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Critiques de Michel Clouscard (6)
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La Bête Sauvage

Voilà, ça c’est un livre qu’on m’a prêté alors j’ai dû le lire. Pourtant, moi, j’avais décidé de ne plus jamais rien me torcher sur l’économie et sur la politique, après avoir constaté à quel point les gens qui se battent dans ce domaine deviennent fous à force de se croire indispensables. L’amitié me perdra.





Avant toute chose, j’annonce que ce livre a été écrit en 1983. On peut encore le lire aujourd’hui car son programme n’a toujours pas été accompli. Il vaut mieux le lire aujourd’hui en oubliant qu’il a été écrit en 1983, pour la crédibilité de son auteur qui affirme que son programme devrait se produire de façon imminente, s’il était juste. C’est l’intention qui compte.





On part d’un constat : la crise de 1929 a entériné le passage du CCL (Capitalisme Concurrentiel Libéral) au CME (Capitalisme Monopolitiste d’Etat). Ce dernier accomplit des modes de production fondés sur l’exploitation de l’homme par l’homme en répartissant les modalités de l’aliénation selon trois axes : oppression économique ; permissivité des mœurs ; libéralisme politique, tout ça en particulier en récupérant les acquis du Plan Marshall et de Mai 68. Objectif : balayer toute la mémoire d’avant son ascendance, couper la liberté (laquelle ?) du collectif de l’Etat et de la famille, installer l’hégémonie du marché du désir en conquérant deux clientèles ciblées : celle de la nation et celle de l’intersubjectivité. L’Etat ne représente désormais plus rien car il est conditionné par un appareil d’Etat dévoyé, devenu une instance superstructurale de la société civile. Voilà pour le baratin. Bien sûr, tout cela est exposé sur deux cent pages.





Ensuite, on propose une solution au cours des cent pages suivantes. C’est assez simple. Le CME est la dernière phase du capitalisme. On nous explique que ledit capital se constitue en cycle : expansion-crise-dépression-reprise mais « à chaque cycle la contradiction est dépassée, mais pour proposer une plus grande contradiction : la crise est surmontée au prix d’une plus grande crise. Le capitalisme peut répéter, mais pas indéfiniment : l’accumulation des contradictions passe du quantitatif au qualitatif. Ce moment est celui de la crise généralisée, insurmontable, ultime moment de l’ultime mode capitaliste : le CME de la dégénérescence. Alors, la répétition n’est plus possible […]. »





Cette solution, c’est un peu bizarre, on penserait presque qu’il suffit de dormir longtemps dans une crypte et d’attendre que ça se résolve tout seul, le bordel : « c’est dans et par le CME que le dernier mode de production capitaliste glisse vers le socialisme. Le CME engendre sa négation de par son propre fonctionnement ».





Clouscard veut être vraiment méchant, et on sait que la façon la plus cruelle de se venger de son ennemi, c’est de le prendre à son propre piège. Ainsi donc, il propose de profiter de la situation voulue par l’adversaire (la création d’une classe unique de désirs) pour inverser la tendance, de façon telle que cette classe unique moyenne préfigurerait la société sans classe (car elle aurait des revendications sociales communes et formerait un front commun face à la structure techno-bureaucratique). « C’est tout un programme gouvernemental (que l’auteur n’a pas à proposer, n’occupant pas encore de fonction ministérielle) ». Voilà comment on se débarrasse des patates chaudes qu’on nous fourre au fond de la gueule : en les crachant sur la face de son voisin, et en espérant que le plat refroidira lors du trajet.





Bon, moi j’en pense rien de tout ça. J’en ai rien à foutre. Je n’idéalise pas le passé comme ce bon vieux Clouscard (oh, comme c’était beau la vie dans les villages, oh, comme les ouvriers étaient contents de travailler et de faire des choses utiles de leurs dix doigts). Et puis, comment peut-on prendre au sérieux un type qui affirme, en guise de conclusion : « nous proposerons la philosophie de la praxis, où l’axiologie est immanente à l’ontologie, ontologie produite par le procès de production. Le Noumène est en nous « plus nous-mêmes que nous », il est ce que l’homme a produit de si beau qu’il n’ose plus le reconnaître et se l’approprier » alors que :



1) Il n’a pas arrêté de se référer à la philosophie de la theoria pour justifier sa philosophie de la praxis ;



2) Il nous dit qu’il faut revenir à des choses simples en utilisant de grands mots compliqués ;



3) Il fustige des concepts qui lui auraient permis de comprendre que la reconnaissance du plus beau Noumène en nous a déjà été proposée par de nombreux types avant lui, mais il ne les a pas reconnus.





