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Critiques de Mike Mignola (356)
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Les Chroniques de Corum, tome 1 : Le Cheval..

Coincé entre la dark fantasy baroque d'Elric de Melniboné et le post-apocalyptique décadent d'Hawkmoon, le prince Corum Jhaelen Irsei n'est la création la plus populaire de Michael Moorcock le Prométhée des genres de l'imaginaire, mais elle n'en reste pas moins très intéressante. Dans l'univers de Corum, les Vadghaghs et les Nhadraghs disposent d'une longévité qui fait la jalousie des humains nommés Mabdens, et il se sont fait la guerre guerre pendant des siècles sinon des millénaires avant de conclure à la la stérilité de leur affrontement, de faire la paix et de vaquer chacun de leur côté à leur occupation collectives ou personnelles au point de ne plus savoir faire la guerre et laissant à leur sort les Mabdens à la vie brève et au taux de reproduction élevé plus proche de la barbarie que la civilisation… Il est étonnant que Michael Moorcock qui a toujours revendiqué sa tolkienophobie parte d'un "Silmarillion" transposé en Science-Fantasy…



Les Vadghaghs sont un peuple qui utilise la force de l'esprit comme technologie et non comme magie pour entre autres choses les transports et les communications, et quand au Castel Erorn la famille de Khlonskey ne parvient plus à joindre les autres, le roi demande au prince de voir pas lui-même de quoi il en retourne. Chevalier errant, il découvre un monde en ruine aux les barbares humains ont remplacés Vadghaghs et Nhadraghs, dans lequel Gladnyth A-Krae conquérant raciste et génocidaire est parti en croisade contre les races anciennes et qui n'hésite pas à s'en prendre aux siens quand il ne partage pas ses projets (toutes allusions aux néo-nazis anglo-saxons des années 1970 ne sont pas fortuites du tout). le havre de paix de Casgel Erorn redécouvre la guerre et la violence, et le Prince Corum arrive trop tard pour partager son sort. Sa Némésis lui prend un oeil et une main, mais il apprend la haine !

Le destin en veut pourtant autrement puisque que Corum Jhaelen Irsei échappe à ses tourments (deus ex machina du simiesque serviteur de l'ombre d'un dieu), et se retrouve au bon soin de la Margravine Rhalina dirigeante d'un mélange entre la cité d'Ys et du Mont Saint Michel qui lui prouve que les humains ne sont pas tous des barbares sanguinaires, et après avoir appris la haine et l'envie de tuer c'est l'amour et l'envie de protéger qu'il apprend (la belle veuve est douce mais pas faible, d'ailleurs c'est elle qui met le héros dans sa couche et non l'inverse !). A une époque où les unions mixtes sont encore aux yeux de ses saloperies d'élites autoproclamées un crime contre les bonnes moeurs, l'auteur fait preuve d'un iconoclasme complètement assumé. En son temps cela a beaucoup choqué, mais je ne vais pas verser une larme sur les états d'âmes de l'autoproclamée « bonne société »… Toujours est-il que Corum retrouve sa Némésis et que pour lui sauver la vie Rhalina fait appelle à la plus noire des sorcellerie !



Si la 1ère partie du récit mélangeait "Le Morte d'Arthur" et "La Planète des singes", dans la 2e partie l'auteur renoue avec ses premières amours à savoir les pulps à la "John Carter" (comme le prouve le jardin carnivore qui était dans une des plus pulpienne nouvelle de R.E Howard). Corum apprend de la bouche du sorcier Shool que Gladnyth A-Krae et les Mabdens ne sont que les pions d'Arioch, le Chevalier des Épées dieu du chaos. Il lui promet la vengeance en échange de ses services, et c'est ainsi que Corum se retrouve avec l'oeil d'un dieu mort qui lui permet de voir les enfers et la main d'un autre dieu mort qui lui permet de commander aux derniers arrivés de ses habitants, avant de partir dans une odyssée pour parvenir au Palais d'Arioch… La suite du récit est donc très pulpienne mais associées aux souvenirs des aventures de Jason et d'Ulysse (mais ces récits n'étaient-ils pas des pulps antiques ?), Corum rencontrant divers serviteurs du dieu dont ils sont les victimes : Corum veut les épargner, mais est obliger de les tuer pour pouvoir avancer (la main du dieu mort étant à peine moins traîtresse qu'une certaine épée noire buveuse d'âme qui ne faut pas nommer, car la nommer c'est l'appeler et hâter le fin de son monde). C'est ainsi qu'il fait la rencontre d'Hanafax, soldat, prêtre et explorateur, mais aussi Dédale, Da Vinci et Magellan qui va l'accompagner un temps. A la Porte du Lion, l'auteur renoue avec ses autres premières amours à savoir les tragédies shakespeariennes, puisque pour avancer il est obligé de tuer un ami et le peuple qu'il pensait avoir perdu et qu'il espérait avoir retrouve »… La fin du récit est quasiment psychédélique avec le Palais d'Arioch et le Duc Arioch lui-même qui peuvent changer d'apparence à volonté. Nous sommes au royaumes des chimères, et Corum doit voir à travers les illusions et les mensonges : il rejoint les autres champions envoyés pour voler le coeur du dieu du chaos, et ils font cause commune pour faire triompher la justice. Nous sommes dans les codes des contes de fées, mais comme tous les héros moorcockiens Corum doit agir en « problem solver » pour qu'elle triomphe : va-t-il opter pour la haine ou pour l'amour ?





Coincé entre le texte de Michael Moorcock et les dessins d'un Mike Mignola en début de carrière mais déjà très mature et qui a tout compris en mélangeant science et magie, le scénariste Mike Baron livre une adaptation très fidèle mais très efficace. Évidemment j'attends la suite avec impatience (chat ailé, guerriers zombifiés, elfes avec rayons lasers et vaisseaux spatiaux : que du bonheur !). Et évidemment je ne résiste pas à la tentation d'écrire que Gillossen d'Elbakin.net raconte une fois de plus des bullshits en comparant tout cela au blockbuster de Glénat : tu ne peux pas comparer frontalement un comic des années 1980 et une BD des années 2010, un artiste en début de carrière et des artistes au sommet de son art… C'est encore une fois du grand n'importe quoi !
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Hellboy, hors-série : La bible infernale

Pour ceux qui aiment "Hellboy" et son créateur Mike Mignola; un beau livre qui reprend la genèse, les créations, croquis, extraits, couvertures, esquisses, crayonnés de notre héros rouge aux poings terrifiants.
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Witchfinder, tome 1 : Au service des anges

Plus jeune j'étais impressionné par les aventures d'Adèle BLAN SEC, les personnages grotesques qui revenaient à la vie et semaient la terreur dans Paris. Mignola avec son Witchfinder excelle a un niveau plus élevé, plus trash, et le LONDRES du XIXème siècle avec ses bas fonds, ses sociétés secrètes, ses explorateurs convient tout à fait à ce genre d'histoire. Spiritisme, sorcellerie, cités anciennes, civilisations disparues sont amenés à être invoqués ici, et notre chasseur de sorcière tente de découvrir la vérité qui n'obéit pas forcément à la logique ou aux lois connues...
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Frankenstein underground

Le grand MIGNOLA nous livre un Frankenstein au look de Hellboy. Il a survécu à de nombreuses épreuves, à la solitude, pourchassé, enfermé, il atterrit blessé dans une pyramide du Mexique où il est recueilli par une vieille sorcière. L'histoire devient un mélange des mondes perdus avec des personnages dignes de Tardi, de Lovecraft, le tout shaké, donne un récit haletant au rythme soutenu.
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Les Chroniques de Corum, tome 1 : Le Cheval..

