Extrait de la conférence "Sorciers et sorcières...magie noire, magie blanche !" avec Jeanne-A debats, Méropée Malo,Rod Marty et James Morrow.
Assia n’avait gardé presque aucun souvenir des lieux. Elle découvrait donc la pièce et ses hauts murs aux caissons moulurés ; sur sa droite, une antique horloge en bois se tenait droite entre deux fenêtres encadrées de lourds rideaux couleur ivoire. Devant elle, un canapé semblait inviter à des occupations tranquilles – discussions en famille, tasse de thé le soir et lecture. Une bibliothèque occupait tout le mur du fond, ses étagères chargées de livres d’art, de fins ouvrages de poésie et de guides pratiques de jardinage.
C’était un bel endroit, vaste et lumineux. L’appréhension de la jeune fille diminua.
Elle remarqua alors que la vitre de l’horloge aurait eu besoin d’un bon coup de chiffon, que le canapé n’était pas blanc comme elle l’avait cru d’abord, mais recouvert d’un drap clair pour le protéger de la poussière… comme si la maison était inhabitée.
Assia fit volte-face et leva la main en direction du miroir et de la pièce cachée :
- Parfaitement! Je vous fais un bras d'honneur, ça vous apprendra!

Allongée dans le lit d'Alec, Assia regardait défiler les minutes sur le réveil. Le sommeil la fuyait depuis deux heures déjà. Elle se retourna une nouvelle fois, fermant résolument les yeux, et tenta de s'endormir.
Peine perdue.
Son esprit revenait à Alec, enfermé dans la salle de bain et condamné à passer la nuit sur un minuscule matelas de camping. Sa chambre était baignée de clarté lunaire et Assia voyait luire, à l'autre bout de la pièce, la clé qui enfermait son petit ami, comme pour la narguer.
Après deux nouveaux changement de position, elle en arriva à la conclusion qu'elle ne passerait pas la nuit ici. Pas si elle voulait dormir, en out cas. Vêtue d'un tee-shirt d'Alec qui lui descendait jusqu'aux cuisses, Assia traversa la chambre jusqu'à la porte de la salle de bain.
Elle se colla contre la porte; aucun bruit. La main sur la clé, elle hésita à la faire tourner . Et si elle réveillait Alec? Il avait besoin de sommeil, lui aussi, après la soirée qu'ils venaient de vivre.
Assia prit une longue inspiration puis décida d'entrer. Elle fit tourner la clé le plus silencieusement possible dans la serrure, ouvrit la porte et, à l'intérieur, la verrouilla. Il faisait plus sombre que dans la chambre, la salle de bain n'étant éclairée que par deux petites lucarnes au-dessus du grand miroir surplombant l'évier.
Assia se laissa le temps de s'habituer à l'obscurité, ensuite, elle se concentra sur la clé
- Assia? que se passe-t-il?
La voit d' Alec n'était pas épaissie par le sommeil. Ouf, elle ne l'avait pas réveillé.
Elle repéra le matelas devant elle s'agenouilla:
- Je n'arrive pas à dormir.
Après l'amas de couverture du lit, elle frissonnait sur le carrelage, court-vêtue. Alec soupira.
- Le but de tout ceci est de m'empêcher de sortir. Si tu apporte la clé dans cette pièce, ça ne sert plus à rien...
- Justement, dit Assia en se retenant de claquer des dents. J'ai ensorcelé la clé, elle est invisible. Et je l'ai cachée ici. Donc tu ne peux toujours pas sortir.
Il y eut un silence interloqué puis Alec rit tout bas. Il tapota l'espace presque inexistante devant lui, sur le matelas.
- Je me considère comme têtu mais là, je suis battu.
Soulagée, Assia entra dans le lit de fortune ; la présence d'Alec l'environna immédiatement de chaleur. Elle ferma les yeux :
- Je promets d'essayer de ne pas trop bouger.
Il ne répondit pas mais, lui écartant les cheveux , il lui embrassa la nuque.
- Tu as intérêt, sinon c'est moi qui t'attache.
- Tu serais bien embêté pour trouver la clé, dit-elle en se calent plus prêt de lui
- Et en plus, tu as le dernier mot.
Il l'entoura de son bras, elle attrapa sa main pour y glisser ses doigts.
Maintenant, il faut dormir, murmura-t-il. On en saura plus demain
Alec l'observait toujours, comme s'il tentait de graver dans sa mémoire chacun de ses traits. En d'autres circonstances, ça ne l'aurait pas dérangée plus que ça, au contraire. Mais à cet instant… quelque chose la gênait. Elle n'aurait su dire quoi…
Il ouvrit la bouche mais, au lieu de la réponse qu'elle attendait, posa une question :
-Qui êtes-vous ?

