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Citations de Mélikah Abdelmoumen (43)


Éric Fassin en parle dans Populisme : le grand ressentiment (2017). Selon lui, les discours identitaires encouragent l’inaction en surfant sur des émotions qui, contrairement à la révolte ou à l’indignation (des affects susceptibles de nous inciter à tenter de changer les choses), se vivent dans l’immobilité et la frustration. C’est pour cela qu’il est si utile (voire fructueux) pour certain.e.s d’entretenir le ressentiment et la rancœur : ces sentiments ont le pouvoir d’emprisonner la pensée comme on charme un serpent. L’esprit de celui ou celle qui souffre est alors captif de ceux et celles à qui cela rapporte. Autrement dit, il s’agit de décourager tout engagement. Et cela fonctionne si bien que cela en est inquiétant. (p. 77-78)
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Il y a une autre chose qu’elle avait bien conçue, la na-
ture : elle nous avait parfaitement programmées, Daniella
et moi, pour que nous soyons complémentaires et insé-
parables jusqu’à la mort. Car chez nous, dès la puberté, on doit tout vivre à deux. Le professeur Melchior nous l’a bien martelé : « La longue et glorieuse histoire de notre espèce tient à ce que, contrairement aux autres, nous savons nous associer pour la vie à un complice et nous y tenir, sans s’empêtrer dans le sentimentalisme ou la sensiblerie. »
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Le temps passe plus vite, lorsqu'on a le malheur des autres pour se divertir.
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Cette lenteur, ce refus d’opérer les nécessaires changements de fond plonge parfois les personnes qui œuvrent sur le terrain dans le désespoir. Et c’est sans parler de la détresse infligée à ceux et celles dont le sort est abandonné entre les mains de quelques citoyen.ne.s ordinaires. (p. 55-56)
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Nos dirigeant.e.s ont tendance à refuser de poser des gestes pour aider des personnes en difficultés parce que cela risque de dévoiler au grand jour une situation qu’il est plus pratique de ne pas voir : le fait que nous ne sommes pas aussi impuissant.e.s que nous le pensons, collectivement, et qu’il s’agirait de faire preuve de volonté politique pour que de réels changements commencent à avoir lieu. (p. 54)
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Tout chez elle était rond. Les boucles de ses cheveux
bruns, qui faisaient un soleil autour de sa tête, ses seins,
ses hanches. Ce qu’ils appellent des rondeurs, elle en
avait. En veux-tu ? en voilà ! Comme si la nature avait su
pourquoi on l’avait mise au monde et quels attributs il lui
fallait pour passer non seulement pour une femme, mais
aussi pour une de ces femmes auxquelles les humains des
deux sexes sont incapables de résister.
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Prétendre que seul l’engagement qui modifie les structures à long terme vaut la peine nous autorise à ne pas agir. (p. 52)
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S’engager sur le terrain en tant que citoyen.ne ordinaire, c’est devenir membre d’un petit équipage épars qui a un combat en commun. Un équipage lié par cette conviction partagée : la situation est désespérée, changer le monde est difficile, absurde et à deux doigts d’être illusoire, mais il faut néanmoins essayer. C’est ce ciment qui nous fait tenir, bien plus que la certitude de voir les choses changer dans l’immédiat ou même de notre vivant. Il s’agit de refuser, ensemble, cette idée supposément raisonnable et pragmatique selon laquelle améliorer notre monde est absolument impossible. De refuser de croire que ce qui est est immuable. (p. 49)
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Nos dirigeant.e.s ont tendance à refuser de poser des gestes pour aider des personnes en difficulté parce que cela risque de dévoiler au grand jour une situation qu'il est plus pratique de ne pas voir : le fait que nous ne sommes pas aussi impuissant.e.s que nous le pensons, collectivement, et qu'il s'agirait de faire preuve de volonté politique pour que de réels changements commencent à avoir lieu. Peut-être que nos dirigeant.e.s ont aussi tendance à refuser d'agir parce que cela signifierait prendre des mesures impopulaires, des décisions qui demanderaient des sacrifices à ceux et celles qui ne sont pas en difficulté.
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Quand on part, même dans des circonstances heureuses et relativement confortables, on part avec soi-même tout entier, névroses comprises, phobies comprises, araignées au plafond et squelettes dans le placard compris. Ce qu'on laisse derrière soi, c'est le terreau humain, social et institutionnel où tout était enraciné. On emporte, dans un mouchoir de poche, les petites mottes de terre accrochées au rhizome biscornu qui est tout ce qu'on est.
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La maternité, ça, c'est la vraie affaire tragique. C'est la mort de la femme pour la survie de l'espèce.
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Ce soir-là j’ai brûlé à la flamme d’une chandelle toutes les photos où elle apparaissait. Il y en avait vingt-deux. Il fallait en finir avec la cause du traumatisme, brûler la source de la brûlure pour qu’elle s’en aille pour toujours. Jamais je ne lui ai adressé la parole à nouveau, à la polyvalente elle me regardait les yeux tristes mais elle comprenait, elle me pardonnait, elle savait qu’elle était trop pour moi, qu’elle allait trop loin et que dans ce trop loin je ne voulais pas la suivre. Je suis certaine qu’elle m’a pleurée.
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Mais Peggy n’était pas le monde pour tout le monde. Derrière elle il y avait un autre monde qui était triste. C’est drôle à dire mais ce monde-là, son monde, l’endroit d’où elle venait, personne ne pouvait l’envier. Pas même moi. Sa mère était morte d’un cancer quand elle n’avait que huit ans et son père était militaire. Un sergent de la milice. Son père voulait que Peggy devienne police. Les vieux sont choquants dans leur manière de s’intéresser aux jeunes : ils se mettent le nez dans des zones interdites comme celles du destin, de l’avenir de la progéniture. C’est plus fort qu’eux, ils font des plans pour la chair de leur chair, d’ailleurs la progéniture n’est pas tout à fait innocente, elle se laisse marquer, elle entend et retient tout sans même s’en apercevoir.