Plein de charmes graphiques et de soubresauts scénaristiques, les Chroniques de Corum présentent un solide alliage qui devrait en faire une référence du comic de fantasy, pour tous les amateurs d’Elfes, Eldars, Piurivars et bien d’autres encore...
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Hellboy & BPRD - 1955

Dans une atmosphère de roman d’espionnage un peu désuet où viendraient se greffer des aventures sorties de vieilles séries de type X-Files ou Millenium, ce quatrième tome ne s’enflamme pas mais reste bien chaud dans sa veine Hellboy.
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Witchfinder, tome 4 : La cite des morts

Ce tome fait suite à Witchfinder, tome 3 : Les Mystères d'Unland qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson, dessinés et encrés par Ben Stenbeck, avec une mise en couleurs réalisée par Michelle Madsen. Les couvertures ont été réalisées par Julián Totino Tedesco. Le tome se termine avec 6 pages d'études graphiques des couvertures, et 3 pages réalisées par Stenbeck avant la mise en couleurs, et l'apposition des phylactères.



En août 1888, une équipe d'ouvriers est en train de travailler à la construction de la station de métro Tower of London. L'un d'entre eux vient trouver le chef d'équipe Campbell, pour lui montrer un mur de briques qui s'est écroulé, révélant un vieil escalier derrière, menant à une chambre souterraine. 2 ouvriers y ont disparu, abandonnant leur lanterne. Le contremaître estime qu'ils ont simplement abandonné le chantier et rejoint la surface. Chez lui, Sir Edward Grey est en train de consigner les détails de sa dernière aventure dans son journal, quand son majordome Bailey lui apporte un billet l'enjoignant de se rendre à la morgue de Saint John of the Cross. Grey se rend à la convocation de mister Silk. Ce dernier lui explique qu'ils ont reçu la confession d'un pilleur de tombes, décédé depuis, son cadavre étant en train d'être examiné dans la même pièce. Il porte la marque d'une morsure au poignet. Tout le monde est surpris lorsqu'il revient à la vie, le torse ouvert en 2 par l'incision du médecin légiste.



Après avoir rendu ce cadavre à la mort, Edward Grey part enquêter dans le dernier cimetière où avait opéré ce pilleur de tombes, et interroge 2 fossoyeurs présents sur place. De retour à Londres, il est interpellé dans la rue par August Swain de la fraternité héliopique de Ra. Celui-ci essaye de le convaincre de l'accompagner dans leur lieu de réunion, mais sans succès. La nuit tombée, Edward Grey se fait accompagner de 2 médecins légistes pour déterrer les cadavres dans le cimetière qu'il a visité ce même jour.



Après avoir laissé un autre scénariste réaliser une histoire de ce personnage, Mike Mignola écrit une nouvelle aventure de Witchfinder, avec l'aide Chris Roberson, dessinée par Ben Stenbeck, l'artiste du premier tome, et de la série Baltimore coécrite par Mike Mignola & Christopher Golden. Le lecteur sait qu'il va retrouver Sir Edward Grey, un agent de la Reine, spécialisé dans les manifestations surnaturelles. L'illustration de couverture ne laisse pas planer beaucoup de doute quant à la nature des créatures surnaturelles de cette histoire. Le lecteur a toutefois la surprise de découvrir qu'elles ne sont pas les seules présentes dans ce tome. En outre, comme à son habitude, Mike Mignola tisse des liens entre ses différentes séries, pour enrichir la mythologie de cet univers partagé. L'autre ennemi présent dans ce récit a déjà croisé le chemin d'Hellboy. Il est également question de Mohlomi, un personnage ayant également rencontré Hellboy. La confrérie de Ra a également joué un rôle important dans l'histoire personnelle d'Abe Sapien, l'un des membres du BPRD.



Le lecteur suit donc Edward Grey dans une nouvelle enquête, suite à la réanimation suspecte d'un cadavre. Mike Mignola a décidé de ne pas jouer sur le mystère de l'identité du principal ennemi, rapidement montré et déjà connu des lecteurs d'Hellboy. Par contre, il a conçu une intrigue qui montre Edward Grey en train d'enquêter. Il y a donc cette prise de contact avec les fossoyeurs, puis le déplacement de nuit dans le cimetière, une recherche en bibliothèque administrative quant au propriétaire du terrain d'un cimetière juif. Il a successivement recours à 2 personnages bien pratiques qui en savent beaucoup, mais qui ne disent pas tout, juste ce qu'il faut pour que l'intrigue puisse progresser un petit plus. Chris Roberson se montre un peu taquin dans les dialogues quand Edward Grey fait observer à l'un de ses personnages qu'il fait exprès de s'exprimer de manière sibylline. Il adresse un autre clin d'œil, cette fois-ci à Mignola lui-même, quand un personnage explique à haute voix que la mythologie est une de ses marottes, ce qui s'applique directement à Mignola également. Le lecteur se rend donc bien compte que l'intérêt du récit ne réside pas complètement dans l'intrigue, celle-ci ayant été conçue pour respecter les spécifications des aventures de ce personnage.



Le lecteur se laisse donc tenir par la main pour suivre les tâtonnements d'Edward Grey et ses aventures, mais sans trop s'attacher à l'intrigue, puisque la majeure partie des mystères pour Grey n'en sont pas pour le lecteur, et elle suit un cours très balisé. Il apprécie l'effort effectué pour introduire un personnage féminin (miss Goad) qui aide activement Grey et qui sait se défendre contre des créatures surnaturelles, même si cette phase ne dure pas longtemps. Il constate avec surprise que pour la première fois depuis la création de l'univers étendu d'Hellboy, la mise en couleurs est réalisée par un autre artiste que Dave Stewart. Michelle Madsen observe à la lettre les particularités du travail de Stewart, et si ça n'avait pas été précisé dans la liste des auteurs, le lecteur n'aurait pas remarqué ce changement. Ces couleurs sombres, terreuses ou verdâtres plongent le lecteur dans une ambiance enténébrées très immersive.



Ben Stenbeck réalise des dessins d'une grande lisibilité, avec des traits de contours propres et nets, un peu appuyés par endroits, pour un effet très agréable à l'œil. Les cases sont faciles à lire, même celles baignant dans une lumière sombre. Cette facilité de lecture n'est pas synonyme de faible densité d'informations. Le lecteur peut compter les briques de la maçonnerie du tunnel du Tube, les stèles funéraires dans le cimetière, les pavés dans une rue londonienne, les livres dans les archives, les cadavres à l'issue de l'affrontement final. Il observe les tenues vestimentaires : la redingote de Sir Edward Grey, la casquette des ouvriers, le lourd manteau d'August Swain, la veste militaire de Giurescu, l'uniforme rouge des gardes de la Tour de Londres, l'uniforme des bobbies, la robe toute simple de miss Goad. L'artiste intègre donc des éléments attestant de l'époque à laquelle se déroule le récit, et permettant de s'y plonger. Il les représente avec un contour assuré, délimitant clairement chaque forme, sans en perdre en détail. En regardant les pages en fin de volume, le lecteur comprend que Ben Stenbeck a lui-même appliqué des nuances de gris pours figurer les ombrages, puis que Michelle Madsen a appliqué les couleurs. Pourtant les surfaces semblent manquer de texture, n'arrivant pas à rendre compte de la matière des étoffes ou des matériaux de construction.



Ben Stenbeck utilise une approche un peu simplifiée pour représenter les traits des visages. Celui lui permet de les rendre plus facilement identifiables par des caractéristiques marquées (comme la moustache et le collier de barbe d'Edward Grey), et plus expressifs. D'un autre côté, ce choix se combine avec le manque de texture pour diminuer un peu la sensation de réalisme. Régulièrement, l'artiste s'affranchit de représenter les arrière-plans. La première fois que cela se produit, c'est dans le bureau d'Edward Grey, le temps des 2 tiers de la page, pendant qu'il discute avec son majordome. La seconde c'est dans les rues de Londres alors qu'il discute avec August Swain. Cela concentre l'attention du lecteur sur les personnages, mais aussi cela l'extrait de l'environnement dans lequel se déroule la scène. Au pire, l'absence de décors peut durer 3 pages durant. Cela rompt le charme de l'immersion du lecteur. Par exemple quand Sir Edaward Grey doit affronter une grande créature surnaturelle de nuit dans une rue de Londres, l'arrière-plan n'est occupé que par des camaïeux gris et verdâtre. Ce choix graphique donne une impression d'onirisme, totalement déconnecté de la réalité dans laquelle se meuvent les personnages, ce qui donne l'impression que cette menace n'a finalement pas de consistance, pas de substance. Il joue contre le reste de la narration qui est plus pragmatique, qui suit les démarches plus banales de personnage principal. Du coup, le lecteur éprouve l'impression que l'artiste propose une narration quelque peu schizophrénique, écartelée entre réalisme et onirisme, deux modes narratifs qui tirent le récit dans 2 directions différentes.



