AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Nathan Devers (225)


Gainsbourg était mort depuis trois décennies – et, avec lui, c’était toute une vision de la musique qui avait disparu. Une musique carbonisée d’aristocrates déchus, d’ivrognes délicats et de cancres érudits hantés par les classiques. Une musique composée au pinceau, qui tutoyait les morts de Brahms à Beethoven et les ressuscitait dans d’immenses rondes macabres provocatrices à souhait. Une musique indansable où des voix altérées renonçaient à chanter, sinon par effraction, comme si ça leur coûtait d’imiter l’acoustique des notes, de quitter la gueule de bois où elles marinaient avant même d’avoir bu. Chanter, Gainsbourg avait autre chose à faire. La gorge pleine de chats, éraillé de la glotte, reclus dans un XIXe siècle mental où Huysmans et Rimbaud lui soufflaient des phrases déjà surréalistes, il les frôlait de temps à autre du bas de sa déréliction.
Commenter  J’apprécie          370
Le temps passait et il ne faisait rien. Vingt et une heures, déjà. L’inspiration s’éteignait. Les angoisses se muaient en paresse, son travail n’avançait pas d’un pouce. En guise de climax, il atterrissait sur les pages des YouTubeurs. Souvent, l’écran lui suggérait de visionner des sketchs qu’il avait déjà vus. Vidé de toute son énergie, il les regardait quand même. D’une semaine à l’autre, il tournait ainsi en rond sur internet, torturé par des blagues.
Commenter  J’apprécie          360
Le 7 novembre 2022, un nouveau compte fit son apparition sur Facebook, au nom de « Julien Libérat bis ». Comme on pouvait s’y attendre, cet événement suscita la plus parfaite indifférence. Mais Julien Libérat ne perdit pas de temps.
(Incipit)
Commenter  J’apprécie          312
(…) Vangel révolutionnait la manière de faire de l’art. Par un alliage subtil de pudeur absolue et de marketing efficace, à travers le story-telling de son avatar, il ouvrait la voie à une nouvelle configuration. Désormais, seule l’image publique comptait ; l’artiste en tant que corps, le poète et son « moi », la psychologie des écrivains, leur existence privée – tout cela disparaissait. Il n’y avait que des œuvres et plus personne pour se les approprier.
Commenter  J’apprécie          250
De ces quartiers visités à mesure qu’ils exploraient le territoire de leurs oppositions : May qui n’en pouvait plus de sortir avec un mec laborieux et ric-rac, de devoir toujours composer avec son grand sérieux et ses petits moyens, de ceci et de cela, de cela et de ceci, de tout et surtout de rien, de cette double peine, les espoirs de changement et la résignation. Lui qui n’acceptait plus qu’elle le regarde de haut pour mieux le tirer vers le bas, qu’elle siphonne son énergie avec sa valse de reproches permanents et d’injonctions contradictoires, qu’elle le rende coupable de ses propres regrets, qu’elle lui fasse porter le poids immense de son imaginaire et l’étouffe au nom de tout cet air qu’elle souhaitait respirer. 
Commenter  J’apprécie          220
Vous voyez,hurlait-il, je vous l'avais bien dit! Les restaurants n'ont manqué à personne . Les Français n'en ont plus rien à foutre, d'avaler un expresso à 2.50€ sur des chaises en osier.
Commenter  J’apprécie          216
Il avoue lui-même, le plus naturellement du monde, avoir écrit son manifeste dans une “chambrette d’hôpital” abreuvé de “forces cigarettes”. Imaginons-nous un écrivain antiraciste composant une ode à l’amour entre les peuples tout en matraquant des Noirs ? Un néonazi prier dans une synagogue ? Un prêtre homophobe prendre plaisir à chatouiller des petits enfants de chœur… ? Un ministre socialiste faire de la fraude fiscale… ? Dans le cas du scientifique scribouillard qui nous intéresse, il ne s’agit pas d’une contradiction, mais d’une réfutation par l’existence d’une position intenable, d’une doctrine absurde. 
Commenter  J’apprécie          191
L'écran était le ciel, internet incarnait le Tout-Puissant et le numérique déployait la genèse d'une nouvelle histoire. D'ici quelques années, l'Antimonde sortirait du néant où il avait germé.
Commenter  J’apprécie          161
_ Dis, May, l'interpella-t-il d'une voix faussement indifférente, ça ne te dérange pas si je me sers un café ? ...

