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Critiques de Michael Löwy (26)
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Affinités révolutionnaires: Nos étoiles rouges et..

Il est bien sympa le facteur ( Besancenot ) , et très calé en histoire , est-il rouge , est-il noir ? plutôt rouge ayant de la sympathie pour les noirs . Ce petit livre vendu cinq euros seulement , les vaut bien , mais ne révolutionne rien .

Les partisans de Marx et Staline n' ont toujours désiré que le pouvoir ( la fin ) sans s’embarrasser à choisir " les moyens " d'y parvenir .

Les tenants de Bakounine , collaborant parfois , furent toujours éliminés , car au moment de la prise de pouvoir ils furent hors-course , ne l'aimant pas .

Les anars se sont donc fait plusieurs fois rouler dans la farine , dans des fosses communes ou pire , ils sont donc guéris , à l'avenir de toute compromissions d'avec les rouges , du moins espérons le .

L'histoire leur apprend qu'en Russie , en Espagne et ailleurs ils se sont fait mordre et cela saigne encore .
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La journée de travail et le règne de la liberté

L'opinion diffuse auprès de ceux qui s'intéressent à la philosophie politique anticapitaliste, moi y compris, associe la théorisation du « droit à la paresse » et en général la critique du travail à l'anarchisme et non pas au marxisme. Après tout, une partie importante du Capital est consacrée à pronostiquer que le prolétariat ayant accédé au pouvoir est en mesure de se réapproprier la plus-value confisquée par le capitaliste ; la plupart des combats pour la réduction du temps de travail tout au long du XIXe et d'une grande partie du XXe siècles ont été menés d'abord et surtout par des mouvements anarcho-syndicalistes plutôt que par les partis marxistes ; le stalinisme a prôné le stakhanovisme, l'industrialisation forcenée, le productivisme à outrance ; et enfin, de nos jours, les mouvements de la décroissance et corrélativement du revenu universel ne se réclament pas exclusivement ni même prioritairement du marxisme..., Besancenot et Löwy s'avérant eux-mêmes opposés à celui-ci et assez discrets au sujet de celle-là.

Pourtant, cet ouvrage nous rappelle d'emblée que Marx a posé à plusieurs reprises l'idée que : « Le règne de la liberté ["Das Reich der Freiheit"] commence avec la réduction de la journée de travail », ou plus exactement : « [… il] commence là où finit la travail déterminé par le besoin et les fins extérieures : par la nature même des choses, il est en dehors de la sphère de la production matérielle. » (cit. p. 14).

Cet essai court et très lisible fait remonter la paternité du combat pour la réduction du travail aliéné, et dans une certaine mesure contre le productivisme, à Marx lui-même ; il s'articule comme suit. Le chap. Ier, « Le règne de la liberté » s'attelle à baliser ce concept, en faisant appel à quelques cit. marxiennes tirées de différents ouvrages et mises en relation avec les élaborations successives de penseurs se réclamant de près ou de loin du marxisme, tels Dionys Mascolo, Walter Benjamin, Erich Fromm et Ernst Bloch. Le chap. 2, « Marx et la lutte pour la réduction de la journée de travail », après avoir expliqué les raisons des lectures partiales du Capital, retrace les multiples prises de position de Marx sur cette question. Le chap. 3, « Un siècle et demi de luttes pour la réduction de la journée de travail », évoque historiquement les étapes de ces conflits, en partant de la conférence syndicale de Chicago en 1884 jusqu'à la loi Aubry des 35 heures. Le chap. 4, « La bataille autour du temps de travail au XXIe siècle », dénonce l'offensive généralisée contre la baisse du temps de travail : remise en cause de la notion même de durée légale du travail et autres éléments de langage du genre « travailler plus pour gagner plus », banalisation du travail dominical, report de l'âge légal de la retraite, métamorphoses du rythme et modalités d'activité produites par les nouveaux moyens technologiques, délocalisations des ateliers de production dans des pays où les conditions de travail sont esclavagistes, etc. Ce même chap. effleure également la question de l'épanouissement que la réduction du temps de travail provoquerait en termes de planification écosocialiste et donc de rupture avec le modèle productiviste et consumériste ainsi que de rééquilibrage des inégalités professionnelles de genre, résumé par la question rhétorique : « Que vaut l'émancipation des prolétaires si les "prolétaires des prolétaires", les femmes, restent prises au piège d'un ordre patriarcal ? » (p. 123). L'ouvrage se clôt par une fable d'anticipation intitulée « Isêgoria », campée à Paris en juin 2058, dans laquelle serait réalisée l'utopie d'une société entièrement autogérée et caractérisée par un travail facultatif et de durée dérisoire, par la quasi suppression des inégalités, par le principe de gratuité généralisé et la prolifération des arts et des loisirs de toutes sortes : une société pacifiée, conviviale et exerçant continuellement la démocratie participative...

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Affinités révolutionnaires: Nos étoiles rouges et..

Voilà une idée intéressante, revenir sur ces affinités et ces différences qui sépareraient celles et ceux qui se nomment libertaires et celles et ceux qui se nomment marxistes.



Olivier Besancenot et Michael Löwy reviennent sur un sujet souvent oublié, « celui des alliances et des solidarités agissantes entre anarchistes et marxistes »



Les auteurs parlent de la Ière Internationale et de la Commune de Paris (1871). Au passage, ils rappellent que pour Karl Marx, « Définissant la Commune comme une forme politique enfin trouvée de l’émancipation sociale des travailleurs, celui-ci insiste sur sa rupture avec l’Etat, ce corps artificiel, ce boa constrictor, ce cauchemar étouffant, cette excroissance parasitaire… ». Ils présentent le 1er Mai et les martyrs de Chicago (1886), le syndicalisme révolutionnaire et la Charte d’Amiens (1906) et l’idée de « l’autoreprésentation de la classe des exploités et des opprimés » et parlent de Fernand Pelloutier et du mouvement des Bourses du travail, d’Emile Pouget, de Pierre Monatte ou d’Alfred Rosmer, « L’originalité française du syndicalisme tient à cette double caractéristique : professionnelle pour le syndicalisme d’entreprise et géographique pour les bourses du travail », sans oublier la double besogne/tache du syndicalisme : « défendre dès aujourd’hui les intérêts des travailleurs face au patronat ; se donner pour demain la perspective d’une société définitivement débarrassée de l’exploitation capitaliste ».



Les auteurs poursuivent avec la Révolution espagnole (1936-1937), ses réalisations, « collectivisation des terres par les paysans, réappropriation sociale des usines par les conseils ouvriers, réquisitions des transports publics par les travailleurs et la population », le rôle de la CNT-FAI, du POUM, de Buenaventura Durruti, d’Andreu Nin…



Mai 68, Nanterre, le « Mouvement du 22-Mars » ; le mouvement altermondialiste et les Indignés. Ce rapide panorama est complété par une « Lettre à Louise Michel »écrite par Olivier Besancenot, qui souligne, entre autres, « Oui, Louise, les bourreaux des communards ont toujours pignon sur rue, sans que grand-monde ne sache qu’ils sont responsables du bain de sang et ont fait abattre plus de trente mille Parisiens. Affamée mais fière, éreintée par des mois de siège militaire, la multitude des anonymes parisiens est à jamais libre. Aujourd’hui, dans le dix-huitième arrondissement de Paris où tu as enseigné et défendu la Commune, j’observe les touristes qui photographient le Sacré-Coeur ; la plupart d’entre eux ignorent que ce monument a été bâti pour expier les esprits subversifs comme le tien ». Et aussi des courts portraits de Pierre Monatte,de Rosa Luxembourg, « L’organisation, les progrès de la conscience et le combat ne sont pas des phases particulières, séparées dans le temps et mécaniquement, mais au contraire des aspects divers d’un seul et même processus » (il y aurait beaucoup à dire sur « les progrès de la conscience »!), et « sans élections générales, sans liberté de la presse et de réunion illimitée, sans lutte d’opinion libre, la vie s’étiole dans toutes les institutions publiques, végète, et la bureaucratie demeure le seul élément actif » (j’insiste sur « sans élections générales »). Les auteurs soulignent les notions d’auto-éducation populaire par l’expérience et l’auto-émancipation des opprimés. Ils poursuivent avec des portraits d’Emma Goldman, de Benjamin Péret, de Buenaventura Durruti, « Ne plus ignorer la réalité du pouvoir en place ne signifie pas, selon lui, succomber à ces charmes, ni à chercher à lui substituer une autre forme d’oppression. La question du pouvoir se pose, mais il faut l’envisager dans une perspective révolutionnaire ». Les auteurs parlent aussi de « la volonté de maintenir une alternative à la « militarisation » des milices orchestrée par le gouvernement républicain ». Le dernier portrait est consacré au sous-commandant Marcos.



La seconde partie de l’ouvrage est centrée sur les « Convergences et conflits ».



