Je voyais subitement ma mère comme une femme. Je ressentais son humiliation. Et au lieu de la honte que j'éprouvais depuis toujours, c'était de la colère que je ressentais. Une colère froide qui me raidissait les mâchoires, alors j'ai serré les dents pour me calmer.
Dans ma tête, je résiste à l'enfermement. Dans ma tête, chaque matin, je me fais coquette, j'épingle mon badge et je prends le bus pour aller au travailb chez Pantaloons. Ce matin-là viendra de nouveau. L'horloge, même à contre cœur, continue à tourner.
Un couvre-feu avait été décrété ce jour-là. Dans la rue principale, une jeep de la police patrouillerait toutes les demi-heures. Les journaliers obligés de travailler rentreraient chez eux les mains en l’air, pour montrer qu’ils n’étaient pas armés.
« Tu sens la fumée », m’a dit ma mère.
Alors j’ai frotté mes cheveux avec un bout de savon et me suis aspergée d’un grand seau d’eau avant qu’un voisin ne vienne se plaindre que je gaspillais les réserves du matin.
Si la police n’a pas aidé de simples gens comme vous et moi, si la police les a regardés mourir, j’ai écrit sur Facebook, est-ce que ça ne veut pas dire que le gouvernement se comporte aussi en terroriste ?