Ces concepts, ce sont par exemple ceux de la philosophie de Corbin (un Dasein revitalisé), ou encore ceux d’une certaine psychanalyse qui ne s’arrête pas aux traités de vulgarisation du freudisme ou du lacanisme. Clouscard a repéré un truc qui lui plaît pas dans la société civile du CME : le genre de vie de la bourgeoisie est celui de l’économie (alors que le prolétaire dépense tout), c’est celui de la dénégation, du refus et de l’inversion du niveau de vie possible. Alors, hop, Clouscard comprend carrément que ça doit avoir un rapport avec cette fameuse psychanalyse qui, bordel, n’a pas émergé pour rien, hein –existe-t-il des choses gratuites ? [pourtant la psychanalyse a vu le jour avant l’avènement du CME mais ce n’est qu’un détail]. L’inconscient tombe à pic. Mieux encore, ce fameux signifiant popularisé par Lacan. En deux entourloupes dont Clouscard a le génie, il en déduit que ce signifiant représente la relation à l’autre en tant que dénégation de l’ordre de production. Ce serait un processus terroriste qui permet d’écarter l’être (ici réduit à la classe ouvrière, l’autre par lequel le désir accède à son existence). Clouscard se voit des ennemis un peu partout, alors il invente des actes d’accusation sans lire les témoignages. Il ne se trouve qu’un seul ami : le groupe des communistes. C’est comme la mode des pantalons pattes d’éléphants : ça s’en va et ça revient, jamais sous le même ordre politique –les communistes aussi ont le droit de refaire leur show et Clouscard semble certain que cette fois, ça se fera en dehors de tout totalitarisme. On lui souhaite bonne chance. On devrait pourtant commencer à savoir qu’à chaque fois qu’un mec veut se taper l’affiche, c’est rarement pour le bien-être de l’humanité.

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Le Capitalisme de la Séduction

Cet ouvrage a la volonté de montrer, tout comme Debord, l'évolution du capitalisme depuis la seconde guerre mondiale jusqu'au année 80. Autant chez Debord, on retrouve un contenu encore pertinent de nos jours. Autant ici, il y a un gros problème de temporalité (on parle de la mode: poster, flipper, jeans, juke-box une époque que je n'ai point connu...) mais on peut remarquer quand même, l'évolution bien monstrueuse de ce capitalisme débridé. Ce capitalisme libéral libertaire qui subversive et séduit toute chose, ce point central est, lui, toujours d'actualité.



Les hippies, les féministes, les antiracistes, les freudo-marxistes, les gauchistes, ces causes sont devenues des images, des stéréotypes, des discours vite fait et peu réfléchis, vaut mieux ne pas trop chercher quel est le réel problème de ce monde. Faisons comme les autres... Ces pseudo révoltés manipulés par le système, une moto, symbole de la liberté, bah voyons... La drogue, véritable émancipation, disons merde au système... Dommage, il se contrebalance de votre cris.



Voilà, les idées générales sont très bonnes, l'émancipation des femmes qui devient guerre des sexes, une véritable tornade dans les mœurs, une tornade manipulée... mais couplée avec un charabia pseudo philosophique digne de Francis Cousin. Non merci, les thèses sont à peine effleurées en réalité. Derrière le fait de dire, ma méthode, c'est la phénoménologie, il en profite pour ne rien dire.



Mais cela n'empêche pas de montrer les grands thèmes et évolutions de cette américanisation et la gauchisation de la France. Il explique comment ce capitalisme d'état bureaucratique et technocratique en est venu à créer cette société entièrement orientée vers le divertissement et la consommation de masse. Comment le PS a pu subvertir tout un électorat petit-bourgeois envahi par les causes spectacles libéral et rêvant d'émancipation écologique et festive...