Olivier Besancenot et Michael Löwy réexaminent la Révolution russe et soulignent que « l’enjeu est donc d’analyser ce qui, dans la politique des bolcheviks, a servi de terreau au Thermidor stalinien ». Je considère que leur lecture de la révolution russe reste trop « traditionnelle ». Il me semble qu’il faut interroger, au moins, les contradictions entre temporalités, courtes pour des ruptures significatives et longues pour des changements structurels, l’absence de pratiques démocratiques et d’auto-organisation permanente de masse (la majorité de la population) et la déficience des organisations représentatives, la question du droit et donc de la constituante, les « contingences » liées aux (ré)actions des possédants et des autres Etats, sans oublier les questions nationales, etc. Sans négliger leur importance et les leçons que nous pouvons en tirer, la sur-valorisation des soviets ne suffit pas, à mes yeux à penser de nouvelles formes de démocratie, de souveraineté populaire…



Quoiqu’il en soit, les auteurs proposent des regards très critiques sur au moins deux points : la tragédie de Kronstat (« En clair, l’écrasement de Kronstadt a signifié que, dans les soviets, il n’y avait plus de place pour débattre librement du cours suivi par la Révolution. Au delà des circonstances complexes et terribles de la guerre civile, qui offrent peu de possibilités, cette répression à court-circuité un peu plus, par sa violence militaire et politique, l’option autogestionnaire en Russie ») et la réévaluation de la place et du rôle de Makhno. Les auteurs cependant ne parlent des tensions, contradictions internes aux processus révolutionnaires…



Dans la troisième partie, les auteurs parlent de « Quelques penseurs marxistes libertaires » : Walter Benjamin, André Breton, Daniel Guérin.



La dernière partie est consacrée aux « Questions politiques ». Olivier Besancenot et Michael Löwy abordent les relations entre « individu et collectif », la notion de « pouvoir » à travers la question « Faire la révolution sans prendre le pouvoir ? » et les travaux de John Holloway. Les auteurs insistent sur la place de la démocratie, « la démocratie devrait être un aspect central de tout processus de prise de décision sociale ou politique », sur l’auto-émancipation qui ne peut être une « libération » par d’autres (mais qui ne dit rien sur des mesures institutionnelles favorisant l’auto-activité et l’auto-organisation des dominé-e-s), sur les rapports entre autonomie et fédéralisme, sur la dé-hiérarchisation de la politique. Ils parlent, entre autres, de « coordination consciente », de différents niveaux d’autogestion, de discussion et de planification démocratique, de perspectives écologiques, de « la politique en tant que confrontation des différents choix, qu’ils soient d’ordre économique social, politique, écologique, culturel ou civilisationnel, au niveau local, national et international », de démocratie directe et de démocratie représentative (de ce point de vue la renonciation « principielle » aux participations électorales ne peut être considérée comme une « divergence tactique », mais comme un refus de prendre en compte la/le/les citoyen-ne-s comme une « détermination » de l’être en société qui ne peut être réduit à ses places/rôles de producteurs/productrices), de gestion collective de la cité, de syndicats et de partis, d’écosocialisme et d’écologie libertaire…



Reste que je considère que ce petit ouvrage souffre de raccourcis et d’impasses. Je n’en citerai que quelques-unes :



Les auteurs ne présentent aucune historicisée des formes de l’Etat ou des entreprises, laissant supposer une continuité trans-historique, ce qui est pour le moins abusif.



Les institutions étatiques recouvrent aujourd’hui des domaines sans communes mesures avec celles de la fin du XIXème ou du début du XXème siècle. Elles sont aussi directement un enjeu politique des affrontements sociaux.



Les entreprises sont des mille-feuilles, empilements de secteurs parcellisés et mondialisés, cela n’est pas neutre dans la question de leur réappropriation sociale et la construction de collectifs de producteurs/productrices.



Qu’en est-il réellement de la notion de « producteurs », par ailleurs oublieuse de la division sexuelle du travail. La majorité des richesses produites dans le monde, le sont par des femmes, souvent hors des entreprises proprement dites… que veut donc dire auto-organisation et autogestion des producteurs/productrices par le bas ?



La différence entre citoyen-ne-s et travailleuses/travailleurs disparaîtrait pour ne laisser place qu’à des assemblées « sociales ». Une sorte de dissolution du politique dans le social. Cela me semble une régression par rapport aux acquêts de la révolution bourgeoise et au désenclavement des individu-e-s des « ordres » productifs/politiques



Sans oublier que les oppositions politiques, au sein de la classe des travailleuses/travailleurs ne sont pas réductibles au modalités de création et de partage de la richesse et les rapports sociaux aux seuls rapports salariaux.



La « démocratie réelle » ne peut être conçue comme un empilement/élargissement de « bas en haut » mais bien comme la construction simultanée (ce qui ne dit rien des contradictions de ce processus) des différents niveaux de décision et de souveraineté et de leurs articulations…



L’efficacité sociale et émancipatrice de la « coordination consciente » ne peut s’affirmer que des institutions /organisations démocratiques à différents niveaux (local, régional, continental, etc.) ce qui implique des suffrages réellement universels. La socialisation des décisions devant prouver une « efficacité » supérieure à celle des organisations capitalistes et à la domination abstraite et à sa validation par le marché du « temps socialement nécessaire ».



Au delà des étiquettes revendiquées mais très imprécises, sauf pour celles et ceux qui en font une condition identitaire, c’est bien dans les actions/ constructions concrètes, dont il convient de ne pas négliger les dimensions théoriques (de ce point de vue, la critique de l’économie politique élaborée par des « marxistes » me semble incontournable), que se jouent les convergences et les solidarités… qui ne sauraient par ailleurs se limiter aux deux termes proposés…



Comme je l’ai déjà indiqué dans une autre lecture, l’analyse du passé ne peut se faire de manière interne à un courant politique, à partir de la seule critique de sa/ses matrice(s) constitutives, de ses discours ou de ses orientations. L’auto-perception de « matrices » est elle-même profondément liée à la constitution de chaque courant politique. De ce point de vue, l’autisme ne concerne pas seulement les autres…
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Che Guevara, une braise qui brûle encore

J’avoue que c’est la notoriété d’un des deux auteurs qui m’a fait acheter cette biographie « Che Guevara : Une braise qui brûle encore ».

Olivier Besancenot avec son complice Michael Löwy, sociologue et philosophe marxiste franco-brésilien, ont voulu transmettre la mémoire du Che et ses idéaux à la jeune génération. C’est une heureuse initiative même si j’ai été moyennement séduite.

Les deux auteurs replacent le révolutionnaire dans son époque et son contexte. L’ouvrage s’attarde aussi sur le marxisme non dogmatique de Guevara, sur ses conceptions du rapport entre le collectif et l’individu et sur sa critique du « socialisme réel ».

Mais il ne m’a pas donné toutes les clefs pour comprendre totalement celui qui a lutté contre la domination capitaliste et qui est devenu un mythe.

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La révolution est le frein d'urgence

Couper la mèche qui brule avant que l’étincelle n’atteigne la dynamite



Pour commencer, relire Thèse IX de Sur le concept d’histoire.

« Il existe un tableau de Klee qui s’intitule « Angelus Novus ». Il représente un ange qui semble sur le point de s’éloigner de quelque chose qu’il fixe de son regard. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées. C’est à cela que doit ressembler l’Ange de l’Histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous apparaît une chaîne d’événements, il ne voit, lui, qu’une seule et unique catastrophe, qui sans cesse amoncelle ruines sur ruines et les précipite à ses pieds. Il voudrait bien s’attarder, réveiller les morts et rassembler ce qui a été démembré. Mais du paradis souffle une tempête qui s’est prise dans ses ailes, si violemment que l’ange ne peut plus les refermer. Cette tempête le pousse irrésistiblement vers l’avenir auquel il tourne le dos, tandis que le monceau de ruines devant lui s’élève jusqu’au ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. »



J’ai eu la chance de découvrir jeune ce texte. Certes mes premières lectures furent emplies de confusion. Reste une ombre portée, comme un sourire permanent de l’ange, sur l’appréhension d’autres analyses au fil du temps…



Les textes proposés par Michael Löwy, permettent de réfléchir, entre autres, sur la mémoire historique des luttes et des défaites, « l’appel à l’action rédemptrice des opprimés, inséparablement sociale, politique, culturelle, morale, spirituelle, théologique », les possibles réinterprétations du marxisme, la révolution « un frein d’urgence » d’un monde qui court à sa perte, une « composante explosive » d’une alchimie philosophique, les aspects religieux du capitalisme et le culte fétichiste de la marchandise, le temps sans trêve et sans merci, la substitution de l’avoir à l’être, l’inspiration romantique, l’idéologie du progrès, l’idéalisation du travail industriel, le temps vide et linéaire, « Au soir du premier jour de combat, on vit en plusieurs endroits de Paris, au même moment et sans concertation, des gens tirer sur les horloges » (WB à propos d’un épisode de juillet 1830), la charge subversive d’un certain messianisme, ce que révèle le moindre instant en termes de potentialité révolutionnaire (la prise en compte des contradictions dans chaque situation historique), le surréalisme, « Procurer à la révolution les forces de l’ivresse, c’est à quoi tend le surréalisme en tous ses écrits et toutes ses entreprises. On peut dire que c’est sa tâche la plus propre » (WB), les potentialités libertaires, les détours par le passé pour des avenirs nouveaux, les alliages alchimiques de substances distillées…



