout juste indépendant, la province du Katanga a fait sécession — soutenue par des Occidentaux qui y ont des intérêts — après quoi, pour éviter le démantèlement du pays, l'ONU a lancé deux opérations militaires contre les mercenaires katangais.



Une situation pour le secrétaire général aux Nations Unis favorable à l'autodétermination, Dag Hammarskjöld, qui nécessite selon lui, dans un souci de pacification, qu'il aille sur place rencontrer coûte que coûte le dirigeant séparatiste katangais, Moïse Tshombé, en fuite à Ndola depuis l'intervention des Casques bleus. C'est ainsi que le 18 septembre 1961, après avoir atterri à Léopoldville, Monsieur H prend le DC-6 de l'ONU, l'Albertina, pour la ville de Rhodésie du nord voisine du Katanga où l'attend Tshombé. Il n'y arrivera jamais, la carcasse fumante de l'avion et seize corps dont celui de Hammarskjöld sont retrouvés quelques heures plus tard dans la brousse rhodésienne.



Attentat ou accident, aujourd'hui on s'interroge encore, la preuve en est qu'en 2016 l'ONU a décidé de rouvrir le dossier. de son côté, le journaliste Maurin Picard a enquêté, parcourant le monde à la rencontre d'historiens, d'universitaires, de journalistes et des rares témoins encore vivants. Avec patience et détermination, malgré le temps écoulé et les documents classifiés, il s'est appliqué à reconstituer le contexte du moment, celui de l'après colonisation et de la guerre froide dans le maelström politique africain.



Rédigé d'une écriture fluide et étayé par un conséquent travail de recherche, un essai agréable à lire et d'un grand intérêt pour le contexte géopolitique, économique et financier qu'il décrit. le seul bémol est peut-être la thèse qu'il défend, celle d'une énième thèse conspirationniste.



Merci à Babelio et aux Éditions du Seuil.
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Le manoir

Le manoir, c’est la Maison Blanche, la résidence des présidents américains en exercice, du 1600 Pennsylvania Avenue à Washington D.C.

Toutefois, l’essai de Maurin Picard n’est pas une histoire de la célèbre demeure, mais un patchwork d’anecdotes.

Sur une trentaines de chapitres (y compris l’introduction et la conclusion), on rentre dans l’intimité des familles présidentielles, souvent témoin de leur malheur ou de leur drames privés.

Pas réellement une incursion dans la Grande Histoire dont l’écho nous parvient quand même à intervalles réguliers (les guerres, les assassinats, les scandales), mais une multitudes de petites histoires écrit dans un style assez dynamiques et dans des chapitres assez courts. C’est même un peu trop court parfois ; on aimerait en savoir plus et on est un peu frustrés par moment, d’autant que la bibliographie fourmille surtout (et c’est évidemment logique) de livres en langue anglaise.

On balaye ainsi plus de deux siècles de présidence américaine et si certains noms sont évidemment très connu (Lincoln, Roosevelt, Kennedy, Obama…), d’autres valent un petite redécouverte (Adams, Johnson, Truman...)

Le recueil, très agréable à lire au demeurant, possède un défaut éditorial à mon avis. Les notes, très intéressantes et très nombreuses sont reléguées en fin d’ouvrage et supposent un va et vient constant qui alourdissent un peu la lecture. Mesdames et messieurs des éditions Perrin, en bas de page, cela aurait fluidifié un peu plus la lecture pour un public néophyte.

Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire américaine mais qui veulent en avoir une vue un peu décalée, cette ouvrage est une porte d’entrée très accessible et facile à lire.
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Les Métamorphoses des Etats-Unis depuis 1965

Quelle excellente initiative de Christian Lequesne d'avoir lancé cette nouvelle collection "Métamorphoses". L'idée est l'oeuf de Colomb, simple et ingénieuse, mais il fallait y penser. La formule : choisissez un pays et une date et demandez à 10 "grands témoins", qu'ils racontent ce qui leur a le plus frappé et vous avez un ouvrage dont l'intérêt est garanti d'avance. Le premier titre paru a été "Métamorphoses du Royaume-Uni de 1945 au Brexit". Les "Métamorphoses des États-Unis depuis 1965" en sont le second et d'autres sont programmés, notamment l'Inde depuis 1947, l'Italie depuis 1946 et la Russie depuis 1953. L'essentiel est évidemment le choix des témoins. En ce qui concerne les États-Unis, la sélection a été opérée par Maurin Picard, diplômé des sciences po et correspondant depuis 7 ans dans ce pays pour entre autres Le Figaro, Le Soir et Sud Ouest. Nous pouvons donc lui faire confiance et son choix est judicieux.

