AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nathalie Sauvagnac (56)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Et nous, au bord du monde

Je ne connaissais absolument pas l'auteur, je dois dire que depuis la découverte de cette histoire, je vais la suivre de prés, voir lire ses précédents romans.

L'auteure signe un roman court, d'une noirceur extrême à nous couper le souffle. Une histoire qui nous prend aux tripes, nous chamboule, totalement bluffant et nous met dans le questionnement.

Nadine est une jeune fille à la dérive en quête de soi, qui vient de se faire renvoyer de chez elle. .Elle trouve refuge "Aux Vignes", un nouveau monde de vie loin de la société, une vie marginale, un sanctuaire de squat, .Un endroit hors normes, où l'électricité, l'eau, les toilettes sont inexistants, elle devra trouver ses marques, et de se contenter du minimum vital. Deux marginaux, sont déjà installés , ils font connaissance, essayant de vivre en harmonie , loin de la réalité. Ils vivent sous une bulle, sans contrainte, une vie idéale , pour eux. On a envie de les secouer , les réveiller, et les faire revenir dans le réel loin de l'imaginaire. Les aléas de la vie peut partir en vrille très rapidement. L'auteure nous offre un cocktail détonnant , un mélange où la drogue, la violence, l'alcool, et tous les dériver, tiennent une place essentielle dans cette histoire. Un rythme qui monte crescendo accentuant le côté désespérer, de Nadine et ses acolytes. La plume de l'auteure est fluide ,sensible ,subtile, saupoudrée d'un brin de poésie.

La lecture est bouleversante . Un monde à part, terrifiant .Une fin magistrale pour ce magnifique roman.

Je vous le recommande

Commenter  J’apprécie          1073
Les yeux fumés

La fumée.



Celle qui embrume le regard. Celle qui bouche des horizons. Celle qui voile tout.



Elle est partout dans ce roman.



Elle empêche de voir, de se voir. Elle salit tout autour d'elle. Elle embrume les cerveaux. Elle brûle dans les yeux de cette femme à genou …



A peine si on distingue Philippe, anti-héros malgré lui d'une fable cruelle et moderne. Perdu entre les tours de cette ville tentaculaire, de ces quartiers oubliés.



Philippe a dix-huit ans et à l'âge de tous les possibles, tout lui semble bouché. Il traîne en bas des tours, une certaine forme de désespoir mais une envie d'accomplir quelque chose. Même s'il ne sait pas exactement quoi.



Il traîne. Au fil des pages. Au milieu d'une galerie de personnages étranges et pourtant si quotidiens. le lecteur s'arrête et regarde enfin vers ces endroits où il a plutôt l'habitude de détourner les yeux.



C'est dur. Lorsque personne ne semble tendre la main. Lorsque la famille tourne le dos. Que la société vous ignore. le béton à en perdre la vue …

C'est un roman sur l'absurde ironie d'exister. Sur les détresses invisibles.

J'ai aimé ma lecture. Elle pique un peu. Elle étonne et détonne dans le paysage littéraire. Ni tout à fait roman noir, ni tout à fait critique sociale. Doux amer. Un roman désenchanté qui laisse un goût amer. Celui de l'échec d'une certaine humanité.



Nathalie Sauvagnac laisse entendre une voix originale, singulière et percutante, pleine de vérité. Un regard sur ceux qu'on ne voit pas, perdus dans les volutes de ces quartiers oubliés.


Lien : https://labibliothequedejuju..
Commenter  J’apprécie          602
Ô Pulchérie !

Une histoire originale, limite " allumée" , c'est agréable à lire , attendrissant par moment. On y ressent une grande solidarité ( du village, de la fratrie) . Un ovni que j'ai apprécié ! Une étude de l'humanité avec un petit" h" qui sans jugement, sans voyeurisme fait réfléchir .
Commenter  J’apprécie          320
Et nous, au bord du monde

En plus d’être une comédienne hors pair, une metteuse en scène de talent et une professeure de théâtre charismatique, Nathalie Sauvenac est également une auteure de roman noir à découvrir de toute urgence.

Je n’exagère rien.