Au fil des épisodes, le lecteur apprécie la qualité des dialogues qui ne se limitent pas à être fonctionnels, car ils donnent également une indication sur la personnalité de ceux qui les prononcent ou sur leur état d'esprit. Par contre, il a du mal à croire que l'enquête de Sir Edward Grey progresse surtout grâce aux révélations sortant du chapeau, proférées par Mohlomi, et par Tefnut Trionus. Il s'agit là d'un raccourci bien pratique, à nouveau allant contre le caractère pragmatique de l'enquête de Sir Edward Grey.



Le lecteur referme ce tome, avec le plaisir d'avoir lu une histoire divertissante, et amusante, mais avec le regret que l'artiste donne l'impression de ne pas accorder la même importance à toutes ses planches, en particulier lors des dialogues ou des manifestations surnaturelles (comme si ces dernières se suffisait à elles-mêmes et neutralisaient l'intérêt des décors). Il regrette aussi que le mécanisme de l'intrigue repose sur des révélations bien opportunes et bien pratiques.
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B.P.R.D. : Un mal bien connu, tome 1

Ce tome fait suite à B.P.R.D.: The Devil You Know Volume 1 - Messiah (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 10, initialement parus en 2018, écrits par Mike Mignola & Scott Allie, dessinés et encrés par Sebastián Fiumara pour les épisodes 6 à 8, et par Laurence Campbell pour les épisodes 9 et 10, avec une mise en couleurs réalisées par Dave Stewart. Mike Mignola a dessiné les 3 premières pages de l'épisode 6. Le tome se termine par 18 pages d'études graphiques, dont 3 consacrées aux crayonnés de Mike Mignola.



Quelque part en Enfer, dans une maison non loin de la grève d'un petit port de pêche, Heboy reçoit la visite d'Ed. Il accompagné par Roger, l'homuncule. Ed indique à Hellboy qu'il reste 2 choses à faire, et qu'il a tenté de faire la première à sa place pour l'aider. Sur Terre, à bord de l'aéronef du BPRD, quelque part au-dessus du Nebraska, Hellboy est assis sur un fauteuil à roulette, en train de regarder ses amis discuter, sans se concentrer sur ce qu'ils disent : Liz Sherman, Ashley Strode, Andrew Devon, Carla Giarocco, Fenix Espejo. Liz Sherman finit par s'approcher de Hellboy et lui demander si ça va ; il répond avec un oui laconique. Andrew Devon décide d'envoyer un petit groupe interroger des membres d'un culte campant sur une autoroute, entendant une voix de fillette dans leur esprit. Pendant ce temps-là, dans le comté de Jasper en Caroline du Sud, Abe Sapien et Ted Howards observent un campement d'individus vivant dans le dénuement. Maggie fait signe à Abe de la suivre ; il obtempère.



À bord du vaisseau du BPRD qui se trouve maintenant au-dessus du Dakota du Sud, Liz raconte à Hellboy ce qui s'est passé depuis sa mort. En réponse à une de ses questions, elle indique que Kate Corrigan est morte. Elle lui demande ce qui lui est arrivé à lui ; il répond qu'il n'en est pas sûr. À New York, Sam, son épouse et sa fille arrivent pour se joindre au culte animé par la petite fille. Ils ne sont guère rassurés par la présence d'individus à la peau marquée. Au centre du bâtiment, Varvara discute de sa stratégie avec Herman von Klempt et Karl Ruprecht Kroenen. Hellboy a décliné la demande d'Andrew Devon d'accompagner les agents qui vont établir le contact avec le campement des membres du culte. Il entend son nom appelé par le système de communication. Il se rend sur le pont où la communication a été établie avec Tom Manning, l'ancien directeur du BRPD. Hellboy salue son vieil ami allongé dans son lit d'hôpital. Maggie a amené Abe Sapien devant l'entrée d'une caverne pour qu'il sache où elle se trouve. Le groupe du BPRD a touché terre et découvre un spectacle qui n'est pas du tout celui auquel ils s'étaient préparés.



Le précédent tome s'achevait sur un coup de théâtre à peine croyable ramenant une forme d'espoir inattendu. En effet, il avait auparavant montré un monde dans un état de destruction bien plus effroyable que ce que la fin de la phase Hell on Earth pouvait laisser supposer, avec une humanité prête à se raccrocher à des croyances pour pouvoir espérer en un avenir meilleur. Au fil des pages le lecteur continue de relever les signes inquiétants et sinistres. Pour commencer, le titre de cette deuxième partie de The devil you know est Pandemonium, c’est-à-dire le nom de la cité faisant office de capitale aux enfers, celle où Hellboy a tué son père. Or le récit se déroule sur Terre, ce qui incite le lecteur à s'interroger sur l'éventualité d'une résurgence de Pandemonium sur Terre, ou de l'instauration d'une nouvelle capitale des enfers. Tout aussi angoissant est la persistance de la présence de monstres apparus pendant la phase Enfer sur Terre, l'apparition de nouvelles maladies inconnues propageant la pestilence, ou encore l'arrivée de créatures démoniaques présageant d'une nouvelle vague de catastrophes. Mike Mignola et Scott Allie ont construit leur récit de manière à ce que le lecteur se heurte régulièrement à de nouvelles manifestations létales, remettant en cause l'espoir apparu à la fin du tome précédent. Il mine également cet espoir par l'attitude de Hellboy qui ne fait aucun effort de communication avec les autres, qui semble replié sur lui-même, attendant le moment qu'il juge opportun pour passer à l'action, comme si toute autre forme d'intervention n'a aucune importance.



Les dessins de Sebastián Fiumara et Laurence Campbell participent également à instaurer cette ambiance sombre et désespérée. À de rares exceptions près, les visages dessinés par Fiumara sont marqués de traces noires, de petites hachures, comme s'ils portaient les stigmates de leur souffrance intérieure, comme si le temps avait déposé des marques d'usure. Ces visages expriment souvent le regret, l'inquiétude, l'agressivité, presqu'à aucun moment une émotion positive, au mieux de la neutralité indéchiffrable. Campbell utilise des traits un peu plus durs et un peu plus épais pour les visages qui apparaissent alors creusés et fatigués, marqués par des expressions dures et résolues. Durant les 3 premiers épisodes, les personnages sont souvent représentés debout, les bras le long du corps, dans une forme d'attente ou d'inaction, comme s'ils n'avaient pas de possibilité de se mettre à l'œuvre, d'agir pour améliorer la situation, pour construire quelque chose. Dans les 2 derniers épisodes, l'action occupe la majeure partie des pages, les membres du BPRD se jetant à corps perdu dans la bataille, avec l'énergie du désespoir. À bien y regarder, Fiumara et Campbell utilisent une direction d'acteur exhalant un parfum de résignation ou de désespoir sous-jacent, inexorable.



