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Citations de Mireille Havet (34)


Au-dessus de la terre, habitée par la pensée des hommes : un ciel clair, semé d'étoiles. La terre est très lumineuse. A l'endroit où la famille a laissé la maison, il n'y a rien. Des Âmes, peut-être ? et des souvenirs... Mais si, pourtant, le Vide s'écarte, le ciel apparaît admirable, d'une pureté divine. Puis la maison haute ! haute ! comme une cathédrale. Puis le jardin, avec une pelouse, comme un champ, et les allées, comme des routes de campagne.
Qui y a-t-il ? Il n'y a rien. Mais si, par terre, un peu au-dessus du sol, deux étoiles sont suspendues : Les yeux du chat qui regardent la maison. Le chat est là et pour lui, tout revit. Le chat se promène : c'est calme. Il va doucement, près d'un soupirail : il entre, les étoiles illuminent la cave, qui est toute blanche comme le couloir d'une abbaye. Le chat ronronne en marchant. Il est tranquille, rien n'est changé chez lui. Il ressaute sur la route de campagne et va se promener dans le champ. Le chat passe en revue : toute la Nuit. Aux fenêtres des maisons, des vitraux scintillent. Le chat se couche sur une marche de la maison. Devant lui le Vide revient. Ses yeux deviennent très grands, il voit dans le Néant !
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Nos maîtres sont morts et nous sommes seuls. Il faut compter que l'incohérence de notre époque vient de ce vide accidentel des talents, des intelligences supprimées par la mort. Notre génération n'est plus une génération, mais ce qui reste, le rebut et le coupon d'une génération qui promettait, hélas, plus qu'aucune autre. Tout au monde est désaxé, tout. Rien n'échappe à cette loi de folie, à ce malaise qui précède une aube que nous ne verrons même point. [...] Et nous, enfants gâtés nés pour le plaisir du soir, la douceur des lampes, le crépuscule qui fond les contours, nous voici en pleine apocalypse. Nous n'aimons pas fonder, construire, résoudre. Nous aimons tout ce qui finit et tout ce qui meurt. Voilà pourquoi, sans doute, tous nos amis sont morts. Notre faute est d'y survivre.
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Personne hélas ne pense à m'aimer, et je suis si malade, si hantée de tendresse, que j'arrive à redouter le moindre geste amical, de crainte de m'y perdre et d'y laisser tomber mon âme et ma fierté.
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Nous sommes impénétrables les uns aux autres par le fait même que nous ne nous intéressons profondément qu'à nous seuls et que nous ne cherchons dans l'amour que l'intérêt, l'étonnement, l'admiration d'un autre, un spectateur intime dans les yeux duquel nous nous imaginons reconnaître nos défauts et nos goûts.
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Autres notes de Daniel

La vie, non point la vie, le carnaval. L’enfance vous apprend mal à vivre découvert, mais bientôt la terrible humiliation des gifles a réveillé en nous le sens du mensonge. Mourir n’est rien si près de la naissance. Il faut vivre, mais sous une armure.
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Dimanche 26 janvier 1919
[...]
Depuis vendredi où j'ai souffert de la voir avec ce Maigret insupportable, je ne pense qu' à elle, m'obstinant au charme têtu et délicat de son visage, à ses yeux couleur de crépuscule, à ses longs cils soyeux qui caressent une joue enfantine, à son petit nez aux narines palpitantes, et à la bouche enfin, ravissante, entrouverte sur un sourire couleur de perle qu'elle offre à tous, la tête renversée, avec un battement de cil voluptueux, une irrévérence de petite fille coquette qui fend le coeur, car elle est si menue, si petite, avec des chevilles si fragiles que l'on a tout le temps peur qu'elle n'ait de la peine ou du mal. On voudrait la protéger, l'aimer, la défendre. Cependant, dès qu'elle abandonne son exquise politesse et sa puérilité, dès qu'elle parle de choses qu'elle croit plus sérieuses, c'est elle qui domine au contraire et qui combat. Sa voix très agréable et douce se durcit d'autorité, d'indifférence. On sent qu'elle pense : "je peux commander, dire ce que je veux, je suis riche et n'ai besoin de personne, car mon notaire me défend."
La façon également dont elle donne sa main à baiser prouve toute son assurance, son égoïsme, sa vanité. Il y a de la dureté en elle, toute une armure sous de la soie, une armure camouflée d'enfantillage, car elle redevient si petite par instants, si petite qu'on a envie simplement de l'embrasser et de l'appeler ma petite fille chérie.
Ne pas oublier cependant qu'elle a un intérieur de démon, rouge, or et noir, de tout petits divans durs à sa taille où elle s'étend comme une petite reine, trop douce pour ne pas être infernale et s'abandonner à toutes les voluptés, et qu'il faut se méfier d'elle, de sa grâce trop mièvre, de son changeant sourire, de son autorité suppliante et de sa douceur tyrannique.[...]
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Mireille Havet
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Aller au-devant, rompre, détruire et rejeter tout ce qui menace une seconde l’indépendance, voici mes lois. Ce n’est pas exactement une politique de conciliation, c’est exactement une révolte. Je serai abracadabrante jusqu’au bout....