Bien qu’elle habite la même ville que moi je ne viens que de faire connaissance avec son univers où des déglingués de la vie ont trouvé leur refuge. Il s’appelle « Les Vignes» . A quelques encablures de la capitale se trouve cet endroit hors du temps. Un endroit qui semble n’appartenir à personne où Nadine qui enchaîne les petits boulots va faire connaissance avec les trois ours Nono, Jean-Mi, Louis , elle se réservant le possible rôle d’une boucle d’or en perdition. Une masure sur un ancien domaine agricole situé au bout d’un chemin de terre , entre la ferme altermondialiste et un squat qui ressemble au royaume de la récup’. Un morceau de poumon vert perdu derrière une colline où des marginaux ont trouvé leur paradis. Sans eau ni électricité ni cabinets d’aisance.

Mais quand on a perdu ses repères et que le passé a laissé des traces indélébiles, « Les Vignes» représente pour Nadine l’opportunité d’une renaissance. Un endroit pour faire son nid.

Mais cet idéal est éphémère. Nadine le sent mais elle ne sait pas encore que le prix à payer risque d’être synonyme de voyage sans retour.





Comment ne pas être touché par ce récit narré à la première personne par Nadine, à travers ses fragilités et sa sensibilité à vif. Elle nous décrit avec une incroyable sincérité un monde fait de moments de bonheur furtifs. De petits riens, d’odeurs et de sensations fugaces qui, conjugués, font croire à la beauté de ce monde-là.. Des tranches de vie d’une rare humanité vécues intensément comme si celles-ci ne pouvaient durer plus de quelques instants.

L’auteure sait alors trouver la sémantique qui encense la force des sentiments vécus par Nadine avant que ceux-ci deviennent plus vaporeux et plus chimiques. Avant que les douloureux souvenirs s’immiscent peu à peu via des flash-back de plus en plus présents.

A l’émerveillement des premiers temps, à l’exubérance des couleurs du printemps, le récit bascule progressivement dans une moiteur étouffante , une noirceur où la liberté qui semblait sans bornes apparaît peu à peu conditionnée et factice. Comme si cet univers bancal où ces personnages, incapables de vivre au rythme d’une société qui les étouffe et les corrompt, et qui semblaient avoir trouvé leurs marques, ne pouvait exister en marge bien longtemps.

Un roman noir d’une grande force dramatique et d’une vibrante poésie qui donne envie de sortir la guitare de son étui et de plaquer quelques accords sur ce morceau de Maxime Leforestier : « C’est une maison bleue adossée à la colline...»





Commenter  J’apprécie          283
Les yeux fumés

Un roman bien sombre que voilà ! L’auteure ne ménage pas son personnage, dont la vie ordinaire et sordide, ne lui laisse aucune porte de sortie. Ce n’est pas faute de vouloir s’en sortir, mais il a beau avoir une famille, personne ne fait attention à lui, ses amis n’en sont pas vraiment, avec lesquels il ne partage que les beuveries… Il est seul, sans travail, sans avenir, sans aucune lumière à l’horizon…

Philippe, va perdre pied… Il ne maîtrise plus rien. Alors que l’auteur maîtrise son intrigue, avec une symbiose déconcertante entre elle et son personnage qu’elle incarne à travers une violence, doublée d’une grande sensibilité. Le tragique côtoie la souffrance. Un roman sombre, qui perd de sa vigueur vers la fin, sans pouvoir mettre en valeur le final inattendu.

Un roman, qui porte un regard sombre sur les cités, sur ces jeunes qui tentent de trouver leur place sans parfois pouvoir atteindre leur rêves. Les bars d’immeuble, le béton servent de décor pour sublimer ce bouquin atypique.

Une première version de ce livre est parue en autoédition chez Librinova le 21/09/2018.

Commenter  J’apprécie          260
Les yeux fumés

C’est le genre de roman qui vous laisse KO après l’avoir lu. Qui vous laisse groggy comme si on s’était pris une bonne raclée.

Philippe il aurait peut être dû s'en prendre quelques unes pour lui donner envie de se rebeller contre ce monde de merde. Philippe ne semble pas complètement réveillé comme si son univers ne devait se percevoir qu’entre deux eaux, entre deux bières ou après deux pétards, laissant aux autres le choix de l’initiative. C’est vrai que sa cité de béton ne lui laisse guère d’espoir quand son père a déjà renoncé depuis longtemps. Son rayon de lumière à lui, c'est son pote Bruno . Un type avec la langue bien pendue, qui a fait le tour du monde sans un sou et baisé les plus belles femmes du monde. Qu’importe si tout ça c’est peut être du vent ou de l’esbroufe , les histoires de Bruno le font rêver, l’aide à y croire, encore un peu. Mais Bruno n’est qu’un oiseau migrateur sans accroche qui finira par partir et laisser Philippe décider de son futur à moins que celui-ci ne signifie le début de sa prochaine déchéance.