Une fois je lui ai demandé si elle voulait entrer comme son père le voulait dans la police. Sa réponse a été un index pointé dans ma direction, sa main en fusil. Sa réponse a été un cliché : haut les mains ! En tirant sur moi à bout portant, elle se faisait cow-boy, elle devenait le shérif de sa maison hantée par une mère morte. Ensuite elle m’a fusillée de sa main en arme à feu en fermant un œil pour mieux viser : bang ! bang ! Mes deux bras étaient levés au-dessus de ma tête, je crois que c’est mon obéissance à son déguisement d’autorité qui m’a le plus tuée.
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À la polyvalente, la vraie question, au-delà même des garçons, c’était : qu’est-ce qu’une fille doit être, et faire, pour plaire ? Et la réponse n’était pas un discours. Ce n’était pas des mots de grands, ce n’était pas non plus de grands mots. La réponse se passait d’explications scientifiques. C’était du non verbal. La réponse, c’était un élément au même titre que l’eau, une matière au même niveau que la morve. Ça pendait au bout des nez, c’était gros comme une maison. La réponse, c’était une incarnation : Peggy. Peggy comme : deux bras levés au-dessus de la tête dans l’Agora. Deux bras interminablement levés au-dessus de la tête qui s’étiraient sans fin, qui profitaient de l’étirement pour mettre en évidence ce qu’il y avait en bas : son corps en entier. Sexy, brûlure. Peggy mettait le feu autour d’elle.
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Avant que les mots deviennent des mots, ils existent sous la forme d’une brûlure dans le corps, au plexus, qui se répand comme une vague, comme une onde acide qui se déploie en cerceaux de feu jusqu’aux orteils et au cuir chevelu. Quand je regardais Peggy, la brûlure partait du plexus, la brûlure brûlait et c’était la sensation du traumatisme.
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D’abord j’ai aimé de travers, j’ai aussi aimé dans le beurre. Jamais les bonnes personnes. Par ordre chronologique : mon père, le voisin d’en face, mon professeur de piano, Boy George, mon grand frère et Peter Criss, le batteur de Kiss maquillé en chat. Jamais je ne saurai si, dans mon cœur, mon grand frère est passé avant le chat qui jouait de la batterie comme un fou, la face peinturée en Peter Criss. Ils y sont peut-être arrivés en même temps, parce que c’est à cause de l’amour de mon frère pour Peter Criss que j’ai aimé Peter Criss.
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Parce qu’être jeune, c’est un idéal de vieux. Moi, par exemple, j’ai déjà été jeune et je n’ai pas fleuri. C’est le contraire, ma jeunesse s’est dégonflée, mon corps censé briller, irradier sa majesté, ma force supposée regorger de cellules régénératrices se sont empêtrés dans une débauche de boutons, de jambes trop longues et de démarches efflanquées. La gloire, ce n’est pas moi qui l’ai eue. De penser que maintenant je dois regretter de ne pas avoir vécu ma jeunesse comme une heure de gloire, c’est pire. Ça me fait rire. J’ai la rancœur.
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Tout le monde a quelque chose à dire sur tout. Tout le monde raconte des conneries. Les grands croient qu’être jeune est une période florissante et glorieuse. Ce n’est pas vrai. Ils ont oublié ce qu’ils étaient. Vieillir entraîne la mémoire courte. Moi, je dis que l’idéal est que les adultes foutent la paix aux corps des jeunes. L’idéal, c’est qu’ils arrêtent de se mêler des affaires des corps jeunes. L’idéal, c’est qu’ils cessent même de prononcer ce mot : jeune. Qu’ils acceptent enfin le train qui est le leur, qu’ils roulent avec leur train à eux, rempli de leurs affaires à eux, en cessant de regarder derrière, par-dessus l’épaule. Quand la population mondiale cessera de regarder par-dessus son épaule pour pleurer sa jeunesse perdue, ce sera déjà un progrès.
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On dit que l’idéal est de rester jeune de corps en étant grand dans la tête. Rester jeune par-dehors et grandir par-dedans. S’assagir, prendre de la graine de la vie, se faire son expérience dans un corps de jeune. Foncer dans la vie avec une force de jeune. Parce que la force, pour les adultes, c’est la pente montante des cellules qui se régénèrent. À vingt-cinq ans, c’est la pente descendante. À vingt-cinq ans, on percute le point de non-retour après quoi on recule. Les cellules paressent, se mettent à bayer aux corneilles, elles en ont assez de s’activer comme des bonnes, elles en ont marre de se fendre en quatre comme des diables dans l’eau bénite. À vingt-cinq ans, il paraît que les cellules commencent à manquer à l’appel. Elles pètent et crépitent comme une tranche de bacon recroquevillée dans une poêle. C’est là que vieillir embarque. C’est la dégénérescence. C’est la décrépitude. C’est ce qu’on dit.
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Dans une pièce de théâtre écrite par un humain d’un autre siècle, il est dit que s’embrasser, c’est se goûter l’âme du bout des lèvres, ou quelque chose du genre. Je ne sais pas si les Sucti en ont une, âme. Je sais seulement que je veux goûter celle de Mars. Nous avons fait tellement de choses ensemble, mais c’est toujours pareil, on n’a envie que de celle-là. Celle qui est défendue.
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