Les mesures sociales permettent de privilégier les métiers du tertiaire et du quaternaire pour constituer le « ventre mou » de la « techno-bureaucratie social-démocrate». Ce nouveau dispositif de classes prend le relais de l'affrontement frontal de l'antagonisme bourgeoisie/prolétariat par le développement de types sociaux jusqu'alors embryonnaires et désormais associés à un « management » et une « animation » plus ou moins futile et « frivole » de la nouvelle « convivialité » de la civilisation marchande (mode, industrie des loisirs, jeux, festivités…), devenue champ étendu de la nouvelle « mondanité » des couches dominantes.



En résulte une nouvelle civilisation capitaliste, la fantasmatique de l'idéologie publicitaire et l'initiation à la civilisation de la marchandise grâce à cette idéal d'émancipation, d'assouplissement des moeurs ainsi que la consommation des signes de richesse (lunettes de soleil) et non de leur réalité (semaine à Miami). La constitution d'une nouvelle aristocratie festive, ces clubs friqués de l'Olympe mondaine. Jeunesse, beauté, vedette, argent, plage, habits, drogue, sexe et pouvoir. Puis ceux qui veulent les copier, la cour des dieux, vivre comme eux cette libération du plaisir, mais plaisir inauthentique et archétypal.



Il y a également une étude sur la musique, à la fois contestataire et mondaine , archétypal et en constante innovation, cette révolution qui va envahir toute la société. Puis également ces pseudo écologistes hippies voulant revenir à cette nature idéalisée et à ce rural, renouer à la source. Plein de petite réflexion sur l'hypersexualisation, les mécanismes initiatiques sur la jeunesse... Mais tout ceci est enrobé d'un discours avec des "potlatch", des réflexions sur l'être, du charabia sans utilité, presque du remplissage.



Je ressors confus de cette lecture qui ne m'a, au final, pas appris grand chose, à des moments moralisateurs, d'autre fois, il se lance dans des critiques sur ces collègues à la méthode Nietzschéenne. Pleurant sur le sort du PC et ne proposant pas grand chose au final (à part du charabia peu concret). A vous de voir mais franchement, Debord, cela reste bien mieux....
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Le Capitalisme de la Séduction

Clouscard Michel (1928-2009) – "Le capitalisme de la séduction : critique de la social-démocratie libertaire" – Delga, 2014 (ISBN 978-2-915854-13-8)

– format poche, 350p.

– Réédition d'un ouvrage publié en 1981.



Le type même d'ouvrage dont le lecteur ressort consterné, navré, fâché, tant il regrette que la sauce soit ainsi gâchée, sottement.

En effet, l'auteur formule des remarques pertinentes et intéressantes, illustre – parfois – son propos d'exemples tirés de judicieuses observations de la réalité, en tire des pistes à creuser car prometteuses, mais hélas, trois fois hélas, mille fois hélas, tout cela est gâché par le recours à un charabia caractéristique des gourous sectaires, tout autant que par le rabâchage de positions politiques figées, littéralement enkystées.



Commençons par ce côté négatif : comme tant d'autres gourous de sa génération, ce pôvre Michel Clouscard crut "compléter le marxisme" et fournir une interprétation totale du monde, de la société, de la réalité. Resté fidèle au PCF, il n'était pas franchement dans l'écurie à la mode d'autant plus qu'il publia ses prodigieuses révélations précisément dans les décennies du déclin s'accélérant inexorablement pour ce parti aujourd'hui réduit au rang de groupuscule.

De ce fait sans doute, et comme tout gourou, il abreuve ses concurrents et rivaux d'invectives et d'injures (pas toujours injustifiées, le plus souvent involontairement drôles) : Bourdieu et Lacan (dès la page 24), Althusser, Lévi-Strauss, Foucault, Barthes, les freudo-marxistes, les gauchistes, Cohn-Bendit etc etc, tout ce petit monde en prend pour son grade, tous se voient mis "dans le même sac" (cf p. 227 puis p. 251, note de bas de page), ainsi que "le hippie, le casseur, le Mai 68 estudiantin, Woodstock etc" (cf p. 244), ou encore Cocteau, Artaud, Godard, Chéreau, le Living, Planchon (pp. 240-241) – l'auteur cultive les listes d'excommuniés.

Comme tout gourou fort content de lui-même, il s'auto-cite très souvent, renvoyant le lecteur à d'autres opuscules issus de sa plume dans lesquels il aurait "démontré" tel ou tel axiome. Restons polis, constatons que c'est un peu lassant, et fort peu convaincant.