L’auteur aborde aussi l’espace urbain, les barricades, « expression matérielle, visible dans l’espace urbain, de la révolte des opprimés au XIXe siècle, de la lutte de classes du coté des couches subalternes », l’interruption révolutionnaire du cours ordinaire, le rôle des femmes dans les combats de barricades, la répression des soulèvements populaires, le caractère destructeur des travaux entrepris parGeorges Eugène Haussmann, « la dimension politique de l’urbanisation impériale », la destruction des quartiers populaires, la modernité capitaliste, « son caractère homogénéisateur, sa répétition infinie du même, sous couleur de « nouveauté », son effacement de l’expérience collective et de la mémoire du passé », le pouvoir des classes dominantes, « Les puissants veulent maintenir leur position par le sang (la police), par la ruse (la mode), par la magie (le faste) » (WB)…



Le fascisme et sa compréhension, l’esthétisation fasciste de la politique, la modernité du fascisme, « sa relation intime avec la société industrielle/capitaliste contemporaine », le pacte Molotov-Ribbentrop…



Michael Löwy revient sur l’automate joueur d’échecs, le nain caché, le matérialisme historique et la théologie. Il y a bien dans cette allégorie plus qu’une simple matière à penser…



Ecrire l’histoire « à rebrousse poil », c’est-à-dire du point de vue des vaincu·es, les documents qui sont aussi ceux de la barbarie, le refus des héros officiels, ce que le passé peut nous dire pour nos futurs, la « découverte » comme catastrophe…



« Marx a dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire mondiale. Peut-être que les choses se présentent autrement. Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans le train tire les freins d’urgence » (WB)



Une nouvelle invitation à (re)lire les œuvres de Walter Benjamin.



« chaque seconde est la porte étroite par laquelle peut venir le salut »·(WB)



Pour les plus « novices », je ne peux que conseiller les trois tomes des écrits de W. Benjamin en Folio Essais, les livres de Gershom Scholem (Walter Benjamin, histoire d’une amitié, Presses Pocket ; Benjamin et son ange, Rivages poche) et les ouvrages de Daniel Bensaid (Walter Benjamin, sentinelle messianique, Plon 1990), de Michael Lowy (Rédemption et Utopie, le judaïsme libertaire en Europe centrale, PUF 1988 ; Walter Benjamin : Avertissement d’incendie, PUF 2001) de Stéphane Mosès (L’ange de l’histoire : Rosenzweig, Benjamin, Scholem, Seuil 1992) et le malheureusement inachevé ouvrage de Jean-Michel Palmier : Walter Benjamin. Le chiffonnier, l’Ange et le petit Bossu. Esthétique et politique chez Walter Benjamin, Kmincksieck 2006
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Ecosocialisme

« Seule une prise en charge collective et démocratique permettrait à la fois de répondre aux besoins sociaux réels, de réduire le temps de travail, de supprimer les productions inutiles et nuisibles, de remplacer les énergies fossiles par le solaire. Ce qui implique une incursion profonde dans le régime de la propriété capitaliste, une extension radicale du secteur public et de la gratuité, bref un plan écosocialiste cohérent. »



Dans ce petit livre, Michael Löwy, reprend et synthétise de nombreux articles autour du concept d’écosocialime.



Dans un première partie « Socialisme écologique », l’auteur indique que nous devons assumer une « rupture radicale avec l’idéologie du progrès linéaire ». Tout en critiquant les visions dominantes dans le mouvement ouvrier, « profondément marqué par l’idéologie du progrès et par le productivisme », il insiste sur les contradictions entre les forces productives et les conditions de production. Les techniques ne sont pas neutres ni du point de vue de l’émancipation sociale, ni des possibilités réelles, lorsque l’on prend en compte la finitude des éléments qui nous entourent. Mais l’auteur n’en reste pas aux conditions de production, il soulève les problèmes du « type de consommation actuel, fondé sur l’ostentation, le gaspillage, l’aliénation marchande, l’obsession accumulatrice, qui doit être mis en question. »



Réorganiser l’ensemble du mode de production et de consommation, nécessite une nouvelle organisation sociale, démocratique, l’auteur parle de « planification démocratique locale, nationale et demain internationale ». Cela passe par l’organisation des salarié-e-s/citoyen-ne-s, à tous les niveaux, au niveau les plus adéquats pour l’élaboration et les choix démocratiques autour de questions comme : « 1 – quels produits devront être subventionnés ou même distribués gratuitement ; 2 – quelles options énergétiques devront être poursuivies, même si elle ne sont pas, dans un premier temps, les plus ”rentables” ; 3 – comment réorganiser les système des transports, en fonction de critères sociaux et écologiques ; 4 – quelles mesures prendre pour réparer, le plus vite possible, les gigantesques dégâts environnementaux laissés ”en héritage” par le capitalisme. Et ainsi de suite… »



Reste que la notion de « besoins authentiques » est très friable, les besoins, les priorités des un-e-s sont en partie contradictoires à ceux des autres, une part de gâchis vaudra mieux qu’une organisation bureaucratique rigide, même après des délibérations démocratiques. Tous les niveaux de pré-ajustement, (pour souhaitables qu’ils soient !), ne sauraient être aujourd’hui envisageables.



L’organisation de la production et de la consommation n’est point celles des choses, mais des relations sociales. D’où des débats à approfondir entre autogestion, marché et planification, place de la démocratie directe et de la démocratie représentative, niveaux de décision et institutions permettant de favoriser l’auto-organisation et le contrôle des salarié-e-s, des usager-e-s et des citoyen-ne-s qui sont à la fois les mêmes personnes et à la fois des actrices/acteurs sociaux différent-e-s.



Le lourd bilan des États du socialisme hier réellement existant, oblige à développer des hypothèses, des pistes de réponses, immédiatement crédibles et largement mobilisatrices pour construire une alternative majoritaire à la catastrophe qui vient.



Grand connaisseur de l’œuvre de Walter Benjamin, Michael Löwy nous rappelle que celui-ci « proposait de définir la révolution non comme ”locomotive de l’Histoire”, mais comme l’action salvatrice de l’humanité qui tire sur le frein d’urgence avant que le train ne sombre dans l’abysse… » L’auteur y reviendra dans un chapitre intitulé « La révolution est le frein d’urgence. Actualité politico-écologique de Walter Benjamin ».



Quoiqu’il en soit, cela implique : « l’augmentation du temps libre est en fait une condition de la participation des travailleurs à la discussion démocratique et à la gestion de l’économie comme de la société. »



Dans une seconde partie, l’auteur montre les tensions dans les textes de Marx et d’Engels, les contradictions, les insuffisances et quelques prémonitions. Il nous parle de « progrès destructif ». A mes yeux, rien dans la critique de l’économie politique, au contraire, n’est incompatible avec les grandes thèses de l’écologie. Beaucoup de textes sont marqués par leur époque et curieusement dans sa critique de Marx, Michael Löwy ne cite pas « l’énorme portée écologique du passage d’un combustible renouvelable, produit de la conversion photosynthétique du flux solaire, le bois, à un combustible de stock, produit de la fossilisation du flux solaire et par conséquent épuisable à l’échelle historique des temps, le charbon »sur laquelle insiste à juste titre Daniel Tanuro.



Dans une troisième partie, « Aspects essentiels de la théorie et de la pratique écosocialiste », l’auteur présente les liens entre écologie et altermondialisme et mène, entre autres, une salutaire critique de la publicité, manifestation particulièrement criante du fétichisme de la marchandise qui crée et dirige nos désirs. Enfin l’auteur présente des études sur les États-Unis et le Brésil.



En annexe sont reproduits quelques textes : « Manifeste écosocialiste international » de septembre 2001, « Réseau brésilien écosocialiste » de 2003, « Déclaration écosocialiste internationale de Belém » de 2008 et un conte illustré « Copenhague, le 12 avril 2049 ».



L’écosocialisme est « une proposition radicale qui vise non seulement à transformation des rapports de production, à une mutation de l’appareil productif et des modèles de consommation dominants, mais aussi à créer un nouveau paradigme de civilisation, en rupture avec les fondements de la civilisation capitaliste / industrielle occidentale moderne. »



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Rosa Luxemburg  L'étincelle incendiaire

Un des fils d’Ariane dans le chaos présent



Un recueil de textes, « ceci est un recueil d’essais qui tentent d’aborder certains aspects de sa pensée, connus, inconnus ou méconnus, avec l’ambition d’y porter un regard nouveau ». Il y aurait beaucoup à dire sur les lectures de Michael Lowy comme sur certaines théorisations des marxistes du temps de Rosa Luxembourg. Au regard du siècle écoulé, des critiques devraient être repensées et pas seulement sur « son refus du mot d’ordre du droit des nations à l’auto-détermination ». Je ne mets ici l’accent que sur certains points.



J’ai particulièrement été intéressé par les analyses du mot d’ordre « socialisme ou barbarie ». Michael Lowy revient sur le caractère profondément contradictoire du développement du capitalisme, la tentation du fatalisme (effondrement du capitalisme), la métaphysique illuminisme du progrès, le déterminisme du progrès… Je souligne la notion de contradiction, que beaucoup aujourd’hui semblent éviter dans leurs présentations lissées des rapports sociaux.



Le socialisme n’est un produit « inévitable de la nécessité historique, mais une possibilité historique objective » ; possibilité objective « c’est-à-dire fondée sur le réel lui-même, sur les contradictions internes du capitalisme, sur les crises, et sur l’antagonisme des intérêts de classe ». Les êtres humains font l’« histoire », leur(s) histoire(s), mais dans un cadre déterminé par des conditions données (incluant les contradictions engendrées par les rapports sociaux).



