Citations de Myriam Levain (21)
D'après Anne Muxel, politologue au Centre de recherches politiques de Sciences-Po (CEVIPOF),
nous sommes 4% à adhérer à un syndicat et 1% à un parti.
Dans un texte intitulé "L'engagement politique dans la chaîne des générations", publié en 2010, elle rappelait que ces taux n'étaient pas tellement plus faibles que chez les générations plus âgées.
La dépolitisation des jeunes fait écho à celle de tout le pays.
Le coiffeur…
J’ai beau lui avoir apporté une photo de Lou Doillon, je ressors systématiquement avec la coiffure de Dalida dans sa pire période capillaire. Je m’estime heureuse : je n’ai pas celle de son frère, Orlando, c’est déjà ça.
Il est inutile de se forcer à adopter des codes dépassés puisque nous développons une nouvelle façon de devenir adulte. La notre, tout simplement.
J'ai soudain le sentiment que je vais pouvoir emprunter à mon rythme le chemin de la maternité, quitte à ne jamais l'emprunter du tout :
je ne suis sûre de rien, mais je veux me laisser toutes les possibilités ouvertes.
Exactement comme mes amis hommes pas encore papas
Elle me demande où j'en suis.
Je lui parle de mes questionnements du moment, de mes voyages à Barcelone à venir et de mon bouquin en cours d'écriture, puis elle me lâche :
"Je suis contente de voir qu'il y a des femmes pour qui la maternité n'est pas une évidence, ça me rassure en fait, car au fond, je pense pareil."
Je m'attarde sur les interviews de personnalités qui évoquent l'absence d'enfants dans leur vie. C'est le cas de Valérie Lemercier, qui distille dans les magazines un peu de légèreté autour de ce choix :
"La vie de famille, c'est ... bien. La vie tout court aussi, c'est bien (...)
Je profite, maintenant. (...) Je n'ai pas le mal de mère"
Je vis dans une société anxiogène. Si, en venant au monde au XXè siècle, j'ai échappé aux épidémies de tuberculose, de choléra ou de syphilis, j'ai eu droit, en revanche, à d'autres pandémies tout aussi sympathiques : citons au hasard la vache folle, le SRAS, la grippe aviaire et la grippe H1N1. En somme, j'ai eu ma dose de flip collectif.
A l'inverse des soixante-huitards, nous avons fait le deuil de certaines utopies comme la paix dans le monde ou l'égalité sociale.
Et si révolte de la jeunesse il y avait, notre slogan phare pourrait tout simplement être : "Soyons réalistes, exigeons le possible."
J'aborde là l'aspect "jacasserie" de l'E.V.J.F., car il est à peu près certain qu'Olympe de Gouges se retournerait dans sa tombe à la vue de ces cohortes de filles réunies pour fêter ce que jadis elles ne pouvaient fuir : l'entrée dans la vie de femme mariée.
Après plusieurs mois de recherches et d'interviews sur le thème de la maternité, je dois me rendre à l'évidence : toutes les femmes ou presque passent leur temps à se questionner. Qu'elles aient des enfants ou non, qu'elles les aient eus jeunes ou vieilles, qu'elles les voient trop ou trop peu.
Derrière ses allures excentriques se niche une pensée nourrie et mature sur son statut de femme et sa vision de l'existence.
Comme souvent, je note que cette no kids a beaucoup plus réfléchi à la question que la majorité des personnes qui font des enfants sans se demander pourquoi
Globalement méfiants vis-à-vis de la politique, nous ne faisons plus confiance à nos gouvernants d'un autre âge pour protéger nos intérêts.
Leur vision du monde n'est de toute façon pas la nôtre, nous qui avons grandi après la chute du mur de Berlin et n'avons jamais connu la lutte à mort entre "l'impérialisme" et le "soviétisme".
Pourtant, s'il y a bien quelque chose que nous avons en commun avec eux, et qui fait partie de l'ADN de notre pays, c'est la culture protestataire, qui reste solidement ancrée dans nos mentalités.
Je m'appelle Romy, j'ai presque trente ans et je suis un pur produit de la génération Y.
Les périodes de retrouvailles familiales ne sont une partie de plaisir pour personne. Noël est la pire de toutes.
"L'enfant a acquis une place nouvelle dans la société.
N'étant plus subi, il est devenu plus rare et a acquis une espèce de valeur positive. Celles qui n'y ont pas accès pour une raison quelconque se sentent un peu bizarres, hors norme. Mais pour moi, la question du choix est décisive et c'est pourquoi je trouve que l'auto-conservation des ovocytes est une démarche très positive. Elle n'oblige à rien et laisse le choix."
Michelle Perrot, historienne
Si lors des premières naissances, j'étais toujours amusée à l'idée d'entrer chez Petit Bateau, ces expéditions régulières ont désormais tendance à me lasser.
Les récits d'accouchements se suivent et se ressemblent, les galères de baby-sitters aussi : bien plus que mon âge en lui-même, c'est le mode de vie de mon entourage qui me file un coup de vieux.
Et me rappelle de temps en temps que moi non plus, je n'ai plus 27 ans
et que je suis toujours incapable de répondre à la question :
"Et toi, tu t'y mets quand ?"
"On sent que c'est en chantier. Pour le moment, ce n'est pas terrible, mais d'un chantier finit toujours par sortir quelque chose de bien."
Le week-end prochain, je suis donc invitée à une soirée "haut chic et bas choc". Le thème à clairement un potentiel LOL élevé.
Pour Sophie Cadalen [psychanalyste],
le vrai défi des femmes célibataires de 35 ans
est de dissocier leur envie de couple de leur envie d'enfant.
L'horloge biologique étant en permanence brandie par tout le monde,
il leur est impossible d'ignorer l'objectif bébé tant valorisé par la société.
Quand je ne suis ni sur Facebook, ni sur Instagram, je peux choisir de participer à des cagnottes Leetchi pour des cadeaux de naissance.
Les bébés sont partout, je ne peux plus faire semblant de ne pas les voir.
Seule une poignée d'irréductibles no kids résiste à cette déferlante, indissociable de la trentaine.