De la même manière la mise en couleurs de Dave Stewart utilise des couleurs sombres et ternes pour renforcer l'ambiance de fin du monde, pour ajouter à la fibre sinistre, et participer à la sensation de destin funeste. S'il y fait attention, le lecteur se rend compte qu'à certains moments, Stewart ajoute une touche de couleur très inattendue : une touche de violet lilas pour la manifestation des démons, un vert pale pour le bocal de von Klempt. Les 3 pages réalisées par Mike Mignola sont parcourues par des feuilles mortes en train de tomber, comme la fin d'une époque. Les cases sont à la fois dépouillées avec des formes mangées par le noir, et à la fois très évocatrices. Durant les épisodes 6 à 8, Sebastián Fiumara réussit de très belles mises en scène : la vision de l'aéronef massif du BPRD, le corps au repos de Hellboy résigné, la forme saugrenue d'une vierge de fer au milieu de nulle part, le minois toujours aussi mignon de Varvara, et une magnifique case avec une légère contreplongée, montrant le trio réuni de Liz Sherman, Abe Sapien et Hellboy, baignant dans la nostalgie d'une autre époque. Dans les 2 épisodes suivants, Laurence Campbell réalise plusieurs visions apocalyptiques : une nuée de petits démons ailés, les gratte-ciels en ruine de New York se découpant sur un ciel enflammé, une horde de créatures immondes se ruant sur les agents du BPRD. Les 2 dessinateurs ont tendance à s'affranchir de représenter les arrière-plans le temps de 2 à 4 planches par épisode, parfois compensé par la mise en couleurs, parfois donnant une impression de vide.



Ainsi mis en condition par la narration visuelle des 2 artistes, le lecteur intègre le fait que l'histoire est placée sous le signe d'une forme d'inéluctabilité, les personnages ne sachant pas toujours quelle action entreprendre, où se rendre, contre qui se battre, et une fois sur le terrain assaillis par des créatures monstrueuses semblant sans cesse renouvelées. Qui plus est, Hellboy semble résigné, comme s'il ne servait à rien de se battre pour le moment. Le lecteur éprouve une sorte de sentiment contradictoire : entre désintérêt de ces scènes ne lui en apprenant pas beaucoup, et prise de conscience de ce qui est en train de se jouer. En surface, Mignola & Allie ne semblent pas en dire beaucoup avec leur histoire : Varvara continue de mettre en œuvre ses manigances, Abe Sapien s'apprête à rejoindre le BPRD, Andrew Devon n'a pas d'assurance quant à l'utilité des actions qu'il décide. Mais il se produit un effet cumulatif des différentes scènes qui accable toujours plus le lecteur. En outre, Mike Mignola a indiqué qu'il s'agit de la dernière histoire du BPRD, et qu'elle doit se terminer avec l'épisode 15. En assemblant progressivement les pièces du puzzle contenues dans ce tome, le lecteur sent sa tension augmenter.



Pour pouvoir apprécier ce tome, le lecteur doit disposer d'une connaissance étendue de l'univers partagé Hellboy, avec une bonne compréhension de l'historique de l'évolution des créatures monstrueuses sur la Terre. Il plonge alors dans un récit qui fait sens, avec une narration graphique sinistre du fait de l'ambiance qu'elle installe, des personnages accablés par des années de lutte, et des monstres évoluant dans une civilisation en ruine. Il regarde le récit s'acheminer inéluctablement vers un conflit final qui s'annonce terrible pour les survivants du BPRD. À l'évidence s'il a commencé son immersion dans cet univers partagé avec le premier épisode de Hellboy, ou par celui du BPRD, le lecteur sait qu'il ira jusqu'au bout, et quel que soit son niveau d'appréhension pour la fin de la série, il regrette déjà qu'elle se termine.
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Lobster Johnson, tome 3 : Une fragrance de ..

Ce tome fait suite à Lobster Johnson, tome 2 : La Main Enflammée qu'il n'est pas besoin d'avoir lu avant. Il comprend 5 histoires indépendantes, parues en 2012/2013, toutes écrites par Mike Mignola et John Arcudi.



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- Caput mortuum (dessins et encrage de Tonci Zonjic) - En juin 1932, 2 amis sortent d'un cinéma où ils ont été voir Merrily we go to hell, et ils apostrophent un passant qui a l'air ivre. Ce dernier s'agrippe à l'un d'eux, meurt dans ses bras couvert de sang. L'enquête de Lobster Johnson l'emmène dans une réunion de nazis à bord d'un zeppelin, au dessus des États-Unis.



Entre 2 histoires plus longues, Mignola et Arcudi ont décidé de s'astreindre à l'exercice délicat de la nouvelle. D'un côté il n'y a pas besoin d'une intrigue trop développé, de l'autre les scénaristes doivent réussir à proposer une histoire assez substantielle, le point d'équilibre n'est pas facile à trouver.



Pour cette première histoire, le lecteur retrouve le soin qu'ils apportent pour évoquer l'époque choisie : ici un film représentatif de la liberté artistique de l'époque (avant le code "Motion picture production code", plus tard surnommé le code Hays), un zeppelin et les tenues vestimentaires. Mignola et Arcudi incorporent ensuite quelques unes des conventions des pulps telles que les bagarres, le justicier masqué, les morts horribles et inexpliquées et un saut dans le vide sans parachute. Zonjic effectue un travail de mise en images, à la fois correct et efficace, sans être inoubliable.



Malgré tout les auteurs maîtrisent le rythme de leur récit à la case près, pour un récit d'action rapide et tendu, et ils incorporent un élément sortant de l'ordinaire (le mécontentement de la population allemande plongée dans la misère à cause du montant des réparations à payer, suite à la Grande Guerre) ce qui permet au récit de justifier son existence. 4 étoiles.



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- Satan smells a rat (dessins et encrage de Kevin Nowlan) - Quelque part dans un sous-sol, un homme en chaise roulante joue au train électrique. Ailleurs, un grand costaud ramène une belle pépée dans sa chambre d'hôtel où il retrouve un cadavre pas très frais dans un fauteuil. Lobster Johnson est sur ses traces.



Mignola et Arcudi reprennent la construction que pour la première histoire : d'abord un fait mystérieux et inexpliqué avec un cadavre à la clef, ensuite une course poursuite et enfin une confrontation. L'hommage aux pulps est tout aussi réussi, avec cette fois-ci un artiste à la personnalité prononcée, et à l'encrage très spécifique. En particulier, Nowlan s'applique à transcrire la texture de la peau du visage à l'aide de traits très fins, courts et secs, tout en veillant à ne pas surcharger ses dessins. Cela aboutit à une ambiance peu commune, où les personnages sont marqués par les années, mais aussi par leurs émotions complexes et indéchiffrables. Nowlan transcrit aussi bien la délicatesse des figurines du train électrique que l'horreur de la peau en décomposition du cadavre, en passant par la tension des passagers du métro dans la même rame que l'homme de main blessé. 5 étoiles.



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- Tony Masso's finest hour (dessins et encrage de Joe Querio) - À Long Island en 1933, Tony Masso a invoqué une créature diabolique qui lui promet le pouvoir de tenir Lobster Johnson à sa merci.



Il s'agit du plus court des récits ; il comprend 8 pages. L'intrigue est donc squelettique du fait de la pagination réduite, et Mignola et Arcudi n'arrivent pas à masquer la chute du récit, désamorçant tout suspens. Les dessins de Querio sont de bonne facture, sans être remarquable. 2 étoiles pour une histoire victime de sa brièveté.



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- A scent of lotus (dessins et encrage de Sebstián Fiumara) - En 1933, à New York, à Chinatown, plusieurs crimes sont commis, sans provoquer de réaction de la communauté asiatique. Lobster Johnson essaye de remonter à la source, avec l'aide de ses agents Harry Mc Tell, Lester, et de la journaliste Cindy Tynan. Mais le détective de police Jake Eckerd essaye de trouver une piste qui pourrait le mener à l'identité (et à l'arrestation) de Lobster Johnson.



Il s'agit du récit le plus long du recueil, parus à l'origine sous forme de 2 épisodes. L'intrigue est donc plus substantielle et plonge également dans un pan d'histoire dramatique, l'invasion de la Mandchourie en 1931. Mignola et Arcudi gèrent un nombre de personnages plus important, avec habilité, entremêlant l'enquête principale avec la pugnacité du détective Eckerd. Le mystère des meurtres conduit à la révélation d'un élément surnaturel original, et d'une affaire tortueuse.



Les planches de Sebastián Fiumara sont plus réussies que celles dans Nouvelle espèce (troisième tome des aventures d'Abe Sapien), avec une meilleure maîtrise des arrières plans, et une plus grande précision dans les décors. Les personnages dégagent une forte personnalité, différente pour chacun, avec une belle présence pour Cindy Tynan et Harry Mc Tell. Fiumara réussit à éviter les clichés et les stéréotypes propres aux "mystères de l'orient", pour des dessins transcrivant bien les particularités de l'époque, et des séquences d'action vives et un peu théâtrales, très convaincantes 5 étoiles.