L’auteur indique que Rosa Luxembourg « développe sa stratégie de la grève de masse fondée sur le principe de l’intervention consciente ». L’émancipation ne peut être donnée/attribuée de l’extérieur mais bien construite par des pratiques auto-émancipatrices, « l’auto-émancipation révolutionnaire est la seule forme possible d’émancipation ». Il parle de praxis révolutionnaire, de facteur subjectif (le terme ne me semble pas adéquat, surtout suite aux réductions partisanes du siècle dernier), d’intervention politique…



Socialisme ou barbarie, l’histoire comme processus ouvert ou des bifurcations possibles, la barbarie comme éminemment moderne et « civilisée », « dont le nom « Auschwitz » est devenu le symbole et le résumé ». Il me semble qu’il faudrait y adjoindre Hiroshima.



Socialisme et démocratie. Un socialisme à la fois authentiquement révolutionnaire et radicalement démocratique, « La liberté pour les seuls partisans du gouvernement, pour les seuls membres d’un parti – aussi nombreux soient-ils – ce n’est pas la liberté. La liberté, c’est toujours au moins la liberté de celui qui pense autrement (…) Sans élections générales, sans une liberté de la presse et de réunions illimitée, sans une lutte d’opinion libre, la vie s’étiole dans toutes les institutions publiques, végète, et la bureaucratie demeure le seul élément actif ». Penser la démocratie radicale c’est aussi penser les « institutions » qui pourraient la matérialiser, refuser que des minorités – ou les groupes sociaux minorisés – restent minoritaires en tout ou que des majorités méprisent les droits de ces minorités, que l’égalité ne soit que formelle, que les droits ne soient qu’individuels, que certain·es prennent des décisions sur des sujets qui relèvent de l’auto-détermination d’autres, etc…



Parmi d’autres positions et analyses de Rosa Luxembourg, je souligne aussi, la dénonciation du militarisme et de la course aux armements, le refus de l’Union sacrée et de la nation comme « valeur politique et morale suprême, à laquelle tout doit être subordonné », le combat des peuples « indigènes » contre les métropoles impérialiste,s la place de la propriété communale, les expériences d’action directe et autonome des travailleurs et des travailleuses, la catégorie dialectique de la totalité, l’auto-conservation des organisations et leurs transformations en but en soi, le caractère transitoire et périssable du capitalisme, l’historicité des processus et des pensées (dont celle du marxisme)…



Une incitation à lire et à relire Rosa Luxembourg, à rediscuter des analyses du début du XXeme siècle, à extraire les questions qui restent toujours d’actualité derrière un vocabulaire ou une phraséologie inadéquate, à conjuguer matérialisme et historicité. Une lecture comme amoureuse et lucide.



« Mais la petite révolutionnaire Juive/polonaise/allemande, qui marchait en boitant, mais avait la nuque raide, était tendre et insolente, brillante et téméraire, reste l’étoile la plus lumineuse de ma constellation ».
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Max Weber et les paradoxes de la modernité

Michael Löwy indique dans son introduction « Peu d’auteurs ont saisi avec autant d’acuité les caractéristiques de la modernité occidentale comme Max Weber : désenchantement du monde, rationalité instrumentale, domination bureaucratique rationnelle, différenciation des sphères, polythéisme des valeurs » et ajoute « La grande contradiction de la modernité, présentée sous différents aspects dans l’œuvre de Weber, c’est que ses promesses d’émancipation de l’individu risquent de se transformer en une nouvelle forme d’asservissement. »



Il y a de multiples façons d’aborder les œuvres « fondatrices » de nouvelles modalités de pensée. Hors des lectures à forte tonalité idéologique, la plus courante est celle des « souris de grimoire» pour les moins érudits ou imaginatifs et celles des « talmudistes » pour les plus érudits. Ces lectures souffrent de transpositions a-critiques, privilégient souvent la lettre au fond, négligent les méthodes d’élaboration et font généralement peu de cas de l’historicité des idées. Prenant comme acquis des catégories, historiquement situées, ces lecteurs/lectrices ne les ré-questionnent pas. En écrivant cela, je pense surtout à de multiples lectures sur Marx, fixant une pensée inventive et en continuelle évolution, comme un papillon sur une planche réduite à l’utilitaire du moment. Sans oublier, les lectures de lectures, contournant les textes réellement écrits ou n’en choisissant que les plus anecdotiques.



D’autres, en s’inspirant des méthodes et des questionnements de l’auteur-e, les réinscrivent dans le temps, en montre les qualités, les limites, les contradictions, en actualisent les « potentialités ». C’est, je pense, une des qualités de cet ouvrage.



Ma lecture de ce recueil de textes sera très « profane ». Ma connaissance de textes de Max Weber est limitée. Sous ces réserves, l’ensemble des analyses m’a intéressé, d’autant qu’elles évitent, le plus souvent, le jargon manié sans retenu, par certains sociologues. Subjectivement, je n’en citerais que deux, portant sur des sujets qui me sont « familiers ».



Table des matières



Michael Löwy : Introduction



Eduardo Weisz : Le Judaïsme antique aux origines de la modernité : les desseins de l’étude wébérienne



Manfred Gangl : Religion et modernité



Michael Löwy : Stalhartes Gehäuse : L’allégorie de la cage d’acier



Gerard Raulet : L’évidence du paradoxe. La thèse de L’éthique protestante et sa méthode d’exposition



Enzo Traverso : Entre le savant et le politique. Max Weber contre les intellectuels



Catherine Colliot-Thélène : D’une modernité politique à une autre. Les analyses wébériennes de la politique à l’épreuve de la mondialisation



Michael Löwy : Présentation de l’inédit



Max Weber : Le fondement économique de l’« Impérialisme » (sous-chapitre de la deuxième partie de Économie et Société, inédit en français)



De l’article d’Edouardo Weisz, je retiens, entre autres, la mis en perspective de « l’apparition d’un monothéisme éthique et sans magie », « la croissante rationalisation à partir de la magie », la place des « prophéties ». La construction du judaïsme antique, me semble cependant pécher par manque d’inscription historique, ou plus exactement, souffrir des faibles connaissances, sur ce sujet, disponibles pour Max Weber. Les travaux des « nouveaux archéologues » israéliens permettent de narrer une autre histoire, de dater les textes, d’expliquer plus concrètement l’invention de certains mythes et donc de replacer les « inventions » religieuses dans un environnement historique plus complexe, laissant plus de place aux échanges entre pratiques et/ou aspirations religieuses « régionales ». Sur ce sujet, par exemple : Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman : La bible dévoilée et Les rois sacrés de la Bible, A la recherche de David et Salomon( Rééditions Folio Histoire )

Michael Löwy nous rappelle « Pour éviter tout malentendu, précisons d’emblée que Weber n’avait rien d’un adversaire du capitalisme : il le considérait comme le système économique de loin le plus rationnel et le plus efficace ; mieux : en tant que nationaliste allemand, il était favorable au développement industriel capitaliste de l’Allemagne, condition pour assurer la puissance impériale du Reich germanique. » Il va relier, tout en soulignant l’ambiguïté, la pensée de l’auteur avec le romantisme « On peut considérer ce regard désenchanté sur la modernité comme une des expressions de la vision romantique du monde », romantisme compris comme « la protestation contre la civilisation capitaliste/industrielle moderne au nom du passé ». Pour approfondir Michael Löwy et Robert Sayre : Révolte et mélancolie. Le romantisme à contre courant de la modernité (Payot, Paris 1999). Pour lui, « le sociologue va prêcher une ”résignation historique”, le refus de toute illusion et l’acceptation du destin moderne ».



Ce qui reste le plus frappant, c’est la description de la logique du capitalisme, cette logique « d’acier » : « En fait, il n’a besoin d’aucune éthique : en tant en tant que système rigoureusement et impitoyablement impersonnel, il est radicalement imperméable à une quelconque régulation morale ; il n’est pas anti-éthique, il est tout simplement an-éthique ».



.Michael Löwy termine en soulignant un dernier paradoxe « c’est à cause de son libéralisme, de son démocratisme, de sa soif de liberté individuelle que Weber va dénoncer, dans les dernières pages de l’Éthique protestante, le capitalisme comme un destin tragique, un habitacle ”dur comme l’acier” où se trouve enfermée, sans porte de sortie, l’humanité toute entière. A moins que… ». Sur le caractère impersonnel ou l’objectivité du système, comment ne pas penser à certaines pages de Karl Marx. Mais, en prenant en compte l’irréductibilité des contradictions et la place de l’action collective, politique, celui-ci pense, en même temps, et la difficulté et la possibilité, ou pour utiliser un vocabulaire plus coloré, les individu-e-s en relation avec leur cage et la tension vers (l’espérance) l’abolition de cette même cage.



Au total, un ouvrage passionnant qui donne envie de se (re)pencher sur des œuvres de Max Weber. Que son œuvre ne soit que disponible partiellement en français est réellement un « scandale scientifique », mais « l’exception française » se décline aussi par son l’autosuffisance.



