Cécilia en avait conclu que son inconscient avait capturé ses souvenirs pour lui rendre service mais n’avait pas prévu que cette bonne intention se transformerait pour elle en véritable casse-tête chinois quelques années plus tard.
Qui décide de tout ça ? Juste le hasard ? C'est comme à la loterie alors ? Chic, t'as tiré le bon numéro et tu n'es avec un toit sur la tête, une famille et un avenir ou alors, bang, mauvais numéro, pas de chance et te voilà plongé dans la galère dès le départ ! Qu'est-ce qui détermine l'endroit où tu vas naître et la vie que tu vas avoir ? Et pourquoi, parmi tous ces gens qui ont tiré le bon numéro, il n'y en a pas plus qui s'intéressent à ceux qui n'ont pas la même chance ? Je crois que j'arrive pas à comprendre le fonctionnement du monde, tu vois...
Apprivoiser les "gamines" demande une patience infinie. C'est se heurter au persiflage, aux moqueries, à la méfiance. Au début, Don Armindo idéalisait les "gamines". (...) Puis il les a découverts dans toute leur splendeur. Voleurs, menteurs, bagarreurs, souvent drogués et violents. Et malgré tout, il les aime. Il aime leur orgueil, cette crainte qu'ils ont de perdre leur liberté tout en rêvant secrètement d'une vie meilleure. Il aime leur air bravache qui dissimule tant de souffrance. Et, par-dessus tout, il admire leur rage de vaincre.
En fin de compte, ils ne sont pas déracinés. Ils ont simplement des racines différentes, chacune les rattachant à un petit bout d'histoire.
Le chagrin, telle une chape de plomb, semble peser sur ses épaules, battre sous ses paupières sans une seconde de répit, se mêlant à une sourde angoisse qui la dévore de l’intérieur.