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- The prayer of Neferu (dessins et encrage de Wilfredo Torres) - Lobster Johnson s'invite dans une soirée privée. La momie qui doit y être présentée par Neferu (en réalité une demi-mondaine du nom de Wilma Kazan) a été dérobée il y a peu, et son propriétaire légitime a été assassiné.



Pour ce dernier récit, Mignola et Arcudi reprennent une trame plus basique, en y insérant une ou deux pointes d'humour. Les dessins moins détaillés et plus exagérés de Wilfredo Torres tirent le récit vers la parodie, désamorçant la tension dramatique, et provoquant une distanciation préjudiciable à l'immersion d'autant que l'intrigue peu épaisse reste entièrement premier degré. 2 étoiles.
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Lobster Johnson, tome 4 : Haro sur Lobster !

Ce tome fait suite à Lobster Johnson, tome 3 : Une fragrance de lotus qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, la continuité de cette série étant assez lâche. Il contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement publiée en 2014, avec un scénario de Mike Mignola et John Arcudi, des dessins et un encrage de Tonci Zonjic, et une mise en couleurs de Dave Stewart.



L'histoire se déroule en octobre 1934. Tout commence par un match de catch opposant l'Ours Russe au Nain Diabolique. Tout dégénère quand ce dernier se met à tirer sur la foule avec un revolver. Harry McTell (l'un des agents du Homard) se trouvait parmi les spectateurs et prend un mauvais coup alors qu'il voulait s'interposer.



Cindy Tynan est en train de préparer une série de 5 articles pour un grand quotidien, dans lesquels elle promet de révéler tout ce qu'elle sait sur Lobster Johnson. Higgins, le chef de la police, annonce qu'il est fermement décidé à mettre un terme aux agissements de Lobster Johnson, un vigilant qui n'a pas sa place dans sa ville. Ce dernier doit arrêter la vague de crimes perpétrés par les 2 catcheurs, résoudre une énigme scientifique, tout en échappant aux forces de l'ordre.



Mignola & Arcudi poursuivent leur hommage aux pulps, avec cette série. Le lecteur retrouve donc le mystérieux héros à l'identité inconnue, à la résistance exceptionnelle et aux capacités de récupérations proprement surnaturelles. Il continue de laisser sa marque (une brûlure en forme de pince de homard) sur les individus qu'il a arrêtés. Dans les conventions du genre pulp, les auteurs reprennent également celles des lutteurs professionnels dotés d'une force surhumaine, le scientifique qui expérimente sur les êtres humains, la technologie d'anticipation, le rapport délicat avec les représentants de la loi, et même des pirates. Ils ne se contentent donc pas de réutiliser ad nauseam les mêmes ingrédients : ils réussissent à en incorporer de nouveaux, assez inattendus (il y en a encre d'autres dans le récit).



Lobster Johnson reste donc un héros anonyme, dépourvu de vie privée, même si l'enquête de Cindy Tynan met à jour des révélations inattendues. Les membres de l'équipe du Homard n'ont pas le droit à beaucoup plus de personnalité, servant surtout de protagonistes destinés à faire avancer l'intrigue et à fournir différents points de vue (difficile pour le lecteur de s'impliquer émotionnellement dans la brouille entre Cindy Tynan et l'inspecteur Jake Eckerd).



L'intérêt principal du récit réside donc dans sa capacité à utiliser avec intelligence les conventions des pulps, et dans ses personnages hauts en couleurs. Le lecteur ressent une petite inquiétude quant à l'exhaustivité des recherches de la journaliste, il grimace devant la fureur brutale des catcheurs. Il retrouve avec un énorme plaisir monsieur Arnie Wald (patron du crime organisé en pantoufles, douillettement installé dans sa demeure de banlieue), et avec encore plus de plaisir son homme de main assez indépendant Mister Isog (dont les caractéristiques physiques sont un hommage à l'acteur Peter Lorre).



L'intrigue se déroule de manière linéaire, Lobster Johnson menant l'enquête, tout en évitant la police, et en réalisant des exploits physiques lors des affrontements avec les criminels. Il fait preuve d'une détermination surnaturelle pour pourchasser le principal criminel jusqu'au bout, quoi qu'il lui en coûte.



Pour cette histoire complète, tous les épisodes sont illustrés par Tonci Zonjic (par comparaison avec les histoires courtes du tome précédent). Il emploie une mise en page assez sage, à base de cases rectangulaires, à raison de 4 à 5 cases par page en moyenne. Zonjic a un peu épuré ses dessins en diminuant le nombre de traits par case, sans pour autant perdre en densité d'informations. Son rôle est primordial car ses dessins doivent réussir à plonger le lecteur dans l'époque (les années 1930), sans l'aide de cellules de texte.



Il réussit à reconstituer le New York de ces années là de manière satisfaisante, sans recourir à un niveau de détails obsessionnel. Le lecteur peut apprécier la justesse des tenues vestimentaires, qu'il s'agisse des uniformes des policiers, ou du joli chemisier de la journaliste. Il sait doser les éléments visuels et bien les choisir pour que le lecteur puisse croire à la plausibilité de ce voyage en barque dans les égouts. L'aménagement de la salle de rédaction du quotidien est également très convaincant. Le lecteur goûte au calme presque champêtre de la demeure d'Arnie Wald, et à son aménagement désuet.



Zonjic s'en tire tout aussi bien pour la technologie d'anticipation qui présente une forme cohérente dans ses différentes parties, avec un savant dosage de rétrofuturisme. Enfin, les scènes d'action sont énergiques à souhait, sans être ni stéréotypées, ni épileptiques. Les images de l'artiste ne dessinent pas une vision enfiévrée ou transfigurée de New York et des personnes, mais elles bâtissent une reconstitution crédible et solide, avec un solide sens du rythme et une réelle attention apportée aux détails (sans que la reconstitution prenne le pas sur l'intrigue).



Avec cette histoire, Mike Mignola, John Arcudi, Tonci Zonjic, et Dave Stewart réalisent une solide histoire à la manière des pulps, maniant avec doigté les conventions du genre et recréant un New York assez authentique pour le lecteur puisse s'y projeter. Elle comprend assez de surprises pour dépasser le stade de l'hommage sage, mais pas tout à fait assez de souffle pour pouvoir justifier son existence au-delà du genre pulp.
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Hellboy & BPRD - 1955

Manœuvres occultes

[Résumé] En attendant la sortie du film de Neil Marshall (le 8 mai 2019), ce quatrième opus d’Hellboy & le B.P.R.D. ravira les fans du démon créé par Mike Mignola à l’aube des années 1990…



A travers trois récits dynamiques et captivants aux ambiances très différentes, Mike Mignola et Chris Roberson esquissent les contours d’une guerre froide occulte que se livre les puissances mondiales et qui pourrait faire basculer le monde vers l’apocalypse… L’album est complété par un superbe sketchbook où chaque dessinateur revient sur son travail sur l’album à grand renforts de magnifiques crobars qui nous en mettent plein les mirettes…



Si les inconditionnels d’Hellboy apprécieront sans nuls doute Hellboy & B.P.R.D. 1955, cette série est indéniablement une porte d’entrée pertinente pour découvrir l’univers riche et foisonnant de Mike Mignola qui plonge ses racines tentaculaires dans l’œuvre de Poe ou de Lovecraft…
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Les Chroniques de Corum, tome 1 : Le Cheval..

Bien, il serait peut-être temps de découvrir l'oeuvre de Mike Mignola n'est ce pas ? Pour ma part, je commence par le début, c'est à dire avec ces premiers pèlerinages dans le domaine du comics fantasy, adapté des plus grands.

En effet, bien avant Hellboy, Mike Mignola a signé l'adaptation de deux grands pontes de l'héroic-fantasy : Fritz Leiber pour Le cycle des épées et la bd que voici, Les chroniques de Corum issue de l'imagination "multiverselle " du génial Michael Moorcock, créateur de l'emblématique Elric de Menilboné.