Reste qu’il me semble difficile de comprendre la modernité en la réduisant au monde dit occidental, sans évoquer ses déclinaisons, comme le colonialisme, et en laissant supposer que les « Autres » n’auraient qu’un rapport extérieur à la « modernité ».



En complément possible Jean-Marie Vincent : Max Weber ou la démocratie inachevée (Editions du Félin, Paris 1998)



« Ce sont les intérêts (matériels et idéels) et non les idées qui gouvernent directement l’action des hommes. Toutefois les ”images du monde”, qui ont été crées par le moyen d”’idées”, ont très souvent joué le rôle d’aiguilleurs, en déterminant les voies à l’intérieur desquelles la dynamique des intérêts a été le moteur de l’action. »
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Révolutions

De la Commune de Paris en 1871 à la Révolution cubaine de 1953, Michaël Löwy propose des centaines de photographies des événements révolutionnaires contemporains. Chaque événement fait l'objet d'une introduction historique, brève mais complète, qui permet au lecteur de situer les faits dans l'histoire. On découvre des clichés très peu connus comme ceux des Révolutions de 1905 en Russie ou de 1919 en Hongrie. Un livre très touchant, alignant des moments d'espoir, d'enthousiasme ou de souffrance. Ils ont fière allure ces "partageux" d'Espagne, du Mexique ou de Shanghai qui luttent de toute leur âme pour un monde plus juste.
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La comète incandescente

L’étincelle dans le vent, mais l’étincelle qui cherche la poudrière



Dans sa préface, Feu dans la nuit rouge, Alex Januário parle de lumière, du positionnement d’insurgé et de surréaliste de Michael Löwy, de rigueur critique et poétique, de l’amour, la poésie et la liberté, « Ces trois forces que l’on retrouve comme des éléments moteurs dans chacun de ces deux champs, sont des pierres alchimiques de lumière noire, des rayons qui peuplent la nuit et les rêves, autant de rets incantatoires qui évoquent ici les images orageuses du mystère qui les entoure », des gouffres de l’âme et des mouvements révolutionnaires, des forces d’insoumission et de réenchantement, « La Comète incandescente déchire le soleil noir et s’installe dans la nuit aimante comme la lumière de la plus-réalité poétique, abrasive, transformatrice. Magique et séminale, l’illumination profane et subversive »…



Il me plait à penser que ce soleil noir fut aussi celui de Barbara.



« c’est un ensemble d’essais et de fragments, dont le fil conducteur est, de forme explicite ou implicite, le rapport entre mélancolique révolte romantique et l’aventure surréaliste à la recherche de l’or philosophique du temps ». Michael Löwy analyse, dans un premier texte, l’« aspiration romantique à réenchanter le monde », le détour par le passé proposé par certains « en vue de construire l’avenir », le radicalement nouveau dans le surréalisme, la lecture « hautement sélective » par les surréalistes de l’héritage romantique, l’ébranlement des fondations de l’ordre culturel bourgeois, l’opposition « radicale, catégorique, irréductible » à la civilisation capitaliste…



L’auteur parle, entre autres, des jeux surréalistes, du dépassement de l’« art » en tant qu’activité séparée ou ornementale, de la critique de la religion et du nationalisme, de trois notions clés : « le mythe, la magie et les arts primitifs », d’alternative profane à l’emprise de la religion sur le non-rationnel, du « réenchantement poétique du monde », de la radicale opposition au colonialisme occidental…



Quelques éléments choisis subjectivement dans cette comète incandescente.



« La magie et la religion constituent deux univers symboliques distincts et opposés. Des affinités souterraines, des complicités sensibles attirent le surréalisme vers la magie, mais la religion ne suscite de sa part que méfiance et hostilité ». L’auteur aborde les rapports entre le langage et la magie, les lectures de la Kabbale, la foi et le mystère, l’enjeu de la magie du langage…



Il nous parle de résistances à la mécanisations des corps, du clergé techno-scientifique, des allégories de l’automate, de « la ligne contestataire imaginaire qui va des romantiques aux surréalistes »…



Dans la seconde partie du recueil, Constellations, la lectrice et le lecteur croiseront José Carlos Mariátegui et la culture révolutionnaire, le Manifeste pour un art révolutionnaire indépendant, la rencontre d’André Breton et de Léon Trotsky, la Fédération pour un Art Révolutionnaire Indépendant (FIARI), Ernst Bloch et Le Principe espérance, « un voyage extraordinaire et fascinant à travers le passé à la recherche des images du désir et des paysages de l’espoir dispersés », les liens entre le passé et l’avenir, « la découverte de l’avenir dans les aspirations du passé sous la forme d’une promesse non tenue », l’excédent utopique, les rêves éveillés, « la libre construction, les yeux grands ouverts, de palais dans les nuages, la création d’images et de paysages réels », Claude Cahun et l’extrême pointe de l’aiguille, les activités subversives vers les soldats allemands « en les incitant à l’insoumission » (ce qui était beaucoup plus émancipateur que le chacun son boche des staliniens), André Breton et la Révolution haïtienne, « le saut du règne de la nécessité au règne de la liberté », le cinéaste Michel Zimbacca, le romantisme révolutionnaire d’acteurs et d’actrices de Mai 68, Vincent Bounoure, les rebelles étasunien·nes, Penelope Rosemont, Sergio Lima… et souvent l’ombre inspirante de Walter Benjamin.



Un texte collectif, L’étincelle à la recherche de la poudrière, aborde « le contenu toxique transporté par les oléoducs canadiens », le douteux paradis de la croissance sans limites, la résistance des communautés indigènes, l’engagement actuel de surréalistes dans la solidarité avec le combat des peuples amérindiens…



Le titre de cette note est emprunté à André Breton, cité en prélude à ce texte.



Je souligne aussi les illustrations de Sergio Lima, Guy Girard et Penelope Rosemont.




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La révolution est le frein d'urgence

Le sociologue livre une envoûtante promenade dans l’œuvre de Walter Benjamin (1892-1940). Il explore magnifiquement cet archipel de pensée.
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Walter benjamin : Avertissement d'incendie

Une lecture approfondie des thèses "Sur le concept d'histoire" de Walter Benjamin.

Une réflexion approfondie sur un texte magnifique, malgré son hermétisme.

Une prodigieuse ouverture à l'histoire enfin élargie aux bifurcations des possibles.





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Luttes écologiques et sociales dans le monde

La catastrophe écologique ne se décline pas au futur



En introduction, Michael Löwy et Daniel Tanuro discutent de la « question écosociale », des rapports du GIEC, des phénomènes météorologiques extrêmes, de catastrophe sociale autant qu’environnementale, d’imbrication des discriminations, de l’expression « catastrophe naturelle », de société subordonnée à la logique du profit. Ils donnent des exemples en particulier dans les pays dits du Sud, les effets sociaux des inondations, la hausse des températures, l’insécurité alimentaire, la sécheresse, les cyclones, les effets décuplés du phénomène El Niño. Les auteurs abordent aussi les autres pays, les responsabilités historiques des pays dits du Nord, les mégafeux en Australie, l’Ouragan Katrina, les canicules…



Nous vivons une accélération spectaculaire, les phénomènes imputables au réchauffement climatique se multiplient et entrainent chaque années des migrations de plusieurs millions de personnes. La production marchande transforme le progrès en destruction et les travailleurs et les travailleuses n’ont rien à attendre du capitalisme, fut-il vert. Une question stratégique majeure se pose : « le syndicalisme rompra-t-il le compromis productiviste avec le capital pour rejoindre franchement les peuples indigènes, les petit·e·s paysan·ne·s, la jeunesse, les femmes, qui sont partout en première ligne du combat pour notre mère la Terre ? ».



Le terme souvent employé de compromis, pour désigner le régime d’accumulation d’après la seconde guerre mondiale, me semble plus que discutable. Par contre, le « patriotisme d’entreprise », la défense – non de l’emploi et des revenus – mais des emplois existants sans interrogation sur leur utilité sociale et leurs impacts sur notre environnement (pour ne parler des productions d’instruments de mort) restent des impensés très largement répandu dans les mouvements syndicaux. La défense des intérêts (compris comme la reconduction ou la simple amélioration dans des situations d’exploitation) de salarié·es s’est substitué à la défense des intérêts de toustes. Il ne faut pas non plus oublier les alignements sur les interêts des transnationales ou des puissances étatiques guerrières et colonialistes. Il y a eu et il y a heureusement des collectifs de travail qui remettent radicalement en cause à la fois les conditions de travail et de production et les objets mêmes de la production.



Le capitalisme s’est structuré historiquement autour des combustibles fossiles, les politiques énergétiques prônées par les industriels et les gouvernements ne veulent pas affronter frontalement cette question, leur transition écologique n’est ni une transition ni une écologie, d’autant qu’ils restent obnubilés à la fois par la technologie et la croissance comptable du PIB



Les auteurs citent Greta Thunberg, « la crise climatique et écologique ne peut tout simplement plus être résolue dans le cadre des systèmes politiques et économiques actuels. Ce n’est une opinion, simplement une question de math », abordent la cascade de rétroactions positives, les manœuvres dilatoires et les fausses promesses, les données chiffrées de l’équation (limiter le réchauffement climatique à 1,5°), « La catastrophe ne peut être stoppée que par un double mouvement qui consiste à réduire la production globale et à la réorienter au service des besoins humains réels, démocratiquement déterminés », le miroir aux alouettes de la « neutralité carbone », le fossé entre les paroles et les actes, le scénario dit du « dépassement temporaire » du 1,5°, les politiques de marché, « Le marché étant un rouage essentiel du capitalisme, qui est la cause de la crise écosociale, on ne sortira pas de la crise écosociale par des mécanismes de marché ».



