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Citations de Michel de Montaigne (971)


[Prendre des notes]
Pour subvenir un peu à la trahison de ma mémoire, et à son défaut, si extrême qu'il m'est advenu plus d'une fois de reprendre en main des livres comme récents et à moi inconnus, que j'avais lus soigneusement quelques années auparavant, et barbouillés de mes notes, j'ai pris en coutume depuis quelque temps d'ajouter au bout de chaque livre (je dis de ceux desquels je ne me veux servir qu'une fois) le temps auquel j'ai achevé de le lire, et le jugement que j'en ai retiré en gros : afin que cela me représente au moins l'air et l'idée générale que j'avais conçu de l'auteur en le lisant.

Des livres, II-10, p. 662
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[Juger les livres qu'on a lus]
Je dis librement mon avis de toutes choses, voire et de celles qui surpassent à l'aventure ma suffisance, et que je ne tiens aucunement être de ma juridiction [qui dépassent peut-être ma compétence, et qui ne sont pas de ma spécialité]. Ce que j'en opine, c'est aussi pour déclarer la mesure de ma vue, non la mesure des choses. Quand je me trouve dégoûté de l'Axiochos de Platon, comme d'un ouvrage sans force, eu égard à un tel auteur, mon jugement ne s'en croit pas [ne se fie pas à lui-même]. Il n'est pas si outrecuidé de s'opposer à l'autorité de tant d'autres fameux jugements anciens qu'il tient [considère comme] ses régents et ses maîtres, et avec lesquels il est plutôt content de faillir [de se tromper]. Il s'en prend à soi, et se condamne, ou de s'arrêter à l'écorce, ne pouvant pénétrer jusques au fond, ou de regarder la chose par quelque faux lustre.

II-10, "Des livres", p. 648.
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... je ne hais point les fantaisies [opinions] contraires aux miennes. Il s'en faut tant que je m'effarouche [loin de m'effaroucher] de voir de la discordance de mes jugements à ceux d'autrui, et que je me rendre incompatible à la société des hommes, pour être d'autre sens et parti que le mien ; qu'au rebours, (comme c'est la plus générale façon que nature ait suivi, que la variété, et plus aux esprits qu'aux corps - d'autant qu'ils sont de substance plus souple et susceptible de formes) je trouve bien plus rare de voir convenir nos humeurs et nos desseins. Et ne fut jamais au monde deux opinions pareilles, non plus que deux poils, ou deux grains. Leur plus universelle qualité, c'est la diversité.

II, 32, De la ressemblance des enfants aux pères, fin du livre II.
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[Sur la fréquentation des livres, livre III, chapitre 3].
Ces deux commerces (l'amitié et l'amour) sont fortuits et dépendants d'autrui : l'un est ennuyeux par sa rareté, l'autre se flétrit avec l'âge ; ainsi ils n'eussent pas assez pourvu au besoin de ma vie. Celui des livres, qui est le troisième, est bien plus sûr et plus à nous. Il cède aux premiers les autres avantages, mais il a pour sa part la constance et facilité de son service. Cettui-ci côtoie tout mon cours [= celui-ci accompagne de près toute ma vie], et m'assiste partout : il me console en la vieillesse et en la solitude ; il me décharge du poids d'une oisiveté ennuyeuse ; et me défait [débarrasse] à toute heure des compagnies qui me fâchent ; il émousse les pointures de la douleur, si elle n'est du tout extrême et maîtresse. Pour me distraire d'une imagination importune, il n'est que de recourir aux livres, ils me détournent facilement à eux, et me la dérobent ...