Autre côté négatif : l'auteur mobilise un galimatias invraisemblable de formulations qu'il est probablement le seul à comprendre. En ceci, certes, il ne fait qu'imiter Lacan ou Debord : pratiquement toute la deuxième partie du livre (pp. 225-343) oscille entre le délire, l'incantation, la vocifération, le postulat énoncé comme une évidence, sans plus fournir le moindre exemple ou argument concret. Il espérait sans doute laisser ainsi la place à un troupeau d'exégètes sectaires se disputant la postérité du "maître", mais ça n'a guère fonctionné (contrairement par exemple à Lacan).



Ces aspects négatifs sont toutefois à relativiser, car l'auteur ouvre quelques pistes de réflexion prometteuses.



A commencer par le fait que – né en 1928 – il appartient à la génération des gens disposant d'un vécu suffisant pour mettre en perspective les "évènements" de mai-68.

L'ouvrage s'ouvre d'ailleurs sur de fréquentes allusions au "Plan Marshall" d'aide à la reconstruction de l'Europe de l'Ouest entre 1948 et 1951 (cf pp. 37 à 41) tout en mettant en scène la trilogie du "poster, flipper, juke-box" (pp. 29-44) : quel jeune non historien sait aujourd'hui ce que ces mots pouvaient bien désigner ??? Alors que ce furent effectivement des phénomènes massivement répandus ! le poster (du "che" Guevara à James Dean ou Elvis Presley, décliné ensuite par toutes les "idoles", distribué en cahier central de "salut les copains"). le flipper du bistrot du coin de la rue (qui était encore largement réservé aux seuls individus de sexe mâle), avec ses virtuoses qui vous secouaient l'appareil sans qu'il fasse "tilt" pour autant. Une mention encore pour le juke-box Wurlitzer bariolé, pour draguer la midinette esseulée (qui se souvient du scopitone ?).



L'auteur enchaîne (pp. 45-56) avec les modes qui étaient, à l'époque, des nouveautés : jeans, treillis, cheveux longs des garçons (les "élucubrations" d'Antoine monopolisent les ondes en 1966), sans oublier la sacro-sainte guitare, qui faisait des ravages auprès des minettes.

Encore mieux vu de la part de Clouscard, l'avènement des fesses féminines moulées dans le jean (ou la mini jupe) "le cul est devenu une silhouette" (p.46, p. 49), un phénomène qui perdure aujourd'hui, l'exhibition des fesses étant devenu incontournable pour l'écrasante majorité de la gent féminine, le sommet de la vulgarité étant assumé par les "vedettes" offertes en modèles aux midinettes.

Viennent ensuite "la bande", la drogue, le féminisme et la pilule, la moto, la chaîne hi-fi, le Nikon, sans oublier l'incantatoire "passe ton bac d'abord"...



Chacun de ces points n'est malheureusement abordé que dans le cadre fort étriqué de la thèse centrale, sur le mode "tout ça ma brave dame n'est là que pour renforcer le grand vilain capitalisme", un leitmotiv répété jusqu'à lasser le lecteur qui préférerait une étude approfondie de chacun des phénomènes évoqués trop sommairement.



Une exception, qui fait encore plus regretter l'absence d'approfondissement des autres points cités ci-dessus : dans le quatrième chapitre (pp. 77 à 109) l'auteur approfondit un peu plus la description et l'analyse du monde sonore qui envahit la société entière – ce bruit ahurissant, ce fracas tapageur qui perdure aujourd'hui sous le nom de "musique amplifiée". Il compare le jazz et ce qu'on appelle (à tort le plus souvent) le "rock", et ses remarques concernant le rythme et le swing s'avèrent d'une justesse fort intéressante.

Malheureusement, une fois de plus, l'auteur dévie vers ses idées fixes et son charabia, au lieu d'approfondir un sujet qu'il connaît manifestement fort bien. Dommage.



Il en va de même pour ce qu'il désigne par le vocable "arythmie macro-sociale" (p. 146), avec une formidable comparaison entre le rythme des anciennes sociétés rurales et celui des entassements urbains, passant par la destruction de la famille (pp. 144-147) :

"... le nouveau rythme social ne dispose plus de l'unité organique famille/village, d'une temporalité apaisante, de longue durée, lente, équilibrée. A la place : deux systèmes spatio-temporels : le temps de travail et le temps de loisir. Et entre les deux, ce monstrueux cancer spatiotemporel : le temps de transport. (pp 146-147).