Aux questions écosociales il convient d’opposer des luttes écosociales et un projet écosocialiste (dont la dimension écoféministe ne doit pas être sous-estimée. Les auteurs parlent de mouvements de résistance alliant le social, l’écologie et le féminisme). Il faut saisir cela « à pleines mains » pour recomposer et reconstruire l’espérance, mettre à l’ordre du jour une civilisation basée sur la valeur d’usage et non sur la valeur d’échange, capable de satisfaire les besoins humains dans le respect prudent des écosystèmes.



« Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité : les récits rassemblés ici ne donnent qu’un échantillon très incomplet de ces combats d’un nouveau type. Mais c’est la première fois, au moins en langue française, que sont rassemblés des récits de luttes écosociales du monde entier »



Le livre est dédié à mémoire de Berta Cáceres, militante écologique hondurienne, assassinée en 2016.

Les différents textes analysent des luttes écosociales, des tensions et des contradictions à l’oeuvre, des divisions sociales, des alternatives en construction.



Des luttes indigènes en Amérique latine ; l’initaitive Yasuni-Itt en Équateur ; des résistances aux modèles écocides au Brésil ; des luttes pour l’accès à l’eau dans le monde arabe, des pratiques écosocialistes à Mindanao aux Philippines ; les tresses vertes et les arbres rebelles au Rojava ; la pauvreté et le développement, la justice climatique, l’économie fossile en Afrique du Sud ; une occasion manquée de combiner droits autochtone et justice climatique au Canada ; le combat écologique entre rébellion et anticapitalisme au Royaume-Uni ; les convergences contre les maladies industrielles au Japon ; l’activisme climatique d’un syndicat des transports aux USA, l’exigence d’un reconversion industrielle écologique en Belgique ; la Zad de Notre-Dame-des-Landes en France.



Les auteurs et les autrices ne gomment ni les difficultés, les échecs, ni les avancées et les convergences construites. Des expériences qu’il faut faire connaître, des difficultés à discuter, des échecs à analyser, des convergences à consolider…



« Une conclusion majeure qui ressort de ces récits est la nécessité d’une stratégie articulant la lutte à la base et une perspective politique visant à faire sortir la société toute entière de la dictature du profit »
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Le sacré fictif

Il ne s’agit pas d’attendre, mais, par l’action rebelle, de hâter le millénium



« LA LITTERATURE PEUT-ELLE CONTRIBUER de façon significative à la connaissance de la réalité sociale ? Peut-elle même apporter des éclairages qui vont au-delà des acquis des sciences sociales ? »



Ma réponse est indéniablement oui. Si je pense, en premier lieu, aux littératures sur les camps de concentration et les génocides, je pourrais aussi parler de Marcel Proust cité par les auteurs, ou de ce roman de Marguerite Duras, relu récemment, « Le square ».« Le texte littéraire nous fait connaître le réel autrement que les documents et les analyses historiques et sociologiques ».



Erwan Dianteill et Michael Löwy précisent que leur approche ne relève pas de la sociologie de la littérature, que les œuvres seront analysées comme « des révélateurs de certains faits sociaux ». Pour les auteurs, des textes peuvent permettre de mieux comprendre la réalité sociale que des travaux de sciences sociales. « C’est donc bien en tant que sociologues que nous jugeons les limites de la sociologie ! »



Les auteurs vont s’intéresser aux romans comme « analyseurs des faits religieux » et sont attentifs aux expressions religieuses minoritaires, marginales ou contestataires.



Je ne connais que certains ouvrages abordés. Cependant tant par les explications sur les tendances religieuses que par les « inserts » plus particulièrement sociologiques, j’ai apprécié ces éclairages allant « au-delà des limites inhérentes aux approches disciplinaires des sciences sociales ».



Sommaire :



1. Sacrilège et modernité – Là-bas (1891) de Joris-Karl Huysmans.



2. Catholicisme versus capitalisme – La Montagne Magique (1924) de Thomas Mann.



3. Bertolt Brecht et la sociologie marxiste des religions – Sainte Jeanne des Abattoirs (1931)



4. Jorge Luis Borges entre Dieu et Bourdieu – Le conte « Les théologiens » (1947)



5. À la poursuite des esprits africains – Amos Tutuola, L’ivrogne dans la brousse (1952) et Ma vie dans la brousse des fantômes (1954)



6. Religion contre magie – L’Esclave (1962) d’Isaac Bashevis Singer



7. Millénarisme, sociologie romanesque et roman sociologique – L’échec d’une prophétie (1956) de Leon Festinger (et alii) et Des amis imaginaires (1967) d’Alison Lurie



8. Révoltes paysannes, érotisme monacal, rire philosophique et autres hérésies – Le Nom de la rose (1980) d’Umberto Eco



9. Violence, religion, sorcellerie en Afrique – En attendant le vote des bêtes sauvages (1998) d’Ahmadou Kourouma



A travers ces ouvrages, les auteurs portent des regards ouverts aux différentes formes religieuses, mettent en lumière des richesses émergentes des écritures, soulignent des inscriptions fortes dans les modalités propres aux fictions ou réalités imaginaires.



Ils abordent entre autres, le divin et le malin, la mystique divine et satanique, les sacrilèges et les profanations, les messes noires, la sorcellerie, les mouvements messianiques / millénaristes / apocalyptiques, l’éthique catholique, le jésuitisme, les configurations politico-religieuses, les Chapeaux Noirs, le christianisme de la libération, les théologiens, les hérésies, les conflits théologiques, la brousse des fantômes, des religions africaines, les relations aux esprits, le rapport au monde spirituel, la magie, les esprits surnaturels, le syncrétisme magico-religieux, les Sanandistes, le mouvement des fraticelli, le mysticisme, la distinction entre magie et sorcellerie, les ritualités… « les croyances réelles ne sont jamais des « types idéaux » chimiquement purs, elles s’éloignent de la cohérence de ces constructions théoriques »



J’ai notamment apprécié les analyses sur les rapports entre sorcellerie et religion, « la sorcellerie comme la religion doivent être comprises comme un certain type de rapport au sacré, irréductible à la médecine moderne », les dimensions politiques contestataires des mouvements messianiques / millénaristes / apocalyptiques, les visions du monde anticapitaliste ambivalentes, les tensions entre charité et lutte de classes, les rapports entre orthodoxie et hérésie, les contradictions identitaires « entre la subjectivité divine et l’appartenance du corps humain », la magie comme monde enchanté, les « dissonances cognitives », les affinités entre violence politique et magie, la divination comme « mode de régulation politique, ou l’article sur le Nom de la rose…
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Ecosocialisme

L'écosocialisme c'est quand la gauche de la gauche récupére l'écologie . De fait l'on retrouve ici l'idéologie propre à ce courant de pensée , qui si il n'a pas raison sur tout n'en est pas moins novateur . Ici point de débilité à la sauce Pernaut , mais une prise de conscience nécessaire sur l'urgence de la situation écologique . Le productivisme détruit la nature , l'entrainant vers des horreurs comme La ferme des 1000 vaches . Pour autant il faut évoluer pour ne pas demeurer dans une logique archaique qui rejette le 21 éme siécle comme le fait Pernaut . Il faut une idée nouvelle pour cette écologie qui doit étre de son temps sans étre pour autant productiviste et livrée au capitalisme fou . Si ce livre est parfois un peu renfermé sur lui méme , il n'en est pas moins en phase avec les besoins du quotidien ou l'intéret collectif doit reprendre le dessus sur un individualisme déchainé . Voila un ouvrage tout à fait digne d'intéret qui de maniére pédagogique fait découvrir une autre maniére de concevoir l'écologie .
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Les aventures de Karl Marx contre le baron ..

En introduction, Michael Löwy pose quelques questions : « Quelles sont les conditions de possibilité de l’objectivité dans les sciences sociales ? Le modèle scientifico-naturel d’objectivité est-il opérationnel pour les sciences historiques ? Une science de la société libre de jugement de valeur et présuppositions politico-sociales est-elle concevable ? Est-il possible d’éliminer les idéologies du processus de connaissance scientifico-social ? La science sociale n’est-elle pas nécessairement ”engagée”, c’est-à-dire liée au point de vue d’une classe ou groupe social ? Et dans ce cas ce caractère partisan est-il conciliable avec la connaissance objective de la vérité ? »



Il indique « Que les tentatives de leur apporter une réponse cohérente se rattachent, d’une façon ou d’une autre, à trois grands courants de pensée : le positivisme, l’historicisme et le marxisme. L’objet de ce livre est d’examiner les dilemmes, les contradictions, les limites, mais aussi les contributions fécondes de chacune de ces perspectives méthodologiques à la construction d’un modèle d’objectivité propre aux sciences humaines, et à la sociologie critique de la connaissance ».