Un grand avantage de cette collection est qu'en relativement peu de pages on a l'essentiel, ou du moins le plus marquant, d'un pays de son propre choix. Un luxe non négligeable lorsqu'on a parfois la mémoire qui flanche, comme cela arrive à votre pauvre serviteur !



Les 10 thèmes retenus sont : la communauté noire, le Vietnam, le FBI de Hoover, l'avortement et le droit à l'égalité des femmes, Reagan, l'avènement d'Internet, 11/9/21001, l'Irak, la crise de 2008 et le déclin de la classe moyenne et la reconnaissance du mariage de même sexe.

Au lieu de vouloir couvrir toutes les contributions de façon fatalement lapidaire, j'ai préconisé de me concentrer sur quelques sujets qui me tiennent plus au coeur que d'autres.



1) En 1971, John Curtis Raines était un "angry young" étudiant - qui deviendra plus tard pasteur méthodiste au Minnesota jusqu'à sa mort en novembre dernier - qui estima que l'horrible John Edgar Hoover, chef tout-puissant du FBI (Federal Bureau of Investigations) depuis plus de 35 ans, se permettait un peu beaucoup envers tous ceux qui ne trouvaient grâce à ses yeux : les noirs, les homosexuels, les gauchistes, les opposants à la guerre du Vietnam etc. - à l'exception de la mafia. Ses méthodes anticonstitutionnelles (surveillance, écoutes, intimidations...) étaient de notoriété publique, mais aucun politicien, y compris plusieurs présidents, n'osait agir contre lui de peur pour sa belle collection de dossiers ultra-secrets. D'où la conclusion de Raines et quelques autres qu'il appartenait aux simples citoyens d'arrêter ces abus.



Le récit de l'opération cambriolage au bâtiment FBI de Philadelphie par une équipe de 8 jeunes, dont Raines et son épouse Bonnie, la nuit du "combat du siècle" entre les poids lourds de boxe Mohamed Ali, alias Cassius Clay, et Joe Frazier, se lise comme un super thriller. Une opération à succès au-delà de toute espérance, puisqu'elle a permis la découverte du vaste programme confidentiel "Cointelpro" ("Counter Intelligence Program"), la fin de Hoover et une refonte du FBI.

Exactement 42 ans plus tard, Edward Snowden a, malheureusement, rendu public que c'était maintenant au tour de la NSA "National Security Agency", d'avoir des programmes encore plus ambitieux d'écoutes massives de la population américaine.

John Raines a écrit de son aventure "The Burglary : The Discovery of J.Edgar Hoover's Secret FBI" (le cambriolage : la découverte du FBI secret de Hoover). Sur ce triste sire existe toute une bibliothèque, je me limite ici à l'ouvrage d'Anthony Summers "Le plus grand salaud d'Amérique" duquel j'ai fait un billet en mai 2017.



2) Sarah Weddington a écrit pour les femmes une page d'histoire importante sur la voie de la reconnaissance de leurs droits. Elle avait 26 ans lorsqu'elle gagna le procès historique "Jane Roe contre Wade" devant la Cour suprême des États-Unis en 1973. Arrêt qui rend impossible de condamner "de jure" l'avortement dans l'ensemble du territoire des États-Unis. Préservant ainsi le droit fondamental des femmes à décider du cours de leur vie.

Après cette victoire, qui en fît une célébrité, notre Sarah ne s'est pas reposée sur ses lauriers : elle a été élue 3 fois au Parlement du Texas, où elle a continué ses batailles pour les droits des femmes et, de 1977 à 1980, comme ministre du président Jimmy Carter. C'est dans cette fonction qu'elle a réussie à faire adopter la "Pregnancy Discrimination Act", qui interdit aux entreprises employant plus de 15 personnes de licencier une femme parce qu'elle est enceinte.

La victoire des Républicains et de Ronald Reagan a eu comme conséquence que son poste soit "de facto" supprimé. Sarah Weddington, qui aura 73 ans le mois prochain, continue sa lutte pour les droits des femmes. En 2014, l'ONU a ajouté l'avortement aux droits de l'Homme.