Les chroniques de Corum sont apparus dans la bd durant les années 80, peu avant les chroniques de l'épée et de l'infernal Hellboy. Nous sommes donc dans du "proto-Mignola" comme le souligne Ron Martz dans l'introduction de ce comics réédité chez delcourt ( en deux tomes).

Je ne connais pas du tout l'oeuvre de Mignola si ce n'est de réputation. Il fait partie de ces grands pontes de la bd américaine dont le nom seul nous semble familier.

J'avais entendu parler de ses inspirations lovecraftiennes, de son bestiaire cauchemardesque, de son style gothique emblématique...Tout cela, nous pouvons déjà le trouver dans ces remarquables chroniques de Corum...

Corum est d'abord un voyage dans les confins obscurs d'un monde où nous suivons le dernier représentant d'une race sur le point de s'éteindre face à la prédominance de barbares primitivement humains.

Ainsi Corum est le prince héritier et maudit des Vadagh dont la quête se mure entre vengeance et romantisme.

De suite, nous pouvons penser à l'inévitable destin d'Elric de Melniboné dont la race est également sur le déclin. Il semble que la décadence soit un thème récurrent chez Moorcock , décadence qui vient hanter des héros tourmentés.

Dans Corum, notre héros demeure moins "fragile" qu'Elric, de plus, l'univers est un peu moins cruel. Les notions de bien et de mal sont moins floutés que dans le cycle d'Elric. Au final, cette intrigue de fantasy possède un ton un peu plus "classique" , un peu plus héroique... mais ne nous leurrons pas davantage, la fantasy de Moorcock garde toute son étoffe baroque.

Cette bd va nous entraîner vers des envolées à la fois épiques et étranges doté d'une galerie remarquable de créatures et autres merveilles délicieusement ...perchés ! Je pense notamment au petit peuple des Rhaga-da-khetas et à leurs immenses yeux jaunes, aux rictus cauchemardesques de ces faucheurs de l'ombre ou encore au trajet presque confus dans l'antre du duc Arioch....

C'est un véritable régal que ce voyage et le dessin de Mignola s'y prête allègrement ! Le design de ce bestiaire est très agréable à contempler, sans effets tape-à-l'oeil, le trait est précis, les expressions, les rictus, sont mis en valeur avec un bel effet de clair-obscur. Il y a un style réaliste qui côtoie plutôt bien cet univers de fantasy tourmenté propre à Moorcock.

Je glisse une petite réserve quand aux couleurs, parfois un peu fade, parfois un peu criardes, notamment pour certains couleurs de fond qui donnent un rendu un peu trop psyché à l'aventure...



Au final, j'ai plutôt été séduit par cette adaptation des chroniques de Corum, tout n'est pas parfait, le rendu est un rétro, il faut aimez les dialogues grandiloquents et une colorisation pas toujours au top... mais le voyage en vaut la peine, notamment pour celles et ceux qui veulent découvrir plus précisément le travail de Mike Mignola. Quant aux amateurs de Moorcock, je vous recommande avant tout les romans qu'il faut découvrir absolument !

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Witchfinder, tome 5 : The Gates of Heaven

Ce tome fait suite à Witchfinder Volume 4: City of the Dead (2016) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018, coécrits par Mike Mignola & Chris Roberson, dessinés et encrés par D'Israeli (Matt Brooker), et mis en couleurs par Michelle Madsen. Les couvertures des épisodes ont été réalisées par D'Israeli, la couverture du recueil par Julian Totino Tedesco. Le tome se termine par 18 pages de conception graphique, commentées par D'Israeli.



En octobre 1884, dans la Tour de Londres, 2 gardes devant une porte fermée entendent du bruit dans la salle qu'ils gardent. Ils pénètrent à l'intérieur et voient une forme spectrale disparaître en tenant un objet. Ils sont persuadés qu'il s'agit d'un fantôme. Le lendemain, Sir Edward Grey est sur place. Il recueille le témoignage des 2 gardes et leur demande ce qui a disparu. Un garde consulte le registre et indique qu'il s'agit d'un disque en or avec un motif de pentacle, inscrit en 1879 à l'inventaire, à l'occasion de l'affaire Amalfi. Grey se souvient bien de cette affaire et de l'objet. Après une semaine passée à réfléchir à l'affaire Edward Grey n'a pas avancé d'un pouce. Son majordome lui apporte le journal du jour : il y est fait mention d'une apparition de fantôme au British Museum. Il se rend sur place et commence à interroger le curateur tout en se dirigeant vers la salle où l'apparition a eu lieu. Sur place se trouvent déjà 3 chercheurs spécialisés dans le surnaturel : le professeur Llewellyn Pritchard, Simon Bruttenholm et Honora Grant.



Du coup, monsieur Chalmers répète devant les 4 enquêteurs ce qu'il a vu : il travaillait avec son collègue Godwin pour établir le catalogue de pièces dans les réserves en vue d'une exposition à venir. Ils s'étaient éloignés l'un de l'autre pour travailler sur des parties différentes de la réserve. Chalmers a entendu le bruit d'une lutte. Quand il est arrivé sur les lieux, il a vu une forme spectrale en train de disparaître et le corps de son collègue allongé par terre. Sir Edward Grey lui fait observer qu'il y a un emplacement vide sur une étagère. Pendant que Chalmers cherche de quelle pièce il s'agit dans un registre, le professeur Llewellyn Prichard offre ses services à Sir Grey, ainsi que ceux de ses 2 collègues. Chalmers a identifié l'objet manquant : un artefact trouvé dans une tombe assyrienne par l'expédition Arbuthnot. Puis Sir Grey se rend à l'institut médico-légal pour examiner le corps de Godwin dont les 2 avant-bras ont été tranché net. Les policiers n'ont pas retrouvé les mains manquantes. Sur place, il reçoit une convocation venant du plus haut de l'état.



La série Witchfinder connaît les hauts et des bas, et le lecteur se demande s'il a vraiment envie de découvrir une nouvelle enquête du traqueur de sorcières de la Reine. Néanmoins, ce tome est écrit par Mike Mignola, le créateur du personnage principal de cette série de miniséries dérivées de l'univers Hellboy. En outre, D'Israeli est un artiste ayant souvent collaboré avec Ian Edginton, sur des séries comme Scarlet Traces, Stickleback. Pour cette nouvelle histoire, les coscénaristes ont conçu une intrigue substantielle, à la fois en ce qui concerne les rebondissements de l'enquête, à la fois pour son enracinement dans l'univers partagé d'Hellboy. Le fil directeur du récit repose sur l'enquête pour savoir qui est ce mystérieux fantôme qui dérobe des artefacts ésotériques. En fait son identité est dévoilée à la fin du premier épisode, mais il reste à découvrir son objectif réel, ainsi que la manière dont il a acquis son savoir ésotérique. Sir Edward Grey conserve son approche rationnelle et pragmatique, avec une personnalité un peu sèche. Il procède par étape pour son enquête, avec des succès et des échecs. Il va consulter des experts comme August Swain de la Confrérie Héliopique de Ra. Il bénéficie d'une ou deux coïncidences pratiques comme la présence du trio d'enquêteurs surnaturels au même moment que lui au British Museum. Ces derniers ne font pas preuve non plus d'une grande personnalité, sauf sur le plan visuel. Chris Roberson sait insuffler un peu de particularités dans les dialogues, que ce soit l'enthousiasme du professeur Pritchard, ou les remarques nécessaires d'Honora Grant pour rappeler ses compétences.



