Lou Reed a commencé là où le rock s’est arrêté. Avant lui, on écoutait cette musique pour s’amuser. Après lui, le rock est devenu littéraire, sombre, dérangeant et par dessus tout, sombre jusqu’à l’inquiétant.
Lou allait devenir le triple champion du monde dans une discipline inédite : tourner violemment le dos à son propre succès.
Juif. Pédé. Junkie.
Lou Reed avait déjà atteint les deux premiers de ces objectifs à dix-sept ans. Ses parents l’ont alors envoyé suivre une thérapie à base d’électrochocs, la grande nouveauté dans l’Amérique de la fin des années 1950 pour remettre dans le droit chemin ses gamins délinquants. Une expérience qui allait contribuer, peu de temps après, à le propulser vers le troisième objectif.
Pétri d’esprit de contradiction, depuis son casque de bouclettes jusqu’au bout de ses boots pointues, Lou Reed ne cesserait plus de forger sa carrière en faisant toujours ce qu’on attendait le moins de lui – et souvent ce qu’on désirait le moins (...) Reed sur scène vous prenait toujours au dépourvu : C’était le genre de rebelle qui aurait mieux aimé s’arracher les yeux que de rester assis à écouter parler d’autres soi-disant rebelles ; un traître pour les deux parties, fuyant toute définition précise, y compris le concernant.
Je roulais en Mini à l’époque, une bagnole complètement pourrie, sans essuie-glace, ni rien. S’il pleuvait, je devais essuyer le pare-brise à la main. Et alors que je roulais vers la maison de Steve, la voiture a pris feu. Heureusement, j’avais un extincteur, et en le vidant sur les flammes, je me suis retrouvé plein de suie et d’huile. C’est dans cet état que je me suis présenté chez Steve. Et la première chose qu’il m’a dit, c’était : "Bon, je suis désolé d’avoir à te dire ça, mais tu es viré ".
Dave Murray