Nathalie Sauvagnac nous parle de ces sans-grades, ces paumés formidables qui cherchent leur voie sans jamais la trouver. Bardés de toute la misère du monde et de toutes les casseroles possibles et imaginables , ces jeunes représentés ici par Philippe errent sans autre but que de passer le temps, cherchant à tuer l’ennui, commettant quelques menus larcins pour se prouver qu’ils sont encore vivants.

L’auteure nous montre cet univers de l’ordinaire, où toute beauté semble avoir disparu dans ces immeubles décrépis et dont les couleurs tendent toutes vers un gris sale . Elle en extrait pourtant ces existences fugaces presque invisibles entre ces tours - ghettos, qui, malgré quelques soubresauts semblent voués à l’oubli… ou à la folie. C’est noir et brut de décoffrage comme une gitane sans filtre et même si la fin semble entendu on prend plaisir à lire cette prose d’une grande acuité et d’un réalisme saisissant.





Commenter  J’apprécie          211
Les yeux fumés

Philippe, jeune homme de dix-huit ans, passe son quotidien dans la cité qui l’a vu naître. Entre une mère qui le délaisse complètement au profit de son frère aîné, un père totalement effacé, et toute une panoplie d’amis particuliers, Philippe devra tout faire pour s’en sortir. Sans travail, sans but, il déambulera jusqu’au drame qui bouleversera tout.



Ce roman est tout simplement un petit bijou, livré brut et sans fioriture par l’auteure. Une véritable petite pépite de noirceur que j’ai dévorée quasiment d’une traite. Ici, c’est la psychologie qui est mise en avant et pas tant l’action. Cela ne va pas à toute vitesse mais happe plutôt le lecteur dans un univers rude, sans quartier et noir.



Nathalie Sauvagnac a réussi à m’immerger totalement dans la cité où évolue Philippe. C’est d’une grande densité psychologique et émotionnelle. Au travers des yeux de Philippe, on ressent tout son mal-être d’être tant à l’étroit, ses envies de liberté, d’évoluer. J’ai avancé dans ce roman en apnée, tant je sentait que la tension montait crescendo.



Le personnage de Philippe va longtemps me rester en tête. L’auteure a su créer un personnage qui va porter à lui tout seul l’intrigue. Le choix de narration de la première personne est plus que judicieux, puisqu’il permet une immersion totale dans le microcosme proposé par Nathalie Sauvagnac.



La plume de l’auteure est d’une fluidité incroyable. Les pages ont défilé. Le style est très épuré, mais riche, et surtout l’émotion transparaît au travers des mots, ce qui n’est pas chose aisée.



Un roman d’une rare densité psychologique, servi par un personnage principal fort et très bien dépeint. Ne cherchez pas l’action dans ces pages, mais plutôt l’émotion. Un roman auquel je vais beaucoup repenser. Une pépite.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
Commenter  J’apprécie          140
Et nous, au bord du monde

En découvrant la plume aiguisée de Nathalie Sauvagnac, j'ai été happée par l'histoire de cette jeune femme marginale qui trouve sa place dans un squat rural en compagnie de deux hommes frustres qui l'accueillent sans poser de questions.

Jonglant en équilibre entre la violence d'un roman noir societal et la candeur d'une campagne apaisante, l'auteure fait le portrait de Nadine, une jeune intérimaire qui a vécu des épreuves douloureuses.



En s'installant dans cette masure délabrée, sans eau ni électricité, mais au milieu d'une campagne verdoyante, Nadine va enfin connaître des instants de bonheur. Le squat lui servira de jardin d'Eden et apaisera ses tensions.



" C'est nouveau pour moi de ne pas être aux aguets, de laisser aller et d'autoriser mon corps à se détendre sans avoir peur de sursauter. Je ne dis pas que c'est tout à fait gagné. J'ai encore du mal à desserrer les mâchoires, mais dans l'ensemble, ce n'est pas désagréable. Louis apparaît au coin de la maison et il passe devant nous sans un regard et s'assoit sur le banc qui longe la cuisine en finissant d'aiguiser la lame d'un sécateur. C'est la première fois qu'on est réunis tous les trois. Personne ne parle. On entend un vieux blues qui sort de la radio et la lime de Louis qui nous fait comme un air de violon. Chienne a posé sa tête sur mon genou. Chaque chose est à sa place et moi aussi curieusement. Et je ne suis pas loin de la vérité si je dis qu'on est heureux là, juste là à ce moment, pas après, pas plus tard, parce que rien ne dure. Mais à ce moment précis, rien ne m'empêchera de croire qu'on est heureux".