3) "Financer une guerre (l'Irak) qui se prolonge et, dans le même temps, réduire sensiblement les impôts, tient de la gageure." C'est ainsi que s'exprime l'économiste Jared Bernstein (°1955), appelé à la rescousse, en 2009, comme chef économiste du vice-président Joe Biden, pour relancer l'économie après les gros déboires du monde des finances sous le génie du fiston Bush. Pour ce keynésianiste l'essentiel consistait à relancer l'emploi, augmenter le salaire minimum et développer les conventions collectives du travail. Il se préoccupait surtout que "les apprentis sorciers de Wall Street" avec leurs subprimes (prêts hypothécaires toxiques) ont causé l'endettement de la classe moyenne. Bernstein a sans doute fait du bon travail, jusqu'en 2011 lorsque les Républicains majoritaires au Congrès et, influencé par les extrémistes du "Tea Party", bloquent toute initiative d'Obama. L'économiste socialement motivé est reparti à ses études et analyses, tout en rendant public ses points de vue dans les grands journaux comme le Washington Post, le New York et le Financial Times. La fameuse "main invisible" ou la baliverne de l'autorégulation des marchés, inventé par Adam Smith et prôné par Alan Greenspan, longtemps président de la Réserve fédérale, "ressemble parfois à deux mains gauches", dixit Bernstein.



J'ai envoyé un mail au secrétariat des "Métamorphoses" pour en savoir un peu plus sur les prochains titres à paraître et leur date approximative, mais je n'ai obtenu, malencontreusement, aucune réponse, ce qui n'est pas très poli. Comme s'il s'agissait d'un secret d'État !



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Ils ont tué Monsieur H

Ils ont tué Monsieur H Maurin Picard Le Seuil.



Merci beaucoup aux éditions du Seuil et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir cette enquête approfondie sur un personnage politique international méconnu et dont la fin tragique est tombée dans l'oubli et les faits divers de la guerre froide.

Cette affaire de 1961 que l'auteur nous relate représente un gros travail d'enquête journalistique entravée par les versions officielles et les archives encore inaccessibles.

C'est donc une lecture passionnante pour découvrir un pan de l'Histoire de la décolonisation et de ses conséquences à l'échelle internationale en plein conflit Est/Ouest.

La plume d'un romancier et la verve d'un journaliste rendent la lecture de cet ouvrage facile et prenante.

Nous sommes ici face à un essai écrit par un journaliste à destination du grand public.

Le travail d'enquête est extrêmement présent mais peu et/ou mal référencé. Le manque de précision dans les notes de bas de page est pour moi rédhibitoire, je parle ici en particulier du référencement des sources utilisées qui ne sont pas citées au fil de la lecture bien que l'on puisse noter la présence d'une bibliographie et d'un index en fin d'ouvrage. L'attention est cependant portée sur le détail, je remercie particulièrement la note de la page 183 de me donner la conversion de 1000 pieds en mètres !

Cela n'enlève rien au travail d'enquête et à la qualité de celui-ci !

Je conseille cette lecture pour ceux en quête d'un ouvrage fourni, détaillé et donnant un nouvel éclairage sur l'affaire de Monsieur H.
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Le manoir

"Le manoir", c'est en fait la Maison-Blanche, la résidence des présidents américains, si souvent mise en scène, y compris au cinéma ou dans les séries TV.... voici un ensemble d'histoires qui forment l'Histoire (avec un grand H) de ce bâtiment emblématique sis au 1600 Pennsylvania Avenue, à Washington.



Ce récit évoque la construction de la Maison-Blanche (dans laquelle les esclaves noirs ont joué un rôle important), ses drames (son incendie par les britanniques en 1814, par exemple), ses anecdotes  (le fantôme de Lincoln hanterait-il le bâtiment ?).



C'est un ouvrage instructif, documenté, très intéressant, rythmé (les chapitres assez courts y contribuent). Autre point positif à mes yeux : la présidence de Trump y est expédiée en épilogue. Au vu de ses illustres prédécesseurs (Lincoln, Truman, Obama,...), voilà bien un président qui ne méritait pas meilleur traitement ...
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Des héros ordinaires

Maurice Picard, membre de la direction de la revue Guerres et Histoire, est allé à la rencontre de vétérans de la Seconde guerre mondiale : français, américains, anglais et allemands.