Mireille Havet (Journal)



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J’ai tout perdu, et j’avais tout au monde. J’ai tout eu, je ne possède plus rien que mes paquets de cocaïne, d’héroïne, mes pauvres paquets honteux, mortels, achetés de préférence à toute nourriture ou vêtements, certes, achetés avec mon dernier argent.
Je ne possède plus rien et ce sont mes paquets mêmes qui me possèdent.
L’amour est loin, la vie aussi.
Héroïne, cocaïne ! La nuit s’avance… Mes seules passions, mes confidentes, mes complices dont je suis le prisonnier anéanti, allons, je vais à vous encore une fois, avant de dormir, mes ennemies que je hais, car je connais ma mort ! elle est en vous !
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La traductrice et critique Ludmila Savitzky, à qui Mireille Havet confia tous ses manuscrits : "vous êtes la seule personne qui ne plaisantera jamais avec ces papiers, ne les fichera pas brusquement en l’air, n’en perdra pas, ne les laissera pas s’envoler, ni brûler, ni s'égarer... et ne les oublierait pas en cas de déménagement. Et vous n’imaginez pas comme cela est rare..."(Lettre à L. Savitzky, du 9 avril 1931).
(légende de la photo de cette dernière, page 31)
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La vie corrige les natures faibles. Daniel bien corrigé commence à voir clair, et tout meurtri encore, il comprend. La méchanceté fait boule de neige, elle se transmet entre amants et les vaincus se transforment.
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La vie est ce qu'elle est, courte et d'un trajet unique. Ceci exclut cela. Vivre est un sacrifice perpétuel. [...] La vie est un mensonge, la vie est une mascarade. Je voudrais pouvoir appeler tous mes livres "Carnaval". Ce nom seul convient aux récits de la vie.
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L'été s'ouvrait! J'ai cherché dans le voyage l'oubli, la guérison. J'ai trouvé de bien beaux paysages, des jardins, des fleurs. J'ai trouvé des douceurs de lumière, d'infinies tristesses, si romantiques que je les croyais artificielles, et la fin de mon obsession.
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Par amour de l'aventure, de l'ombre qui masque et de l'équivoque, j'ai préféré le mardi-gras où l'on pleure sous son masque, à tous les jours, et me voilà grimée pour la vie en pantin que rien ne casse, en fantoche de bois. Horreur !
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La vie est comme une féerie grotesque.
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Puisque la vie est telle, à quoi bon être en dessous.
La naïveté est sotte, le coeur inutile, l'intelligence et l'adresse tiennent lieu de tout. C'est une affaire d'habitude.
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Nos maîtres sont morts
Et nous sommes seuls
Notre génération n'est plus une génération
Ceux qui restent, le rebut
Et le coupon d'une génération qui promettait, hélas
Plus qu'aucune autre
Tout au monde est désaxé, tout
Et nous
Enfants gâtes, emmenés pour le plaisir du soir
La douceur des lampes
Le crépuscule qui fond les contours
Nous rôtissent en pleine apocalypse
Nous aimons tout ce qui finit
Et tout ce qui meurt
Voilà pourquoi, sans doute
Tous nos amis sont morts
Notre faute est d'y survivre.