Les personnages de paumés qui l'accompagnent sont dépeints avec une empathie et une tendresse qui transparaissent jusque dans le titre puisque l'auteure a fait le choix du Nous, comme si elle s'associait à cette sensation d'instabilité, à ce sentiment de marginalité.

Sans jamais les juger, elle regarde ses personnages évoluer au bord du monde. Des personnages fragiles, bancals comme le sont les compagnons de galère Louis et Jean-Mi ou Alex qui ne peut pas survivre. Si fragiles que l'on devine qu'ils ne pourront pas résister à la menace des plus dominateurs.

Nadine doit en fait survivre à une double emprise. La première, relayée par des flashbacks qui s'adressent à sa mère, révèle la perversité d'un père violent qui maltraite et qui prétend aimer, au point qu'il parvient à convaincre la mère de repousser son enfant.

La seconde emprise se vit au présent. C'est celle de Nono, le leader du squat, celui qui joue le rôle du père, celui qui nourrit et qui gère le quotidien. C'est aussi celui qui souffle le chaud et le froid, celui qui manipule et qui détruit.



Avec talent, Nathalie Sauvagnac accompagne son héroïne dans sa bulle protectrice jusqu'au moment où l'on sait qu'elle sera bien forcée d'éclater.

Commenter  J’apprécie          130
Et nous, au bord du monde

Professeur de théâtre, metteuse en scène, comédienne, et directrice d'une compagnie, Nathalie Sauvagnac incarne la vie d'une baroudeuse en endossant également le rôle d'une romancière débarquant dans le domaine de la littérature noire avec Les Yeux Fumés (Le masque 2019) où elle nous convie dans l'univers d'une cité en prêtant la voix à cette France de la marge que l'on retrouve d'ailleurs dans son dernier roman, Et Nous, Au Bord Du Monde. Avec une unité de lieu nous donnant l'occasion de nous immerger au cœur d'une ferme squattée par trois marginaux, Nathalie Sauvagnac va saisir le lecteur avec ce nouveau récit, au gré d'une lente construction de la tragédie donnant ses lettres de noirceur à une mise en scène d'une belle justesse qui vous coupe le souffle en suivant le parcours de Nadine, cette jeune femme fragile dont on perçoit le désarroi qui semble devenir le moteur de sa destinée.



Depuis qu'elle a été chassée de la maison familiale, Nadine ne trouve plus sa place dans un monde qui n'est pas le sien. Elle loge temporairement chez une amie et travaille pour une boîte d'intérim qui lui fournit un job lui permettant de vivoter tant bien que mal. A l'occasion d'une fête, elle découvre Les Vignes, un ancien corps de ferme squatté par Jean-Mi et Louis, deux marginaux qui en ont fait leur repaire. Sans eau, sans électricité, adossée à une colline boisée où gambadent quelques chèvres hargneuses et quelques poules dédaigneuses, la bâtisse a des airs de paradis pour Nadine qui décide de s'y installer et d'y faire son nid. Une certaine idée du bonheur qui convient à cette jeune femme en quête d'oubli et de quiétude au fil d'une existence toute simple et sans contrainte. Mais les rêves sont toujours de courte durée et le paradis se transforme en enfer lorsque les contraintes du monde bousculent une nouvelle fois son existence. Des désillusions auxquelles Nadine devra faire face. Mais en a-t-elle encore la force ?