-Bonjours, Assia, dit la voix d'Alec, amplifiée par le vestibule. Elle sursauta. L'avait-elle fait surgir en parlant de lui? Se tournant vers l'entrée, elle vit son ancien amoureux, tout de noir vêtu, avec une barbe d'une semaine qui le vieillissait tout en le rendant encore plus sexy que d'habitude. Et flûte! Elle avait pourtant pensé que Paolo était une bonne thérapie pour oublier son ancienne attirance.
Comme l'avait annoncé Théo, Alec n'avait plus de plâtre ; son bras gauche était amaigri et pâle, mais elle supposait que c'était normal après plusieurs semaines d'inactivité forcée. A sa suite apparue Romane, sa cousine, qui traînait les pieds. Assia ne put retenir une grimace : il était impossible qu'elle ait fait apparaître sa désagréable cousine par la pensée. Elle ne se détestait pas a ce point...
Poli, comme toujours, Alec salua tout le monde. Visiblement, il ne s'attendait pas à une telle assemblé. Comme personne ne faisait mine de vouloir partir, il déclara à la cantonade :
-Romane a quelque chose à dire à Assia.
-Devant tout ce monde? Pas moyen, cracha sa cousine.
-Rappelle-moi, reprit Alec sans céder de terrain ni perdre patience, devant combien de personne a eu lieu votre dernière conversation?
A ces mots, Romane rougit, et sa mauvaise humeur se fit encore plus prononcée. Assia, elle, patientait en s'amusant. Connaissant Alec, il avait dû exiger de sa cousine qu'elle vienne lui présenter des excuses pour son attitude au salon de thé.
-Romane avait l'air très remonter contre moi, dit Assia d'un ton innocent, mais je ne sais toujours pas ce qu'elle me reproche.
D'accord elle jetait de l'huile sur le feu, mais Romane était une grande fille. Elle pourrait faire face. Pas dupe pour un sou, celle-ci lui jeta un regard mauvais. Comment, se demanda Assia, Romane avait-elle pu passer la barrière de la maison, à l'entrée, vu l'hostilité qu'elle lui portait?
Un voile de transpiration s'était formé au-dessus de la lèvre supérieur de Romane. Si on ajoutait à cela la façon dont elle se tordait les mains... elle était sans doute plus embarrassée d'être là que vraiment hostile. D'accord, une Forsythe qui se trouvait en présence d'une Raeven, et sur son territoire : bel effort de la part de Romane. Assia décida de montrer un peu de mansuétude.
-Allons dans le jardin, lui proposa-t-elle.
Soulagée, Romane acquiesça. Les deux filles s'arrêtèrent au bord de la terrasse et, là, Romane lâcha :
- Je suis désolée de m'être montrée aussi désagréable au salon de thé. Je n'aurais pas dû te parler comme ça devant tout le monde. Ca n'arrivera plus.
Assia hocha la tête, acceptant les excuses. Malgré tout, elle était curieuse de savoir ce qui avait mis Romane dans un tel état. Quelle responsabilité lui attribuait-on, cette fois?
- Tu ne m'as pas dit ce que tu me reprochais.
Assia sentit qu'elle était bien près de se faire renvoyer dans ses buts. Mais Romane, après un soupir théâtral, jeta un coup d'œil à l'intérieur, où se trouvait Alec , et Assia comprit son calcul. Si elle n'allait pas au bout de son explication, Alec pourrait la faire revenir. Autant en finir une bonne fois pour toutes.
-Bon, dit à regret la cousine d'Alec, je pensais que tu avais joué un rôle dans la dispute qui a éclaté entre Alec et Améthyste.
Au plus profond du cœur d'Assia, quelque chose fit un saut périlleux réjoui. Une dispute entre eux? Génial!
Son côté rationnel reprit bien vite le dessus : une dispute dans n couple? C'était aussi courant et normal qu'un nuage dans un ciel d'été. Elle-même s'était disputée plusieurs fois avec Alec, sans pour autant qu'ils se séparent...
- Je n'ai rien à voir dans une quelconque dispute entre eux. Je n'était même pas au courant, assena-t-elle. Mais d'ailleurs, pourquoi croyais-tu que j'était en cause? Ce n'est pas parce que je suis une Raeven que je repend le malheur autour de moi...
Elle se rappela Dino, alors, et fut incapable de continuer ; une boule de la taille d'une balle de golf lui emplissait la gorge.
Romane secoua la tête et ses longues mèchent brune volèrent autour de son visage.
-Non, ce n'est pas ça. Je déteste ces stupides superstitions familiales..., grommela-t-elle
(...)