Ces témoignages sont émouvants et souvent bouleversants.

De ces vieillards émane encore et toujours une formidable énergie dans l'évocation de leurs souvenirs qui paraissent très récents tant ils les habitent…



Malgré l'extrême violence des combats et les situations dramatiques vécues par ces survivants, il y a beaucoup d'humanité dans les récits de ces "héros ordinaires".



De Léon Gautier, le français qui débarqua le 6 juin 1944 sur les plages normandes, en passant par le marin Terry Goddard qui participa à la traque du cuirassé allemand "Bismarck", jusqu'à l'allemand Jorg Czypionka qui combattit jusqu'à la fin sur son Messerchmitt 262, ces témoignages et ceux de tous les autres appartiennent à des vétérans...qui resteront éternellement jeunes.



Un beau livre qui ne peut qu'émouvoir !
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Ils ont tué Monsieur H

Le 18 septembre 1961, l'Albertina, le DC-6 transportant de Léopoldville à Ndola Dag Hammarskjöld, le Secrétaire général des Nations unies, disparaissait subitement des écrans radars. L'épave et les corps des 16 passagers et membres d'équipage furent retrouvés quelques heures plus tard dans la brousse rhodésienne. L'enquête officielle conclut à un accident suspect, malgré les fortes réserves d'investigateurs privés.



Le déplacement du SG en Afrique centrale n'avait rien d'une promenade de santé et était même considéré à haut risque. Suite à la sécession de la province du Katanga, intervenue quelques jours après l'Indépendance de la République démocratique du Congo en juillet 1960 et soutenue par les puissances et les intérêts occidentaux, plusieurs événements agitèrent la région ; ils débutèrent par l'opération Rum Punch des forces de l'ONU visant à neutraliser les mercenaires (essentiellement français) sur lesquels s'appuyait Moïse Tshombé, qui fut suivie de l'opération Morthor, déclenchée cette fois-ci sans l'aval du SG, dans l'espoir d'écraser totalement l'armée katangaise. Les deux furent très mal reçues par les États occidentaux qui souhaitaient le maintien d'une forte autonomie du Katanga pour des raisons économiques (ressources minières) et géopolitiques (lutte contre l'influence soviétique). C'est dans ce contexte qu'Hammarskjöld entama son ultime voyage au Congo, convaincu que de la réussite de sa mission pour éviter le morcellement du Congo dépendait son maintien à la tête de l'organisation et la survie des Nations unies, dont le rôle était contesté par l'URSS, voire même l'avenir même de la paix dans le monde. Nombreux étaient donc ceux qui souhaitaient « rogner les ailes du secrétariat » et avaient même intérêt à voir disparaître son chef.



Maurin Picard, journaliste, spécialiste des USA et des missions de maintien de la paix par les Casques bleus, rouvre le dossier et se livre à une enquête minutieuse, rendue difficile par l'ancienneté des faits – 58 ans – et la disparition de la plupart des témoins. Il décrit d'emblée un contexte particulièrement complexe du fait des intérêts en jeu : économiques et mercantiles avec l'exploitation des richesses géologiques de la Copperbelt katangaise gérée par des compagnies occidentales réunies au sein de l'Union minière du Haut-Katanga, une entité anglo-belge ; stratégiques du fait des visées des deux blocs alors en présence ; idéologiques, le régime sud-africain de l'apartheid devant faire face aux mouvements indépendantistes en Afrique centrale et australe, en particulier en Rhodésie du Nord, qui deviendra la Zambie en 1964, et en Rhodésie du Sud, qui deviendra le Zimbabwe quelques années plus tard (et non le Mozambique comme le signale de manière erronée la carte de la page 35).



