A l'occasion du festival des littératures du monde : "L'usage du monde" organisé par Lettres du monde, rencontre avec Mohammed Abdelnabi autour de son ouvrage "La chambre de l'araignée" aux éditions Sindbad.
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Nous fûmes tous battus au commissariat d'Ezbekieh, ceux qui avouèrent et ceux qui tinrent tête, ceux qui dirent qu'ils étaient actifs et ceux qui dirent qu'ils étaient passifs. Je n'ai pas été dur à cuisiner, comme on dit. Deux ou trois coups et j'étais disposé à reconnaître tout ce qu'ils me dicteraient. Ils me demandèrent d'enlever mon pantalon. Grâce à Dieu, j'avais des sous-vêtements blancs. J'ai appris que ceux qu'ils trouvaient avec des slips de couleur étaient encore plus frappés et humiliés, car cela était considéré comme une preuve accablante de leurs effémination. Ils riaient en permanence et il y avait alors dans leurs voix une étrange intonation de victoire, comme si c'étaient leur propre masculinité et leur virilité qui gonflaient, qui s'élevaient et montaient jusqu'au ciel à chaque nouvel inverti qu'ils avaient entre leurs mains et avec qui ils s'en donnaient à cœur joie.
Jusqu'à aujourd'hui, j'éprouve du plaisir à voir un homme uriner même si cela ne va pas jusqu'au désir et à l'excitation.
Je me rendis compte que l'amant heureux, comme l'ivrogne, était prêt à couper un de ses doigts en chantant et à le donner à celui qui le demandait.
page 212
(...) que nous n'étions pas maîtres de nous-mêmes. Nous pouvions toute notre vie remplir le monde d'un bruit de révolte, de sarcasme, d'athéisme, de folie, de brigandage, mais à la fin du périple, même si c'était au bout de cent ans, nous n'étions qu'un peu de matière gênante qu'il fallait rapidement cacher, une simple chose qui s'était égarée et qui a été rendue à ses maîtres originels pour qu'ils fassent d'elle ce qu'ils jugeaient convenable et juste. Dans d'autres endroits du monde, on pouvait, si l'on voulait, changer de religion, d'identité et de tendances parce que, tout simplement, on était une personne libre, mais chez nous, ici, nous n'avions droit à rien de cela. Pour nous-mêmes, pour nos familles, pour le gouvernement, pour tous, nous n'étions que des choses. Nous n'étions pas libres de faire de ces corps ce que nous voulions. En fin de compte, nous leur appartenions, sans même qu'il nous fût besoin de brûler dans un train de Haute Egypte.
Dans le jeu de l'écriture, au cours des semaines passées, j'oscillais entre le souvenir et l'oubli. C'était comme si toutes les fois que j'inscrivais quelque chose sur ce cahier, je l'effaçais de l'intérieur de moi, en quelque sorte. Il me fallait également ignorer tous les autres, Chirine, la petite Baria, le prince et Abdelaziz, afin de parvenir d'abord à dénicher Hani Mahfouz, derrière toutes ses représentations, tous ses rôles, tous ses déguisements. Je parvins également à oublier les mois de prison, fût-ce pendant quelques heures chaque jour et même ceux qui, là-bas, étaient comme mes frères : Mohammed Soukkar et bien sûr Karim qui m'avait fait des dons dont il ignorait lui-même le prix.
L'espoir est un enfant monstrueux, né déjà vieillard et plein de méchanceté.
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...un beau petit village couleur de cendre et de misère.
page 301