- Ca remonte au soir de l'accident d'Alec, expliqua Romane. Je m'étais endormie sur la chaise de sa chambre d'hôpital parce que j'avais dansé toute la nuit à l'inauguration de La vague le soir précédent et que j'était crevée . Quand je me suis réveillée je t'ai vue près de son lit. Je t'ai entendu lui dire que tu allais laisser Alec se reposer . Je ne comprenais pas qui tu était ni ce que tu faisais là . Je l'ai cuisiné après ton départ et il a dit que d'après toi vous étiez sortis ensemble . J'était sûre que c'était faux. Sinon Alec me l'aurais dit . On n'est pas seulement cousins on est des amis aussi. Mais il ne l'avait pas fait . Il n'avais jamais parlé de toi. Pourtant... parmi tout ce qu'il n'arrivait pas à se rappeler il y avait tout ces cadeaux : à qui les avait-il offerts? Une combinaison de plongée de taille 38des chaises de jardins un téléphone portable... Il t'a interrogé et tu lui as dit que tu avais ce modèle exact de téléphone. Il est donc probable que vous soyer sortis ensemble. Il est possible aussi qu'Alec ne m'en ait rien dit parce qu'il craignait que je sois comme notre oncle raide a propos de tout ce qui touche à ta famille mais je m'en fiche de ça. A condition bien sûr que tu ne vienne pas pourrir la vie d'Alec aujourd'hui.(...)
-Nous sommes sortis ensemble c'est vrai et je tiens toujours a Alec ... moins qu'avant hein? mais tout de même. Je veux qu'il soit heureux
"Sa main se posa sur la joue d'Alec, aussi douce que dans son souvenir, et, sans y réfléchir, elle choisit de rassurer l'ancien Alec, celui qu'elle avait connu."
"- Mais tu peux peu-être venir me chercher demain à l'agence , Pour qu'on aille ensemble sur la plage dire bonjour à ta mère après notre journée de boulot ?
Il lui adressa un de ses sourire qui la faisait complètement fondre :
- J'y compte bien.

Dolorès a enlevé Théodore, pouvez-vous les localiser?
-J'y vais, dit Améthyste, qui semblait aussi a cran qu'elle.
Oh que non! se dit Assia. Aucun risque que je te laisse croiser Théodore et son sablier et surtout Dolorès...
Elle attrapa la robe noir d'Améthyste et dit :
-Non,c'est moi qui y vais.
Tout bas, elle prononça le mot > et voulut dépasser l'ex-petite amie d'Alec. Sauf qu'Améthyste ne se laissa pas faire... et surtout que le mot ne fonctionna pas sur elle. Elle avait déjà oublié qu'Alec lui avait dit, enfer et damnation! Attirant sur elles l'attention de tous les VIP, leur chargée de mécénat cria :
-Tu vas là et faire ce que je te dit!
Assia se retrouva agrippée par une poigne de fer, contre laquelle elle se débattit sauvagement. Tout ce qui comptait, c'était d'aller sauver Théo...s'il n'était pas trop tard. Non, il n'était pas trop tard, elle ne pouvait pas le croire...
Assia lui envoya un coup de talon dans la cheville et échappa à Améthyste en se contorsionnant. Pour prendre de l'avance, elle la repoussa de toute ses forces. Améthyste glapit et, comme au ralentit, Assia la vit basculer de l'autre côté du quai. Quelques cris dans la foule lui prouvèrent que leur lutte n'était pas passée inaperçue,avant qu'un grand " plouf " ne résonne.
Un instant, Assia hésita : rester pour aider Améthyste? Aller sauver Théodore.
- Vas-y, dit Alec apparu à son côté, je m'occupe de sortir Améthuste de l'eau. Hélène va mal, elle a besoin de toi. Et impossible de mettre la main sur Théo...
"-Un jour, expliqua Constance, ta mère est rentrée bouleversée.
Je ne sais pas ce qu'elle avait combattu exactement mais...
je crois qu'elle en avait tout juste réchappé.
Elle et sa sœur t'avaient confiée à moi pour que je te garde. Quand elles sont rentrées, tu as couru dans les bras de ta mère; tu avais encore les cheveux roux, comme sur la photo. Elle t'a couverte de baisers comme si elle avait cru ne jamais te revoir- ce qui était vrai en un sens.
Alors tu as reculé d'un pas et tu as dit :"N'aie pas peur, maman. Je suis là.""
Je lègue ce texte à la dernière descendante des Raeven. Si tu lis ceci, Assis, cela signifie que nous ne nous rencontrerons jamais et que je mange les pissenlits par la racine...