Les protagonistes doivent également beaucoup de leur personnalité à la narration visuelle. Edward Grey arbore un visage souvent fermé et sévère, avec ce qui semble être des cicatrices. Le lecteur voit un personnage sérieux et impliqué, dédié à son travail. Aldous Middengard Sinclair (le criminel) arbore un visage tout aussi fermé, avec un air plus obsessionnel, indiquant le degré d'implication d'un individu pour qui la fin justifie les moyens. Par comparaison, le major Karam Singh semble plus posé, avec un visage plus détendu, et une forme de confiance en lui. Le professeur Lelwellyn Pritchard est plus enthousiaste, indépendamment de son âge avancé. Simon Bruttenholm et Honora Grant sont plus jeunes, et leurs visages expriment des émotions plus franches. Le lecteur peut également voir le caractère plus emporté d'August Swain, le responsable de la confrérie héliopique de Ra. Il constate aussi que sous l'apparence de dessins simples et tout public, D'Israeli s'investit pour la reconstitution historique, à commencer par les tenues des personnages. Dans les pages de fin, l'artiste explique qu'en termes de costumes, il a dû s'entraîner pour comprendre comment fonctionnait les pagnes des égyptiens en 1338 avant JC.



Alors qu'il peut avoir une impression de dessins un peu frustes ou un peu naïfs, le lecteur se rend vite compte de la qualité descriptive des pages. Au fil des séquences, il peut prendre le temps de détailler les rayonnages dans la Tour de Londres, ceux du British Museum, l'impressionnante pièce dans laquelle Grey est reçu à Buckingham Palace, les ateliers de la Fonderie, le magnifique hall monumental du temple universel de la Confrérie Héliopique de Ra, la très belle pièce réservée à l'hôte de Michael Glaren, les quais de la Tamise. D'Israeli fait montre d'une solide compétence de metteur en scène. En effet le genre Enquête en bande dessinée peut vite dégénérer en une succession de dialogues, exercice assez difficile pour un dessinateur qui doit y apporter une dimension visuelle. En scénaristes aguerris, Mignola & Roberson font en sorte de donner des occupations aux interlocuteurs et de varier les lieux. D'Israeli construit des plans de prises de vue élaborés, évitant l'enfilement de têtes en train de parler, pour montrer les décors, les activités des personnages, avec des changements d'angle de vue. Progressivement, Dave Stewart laisse la place à Michelle Madsen pour la mise en couleurs des productions Mignola. Elle utilise une palette de couleurs similaire à celle de Stewart, en particulier les marrons et les bruns. Elle privilégie les aplats de couleurs aux discrets dégradés, ce qui est en phase avec l'aspect un peu naïf et simple des dessins. Au fil des séquences, le lecteur peut voir que Michelle Madsen prend soin de rendre compte de l'ambiance lumineuse, avec les pièces sombres des réserves, ou le hall très éclairé du temple universel de la Confrérie Héliopique de Ra. Alors que les pages donnent l'impression de baigner dans une seule teinte, elle sait faire ressortir les objets les uns par rapport aux autres. Du coup, elle peut jouer sur le contraste entre ces teintes sombres et les couleurs plus vives lors de la manifestation d'énergies surnaturelles dans le dernier épisode.



Le lecteur se laisse donc emmener dans cette enquête surnaturelle qui fait référence à des éléments de l'univers partagé Hellboy, et qui en introduit beaucoup d'autres. Il retrouve donc la Confrérie Héliopique de Ra, avec August Swain qui était déjà apparu précédemment dans la série. Le lecteur est pris par surprise par la présence d'une vieille dame qui était un personnage récurrent de la série BPRD. C'est l'occasion pour les scénaristes d'effectuer un passage par l'Égypte antique, puis d'évoquer la scission qui s'est opérée au sein de la Confrérie Héliopique de Ra. Bien sûr, ces passages parlent plus aux lecteurs ayant suivi le développement de l'univers partagé d'Hellboy au travers des différentes séries et miniséries. Mignola & Roberson introduisent également plusieurs nouveaux personnages dont un membre de la famille Bruttenholm. Là encore, le lecteur de passage n'en pas forcément très impressionné, alors que le lecteur de longue date espère bien qu'il aura l'occasion de revoir ce personnage dans d'autres histoires. Les coscénaristes intègrent donc des éléments divers et variés dont certains qui laissent le lecteur décontenancé. Il a du mal à comprendre pourquoi ils ont tenu à évoquer les ouvriers étrangers des docks, ou encore plus surprenant le combat contre un triton géant.



Cette cinquième enquête de Sir Edward Grey fait partie des meilleures, avec un scénario riche en rebondissement, en personnages anciens et nouveaux, et en lieux variés. D'Israeli réalise des dessins en apparence naïfs, mais en fait il réalise une narration visuelle consistante, avec de nombreux détails et des prises de vue élaborées. Michelle Madsen s'affirme comme la digne successeure de Dave Stewart, avec une approche un peu différente de la mise en couleurs. L'enquête s'avère vivante et surprenante, avec des personnages peu développés. Le lecteur de longue date note les références à l'univers partagé, ce qui augmente son plaisir de lecture, mais qui ne parle pas aux lecteurs novices. Mignola & Roberson écrivent une enquête qui est intéressante pour elle-même (4 étoiles), avec des éléments de continuité qui viennent augmenter son intérêt (5 étoiles).
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Les Chroniques de Corum, tome 1 : Le Cheval..

Les lecteurs francophones auront dû patienter plus de trente ans avant que de pouvoir lire ces aventures de Corum Jhaelen Irsei, Prince à la Robe Ecarlate, scénarisé par Mike Baron et mis en image par un jeune dessinateur promis à un bel avenir : Mike Mignola… L’occasion de découvrir un artiste en devenir qui, s’il n’avait pas encore développé son style si caractéristique et les univers gothiques qui firent sa renommée, possédait déjà talent certain pour la composition de ses planches, la mise en scène et la mise en place d’ambiances singulières.



Né sous la plume de Michael Moorcock à l’aube des années 1970, Corum est l’une des incarnations du Champion Eternel, gardien de la Balance Cosmique et de dernier représentant d’une race ancienne… Inspirées de la mythologie celtique-, ces chroniques raviront les amateurs de récits légendaires qui suivront avec plaisir les aventures tragiques de ce Prince mutilé…
Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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Les Chroniques de Corum, tome 1 : Le Cheval..

Delcourt enrichit son catalogue avec la publication d’un superbe petit album cartonné couleur, magnifiant une saga de l’un des auteurs de Fantasy les plus adulés du siècle passé. Plongée au cœur des dimensions adjacentes et des années quatre-vingt.
Lien : http://bdzoom.com/139535/com..
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Hellboy & BPRD - 1955

En dépit d'une bonne dose de folie, une baisse de régime se fait nettement ressentir pour ce nouveau tome. Trois histoires peu convaincantes, sauvées cependant par le travail graphique de Brian Churilla et Paolo Rivera.
Lien : https://www.actuabd.com/Hell..
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Lobster Johnson, tome 4 : Haro sur Lobster !

L'intrigue de ce quatrième volet est prenante et passionnante, comme toujours avec les titres liés à l'univers d'Hellboy [...] Une nouvelle aventure que je ne peux que vous recommander ! Une intrigue rondement menée, à ne pas manquer !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Les Chroniques de Corum, tome 1 : Le Cheval..

Aux commandes de Corum : Mike Mignola, incontournable dessinateur de l’univers des comics dont le graphisme offre un écho américain à celui de Tardi sans doute à cause d’un goût commun pour les illustrateurs français du XIXe siècle. À ses côtés, Mike Baron qui l’accompagne au scénario, parfois un peu ampoulé. Mais en dépit de ce bémol, Les Chroniques de Corum restent un comics incontournable.
Lien : https://www.actuabd.com/Les-..
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Abe Sapien, tome 6

Ce tome fait suite à Abe Sapien, tome 5 : Lieux sacrés (épisodes 12 à 14, 16 et 17) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il comprend les épisodes 18 à 22, initialement parus en 2014/2015, tous écrits par Mike Mignola et Scott Allie. Max Fiumara a dessiné et encré les épisodes 18 & 22. Sebastián Fiumara a dessiné et encré les épisodes 19 à 21. Dave Stewart a réalisé la mise en couleurs des 5 épisodes. Le tome se termine avec un carnet de croquis d'une quinzaine de pages.