p. 1292
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Michel de Montaigne
Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors.
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La juridiction ne se donne point en faveur du juridiciant, c’est en faveur du juridicié (on rend la justice, non dans l’intérêt du juge, mais dans celui du justiciable). On fait un supérieur non jamais pour son profit mais pour le profit de l’inférieur, et un médecin pour le malade, non pour soi. Toute magistrature, comme tout art (technique, métier), jette sa fin (finalité) hors d’elle : nul art n’est enfermé en soi-même (Cicéron, Les Fins, V,6).
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Le conseil qu’Isocrate donne à son roi ne me semble sans raison :
« Qu’il soit splendide (qu’il dépense beaucoup) en meubles et ustensiles, d’autant que c’est une dépense de durée, qui passe jusqu’à ses successeurs ; et qu’il fuie toutes magnificences qui s’écoulent incontinent (qui disparaissent aussitôt) et de l’usage, et de la mémoire. »
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Je ne suis pas marri (fâché) que nous remarquons l’horreur barbaresque qu’il y a en une telle action, mais oui bien de quoi (mais je suis fâché que), jugeant bien de leurs fautes, nous soyons si aveuglés aux nôtres. Je pense qu’il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu’à le manger mort, à déchirer par tourments et par géhennes (tortures) un corps encore plein de sentiment (encore sensible,vivant), le faire rôtir par menu, le faire mordre et meurtrir aux chiens et aux pourceaux (cochons) (comme nous l’avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entre des voisins et concitoyens, et, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion), que de le rôtir et manger après qu’il est trépassé.
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Ceux qui manient les choses sujettes à la conduite de l’humaine suffisance (les choses soumises à un savoir à la portée des hommes) sont excusables d’y faire ce qu’ils peuvent. Mais ces autres, qui nous viennent pipant des assurances (qui viennent nous offrir des affirmations mensongères) d’une faculté extraordinaire qui est hors de notre connaissance. faut-il pas les punir de ce qu’ils ne maintiennent l’effet de leur promesse (de ce qu’ils ne tiennent pas leurs promesses) et de la témérité de leur imposture ?
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Michel de Montaigne
Le vrai miroir de nos discours est le cours de nos vies.
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Quant à moi, tout ce qui, dans la justice même, est au delà de la mort simple, me semble une pure cruauté, et notamment chez nous, qui devrions nous soucier d'envoyer (à Dieu) les âmes en bon état, ce qui ne peut pas être fait quand nous les avons ébranlées et désespérées par des tortures insupportables.
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Ce que j'ai de bon en moi, je l'ai, au contraire, par l'effet du hasard de ma naissance.
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Je vais dire une chose monstrueuse, mais je vais pourtant la dire : je constate par là qu'il y a dans ma conduite plus de rigueur et de règle que dans ma pensée et que ma concupiscence est moins déréglée que ma raison.
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Toute mort doit être conforme à la vie qu'elle termine. Nous ne devenons pas autres pour mourir.
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La colère est une passion qui se plaît en elle même et qui se flatte elle-même.
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Michel de Montaigne
La vie est une question.
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M. de Montaigne disait qu'il s'était toute sa vie méfié du jugement d'autrui sur le discours des commodités des pays étrangers, chacun ne sachant goûter que selon l'ordonnance de sa coutume et de l'usage de son village, et avait fait fort peu d'état des avertissements que les voyageurs lui donnaient ; mais en ce lieu, il s'émerveillait encore plus de leur bêtise, ayant, et notamment en ce voyage, ouï dire que l'entre-deux des Alpes en cet endroit était plein de difficultés, les mœurs des hommes étranges, chemins inaccessibles, logis sauvages, l'air insupportable.
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Michel de Montaigne
Mon métier et mon art, c’est vivre.
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Il n’est pas étonnant, dit un ancien, que le hasard ait tant de pouvoir sur nous puisque nous vivons au hasard. A celui qui n’a pas donné d’avance, en gros, une direction déterminée à sa vie, il est impossible de disposer ses actions particulières.
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... sept ou huit filles d'autour de Chaumont en Bassigny complotèrent, il y a quelques années, de se vêtir en mâles et continuer ainsi leur vie par le monde. Entre les autres, l'une vint en ce lieu de Vitry sous le nom de Mary, gagnant sa vie à être tisserand, jeune homme bien conditionné* et qui se rendait, à un chacun, ami. [...] Depuis étant allé audit Montier-en-Der, gagnant toujours sa vie audit métier, il devint amoureux d'une femme, laquelle il avait épousée, et vécut quatre ou cinq mois avec elle avec son consentement, à ce qu'on dit ; mais ayant été reconnu par quelqu'un dudit Chaumont, et la chose mise en avant en justice, elle avait été condamnée à être pendu : ce qu'elle disait aimer mieux souffrir que de se remettre en état de fille. Et fut pendue pour des inventions illicites à supplir* au défaut de son sexe.

L'autre histoire, c'est d'un homme encore vivant nommé Germain, de basse condition, sans nul métier ni office, qui a été fille jusques en l'âge de vingt-deux ans, vue et connue par tous les habitants de la ville, et remarquée d'autant qu'elle avait un peu plus de poil autour du menton que les autres filles ; et l'appelait-on Marie la barbue. Un jour, faisant un effort à un saut, ses outils virils se produisirent, et le cardinal de Lenoncourt, évêque pour lors de Châlons, lui donna nom Germain.

*bien conditionné : de bon caractère
*supplir : suppléer
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