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02 février 2017
Il ne s'agit pas d'attendre, mais, par l'action rebelle, de hâter le millénium

« LA LITTERATURE PEUT-ELLE CONTRIBUER de façon significative à la connaissance de la réalité sociale ? Peut-elle même apporter des éclairages qui vont au-delà des acquis des sciences sociales ? »

Ma réponse est indéniablement oui. Si je pense, en premier lieu, aux littératures sur les camps de concentration et les génocides, je pourrais aussi parler de Marcel Proust cité par les auteurs, ou de ce roman de Marguerite Duras, relu récemment, « le square ».« le texte littéraire nous fait connaître le réel autrement que les documents et les analyses historiques et sociologiques ».

Erwan Dianteill et Michael Löwy précisent que leur approche ne relève pas de la sociologie de la littérature, que les oeuvres seront analysées comme « des révélateurs de certains faits sociaux ». Pour les auteurs, des textes peuvent permettre de mieux comprendre la réalité sociale que des travaux de sciences sociales. « C'est donc bien en tant que sociologues que nous jugeons les limites de la sociologie ! »

Les auteurs vont s'intéresser aux romans comme « analyseurs des faits religieux » et sont attentifs aux expressions religieuses minoritaires, marginales ou contestataires.

Je ne connais que certains ouvrages abordés. Cependant tant par les explications sur les tendances religieuses que par les « inserts » plus particulièrement sociologiques, j'ai apprécié ces éclairages allant « au-delà des limites inhérentes aux approches disciplinaires des sciences sociales ».

Sommaire :

1. Sacrilège et modernité – Là-bas (1891) de Joris-Karl Huysmans.

2. Catholicisme versus capitalisme – La Montagne Magique (1924) de Thomas Mann.

3. Bertolt Brecht et la sociologie marxiste des religions – Sainte Jeanne des Abattoirs (1931)

4. Jorge Luis Borges entre Dieu et Bourdieu – le conte « Les théologiens » (1947)

5. À la poursuite des esprits africains – Amos Tutuola, L'ivrogne dans la brousse (1952) et Ma vie dans la brousse des fantômes (1954)

6. Religion contre magie – L'Esclave (1962) d'Isaac Bashevis Singer

7. Millénarisme, sociologie romanesque et roman sociologique – L'échec d'une prophétie (1956) de Leon Festinger (et alii) et Des amis imaginaires (1967) d'Alison Lurie

8. Révoltes paysannes, érotisme monacal, rire philosophique et autres hérésies – le Nom de la rose (1980) d'Umberto Eco

9. Violence, religion, sorcellerie en Afrique – En attendant le vote des bêtes sauvages (1998) d'Ahmadou Kourouma

A travers ces ouvrages, les auteurs portent des regards ouverts aux différentes formes religieuses, mettent en lumière des richesses émergentes des écritures, soulignent des inscriptions fortes dans les modalités propres aux fictions ou réalités imaginaires.

Ils abordent entre autres, le divin et le malin, la mystique divine et satanique, les sacrilèges et les profanations, les messes noires, la sorcellerie, les mouvements messianiques / millénaristes / apocalyptiques, l'éthique catholique, le jésuitisme, les configurations politico-religieuses, les Chapeaux Noirs, le christianisme de la libération, les théologiens, les hérésies, les conflits théologiques, la brousse des fantômes, des religions africaines, les relations aux esprits, le rapport au monde spirituel, la magie, les esprits surnaturels, le syncrétisme magico-religieux, les Sanandistes, le mouvement des fraticelli, le mysticisme, la distinction entre magie et sorcellerie, les ritualités… « les croyances réelles ne sont jamais des « types idéaux » chimiquement purs, elles s'éloignent de la cohérence de ces constructions théoriques »

J'ai notamment apprécié les analyses sur les rapports entre sorcellerie et religion, « la sorcellerie comme la religion doivent être comprises comme un certain type de rapport au sacré, irréductible à la médecine moderne », les dimensions politiques contestataires des mouvements messianiques / millénaristes / apocalyptiques, les visions du monde anticapitaliste ambivalentes, les tensions entre charité et lutte de classes, les rapports entre orthodoxie et hérésie, les contradictions identitaires « entre la subjectivité divine et l'appartenance du corps humain », la magie comme monde enchanté, les « dissonances cognitives », les affinités entre violence politique et magie, la divination comme « mode de régulation politique, ou l'article sur le Nom de la rose
Lien : https://entreleslignesentrel..
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