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Mercedes Deambrosis :
Milagrosa]
De Madrid,
Olivier BARROT présente la réédition
du roman de
Mercedes DEAMBROSIS "
Milagrosa",
chronique douce amère de l'Espagne de 1950 dont il lit un extrait
Je l'avais aimée comme tous les enfants aiment leur mère et je l'avais détestée parce que son amour était tapissé de pouvoir et de violence.
J'avais appelé, imaginé sa mort tant de fois, la parant des couleurs d'une délivrance et je me retrouvais là. Nuit et jour, exemplaire.
Ce fut le premier mort d'une guerre civile qui en compterait neuf cent mille selon Georges Roux, quatre cent mille selon Hugh Thomas, historiens ; chiffres tenant compte des exécutions et des assassinats dans les deux camps. D'autres sources peuvent être citées, toutes différentes. Le seul chiffre irréfutable est celui du premier mort. (Le premier mort)
Sa vie était stricte, compassée et cernée de dangers qui n'auraient pas été supportables sans la religion.
Elle supportait le calvaire de son existence comme une épreuve envoyée par le Seigneur.
Il avait une intelligence inutile nourrie de lectures qui le maintenaient à flot dans une vie chaotique.
C'est drôle la vie, quand on regarde en arrière. On ne se souvient pas de tout, ce furent mes plus belles années. ( Mes plus belles années)
Pour gagner du temps il se mit à compter, un jour il faut bien compter ses morts. Et ceux que l'on ne voit pas? Dont on entend seulement le cri ou, pis encore, le silence?
Dieu n'existe pas, marmona-t-il entre ses dents. (Toi et moi)
Carmelo Lain était un mauvais élève. Sec, les cheveux drus et blonds comme la paille qui recouvrait à perte de vue les terres où sa famille régnait depuis un temps immémorial.
Je restai là, indécis, riche, milliardaire de ce néant où mes pas me conduiraient pour finir aujourd'hui ma nuit, plus tard mon existence.
Dans la rue le flux des voitures avait diminué et les lumières scintillaient joyeusement. Le vent fouettait les rares passants, donnait à leur démarche des inclinations singulières. Les mannequins, dans les vitrines, semblaient les regarder, prêts à leur emboîter le pas.
Un état d'exception comporte toujours certains désagréments. L'usage inconsidéré de munitions en temps de guerre n'est pas un fait anodin, il peut être lourd de conséquences pour l'avenir. La loi est la loi. (Contre mauvaise fortune bon cœur)