Theodora pensa : rupture d'anévrisme, infarcus, coma diabétique. Tant de choses pouvaient vous emporter prématurément... Elle s'était documentée sur le sujet. Elle savait. Elle avait perdu son père toute petite, et sa mère était dans le coma. La vie était plus fragile qu'on ne le croyait.
On pouvait très bien s'en griller une dans une ruelle du Lower East Side avec des amis, boire des coups et danser sur les tables dans une boîte à la mode à un moment donné. Et être mort l'instant d'après.
Puis elle se rappela une chose. Une chose à laquelle elle ne cessait de penser depuis qu'elle avait aspiré le sand de Mimi et absorbé ses souvenirs.
- C'était toi...ce soir-là, au bal masqué... c'était toi qui... chuchota Theodora, et en guise de réponse il l'embrassa.
Parfois, lorsqu'elle pensait à lui, elle se rendait compte qu'elle venait de passer des heures à regarder dans le vide, les yeux rivés sur le même pointeur clignotant sur un écran d'ordinateur, pendant que la peine palpitait dans son coeur dévasté.
Je t'aime, dit-il, et il le répéta encore et encore. Je t'aime, Freya.
Elle le regarda avec tendresse.
- Non, mon chéri, tu ne m'aime pas. Mais tu n'as plus mal.