Il n'y a pas vraiment de miracle, mais peut-être un peu d'espoir pour Nadine, cette jeune femme qui découvre ce petit bout du monde dans lequel elle pense pouvoir se faire une place entre Louis, cet homme mutique qui vit d'expédient en élevant quelques chèvres et poules tandis que son acolyte Jean-Mi, plus communicatif, cultive quelques plants de cannabis tout en tentant de maîtriser tant bien que mal son addiction à l'héroïne. Tout pour être heureux simplement, pour souffler un peu et poser ses valises au cœur des Vignes, ce domaine agricole qui prend l'allure d'un squat où ces trois personnages attachants vont s'apprivoiser peu à peu. Nathalie Sauvagnac décline ainsi un petit bout de paradis dans lequel évolue ces laissés pour compte qui ne demande rien d'autre que de vivre ensemble et de trouver un peu de réconfort à la marge de ce monde. Mais il y a évidemment le grain de sable qui va gripper cet équilibre fragile et qui s'incarne en la personne de Nono, un repris de justice dont l'ascendant sur Jean-Mi et Louis va également se répercuter sur Nadine qui bascule peu à peu, l'air de rien dans un univers plus contraignant qu'il n'y paraît. Ainsi, au gré d'une écriture subtile, d'une atmosphère trompeuse admirablement bien élaborée, Nathalie Sauvagnac entraîne le lecteur dans un jeu de faux semblant qui suscite le doute et le malaise, sans que l'on ne sache vraiment trop pourquoi et surtout vers quel destin funeste on s'achemine. C'est bien là que réside le talent de la romancière abordant ainsi tout en nuance les thèmes du contrôle et de la manipulation autour de ces trois marginaux en quête d'une place en bordure d'un monde qui n'est pas fait pour eux. Et puis il y a ces souvenirs prenant forme peu à peu au fil du récit en rappelant à Nadine que rien n'est acquis et dont la finalité va se répercuter sur son devenir avec ses compagnons d'infortune en nous laissant abasourdi et bouleversé au terme d'un récit poignant qui marque les esprits.



Nathalie Sauvagnac : Et Nous, Au Bord Du Monde. Editions du Masque 2022.



A lire en écoutant : Message Personnel de Françoise Hardy. Album : Message Personnel. 2013 Warner Music France.
Lien : https://monromannoiretbiense..
Commenter  J’apprécie          120
Les yeux fumés

Livre acheté après la lecture d'une très belle critique sur Babelio; lu dans la foulée et d'une traite : un vrai coup de cœur! Noir, puissant et percutant.



Les personnages sont authentiques, l' histoire de Philippe, très réaliste, nous prend aux tripes du début à la fin.



Au centre de ce livre, il y a Philippe, tout juste majeur, qui vit dans une cité, passant son temps à traîner, fumer et piquer des bières au supermarché du coin. Philippe est entouré d’une mère qui le déteste, d’un père effacé et d’un frère aussi beau qu’il est crétin.

A côté, il y a Bruno, son pote baroudeur et destroy. Bruno raconte qu’il a fait le tour du monde et connu les plus belles femmes. Autour, il y a les grues et les murs qui tiennent avec les dealers, les gamins qui crient trop fort aux pieds des barres d’immeubles, les canards du parc qui s’étouffent avec des bouts de plastique.

Les petites violences du quotidien n’atteignent pas Philippe, tant qu’il y a de la bière et les histoires de Bruno pour inventer un autre horizon que celui des tours de béton. Jusqu’à ce qu’un drame vienne pulvériser son équilibre de papier et déclenche la bombe à retardement.



Ce livre est un petit bijou de roman noir qu'on lit au travers des yeux de Philippe, le narrateur. Il nous plonge au cœur d’une cité, comme il en existe tant dans notre pays. Nathalie Sauvagnac nous fait suivre les déboires de ce personnage, aussi bien sociaux que familiaux. Bruno de dix ans son aîné, est celui qui le fait un peu sortir de la noirceur de son univers.

"Les yeux fumés" est donc une très belle découverte, un livre fort à la dimension sociale indéniable qui véhicule des émotions par l'intermédiaire d'un personnage particulièrement bien construit dans sa dimension psychologique . C'est une lecture coup de poing, un véritable uppercut qui nécessite de temps pour se relever. Philippe m'a bouleversé, je recommande ce livre avec force et conviction!
Commenter  J’apprécie          120
Ô Pulchérie !

Une histoire sans doute invraisemblable mais très bien écrite. Un roman qui n'est pas à prendre au premier degré et qui m'a rappelé les grains de folie à la Amélie Nothomb. La plume est fluide, légère et divertissante. Une jolie découverte. Un auteur à l'imagination féconde à suivre.
Commenter  J’apprécie          80
Les yeux fumés

Philippe, entouré d'une mère qui le déteste, d'un père effacé et d'un frère aussi beau que bête, vit dans une cité où il passe ses journées à traîner, à fumer et à voler des bières au supermarché. Dans un quotidien marqué par des violences ordinaires mais qui ne l'atteignent pas, il rêve d'ailleurs au côté de son ami Bruno, un baroudeur vantard et destroy, jusqu'à ce qu'un drame bouleverse sa vie.