L'enquête emmène le lecteur au coeur du bois d'acacias où l'avion s'est écrasé, mais aussi aux Nations unies à New York, en Suède d'où étaient originaires le SG et les membres de l'équipage, en France, en Angleterre et en Belgique. La reconstitution des préparatifs et du vol du quadrimoteur au dessus du Congo alterne avec les témoignages des rares survivants du drame : des diplomates et des hauts fonctionnaires, mais aussi des mercenaires, des « affreux », pour reprendre la terminologie de l'époque. Maurin Picard tient le lecteur en haleine, émet des hypothèses argumentées qu'il n'hésite pas à remettre en cause s'il n'arrive pas à trouver des éléments qui les justifieraient, et reprend patiemment sa recherche. On va ainsi de rebondissement en rebondissement. Son travail est en tous points remarquable – les informations techniques sur le vol et la reconstitution du crash sont par exemple d'une précision extrême – fait de Ils ont tué Monsieur H un essai passionnant même si, malgré un index des noms et une table des sigles, ainsi qu'un inventaire des arguments à mi-parcours (p. 170), le lecteur se retrouve parfois noyé sous les détails.



Dag Hammarskjöld était un grand Secrétaire général de l'ONU, de par sa vision politique et son courage. Son multilatéralisme et son refus de choisir entre le camp occidental et le camp soviétique, son engagement sincère en faveur de la décolonisation et des Etats nouvellement indépendants, notamment en Afrique, et contre le régime sud-africain de l'Apartheid, lui valurent critiques et inimitiés de la part de beaucoup de pays, la France et le Royaume-Uni en particulier. Cela pouvait-il aller jusqu'à l'élimination physique de celui qui se révélait « plus général que secrétaire » ? Maurin Picard en est persuadé et parle de « crime presque parfait » dans son avant-propos. A défaut de pouvoir démontrer de façon irréfutable la thèse du complot, il va à l'encontre de la thèse officielle de l'ONU qui « ne pensait qu'à rabattre le couvercle sur cette interminable affaire » et conclut un an après le drame à un accident suspect, sans aller plus avant.



Extrêmement documenté pour ce qui concerne les diverses hypothèses sur la préparation et la réalisation de la destruction du DC-6 – comme il a été dit plus haut, on s'y perd un peu, mais le chapitre 24 « Reconstitution » constitue une bonne synthèse – le livre se révèle très intéressant quand il aborde les raisons politiques qui auraient pu être à l'origine de l'élimination de Dag Hammarskjöld : ambitions françaises au Congo alors que l'influence belge vacille et prémices de la « Françafrique », maintien de la position stratégique britannique en Rhodésie, obsession des Etats-Unis pour la lutte contre le communisme international... Alors que les nations occidentales et les « boutiquiers » français, anglais et sud-africains voulaient ardemment continuer à gérer l'Afrique, surtout celle qui regorge de ressources géologiques, le Secrétaire général n'a-t-il pas été « la victime de certains cercles financiers pour lesquels une vie humaine ne vaut pas un simple gramme de cuivre ou d'uranium » ?



Ils ont tué Monsieur H mérite une lecture approfondie pour qui souhaite revenir sur un événement important de la politique menée en Afrique suite aux décolonisations. L'auteur se garde bien d'apporter une réponse définitive et de soulever la chape de plomb qui pèse sur ce qu'il qualifie lui-même de whodunit, un polar à énigme où tous les protagonistes pourraient être coupables. Il a toutefois le mérite, au regard des informations dont il a pu disposer – des documents ont été détruits et de nombreuses archives sont encore classifiées – d'ouvrir des pistes sur une « conjuration des opportunistes » visant à faire disparaître celui qui souhaitait que l'Organisation des Nations unies soit un acteur à part entière de la politique mondiale. Une question se pose toutefois à laquelle le livre n'apporte pas de réponse : la démarche de Dag Hammarskjöld, qui privilégiait la négociation pour éviter le morcellement du Congo, avait-elle le soutien de l'Organisation ? le déclenchement sans son aval de l'opération Morthor permet d'en douter et peut laisser penser qu'il ne fut peut-être qu'un visionnaire solitaire qui aura finalement payé le prix de son idéal.



Merci à Babelio (masse critique) et aux Editions du Seuil.


Lien : http://www.polars-africains...
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Des héros ordinaires

Chaque époque a ses héros “ordinaires”, ou le devrait….
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Ils ont tué Monsieur H

Le lecteur que je suis aurait pu craindre de s'ennuyer. Plus de 400 pages sur une enquête portant sur des faits âgés de 58 ans, pour lesquels on a beaucoup écrit déjà.

Il n'en est rien. Le style donne de l'actualité à ces faits, ainsi que le contenu même du livre lorsque l'auteur partage ses voyages, mais aussi ses doutes, ses frustrations et moments d'enthousiasme.

