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3.48/5 (sur 163 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Montréal, Québec , le 15/07/1975
Biographie :

Nadine Bismuth est une écrivaine québécoise.

En 1992, elle sort diplômée de l'école secondaire Sophie-Barat, située dans le quartier Ahuntsic (Montréal). Elle obtient en 1999 une maîtrise en littérature française de l'Université McGill (Montréal). La même année, elle publie "Les gens fidèles ne font pas les nouvelles", un recueil de nouvelles qui remporte en 2000 le prix littéraire Adrienne-Choquette et le prix des libraires du Québec.



Source : Wikipedia.fr
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À l?occasion de la parution de son nouveau roman, Un lien familial, Nadine Bismuth s?entretient avec l?essayiste et éditeur François Ricard. Petite incursion dans l?atelier d?écriture d?une écrivaine qui sonde l?âme de ses contemporains avec talent, perspicacité et sensibilité.


Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis demandé si nous aussi, les humains, on ne trainait pas une croute semblable avec nous, une croute où se stockaient toutes les misères et tous les échecs de notre vie. J’aurais souhaité savoir si cette croute, à mesure qu’elle s’épaississait, ne finirait pas par avoir raison de nous, ou au contraire si on ne pouvait pas espérer qu’un beau jour quelque chose nous arriverait qui ferait en sorte qu’on se décroute.
(Bon courage, p. 92)
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Notre plus grand rêve est de rencontrer un
homme, alors nous mettons le paquet. Nous le disons
sans pudeur à nos frères, soeurs, collègues, amis,
voisins, nous le disons à notre boucher et à notre
esthéticienne, et nous n’avons certes plus besoin de
le répéter à notre psy, mais nous n’avons tellement plus
d’orgueil que nous le disons même à notre ex, tout en
prenant soin de tourner ça de façon qu’il ne se sente
pas visé: plus que jamais, nous sommes prêtes à
accueillir un homme dans notre vie. Mais puisque chacun
semble occupé à autre chose, nous jugeons souvent
préférable de nous démerder toutes seules. Sur
Internet, nous nous inscrivons sur des sites de rencontres
et nous nous créons un profil plein d’esprit
dans lequel nous proclamons notre désir d’établir une
relation sérieuse avec un mâle sérieux. Nous sommes
inondées de réponses, des «Avales-tu, chose?», des
«Es-tu riche?» et des «Envoie-moi une photo de tes
boules» pleins de fautes d’orthographe. Vous trouvez
ça terrifiant? On vous épargne pourtant les pires. C’est
pourquoi nous préférons souvent nous en remettre à
une méthode plus désuète qui en quarante ou cinquante
ans n’a pas encore fait ses preuves, mais il faut
bien rester optimistes: nous sortons dans les bars.
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Pourquoi pensez-vous qu’André était seul quand on l’a
rencontré? Exactement: c’est un phobique (de l’engagement),
un narcissique, un névrotique, un alcoolique
ou un mélancolique, bref c’est un cas pathologique
qui requiert des soins thérapeutiques, alors il est préférable
qu’on s’en éloigne tout de suite avant de trop
s’attacher, non? Mais oui. Certes, André n’est pas toujours
si terrible que ça. Dans de rares cas, il arrive que
la rupture s’explique autrement que par le nom d’une
maladie mentale. Parfois, ce qui cloche avec André au
bout de quelques semaines, ce qu’il ne comprend pas,
c’est que nous n’aimons pas qu’il se serve dans notre
frigidaire et mange toutes nos olives en laissant les
noyaux sécher sur le comptoir; nous trouvons dégoûtant
qu’il utilise notre serviette de bain pour s’essuyer
en sortant de la douche alors que nous lui avons dit de
s’en prendre une dans la penderie; et oui, ça nous
énerve qu’il prétende que la fleur de sel de Guérande
qu’on a dans notre garde-manger est un truc de snobs
et que le sel Sifto ça fait pareil, parce que non, désolées,
mais ce n’est pas pareil, et s’il n’était pas si pétri d’insécurité,
s’il était plus évolué, il le saurait. Vous dites que
tout ça n’est pas la fin du monde. Mais il y a plus: le
problème d’André, on ne s’en était pas rendu compte
au début parce qu’on était aveuglées par nos phéromones,
c’est qu’il manque d’envergure. Il n’a pas de
oumph. Vous ne savez pas ce qu’est le oumph? C’est
difficile à décrire. C’est un je-ne-sais-quoi qui nous
excite, nous fait courir, nous tire vers le haut, et quand
quelqu’un n’a pas de oumph, ça peut sembler cruel
lancé comme ça, mais ça revient un peu à dire qu’il est
plate. D’accord, personne n’est parfait. On sait qu’André
est juste un être humain. Mais il pourrait être un
humain un brin plus stimulant, plus pétillant, non?
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Avant de quitter le salon funéraire, je suis allée aux toilettes. Tandis que je verrouillais la porte de la première cabine, j’ai entendu des pas : quelqu’un a pris place dans la cabine adjacente. J’ai vu la bordure d’une robe marine à pois blancs apparaître sous le petit mur de métal et mon cœur s’est mis à battre à toute vitesse. Soudain, je n’avais plus envie de faire pipi. Je suis sortie de ma cabine. Quelque chose me disait que je devais fuir ce lieu et courir à l’arrêt d’autobus, mais j’étais si paniquée que j’ai ouvert le robinet et n’ai trouvé rien d’autre à faire que de me laver les mains.