Philippe fait partie de ces personnages que l’on n’oublie pas. L’auteure l’accompagne jusqu’au bout avec son regard bienveillant même si parfois il est plus lucide. Elle en fait un portrait sans concession

et d'une justesse incroyable qui nous touche au coeur directement.

Un magnifique roman noir, d'une âpreté qui vous happe à ne pas manquer.

Et une très belle écriture d'où se dégage une poésie sombre et une atmosphère noire.Une très belle découverte
Lien : https://collectifpolar.com/
Commenter  J’apprécie          74
Les yeux fumés

Philippe est un roman coup de poing qui m'a accompagné pendant une nuit entière. Impossible de m'en détacher. Philippe avance dans sa cité, sans amour, entouré d'amis improbables et haut en couleur. Le suspens, le style de l'auteur (Nathalie Sauvagnac dont j'avais beaucoup apprécié le premier roman : Ô Pulchérie ! chez Denoël), l'univers de ce roman m'ont captivés. J'y ai vu un film tant les images sont parlantes, les personnages haut en couleurs. Et cette montée en puissance vers la fin irracontable ! Philippe restera dans mon esprit longtemps. Je vous le recommande absolument !
Commenter  J’apprécie          70
Et nous, au bord du monde

J'avais déjà beaucoup apprécié "Les yeux fumés" de Nathalie Sauvagnac. Avec ce nouveau roman noir édité au masque, on retrouve tout de suite ce ton si caractéristique et ses personnage marginaux en bout de course. Nadine cherche sa place depuis qu'elle a été virée de chez elle et elle finit par atterrir dans une maison à flanc de colline dans laquelle deux personnages taciturne habitent. Louis et Jean-Mi vivent de pas grand-chose et comme elle, cherchent une vie sans fioritures. Malheureusement ce coin reculé et la nature mitoyenne n'empêchent pas les mauvais souvenirs de revenir et Nadine va devoir lutter avec ses valises pesantes. "Et nous, au bord du monde" est un roman d'une noirceur rare et d'une justesse, qui rend tout de suite attachant les personnages et qui fait la part belle aux sensations. Certains passages sans en faire des caisses sont de très jolies moments de poésie. Malgré la noirceur ambiante on distingue des morceaux d'humanité qui touchent au cœur et c'est aussi ce qui fait tout le charme de ce roman noir. Un peu comme dans "Les abattus" de Noëlle Renaude, on sort de l'ordinaire et des polars vus et revus. Une nouvelle réussite pour Nathalie Sauvagnac avec ces marginaux qui vont tout tenter pour s'en sortir et avancer.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          62
Les yeux fumés

A priori rien de ce que je vais dire ne donne envie de lire ce livre, et pourtant…

Nous sommes au cœur d’une cité verticale, bétonnée, grise, emprisonnante, sclérosante. Nous suivons Philippe, 18 ans, qui y zone, désœuvré, rejeté par sa famille, n’ayant que deux amis (Bruno l’embobineur, et Flora l’ex de son frère). No future. Le contexte de rêve.

Et un soir sa vie bascule, lorsqu’il croise le regard de la dernière conquête de Bruno, une fille aux yeux fumés. S’ensuit une spirale infernale, un vortex.



Un livre glauque, crade, étouffant, désespérant. Et en même temps profondément émouvant, par l’intense besoin d’amour qu’il véhicule. Un livre qui ne peut pas laisser indifférent.

Les prénoms sont tous français, sans doute pour rendre le propos plus universel, ne pas faire d’assimilation aux populations associées aux cités. Et la couverture est magnifique.
Commenter  J’apprécie          60
Ô Pulchérie !

Un roman bouleversant qui nous ramène dans l'enfance et dans les années 50-60.



Tout d'abord, merci à la masse critique de Babelio et aux éditions Denoël pour l'envoi de ce livre. J'avais été intriguée par l'histoire, mais j'avoue que je m'attendais plutôt à une histoire touchante, drôle et burlesque. Là, on erre plutôt dans le drame familial, mais de si belle façon que l'on est transporté par l'histoire, la plume de l'auteur, et on est comme hypnotisé par le roman. J'étais comme suspendue, alternant entre la révolte, l'écoeurement et en même temps la tendresse pour ces personnages.