En fin d'ouvrage, la chronologie purement factuelle et avérée des évènements est très précieuse pour aboutir à une conclusion objective.

Elle montre aussi que l'auteur a été clairvoyant et persévérant. Sans omettre les enseignements qu'un tel drame nous apporte encore aujourd'hui.

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Ils ont tué Monsieur H

Une enquête fouillée sur les conditions douteuses de la mort du secrétaire général de l’ONU en 1961, dans un crash aérien.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Ils ont tué Monsieur H

Le livre est plus passionnant qu'un polar, car, à la fin de la lecture, personne ne sait qui est le coupable.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
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Des héros ordinaires

Passionnée de seconde guerre mondiale j'étais très curieuse de découvrir qui était ces héros si ordinaires, donc je remercie Babelio et les éditions PERRIN de m'avoir permis cette nouvelle lecture.



Grace à ce livre on comprend vite, que n'importe quel soldat peut être un héro.



L'auteur est partie sur différents continents, découvrir le récit de ces héros encore vivant de la seconde guerre mondiale, dont on ne parle jamais, qui nous ont donné un récit complètement différent de ce que nous sommes habitués. En fonction de la nationalité du conteur, on a différents points de vues de cette "sale guerre".



J'ai trouvé ce livre très bien fait, bien conté, émouvant, mais un peu trop de détail technique sur l'art de la guerre à mon gout.



Petit plus : les photos des protagonistes fournies dans le roman :D
Lien : http://bookliseuse.blogspot...
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Des héros ordinaires

Là où je pensais trouver des récits inédits, j’ai plaisir à découvrir comment certains évènements très connus (souvent grâce à des adaptations cinématographiques) se sont réellement déroulés pour les protagonistes anonymes de l’époque. Par exemple, j’ai beaucoup apprécié l’histoire de Jake McNiece (qui a inspiré le film « Les douze salopards »… pas vraiment très proche de la réalité des faits selon l’intéressé) surtout parce que c’est le premier récit où l’auteur nous fait part des sentiments du témoin. J’ai d’ailleurs trouvé ce témoignage extrêmement émouvant sur de nombreux points.

Autre détail important : les témoins sont de différentes nationalités et racontent des récits sur différents endroits du globe… J’aurais juste aimé un récit du front russe également… Enfin, j’ai été agréablement surprise par une anecdote racontée par Jorg Czypionka qui a contacté et correspondu de nombreuses années plus tard avec un survivant « ennemi » dont il avait abattu l’avion.
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Des héros ordinaires

Des héros ordinaires, ou comment voir et ressentir la seconde guerre mondiale de la façon la plus vivante possible. Maurin Picard est parti à la rencontre de ses survivants, de moins en moins nombreux, qui ont vécu cette guerre de l'intérieur que ce soit dans les airs ou bien sur terre. Nous ne connaissons pas leur nom (à part Léon Gautier pour ma part), mais nous connaissons parfois le fait auquel ils ont participé, comme pour Dutch Van Kirk et la bombe atomique. Ce livre est d'autant plus intéressant qu'il ne cherche pas à nous convaincre que la guerre et tous ses morts était une juste cause, on nous laisse suivre ses morceaux de vie, dialoguer avec ces vétérans, et petit à petit nous intégrons ce qu'était vraiment cette guerre et ce qu'on pouvait ressentir à cette époque, qui plus est en étant sur le terrain depuis des mois voir des années.

L'écriture est fluide et agréable, Maurin Picard arrive à retranscrire à merveille les conditions de l'époque. Ces témoignages tous différents et pourtant si proches remettent en question cette notion de "héro" que nous pouvons avoir à notre époque si "tranquille". Un grand respect naît pour ces hommes si humbles, mais aussi un grand étonnement et une déception de voir le peut de reconnaissance que certains ont pu avoir.

Ce livre est une richesse, il renferme une page de l'Histoire qui disparaît peu à peu avec les derniers combattants, je conseille à tous de le lire pour s’imprégner de ce passé et ne pas le laisser tomber dans l'oubli.
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Ils ont tué Monsieur H

Plus d’un demi-siècle après les faits, le journaliste Maurin Picard lève le voile sur cette affaire stupéfiante et signe une enquête brillante façon polar.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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