Après avoir donné quelques indications sur son approche de l’idéologie « forme de pensée orientée vers la reproduction de l’ordre social », de l’utopie « qui aspire à un état non-existant des rapports sociaux », de la « vision sociale de monde », l’auteur précise « La question qu’examine ce livre est donc celle du rapport entre visions sociales du monde (idéologiques ou utopiques) et connaissance dans les domaines des sciences sociales, à partir d’une discussion critique des principales tentatives d’élaborer un modèle d’objectivité scientifique apparue au sein du positivisme, de l’historicisme et du marxisme ».



Le titre de la note est repris d’une phrase de Pierre Bourdieu cité par l’auteur.



L’ouvrage est très clair et l’ordre d’exposition permet de se familiariser aux visions sociales du monde, aux analyses et réponses apportées pour aborder les sciences dites sociales.



Je choisis de ne mettre en avant que quelques éléments.



Et en premier lieu la critique du positivisme : « Cet axiome de l’homogénéité épistémologique entre sciences sociales et sciences naturelles renvoie en dernière analyse à la présupposition essentielle du discours positiviste comtien : la rigoureuse identité entre société et nature, domination de la vie sociale par des ”lois naturelles invariables”. »



Les apports et la critique de Max Weber, entre autres : « le postulat de l’hétérogénéité entre faits et valeurs », l’existence d’un « lien décisif entre valeurs et faits, un lien qui n’est pas logique mais sociologique ». Michael Löwy souligne que « En réalité, la problématique d’une recherche scientifico-sociale n’est pas seulement un découpage de l’objet : elle définit un certain champ de visibilité (et d’aveuglement), impose une certaine façon de concevoir cet objet, et circonscrit les limites de variation de réponses possibles ».



Les apports de l’historicisme et les problèmes liés au relativisme



Le marxisme et ses lectures, positivisme de la seconde internationale, la nécessité d’inclure le marxisme dans le champ d’application du « matérialisme historique », György Lukas et son livre « Histoire et conscience de classe », le trop oublié Lucien Goldmann, ou (mais quel lien avec le marxisme ?) l’idéologie stalinienne dont les délires sur « l’idéologisation des sciences de la nature elles-mêmes », etc…



En conclusion, l’auteur propose : « c’est l’ensemble du processus de connaissance scientifico-social, depuis la formulation des hypothèses jusqu’à la conclusion théorique, en passant par l’observation, sélection et étude des faits, qui est traversé, imprégné, ”coloré” par les valeurs, options idéologiques (ou utopiques) et visions sociales du monde », l’intégration du « moment relativiste (historique et social) de la sociologie de la connaissance comme étape dialectique nécessaire vers une nouvelle conception de la connaissance objective ».



Aujourd’hui, perdure la naturalisation des rapports sociaux, certaines sciences sociales (économie néolibérale) se « durcissent » en rejetant leur caractère social ; l’immuable et son complément le futile sont à la mode, le collectif semble dissous dans l’individu, le « point de vue situé » est largement omis par de multiples chercheurs, le positivisme regagne du terrain, la connaissance est de plus en émiettée, le relativisme domine, les forces sociales potentiellement porteuses d’émancipation radicale sont niées dans leur réalité même…



Mais ces « orientations » présentent des failles, des contradictions irréductibles, les recherches se poursuivent élargissant les connaissances des dominé-e-s…



J’espère que ces éléments inciteront à lire ce livre, à découvrir aussi le baron Münchhausen ou « le principe du fiacre ».



Dans sa préface, à la réédition du livre, Michael Lowy souligne des voies de modification et d’approfondissement de la sociologie critique de la connaissance, permises par de nombreuses recherches :



Les travaux post-coloniaux, dont ceux Edward Saïd, « véritable révolution épistémologique, qui vise à rompre avec cinq siècles de domination de l’eurocentrisme dans la culture et la connaissance » qui « dénoncent la colonialité du pouvoir et la manière dont il façonne, dans une large mesure, le processus de connaissance, non seulement dans les métropoles impérialistes, mais aussi chez les élites des pays colonisés ou dépendants » ;



Le conflit politique autour de l’écologie et les enjeux, déplaçant les frontières entre sciences de la nature et sciences humaines ;



L’apport du féminisme, dont les travaux de Christine Delphy : « il n’y a pas de connaissance neutre : toute connaissance est le produit d’une situation historique et sociale », « ce n’est que du point de vue des femmes que leur condition peut-être perçue comme une oppression » ou « La connaissance de l ’oppression, sa formulation conceptuelle, ne peut provenir que d’un point de vue, c’est-à-dire d’une place sociale précise : celle de l’opprimé ». Il s’agit d’une véritable révolution épistémologique qui n’introduit pas un « objet » de recherche nouveau, « mais un regard nouveau sur la réalité sociale » ;



L’auteur complète par « Un autre point de convergence avec le marxisme est l’affirmation, par la théorie du point de vue féministe, que ce dernier ne résulte pas automatiquement de la condition sociale des femmes et de leur expérience : il s’agit d’une conscience collective qui nécessite une action politique, une lutte collective. » Il souligne aussi les apports du concept d’intersectionalité (Kimberlé Crenshaw), de consubstantialité et/ou coextensivité (Danielle Kergoat) ;



L’apport enfin du concept d’universalisme stratégique (Eleni Varikas) : « Ce qui exige de penser ensemble, dans leur interdépendance, les subalternités multiples, les histoires de domination et les traditions de résistance souvent discordantes ».



Cependant plusieurs questions me semblent rester en suspens.



Première la notion de « conscience » applicable à un groupe social, me paraît entraîner une naturalisation des rapports sociaux et ne me semble pas adéquate pour aborder les pratiques sociales, au sens large, qui modifient à la fois les êtres et leurs relations. D’autant que trop de « révolutionnaires » ont réduit « leurs politiques » à une problématique de prise de conscience, comme l’indiquent Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, dans un livre par ailleurs, très discutable ( La Sorcellerie capitaliste – Pratiques de désenvoûtement, Editions La Découverte, Paris 2005) « Si le capitalisme devait être mis en danger par la dénonciation, il aurait du crever depuis longtemps » et « Nous obliger à ne pas prétendre que la théorie a raison et que ceux qu’elle ne réussit plus à convaincre, à mobiliser, sont simplement égarés »



Deuxièmement, les classes sociales n’existent que dans leur rapport antagonique, historique, mouvant, asymétrique (domination, exploitation, etc). Il y a de ce point de vue une difficulté, à réduire les classes à des ensembles « sociologiques », à parler de « point de vue de classe », sans oublier que l’utilisation, par les staliniens, mais pas seulement par eux, de cette « formule » a couvert biens des errements, des crimes, etc…



Troisièmement, l’espace, la densité du politique.



La périphrase écrite par l’auteur souligne la difficulté, laisse une impression de vague (sans oublier des questions sur la peinture) « par conséquent, la vérité objective sur la société n’est pas concevable comme une image de miroir indépendante du sujet connaissant mais plutôt comme un paysage peint par un artiste ; et finalement, ce paysage sera d’autant plus vrai que le peintre sera situé à un observatoire ou belvédère plus élevé, lui permettant une vue plus vaste et plus étendue du panorama irrégulier et accidenté de la réalité sociale ».



Le surplomb permet de voir plus loin, mais attention aux mirages. Cependant, l’observateur/observatrice n’est jamais totalement équipé-e pour « voir ». Voir n’est pas analyser, analyser n’est pas comprendre, comprendre ne donne pas forcément d’indication sur les faire, etc….



Sans oublier que la vision plus lointaine, cache, trouble, déforme des détails et surtout masque, puisque ce n’est pas « son propos » les contradictions, les complexités, les ambiguïtés, etc…. Danièle Kergoat (Se battre disent-elles…, La dispute, legenredumonde, Paris 2012) indique, quant-à-elle, certes, dans un contexte différent : « Il ne faut donc pas partir d’une position de surplomb, il faut aller voir les réalités des pratiques qui sont toujours compliquées, ambiguës, contradictoires, ambivalentes… et comme telles intègrent la complexité créée par l’imbrication des rapports sociaux »



C’est, je pense, sans que cela garantisse de solutions plus « vraies », dans la confrontation, le croisement de plusieurs points de vue (lieux, collectifs d’actrices/acteurs, confrontation démocratique) que l’on peut redonner place à l’épaisseur de la politique, à l’apport des pratiques qui modifient les réalités, à une approche plus dynamique de la connaissance. C’est aussi en changeant le monde que nous pouvons mieux le comprendre….



Ces questions n’amputent en rien les apports de ce livre et la nécessaire poursuite des recherches « scientifiques », y compris dans leurs dimensions les plus abstraites, sur la connaissance.



Enfin, dans la poursuite des points traités par l’auteur dans sa nouvelle préface, si le mot « prolétariat » me semble toujours utilisable, mais loin des réductions sociologiques et marxisantes dogmatiques, celui-ci est mondialisé, divisé, hiérarchisé, hétérogène, traversé de contradictions. Une classe non séparable, isolable, définissable, hors de son rapport aux autres classes. Les dominé-e-s d’ici bénéficient de la domination ailleurs, les dominés dominent, oppriment, exploitent les dominées, sans oublier les phénomènes de racialisation, leurs effets biens matériels, et d’autres « privilèges », d’autres asymétries. Comment donc intégrer la complexité, conjuguer sans effacer, construire un point de vue intégrateur pour inclure ces dimensions.