L'histoire semble se dérouler dans les années 50-60. L'ambiance est bien dépeinte, on s'y croirait vraiment, un vrai voyage dans le temps. Un couple de marginaux se retrouve dans le petit village de Saint-Eloi, qui se désertifie et n'est plus peuplé que de personnes âgées. Mais la cuisine de Norbert va réveiller la petite communauté endormie et les habitants vont tout faire pour garder ce couple si bizarre et un peu hippie. Sylviane, la femme, va faire 4 enfants dont elle ne s'occupera pas, trop occupée par ses désirs, ses plaisirs et sa petite personnes. Sauvage et inhospitalière, elle ne voit que par Norbert, son compagnon et ignore sa progéniture qui va être adoptée par le village tout entier...



J'ai été horrifiée par l'attitude de ces parents démissionnaires, si le terme de parents peut s'appliquer à eux, géniteurs serait plus juste. Totalement centrés sur eux-mêmes, ils ne vivent que pour eux et leurs désirs. Les quatre enfants vont tous avoir de gros problèmes, physiques pour certains, moraux pour tous. Sans repères, sauf celui du désir physique et de la séduction pour Pulchérie, l'aînée, difficile de se construire correctement malgré l'amour que leur vouent les habitants du village.

L'égoïsme tient une grande part dans cette histoire et se retrouve sur tous les fronts, et la vie de ces enfants va en être marquée jusqu'au bout. L'un d'eux est asocial et limite dangereux ; une autre a de gros soucis de santé dans son jeune âge et ne peut se décrocher de son jeune frère ; l'aînée idéalise cette mère qui ne veut pas d'eux et fait tout pour lui ressembler en mélangeant sexe et amour, et en remplaçant ses parents auprès de ses frères et soeurs ; un autre a peur de tout et ne supporte pas le moindre stress. Sans compter les habitants qui ferment les yeux sur tout ceci afin de garder ce cuisinier, touché par la grâce et le génie, qui les régale régulièrement.

C'est glauque parfois, mais cependant, l'histoire se lit toute seule, d'une traite, car on veut en connaître le dénouement. Cela rappellera à certains des souvenirs, plus ou moins bons.

Cependant, dans toute cette misère émotionnelle, l'amour émerge avec ces enfants qui s'aiment plus que tout et qui s'entraident les uns les autres. C'est vraiment touchant parfois et très mignon.



En conclusion : un roman souvent dérangeant, mais que j'ai adoré lire jusqu'à la fin.




Lien : http://cocomilady2.revolublo..
Commenter  J’apprécie          60
Et nous, au bord du monde

La vie aigre-douce

Au bord du monde, au bord du temps et de la nuit, au bord de l'enfer, Nadine va écrire dans l'urgence, en apnée, parce qu'elle n'arrive même plus à pleurer ni à crier, parce qu' "écrire, c'est hurler sans bruit", selon Duras (Marguerite).

"Pour ne pas mourir, je me remplis des Vignes". Son monde à Nadine, c'est Les Vignes, "un squat aux allures de paradis", le repaire de deux marginaux, Jean-Mi et Louis, aussi paumés qu'elle. Adossée à la colline, au milieu des merisiers sauvages, une vieille maison sans eau ni électricité, un poêle, une banquette de DS, un tronc coupé qui sert de table, des transats, un parasol… Il y a aussi trois chèvres, des poules et Chienne.

Et puis, Nono, musclé et bronzé, crâne rasé, "son pantalon et son gilet en cuir (sans manches), ses santiags bien plantées dans le sol, ses tatouages", ses doigts couverts de bagues, ses bracelets de force… Nono qui apparaît et disparaît, qui fait le (beau) temps aux Vignes, parce que "Les Vignes et Nono, c'est pareil. C'est chez lui ici, même si c'est chez personne".

Nono c'est leur nounou, mais Nono n'est pas le propriétaire, même s'il a pris le pouvoir. En réalité, Nono c'est le dealer, le "loup" dominant "au charisme délétère", le funeste bienfaiteur qui règne sur les paradis artificiels.

Et Axel, ado de 15 ans, qui traîne aux Vignes, en fera cruellement les frais. Mais pas que. Nono est une ordure.

Et nous, au bord du monde raconte la survie douce-amère de trois cabossés de la vie, hors des sentiers battus, hors de la société, sans travail, sans revenus, sans eau ni électricité… des paumés, des junkies sous emprise.