Le stratagème crevait les yeux. Des cafés, il y en avait plein le quartier : il suffisait de traverser la rue ...
Commenter  J’apprécie          150
Vous êtes des zombies qui aiment les sourires
Ravis de ces symboles qui ne désignent rien
À longueur de journée vous parlez par clins d'oeil
Un jour vous oublierez les mots qu'ils remplaçaient
Ces pièges de visages vous tendront un miroir
Comme les chiens à leur maître vous leur ressemblerez
Et vous aurez enfin la gueule de vos smileys.
Commenter  J’apprécie          130
Je ne me suis jamais senti aussi seul que lors du mois qui suivit ma rupture avec la religion. Mes préjugés, ma vie et mon identité : n'avais-je pas tout quitté pour la philosophie ?
Commenter  J’apprécie          120
Leibniz avait raison. Le monde était trop étroit pour accueillir toutes les visions du monde, trop rare pour rassembler les fantasmes qu'il pouvait susciter. Il n'y avait pas assez de place, dans l'univers, pour contenir les idéaux des hommes.

D'où la nécessité d'aller plus loin : de créer un multivers, composé d'une infinité de versions de la planète Terre. Avec le Plurimonde, [il] permettrait aux avatars de se téléporter d'un métavers a un autre, voire de monter leur propre espace de simulation ...

Il aurait enfin parachevé sa mission : en finir avec l'empire de la réalité.
Commenter  J’apprécie          120
Tout compte fait, ce jeu gratuit venait de lui coûter 434 euros.
Commenter  J’apprécie          100
L'Antimonde leur offrait la possibilité d'avoir une vie privée à l'intérieur de leur vie privée. Si bien qu'au soir où il s'y inscrivit, Julien n'était que le énième représentant d'une tendance globale : rebaptisé Vangel, voici qu'il rejoignait la contre-société croissante où se réunissaient les déçus du réel.
Commenter  J’apprécie          90
Au moment de payer, le vendeur le regarda droit dans les yeux . Aussi sérieux qu'un acteur de "Grey's Anatomy", il l'alerta de la situation :
- Votre Mac est très vieux, lui expliqua-t-il. Une bécane comme ça, faut vraiment faire attention à elle. Sinon, ajouta-t-il avec un ton de cancérologue, je ne lui donne pas trois mois.
Commenter  J’apprécie          90
L'avantage dans l'Antimonde, c'était que tout allait très vite, les plus petits désirs s'enchaînaient sans laisser de place à l'ennui.
Commenter  J’apprécie          90
Les yeux totalement carbonisés, il parvenait à se coucher. Une fois endormi, toutes les vidéos qu'il avait regardées le poursuivaient. Incrustées dans ses pupilles, elles se mélangeaient dans une synthèse absurde. En surchauffe, son cerveau composait un best-of de tous les best-of qui s'étaient succédé sur son ordinateur. Ses rêves étaient peuplés de perroquets qui mangeaient des maroilles, de chimpanzés furieux et de Juifs néonazis. I l en avait mal au crâne jusqu'au sommet de la nuit.
Commenter  J’apprécie          80
En 2022 le vrai et le faux étaient devenus des valeurs indistinctes
Commenter  J’apprécie          80
On donne toute son énergie à une machine, on devient son miroir et c’est elle, désormais, qui détient l’esprit de son détenteur. Elle pense, parle et gesticule à sa place. Elle lui dicte ce qu’il doit désirer. Elle rythme sa conscience et précède ses envies. Plus vivante que lui, elle s’empare de son être et le change en mollusque. Au départ, il y avait un homme et un ordinateur. Voici qu’ils se sont aliénés l’un l’autre, voici qu’ils respirent ensemble et forment une entité commune, voici qu’ils se mélangent et donnent naissance à un homminateur.
Commenter  J’apprécie          80
Le XXe siècle avait connu ses terres promises et ses eldorados. De New York à Moscou en passant par la conquête spatiale, de Disney à Neverland sans omettre la magie des Club Med et l'empire des night-clubs, les rêveurs de cette époque s'étaient déplacés d'extases romancées en euphories fantômes. Voyageurs toujours, follets idéalistes, ils avaient goûté à l'onirisme des évasions faciles.
Commenter  J’apprécie          80



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nathan Devers (568)Voir plus

Quiz Voir plus

Marathon-quiz : 50 classiques français

Qui a écrit "Les Fourberies de Scapin" ?

Corneille
Racine
Molière
Marivaux

50 questions
1291 lecteurs ont répondu
Thèmes : classique français , littérature française , classiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}