Pour le reste, c’est bien la combinaison de la recherche orientée, aux dimensions scientifiques et ou abstraites, assumées, et de l’action politique collective qui permettra à la fois de (se) poser les « bonnes » questions et de construire des réponses qui ne seront toujours que partielles et à remettre en cause…



Pour un exemple plus concret de démarche, je signale l’ouvrage de Léo Thiers Vidal et son traitement de « Position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination »
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Septembre rouge: Le coup d'État du 11 septem..

Le 11/09/2023, cinquante ans se seront écoulés depuis l’assassinat de Salvador Allende, la chute du gouvernement progressiste et démocratique du Chili et la mise en place d’une autre dictature réactionnaire en Amérique du sud.

Ce livre décrit le scénario implacable de la plus sanglante trahison depuis 2000 ans.



Sans pathos, ni effet romantique, mais au contraire, froidement et scrupuleux du fait historique, toutes les étapes du coup d’état sont expliquées depuis la volonté de Nixon et Kissinger de ne pas avoir d’autres socialistes au nouveau monde, de plus ceux-là seront élus démocratiquement, jusqu’à l’épuration idéologique de toute une population par l’éradication méthodique des opposants.







Si l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs, ce livre démontre que quelques soient les armes de la réaction, de la corruption aux hélicoptères, la lumière reste sous le boisseau et qu’a la fin la vérité trouve son chemin et dévoile à la postérité les bassesses des dirigeants.





Un grand merci à O. Besancenot et M. Löwy pour ce travail, j’imagine, oh combien, il leur a été difficile d’écarter leur propres sentiments et opinions pour nous donner une vision claire de ces jours sanglants qui ont marqués à jamais les consciences.





J’ai découvert ce livre lors de la présentation de la rentrée littéraire d’Acte Sud.

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La journée de travail et le règne de la liberté

Petit ouvrage d'un peu plus de 150 pages ayant pour thème une pensée précise de l'ouvrage Capital de Karl Marx : « Le royaume de la liberté commence avec la réduction de la journée de travail. »

La réduction du temps de travail est très souvent discuté par les politiques et revendiqués par les salariés, beaucoup de changement se sont opérés depuis les années 50 mais aujourd'hui le moulin tourne à vide. Il est évident pour tous que de part l'allongement de l'âge de départ à la retraite puis les heures supplémentaires que dans certains domaine d'activité on ne compte plus tant cela devient un fait normal, la réduction du temps de travail pour gagner en liberté n'est plus d'actualité mais surtout n'est plus possible.

Cet ouvrage s'adresse à ceux qui veulent en savoir plus sur ce mouvement débuté avec Marx et son livre Capital et dont l'idée s'est développé au fil du temps avec les revendications que l'on connaît et les acquis d'aujourd'hui; un peu d'histoire en somme avec ce soupçon de réac en comparant bien évidement les avantages du capital sur le travail...

Ouvrage enrichissant si ce n'est ce point fallacieux qui terni l'image que je me suis faite de ces quelques pages: l'idée de réduction de travail n'est pas seulement une amélioration de la condition de vie et de la liberté du salarié mais également un temps que le salarié doit dédier à la revendication salariale autrement dit au combat anticapitaliste. Mis à part ce point l'ouvrage ouvre sur l'histoire des acquis salariaux.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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La cage d'acier. Max Weber et le marxisme w..

Relation interne riche et significative entre deux configurations



Ma lecture du livre de Michael Löwy sera celle d’un simple passager lecteur, peu familier de l’œuvre de Max Wéber et d’auteurs cités comme Jürgen Habermas, sans oublier des lectures anciennes, en particulier celle de György Lukacs.



L’auteur indique « Mon interprétation de Weber privilégie, on va le voir, son pessimisme culturel, son diagnostic impitoyable de la civilisation capitaliste bureaucratique – »dure comme l’acier » – et sa sombre prémonition de l’avenir qu’elle nous prépare », et ne cache pas la coloration de sa lecture par son engagement politique anticapitaliste, son engagement théorique marxiste. Cette « situation » politique est suffisamment rare pour être soulignée, d’autres pensant réfléchir à partir d’une fantasmatique neutralité.



L’auteur souligne les « divergences politiques et méthodologiques » entre Karl Marx et Max Weber et indique « Marx et Weber partagent une vision du capitalisme moderne comme univers où »les individus sont dirigés par des abstractions » (Marx), où les relations impersonnelles et »chosifiées » (Versachlicht) remplacent les relations personnelles de dépendance et où l’accumulation du capital devient une fin pour soi, largement irrationnelle. En outre, ils sont tous les deux d’accord pour : a) définir les classes sociales par des positions de pouvoir sur le marché et par une situation de propriété ; b) considérer l’État rationnel/bureaucratique comme une condition nécessaire du capitalisme – et vice versa ; c) affirmer que le monopole de la violence est l’essence du pouvoir étatique ».



Dans le premier chapitre « Marx et Weber : Kapitalismus », les analyses de Michael Löwy concernent principalement « la question des origines du système et son évaluation critique ». L’auteur rejette en particulier les « interprétation causale » dans les analyses sur religion et capitalisme. Il souligne, à propos de L’Éthique protestante et l’Esprit du capitalisme, « Il s’agit plutôt d’une étude brillante, pénétrante et profonde de la relation réciproque, du rapport intime, de la connexion profonde entre ces deux structures culturelles : l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, qui ne se soucie guère de la question de la primauté. Le terme qui rend compte de cette relation réciproque est celui d’affinité élective (Wahlverwandtschaft) ».



Sur l’anticapitalisme de Karl Marx, l’auteur traite de l’injustice de l’exploitation, le perte de liberté par l’aliénation, la réification, le fétichisme de la marchandise, la quantification vénale, l’irrationalité, la barbarie moderne, l’expansion coloniale et/ou impérialiste.



Max Weber rejette l’idée socialiste et semble opter « pour une acceptation résignée de la civilisation bourgeoise, considérée comme inévitable » tout en donnant une « critique lucide, pessimiste et profondément radicale des paradoxes de la rationalité capitaliste ». Michael Löwy souligne les analyses sur l’inégalité des richesses, l’exploitation des travailleurs, l’inversion des moyens et des fins, la soumission à un mécanisme tout-puissant, l’emprisonnement par un système qu’on a soit-même créé.



Dans un second chapitre, l’auteur traite du pessimisme culturel de Max Weber, et des liens entre romantisme et modernité. J’ai notamment apprécie « la digression critique » sur la « critique acerbe et profonde de ce système ».



La seconde partie de l’ouvrage « Max Weber sur les affinités électives » a été , pour moi, la plus stimulante.



L’auteur souligne : « Il s’agit pour Weber de dépasser l’approche traditionnelle en termes de causalités, et de contourner ainsi le débat sur la primauté du »matériel » ou du »spirituel » ». Il fait une sorte d’inventaire des usages de cette notion, dans les champ religieux, économique, culturel, entre les formes structurelles de l’action communautaire et les formes concrètes de l’économie, entre éthique religieuse et ethos économique, entre formes religieuses et formes politiques, entre structures économiques et formes politiques, entre classes sociales et ordres religieux, entre visions du monde et intérêts de classes sociales, entre styles de vie d’une classe sociale et certains styles de vie religieux. Il souligne que « l’orientation méthodologique principale du livre n’affirme ni la priorité du facteur économique (« matériel ») ni celle du religieux (« spirituel ») mais plutôt leur congruence et leur affinité élective ». En somme le refus de la mono-causalité, du déterminisme mesquin et la prise en compte de « la complexité historique des rapports entre les comportements religieux et économiques ».



Michael Löwy propose une définition : « l’affinité élective est le processus par lequel a) deux formes culturelles/religieuses, intellectuelles, politiques ou économiques – ou b) une forme culturelle et le style de vie et/ou les intérêts d’un groupe social, entrent à partir de certaines analogies significatives, parentés intimes ou affinités de sens, dans un rapport d’attraction et d’influence réciproques, de choix actif, de convergence et de renforcement mutuel ».



L’auteur analysera ensuite, une « affinité négative », l’éthique catholique et l’esprit du capitalisme, en traitant aussi de la situation en Amérique latine et de la théologie de la libération.



Dans la dernière partie, l’auteur traite du « marxisme wébérien » et en particulier les lectures « du capitalisme comme religion », interprétations inventives ou détournement, d’Ernst Bloch, Walter Benjamin et Eric Fromm ; puis des figures du marxisme wébérien de György Lukacs à Maurice Merleau-Ponty, en passant par Antonio Gramsci, José Carlos Mariatégui, l’école de Francfort, Jean-Marie Vincent et de manière très critique « la dissociation » de Jürgen Habermas et « ses illusions typiquement libérales sur les vertus de la »discussion publique et rationnelle des intérêts », la production consensuelle de »normes éthico-juridiques », etc. ».



Michael Löwy, en conclusion, souligne deux dimensions : la complémentarité des outils théoriques « absolument nécessaires » de Karl Marx et Max Weber et leurs insuffisances, comme pour analyser la crise écologique ; et l’association du pessimisme de la raison et de l’optimisme de la volonté dont parlait Antonio Gramsci…
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Qu'est-ce que l'écosocialisme ?

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