Le titre de chacun de ces 5 épisodes correspond au prénom d'un personnage : Grace, Dayana, Megan, Arbogast et Abe (Sapien). Néanmoins, il s'agit bien d'une histoire continue. Abe Sapien et la petite troupe qu'il a rejointe dans le tome précédent arrivent à Burnham, une petite ville du Texas qui semble paisible, avec quelques habitants. Il s'installe dans une maison sans propriétaire. Ils font connaissance avec le père Fores et monsieur Arbogast (un vieil homme afro-américain).



Grace finit par accepter de parler d'elle à Abe Sapien. Dayana (une sorcière capable d'invoquer le pouvoir de Santa Muerte) apprend à Megan, à tirer les tarots. Cette dernière réalise une séance pour le bénéfice d'Abe Sapien. Monsieur Arbogast se livre à des actes de sorcellerie, avec l'aide de Tony. Abe Sapien continue de s'interroger sur sa vraie nature, sur le sens de son existence, par rapport au devenir de la race humaine.



Avec ce tome, Abe Sapien poursuit ses pérégrinations, s'installe dans une nouvelle ville et rencontre de nouvelles personnes. Le lecteur commence à repérer le schéma qui se répète d'un tome à l'autre, les auteurs se servant de cette errance pour montrer dans quel état se trouve cette partie des États-Unis après l'émergence des monstres qui a provoquée l'enfer sur Terre. À nouveau, il y a une brève apparition de Gustav Kobl et de l'agent Vaughn (le temps de 4 pages) pour rappeler que cette intrigue secondaire est toujours d'actualité, mais qu'eux aussi cheminent à une allure d'escargot asthmatique. Le lecteur a bien compris que les scénaristes les gardent sous le coude jusqu'au moment où leur utilité se fera sentir dans l'intrigue principale.



Mais cette fois-ci il ne s'agit plus simplement de profiter de l'environnement de l'Enfer sur Terre. Dès le premier épisode, l'enjeu apparaît plus personnel : Abe Sapien souhaite aider Grace, en apprenant comment elle en était arrivée là où il l'a délivrée d'un individu très dominateur. La jeune Megan apprend les arts divinatoires à partir d'un jeu de tarots, avec une très belle séance pour Abe. Dayana se montre attentionnée pour les membres de sa petite communauté. Elle constate le calme qui règne à Burnham, tout en sachant pertinemment qu'il y a un prix à payer.



La présence d'Abe Sapien constitue à elle seule une provocation pour les êtres humains qui gravitent autour de lui. Ils se souviennent du culte que lui vouaient quelques adolescents (voir le tome précédent) qui le voyaient comme le premier représentant de la future race dominante sur Terre. En regardant Abe Sapien, une partie de la communauté humaine y voient la preuve que le temps de la suprématie humaine sur les autres espèces est révolu, et que le temps est venu pour une nouvelle race.



De son côté, Abe Sapien est toujours aussi indécis quant à la route qu'il dit suivre. Il refuse de retourner bêtement auprès du BPRD. Il ne sait pas trop s'il doit chercher la réponse du côté de son passé en tant qu'être humain. Comme Hellboy le fit, il refuse d'endosser le rôle que son entourage lui imagine (à savoir premier individu d'une nouvelle espèce amenée à hériter de la Terre). Avec une sensibilité inattendue, Scott Allie compose des dialogues qui portent bien toutes ces interrogations, toute cette dimension de réflexion intérieure. Le lecteur s'installe donc avec les personnages pour cette nouvelle étape, et se familiarise avec eux, avec leurs attentes et leurs émotions. Il sait bien qu'il finira par y avoir une apparition de monstres, ce qui ne rate pas.



Pour ce recueil, les éditeurs ont choisi d'alterner les épisodes, le premier dessiné par Max Fiumara, le second par Sebastián Fiumara, puis un par Max, etc. Le premier épisode est épatant, à la fois pour la qualité des décors et des accessoires, et pour le langage corporel des personnages. Max Fiumara représente vraiment une résidence avec un lopin de terre, qui a été à l'abandon pendant un temps indéterminé, avec un ameublement ordinaire et fonctionnel. Il fait naître un marché de fortune, dans 2 ruelles de cette petite ville. Le lecteur éprouve la sensation de se trouver sur ces lieux, au milieu de ces individus.



Il se montre tout aussi convaincant dans la manière dont les personnages évoluent et se comportent. Le lecteur voit en particulier passer Megan en train de rentrer en curant dans la maison, conformément au comportement d'une jeune fille de son âge. Il voit la réserve du père Fores en découvrant l'apparence d'Abe Sapien. Il voit la distance que monsieur Arbogast met immédiatement entre lui et ses nouveaux arrivants en ville. Cette capacité à donner vie aux personnages rend le tirage de cartes effectué par Megan vivant, mais aussi plein de suspense, le lecteur étant suspendu à ses lèvres, comme l'est Abe Sapien lui-même.



Lorsque survient l'affrontement final, les dessins de Max Fiumara perdent un peu de leur intensité, car il se déroule dans un champ dont les caractéristiques disparaissent bien vite sous la force des coups échangées, et des énergies libérées. Mais la représentation des monstres les rendent âpres et tranchants, avec la dangerosité apparente nécessaire pour que le lecteur puisse se sentir impliqué. Le final (les 5 dernières pages) remet les émotions sur le devant de la scène, et le dessinateur se révèle un metteur en scène très efficace, avec une direction d'acteurs d'une justesse poignante.



Les 2 autres épisodes sont dessinés par Sebastián Fiumara, avec une approche graphique assez semblable, l'unité visuelle étant assurée par la mise en couleurs de Dave Stewart. Dès le début de ce deuxième épisode, le lecteur prend conscience qu'il se produit quelque chose sur le plan de la narration visuelle. Ce dessinateur ne se contente pas de mettre en images l'intrigue, il en raconte un peu plus que ce que les dialogues ne laissent supposer. C'est flagrant lors de la discussion entre monsieur Arbogast et Tony, dans la mesure où ce dernier poursuit son activité pendant le premier s'adresse à lui. Le lecteur bénéficie de ce moment de grâce où scénariste et dessinateur sont en phase, se complétant sans que l'un ou l'autre n'ait besoin de renforcer ou souligner ce que dit l'autre.



Par rapport à Max, Sebastián Fiumara réalise des dessins à l'encrage un peu plus granuleux, et aux aplats un peu plus soutenu. La narration gagne en noirceur, et en mystère, ce qui se marie bien avec ces 2 épisodes, dans lesquels il y a des passages plus noirs, relevant plus de l'horreur. Les activités de monsieur Arbogast et de Tony acquièrent une dimension sinistre qui annonce quel en sera le résultat. Les séquences d'affrontement physique prennent une dimension animale, à nouveau en parfaite osmose avec la nature des individus impliqués dans ces confrontations.



Alors que cette série consacrée à Abe Sapien avançait à un rythme tranquille, avec un développement assez lent des personnages, un palier est franchi avec ce tome. Les 2 dessinateurs ont gagné en nuance et en efficacité, pour une narration plus expressive, et plus viscérale. Scott Allie a fait d'énormes progrès quant à la réaction des dialogues. Alors qu'ils étaient surtout fonctionnels au début de la série, ils transmettent maintenant la charge affective et émotionnelle de l'interlocuteur, faisant preuve d'une sensibilité pertinente, générant une grande empathie chez le lecteur. Alors que jusqu'ici le lecteur prenait cette série surtout comme une forme de tourisme (empli de dangers) dans la Terre soumise aux monstres, il a le plaisir de constater que l'intrigue a gagné en épaisseur, et qu'elle apporte de nombreux éléments complémentaires, tout en progressant de manière significative, sans rien sacrifier à la personnalité des protagonistes.
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Les Chroniques de Corum, tome 1 : Le Cheval..

Certes, Moorcock et Mignola sont deux grands noms, mais ce récit n’a pas le lustre de l’adaptation d’Elric chez Glénat par exemple et Corum n’est pas le personnage le plus populaire de l’auteur de Mother London. Les lecteurs seront-ils au rendez-vous ?
Lien : http://www.elbakin.net/fanta..
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