Nathalie Sauvagnac raconte la perversité, l'emprise, la violence sourde, la dépendance (affective) et l'abandon sur un air de douce saison.

À sa sortie, ce roman noir a été plébiscité par la critique : Mediapart, France Inter, Libération, Télérama, L'Express, Lire…

"Deux histoires d'emprise se superposent ainsi, qui vont broyer le destin de Nadine. C'est l'histoire de ceux qui vivent au bord du monde, les Nadine, les Louis, les Jean-Mi. Les bancals, les pas solides, ceux qui ont tant de mal à habiter le monde, à trouver leur place". France Inter, mai 2022

Commenter  J’apprécie          50
Et nous, au bord du monde

Roman noir et court, lu d'une traite. Excellente lecture sublimée par une écriture d'une douce poésie et d'une noirceur magnifique. L'auteur suit les pensées d'une jeune femme de 20 ans qui vit en marge de la société. On la sent fragile et forte à la fois et elle lutte pour chercher son coin de bonheur. On sent une progression latente et angoissante qui amplifie un effet dramatique omniprésent jusqu'à cette fin remarquable. Je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          50
Les yeux fumés

Un roman sombre qui se déroule dans une banlieue, Philippe notre personnage principale est une petite frappe mais pourtant je me suis vite attaché à lui, le style que lui donne l’auteure fait de lui un type perdu dans un monde complexe. Il y a Philippe et ceux qui gravitent autour, ses amis dont Bruno le baroudeur, sa mère qui le déteste son abruti de frère, les filles. Il vit de bières et d’histoires, jusqu’à un évènement que je vous laisserais découvrir, ce moment ou tout bascule après un fragile équilibre vient la noirceur. La fin m’a plu, elle est bouleversante et traduit bien la descente aux enfers de nos personnages, la psychologie profonde qu’à mit Nathalie Sauvagnac dans les protagonistes de cette triste histoire est magistralement bien retranscrite, où l’ennui côtoie l’oubli.

Je garderais un bon souvenir de cette lecture, une belle découverte et écrite avec originalité. Le style parlé donne toute suite l’impression d’être immergé avec les personnages, c’est franc, sans arrière-pensée, alors quand ça commence à chauffer pour Philippe, on ne peut plus se détacher du roman.

Belle découverte.

Commenter  J’apprécie          50
Et nous, au bord du monde

Désoeuvrement, violence familiale, marginalité : c'est un cocktail qu'avait déjà utilisé l'auteur Nathalie Sauvagnac dans son précédent roman Les yeux fumés (un coup de cœur que je vous conseille d'aller découvrir si ce n'est pas encore fait !).

Elle récidive ici dans un environnement un peu différent puisque Les yeux fumés se déroulait dans une cité et ce dernier livre dans un squat en milieu rural.



Bien sûr, il faut aimer les livres un peu en marge aussi, les histoires noires et viscérales. Qui se lisent en écoutant de la musique ! Parce que c'est exactement ce que j'ai fait pour chacun de ses deux livres…

Peut-être bien qu'il y a de la musique dans ce texte… Une certaine forme d'urgence et donc de musicalité qui m'a littéralement happée.

D'abord la tension est constante, les chapitres incisifs.

Et puis, la vie même de cette anti-héroïne, la narratrice Nadine, semble sur le fil tout au long de ce récit. Ce rythme ajoute de la lourdeur à une atmosphère désespérément saturée.

Les secrets, le passé font de Nadine la femme marginale d'aujourd'hui (les explications sont dans les flashbacks…).

On n'est jamais totalement sûr du chemin qu'elle va prendre ou de ce qui peut lui arriver.

C'est une femme blessée qui rejoint le clan de ceux qui ont été abandonnés par la société, mais qui ont aussi choisi délibérément de se mettre en retrait. C'est évidemment une forme d'effacement de soi, du monde lorsqu'il devient insoutenable.



Le poème L'oiseau bleu de Charles Bukowski en prélude de l'histoire m'a mise sur la voie..

J'ai été littéralement enveloppée par cette nappe de pessimisme, par cette histoire forte, désespérée. Une plongée en apnée !

Mais j'ai aussi été touchée par la beauté de son personnage poétique, maudit.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Nathalie Sauvagnac (534)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz - Claude Gueux

En quelle année a été publié " Claude Gueux " ?

1859
1903
1834

14 questions
1064 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}