(reprise de Valérie Rouzeau)
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Dieu ! que les premières nuits d'été sont lourdes, lourdes et merveilleuses à la fois. La saison, si nouvelle que chaque hiver on l'oublie, se réinstalle autour de nos demeures. Elles nous attaque à la fois en ennemie et en amie passionnée.
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Ma vie est devenue ce fumier où, nuit et jour, je me roule, oublieuse, par instants, de ses réalités, asphyxiée littéralement tant l’odeur est forte et me monte à la tête, oublieuse de tout, à moitié idiote, figée moi-même en statue de fumier, en statue d’ordure et d’horreur recouverte, recouverte… sans nom, sans pensée, sans mémoire, à demi aveugle et dans un noir cent fois plus épais, plus vaste que celui de la cécité, n’attendant qu’une chose au monde, n’espérant qu’elle, celle-ci, d’être éveillée enfin de mon cauchemar par la vraie mort humaine.
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Je ne suis plus un enfant qui attire la compassion et un intérêt attendri. Comme les autres, seule comme les autres, un cas entre des millions, sans autre singularité qu’un glorieux et étincelant début et une fin lamentable, complètement anonyme et obscure pour tout ce même monde qui, à 15, 16, 17 et jusqu’à 25 ans même, m’accordait du génie et, en échange, me promettait une gloire sans précédent.
Beaux rêves de sucre rose d’une petite fille sotte et crédule, plus crédule et sincère, même, que vraiment vaniteuse et outrecuidante.
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Vraiment, je n'ai aucune liberté dès que les êtres m'attirent, aucune patience et je me consume dans l'attente, rêvant de miraculeuses concordances, de réalisations si rapides qu'elles ne seraient guère possibles, et quand l'aventure tombe enfin, comme un oiseau tué, dans ma gibecière, je suis déjà lasse, l'ayant vécue en rêve mieux qu'elle ne sera jamais !
Les femmes que j'ai le plus aimées, je ne les ai pas connues !

*

Si j'étais plus hardie, si je ne craignais le froid qui vous couche contre les talus comme des bêtes galeuses, si je ne craignais d'être malade dans les lits d'auberges sales où le soir tombe comme une prison de plus, si j'avais la force de tout risquer pour voir, je pourrais sans doute m'en aller à travers nos banlieues vers plus de ciel, plus de coups de vent, plus de silence.
Mais après… après il faudra revenir, vieilli, usé, courbaturé d'espace, refaire connaissance avec les amis, avec la ville, avec la foule, et retrouver la même ignorance, la même vanité, la même méchanceté, et mourir comme un chien dans la suprême indifférence du monde, où une lampe allumée sur le travail du soir, où la confiance d'un coeur en quête d'amour ne peuvent rien qu'alimenter la terrible ironie humaine.

*

On aime le mieux dans le silence.

*

La vie ne manque que les faibles, ceux qui pleurent et s'offensent de ses tours, de ses niches, de ses calembours. Mais les autres ! Allons donc, s'ils ne trouvent pas la fortune, ils trouvent du moins la corde raide, l'équilibre, le beau danger qui fortifie les âmes, qui met dans le regard plus d'orgueil et d'égoïsme… et dans le coeur plus de pauvreté, car l'amour n'est guère possible pour les trop pauvres, pour les trop fiers, pour les trop seuls. Le succès, sans doute, la sympathie, mais pas l'amour, jamais l'amour, car ce curieux chasseur n'aime que les fortunes, l'échange des sacs et des corps, l'achat et la revente, le tripotage, et moi je n'aime, hélas, que les sentiments purs, le romantisme sans tatouage, la jeunesse qui ne se paie pas.

*

J'ai peut-être acquis depuis une certaine expérience, car le jeu de mon amie m'étonne moins ce soir, et mes doigts souples répondent à la caresse des siens. Nous nous tenons mal et j'en ai conscience, mais la salle est si noire, l'orchestre si bête, le film si mauvais, et nous sommes si jeunes, que je me sens le droit de scandaliser l'univers.

*

Mon Dieu, on est un enfant, on vous élève avec soin et tendresse, on vous évite toutes les maladies avec angoisse, on vous protège contre le froid et la faim, et puis, une fois livre, une fois grand, on vous laisse en face de la vie afin que l'on jouisse de ses paysages, de sa beauté, et alors, traître, soudain, l'amour vient et met à bas vingt années d'apprentissage, défigurant votre âme et votre jeunesse mieux qu'aucune fièvre ne l'aurait fait !

*

Ne faut-il pas cruellement expier ses erreurs ? Mais du moins, je saurai que ce que je perds n'est pas grave, et j'emporterai dans ma solitude un mépris plus profond du monde, des femmes et de la bêtise humaine ! Car nous sommes faits pour la solitude, et je n'aime au fond que mon travail !
Les autres ! Tous ne sont pour moi que des pantins, qui illustrent l'admirable cadre de la ville ou des champs.
Je suis là pour écrire ! Ne l'oublions pas !

*

Les rêves m'emparent, je te l'ai dit. Au réveil, il faut vivre.

*

Donc, à quoi bon se dérober au mal, s'illusionner, ne pas se remémorer, et s'étourdir ! Autant briser son coeur le plus vite possible. Peut-être un coeur brisé vaut-il deux coeurs qui aiment ! Peut-être un coeur brisé connaît-il la compassion ?
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