Citations de Melody Gornet (29)
J'ai toujours eu la certitude que le cerveau humain n'était qu'un programme comme un autre. L'informatique est une métaphore de notre cerveau. Input et output - le stimulus et la réponse.
L'accomplissement en soi, ce n'est pas d'avoir vaincu le boss ; tout le processus, les trainings qu'on a dû faire, décortiquer les mécaniques du combat, s'attribuer les rôles et maintenir notre stratégie sous la pression, cela influence la façon dont son cerveau gère et digère les obstacles.
Derrière elle, l'exaspération : est-ce que je suis devenue si dépendante ? Ce n'est pas le fait de le savoir ailleurs qui m'effraie. J'ai peur qu'il n'y ait plus rien, plus personne, pour l'empêcher l'ennui de m'envahir, de m'étouffer.
Je ne peux plus m'arrêter de penser qu'il peut peut-être m'empêcher de mourir d'ennui.
Vanille : qui appartient à la majorité ennuyeuse. Conventionnel. Dans la norme. Sans fantaisie.
C'est comme être coincée dans un manège qui ne me fait rien, sans comprendre pourquoi les gens hurlent.
Plus je me rapproche de moi-même, et plus je me coupe des autres.
Et je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à m'ancrer dans la réalité, pourquoi je dérive en permanence.
Ce qu'elles font ici – je parle pas du miel, je parle de polliniser chaque petite fleur de ce pré et de la forêt derrière –, on a encore inventé aucune machine qui puisse le faire. Leur langage, leur danse, c'est assez précis pour transmettre l'équivalent de coordonnées GPS. Nous, on a des milliers de mots, des millions en comptant tous les dialectes possibles, et c'est encore pas assez pour se comprendre.
moi, je refuse de me mentir. Et je refuse d'accepter n'importe quoi, de jouer un rôle qui n'est pas le mien, juste pour faire comme les autres. Cette société me dégoûte. Je m'ennuie à mourir. Je ne m'intéresse à personne, alors c'est normal que personne ne s'intéresse à moi.
T'es juste un peu désabusée. Un peu spéciale, c'est tout. Je sais qu'il y a des choses qui te font vibrer. Ou partir en vrille. T'es pas insensible, Lana, tu vois seulement le monde autrement. C'est pour ça que je t'adore.
Quand je vois les autres complètement à fond. Ils vivent à deux cents pour cent des... trucs chiants comme une partie de Uno, par exemple. Ils ont le cœur qui fait des montagnes russes quand ils reçoivent des textos de la personne dont ils sont amoureux. Je ressens jamais ça, moi. C'est comme être coincée dans un manège qui ne me fait rien, sans comprendre pourquoi les gens hurlent.
Si je te suis bien, ça te rends malade qu'on doive se conformer à ce qu'on attend de nous. Et je suis d'accord avec toi. Je pense que tu ne parles pas que du sexe quand tu critiques les gens vanille. Je pense que c'est aussi les relations. Entre les personnes. Entre chacun soi-même. T'as pas envie de rentrer dans les cases.
C’est juste que tu as l’air d’une sorte de bombe à retardement, posée au milieu du chaos. La plupart des gens se font une opinion, quitte à avoir tort. Ils comprennent qu’on ne peut pas tout avoir. Et toi… toi tu prends toutes les possibilités et tu essaies de les garder toutes possibles. Tu vas exploser.
je n'aime pas l'idée d'être nue dans le lit de Jonathan, je n'aime pas qu'il y soit encore, qu'on ait dormi ensemble, comme un couple. C'est ça qui me dérange, je n'ai pas envie d'être un couple. Qu'on soit les deux petits amoureux qui avaient leur esprit de révolte, mais se sont rangés dans le schéma habituel des ados qui vont se rouler des pelles dans les toilettes du lycée.
Je sais... Mais j'ai peur de casser ce qu'on a, je crois. C'est tellement bien, cette relation un peu secrète, qui ne rentre pas dans les cases. Avoir quelque chose ensemble, sans se demander ce que c'est, sans chercher une étiquette. J'ai l'impression que si on se pose ces questions, on va devoir se ranger quelque part. Briser ce truc à part qu'on a réussi à construire.
- Je me sens pas comme les autres filles. J'ai l'impression de ne pas être normale, et je crois que je me suis éloignée de tout le monde.
- Moi aussi je me sens souvent à part, tu sais. Pour moi, si on arrêtait de penser que toutes les filles doivent être d'une façon ou d'une autre, on n'aurait pas l'idée de se mettre à l'écart. C'est cool, d'être différentes.
Je pensais savoir ce que je voulais quelqu'un avec qui avoir le droit d'être moi-même, entière, vraie. Mais je n'ai pas eu de grande révélation, pas de soudaine compréhension de tout ce qui m'échappe encore.
Comme si ce que je souhaitais n'était pas ce qu'il me fallait. Ou que je n'avais pas besoin d'une autorisation pour être qui je suis.
C'est la fin de la nuit, et le matin va durer des mois.
"Plus je me rapproche de moi-même, et plus je me coupe des autres."