Mme Séguin est sortie de sa cabine pendant que je me frottais les mains sous le séchoir. Elle a lavé les siennes et elle s’est approchée de moi, sans même me regarder. Mes mains étaient encore toutes mouillées, mais je lui ai cédé ma place, comme s’il lui revenait à elle bien plus qu’à moi de se faire sécher les mains décemment. Elle m’a souri, étonnée je crois, s’apercevant tout juste de ma présence. J’ai ressenti à ce moment un respect inexplicable pour elle. Cette phrase a glissé hors de ma bouche sans que je puisse exercer sur elle le moindre contrôle :

—  Toutes mes condoléances, madame Séguin.
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C’est toutefois en voyant défiler tous ces métiers devant mes yeux à une vitesse folle que j’ai trouvé exactement ce qu’il fallait que je dise pour sauver les apparences.

—  Si vous ne m’avez jamais rencontrée, c’est parce que j’étais la psychologue de votre mari.

Après avoir prononcé cette phrase, je me suis sentie soulagée. Tous mes muscles se sont détendus. Être psychologue, c’est tellement banal, il n’y a que dans les livres que je lis que ça donne lieu à des histoires enflammées.
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c’est au bon Dieu que j’ai pensé en premier. Mais ça n’a pas duré longtemps. J’étais trop préoccupée à remonter mes verres fumés sur mon nez et à caler mon béret bleu le plus bas possible sur mes oreilles. Et puis il faisait tellement chaud, et j’étais si nerveuse à l’idée qu’un collègue de M. Séguin surgisse de nulle part, s’approche de moi et me dise : « Madame, mais que faites-vous ici ? » Pour me calmer, je devais me répéter à chaque seconde que j’avais teint mes cheveux blonds en noir d’ébène la veille et que j’étais dès lors méconnaissable. Malgré tout, des frissons me parcouraient le corps. Peut-être était-ce la vue du cadavre qui m’effrayait. C’est que la mort n’allait pas très bien à M. Séguin : sa peau était blanche, flasque et ridée. J’essayais de le trouver beau, de le trouver attirant, mais c’était impossible. Son infarctus lui avait pris son charme en même temps que sa vie. J’ai déposé mon bouquet de fleurs par terre, près du cercueil, parmi les autres, et je suis allée m’asseoir.
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Dans le scrapbook d'Annie Brière, tout le monde mènerait donc sa vie de façon fort imparfaite. Au sein de cette galerie humaine tissée de confusion, les actrices ratées coucheraient avec les producteurs dans l'espoir de lancer leur carrière; les producteurs s'amouracheraient des actrices ratées, ou bien ils frauderaient les institutions, mais quoi qu'il en soit, ils termineraient leur course sous les cocotiers; les correcteurs d'épreuves briseraient les coeurs des jeunes romancières, puis ils leur reviendraient, mais trop tard; les jeunes romancières répondraient à des appels cochons pour récupérer leur correcteur d'épreuves, tout ça pour aboutir dans le loft des créatifs publicitaires; [...]; les journalistes sportifs n'auraient d'yeux que pour les pancartes de stationnement, [...], les avocates abandonneraient leur carrière pour conseiller aux gens le sens dans lequel orienter leur lave-vaisselle, [...] oui, tout cela se mélangerait dans un seul et même bouillon existentiel, et que sais-je encore?
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Mais qu’est-ce qu’on disait, déjà? Ah oui. Vous
nous voyez partout: à l’épicerie, sur les ponts, à la
banque, au musée. Nous sommes vos soeurs, vos
amies, vos collègues, vos voisines. Auriez-vous un
homme à nous présenter? Nous sommes des célibataires.
Jadis régnaient les dieux et les héros; nous étions
des déesses et des sirènes. Et puis ça s’est tout détraqué.
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C’est pour cette raison que, lorsque j’étais entrée dans le bureau de M. Séguin, j’avais été surprise de le voir encore assis face à l’écran de son ordinateur. Je l’avais prié de reculer sa chaise car je devais vider sa corbeille à papiers. Au moment où je me penchais pour la saisir, mon livre était tombé de la large poche de mon uniforme. Il l’avait ramassé et il avait lu le titre à haute voix :

—  Un secret bien gardé, avait-il dit sans pouvoir s’empêcher de rire.Il avait jeté un œil intrigué sur l’illustration de la page de couverture : dans un cadre de fleurs roses et jaunes, un homme enlaçait tendrement une femme qui avait les paupières mi-closes. « Est-ce que c’est l’histoire d’une pauvre jeune fille qui tombe amoureuse d’un vieux riche qui finira par l’aimer lui aussi ? » m’avait demandé M. Séguin, l’air amusé.

—  Non, ce n’est pas vraiment cela, lui avais-je répondu, embarrassée.
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C'est incroyable comme la vie nous réserve parfois de drôles de surprises ! L'amour en est sans aucun doute la plus belle.
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