Le noyau le plus abouti dans sa réflexion réside dans son analyse du mécanisme mis en place par les adultes, permettant – voire imposant – aux "jeunes" d'adopter des postures de révoltés (un petit passage sur quelques barricades et dans une secte trotskyste, genre Jospin lambertiste), pourvu qu'ensuite elles et ils en tirent parti judicieusement :

"l'incivisme est une école d'arrivisme. A condition d'avoir été bien élevé" (p. 72)

On ne saurait mieux définir la ligne éditoriale d'un quotidien comme "Le Monde" ou le parcours type d'innombrable cadres du parti socialiste.



Il faudrait reprendre une à une les pistes concrètes exposées dans cette ouvrage, les sortir de leur gangue charabiatesque (hi, hi, hi), et procéder à des approfondissements, ceci permettrait d'élaborer une bonne restitution de ce que fut la deuxième moitié du vingtième siècle.



Un livre à lire, en connaissant ses inconvénients et faiblesses, à moins que quelqu'un puisse recommander un ouvrage déjà publié reprenant ces thèmes de façon non doctrinaire ???



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Néo-fascisme et idéologie du désir

Dans ce livre, le philosophe Michel Clouscard analyse les changements économiques intervenus après la seconde Guerre mondiale, à l'initiation du plan Marshall. Il critique vertement les pontes de la "French Theory" : Deleuze, Guattari, Foucault, Sartre et les autres freudo-marxistes.



Il distingue trois états du capitalisme : capitalisme traditionnel nationaliste, capitalisme fasciste, néo-libéralisme. Puis il décrit ce dernier état, dans lequel "tout est permis mais rien n'est possible".



Il démontre que l'existence de la société de consommation est une illusion car le prolétariat n'a pas accès aux biens de consommation ou de confort. Il doit se contenter des biens de subsistance et d'équipement (voiture pour aller travailler, électroménager, télévision au mieux) donc dans une logique de production ou de divertissement (voire d'endoctrinement) , pas de luxe ou de confort.



Il y a donc ceux qui produisent plus qu'ils ne consomment et ceux qui consomment plus qu'ils ne produisent, et ce sont ces derniers qui, à la faveur de Mai 68, ont érigé le désir en idole suprême. La lutte sociale a été phagocytée par l'individualisme bourgeois prônant la satisfaction de tous les désirs par la consommation. Cet acte éminemment vil et méprisable qu'est la consommation est désormais perçu comme le nec plus ultra, la tendance ultime : assouvir ses moindres volontés comme s'il s'agissait d'un acte éminemment révolutionnaire.



Ainsi, et comme Clouscard le rappelait quelques années avant sa mort, le discours écologisant, moralisateur, qui consiste à prôner la rigueur et l'ascétisme après des années de frivolité est absolument déplacé puisque ce sont les classes qui portent ce discours qui ont elles-mêmes profité de cette insouciance consumériste bourgeoise à laquelle les prolétaires n'ont jamais réellement accédé, et qui sont pourtant désormais pointés du doigt comme responsable au prétexte qu'ils utiliseraient trop leur voiture, elle-même achetée pour pouvoir se rendre sur leur lieu... de production !



Néanmoins, malgré les évidentes qualités du raisonnement et le génie des nombreuses fulgurances théoriques déployées dans ce livre, on regrettera son impénétrabilité. L'emploi à outrance de vocabulaire de sociologue extrêmement abstrait ainsi que l'accumulation de sous-parties, sous-sous parties et sous-sous-sous parties rendent extrêmement obscure la pensée de Clouscard. Finalement, la partie la plus compréhensibles est l'introduction rédigée par Aymeric Monville, spécialiste de l'auteur, qui livre là un résumé exégétique d'une clarté bien supérieure au contenu du livre en lui-même.
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Le Capitalisme de la Séduction

Le livre indispensable pour comprendre les nouvelles stratégies du capitalisme depuis 30 ans.
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Néo-fascisme et idéologie du désir

Clouscard fournit le livre qui permet une grille de lecture des errements contemporains: Tous les courants politiques ne sont finalement que les différents tentacules de la pensée libérale-libertaire y compris ceux qui se présentent comme les plus farouchement opposés au capitalisme financier.
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