Citations de Michèle Manceaux (38)
Que l'on soit garçon ou fille, pourquoi la mère est-elle la cible principale, alors que le père bénéficie d'une mansuétude si souvent imméritée ? (...)
Tandis que les pères, ah les pères ! Ils vaquent, ils voguent, ils sont loin, silencieux, intouchables, on peut leur prêter des mobiles cachés, des sentiments inavoués et même des désirs retenus, on peut rêver qu'un jour on découvrira leur cœur. Aux pères, on signe un chèque en blanc. Ils paieront un jour et ce jour sera magnifique. (p.14)
[Citation mise en exergue de ce texte ainsi que deux autres citations de George Sand et Paul Eluard]
Le rire n'est pas autant qu'il semble un contraire des larmes: l'objet du rire et l'objet des larmes se rapportent toujours à quelque sorte de violence, interrompant le cours habituel des choses- Georges Bataille (p.10)
Je n'ai jamais pleuré car mes larmes se sont transformées en pensées. Et ces pensées ne sont-elles pas aussi amères que des larmes ? - Cioran- (p. 67)
Elle inscrivit sur le cahier quelques phrases qu'elle prévoyait pour la suite du roman.Il lui semblait que tout ce qu'elle avait vécu était tombé si profond en elle,pendant des années,qu'elle n'aurait plus la force de l'en extraire, mais cela s'était rangé dans dans un tiroir, comme ces objets inutiles que l'on garde un moment,avant de les jeter.Elle n'avait,en fait qu'à ouvrir le tiroir,les phrases montaient,voletaient,des duvets qui se posaient légèrement sur le papier.
On ne peut pas écrire tout le temps.Qu'est-ce que tu feras de toute ton énergie?
Il dit:"Parfois j'ai l'impression que tu m'aimes vraiment."
Elle le regarde avec émerveillement.Elle se sent rassurée,heureuse de marcher à son côté,d'être une femme qui aime vraiment.
De l'embarcadère de San Zaccaria,on voyait cinq églises illuminées,cinq diamants sur les cinq doigts d'une main ondoyante,gantée de velours noir,le pouce de la Salute et les quatre doigts de la Giudecca:l'entrée et le bas-côté de San Giorgio, Santa Maria della Presentazione et le Redentore.Les diamants scintillaient et les étoiles aussi,la terre rivalisait avec le ciel.
J'adore les cimetières,ça rend heureux d'être vivant.
Elle dit:"Tu comprends tellement bien les choses que je suis obligée de t'aimer.
-Alors,dit-il,on peut affronter la pluie?
-Tu me donnes des ailes",répondit-elle.Elle se sentit réellement forte et aérienne d'avoir à la fois un projet et un amour.
Elle nota:"N'y aura-t-il toujours que des hauts et des bas?
Révolte,absurde,espoir.Tiercé obligé.On le joue dans le désordre."
Elle rit et dit au jeune homme: "Je n'écris vraiment que des bêtises mais je m'amuse." Elle l'associait à cette belle humeur.
Elle dit:"On ne sait jamais où peuvent aller les mots.Parfois ils tombent en poussière,parfois ils résistent."
Elle dit:"Pourquoi peut-on si bien parler au lit et pas à table?"
Il dit:"Sans doute parce qu'au lit, on se parle à soi-même".
Elle sortit vite son carnet pour noter cette phrase.
Elle avait l'intuition que, pour écrire, il ne fallait presque plus vivre. Seulement s'isoler,glacer le temps, pour en tirer,à force de tenacité,des cristaux transperçants.
Elle se dit aussi que les moments heureux étaient des moments d'enfance retrouvée et que la béatitude n'était rien de mieux que l'aveu consenti de sa nullité.Elle se crut profonde et regarda autour d'elle avec satisfaction.
Ils n'avaient pas la même façon de regarder la peinture.Elle cherchait ce qui se dégageait de l'ensemble du tableau,ne s'accrochant à rien de particulier.Une couleur,un mouvement suffisaient à la bouleverser.Après,seulement,elle voyait ce que le tableau représentait.
Lui, s'attachait à l'histoire.Celle du peintre,celle de la scène peinte.Il replaçait le tableau dans la société de l'époque. Il lisait les guides,les catalogues.
Elle avait dû montrer un agacement.Il dit:"L'intimité immédiate avec la peinture est une question d'éducation.On voit bien là notre différence de classe.
-C'est ridicule,dit-elle.L'histoire aussi m'intéresse,mais^pas en premier.
-C'est bien ce que je disais",insista-t-il.
Ils auraient pu encore se disputer.
Les lois sont nécessaires,dit-il, ne serait-ce que pour les transgresser.
Elle avait toujours recherché les hommes qui pouvaient l'enseigner,mais par malchance,coup du sort ou obscure déviation,elle n'attirait pas ces hommes-là.
Les fenêtres avaient aussi cela de merveilleux qu'elles faisaient naître la tendresse.Quand on regardait à deux par la même fenêtre, on avait l'illusion de partager un sentiment.