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EAN : 9782226483867
336 pages
Albin Michel (03/01/2024)
3.5/5   26 notes
Résumé :
Pourquoi la philosophie ?
Qu'apporte-t-elle à l'existence ?
Que change-t-elle à nos vies ?

Nathan Devers a voulu répondre à ces questions de manière personnelle : pourquoi, alors qu'il avait choisi de devenir rabbin au terme d'une adolescence très croyante, a-t-il perdu la foi ? Comment a-t-il pu abandonner une vocation profonde au profit d'un univers sans dogme ?

Intense et puissant, avec sa poésie mais aussi sa violence,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
[En me relisant, je trouve cette critique un peu trop à charge. Je donne mes raisons dans les commentaires ci-dessous]

Grosse blague... moi qui me léchais les babines à l'idée d'un ouvrage sur "la pensée contre soi-même", je découvre l'irruption dans le cercle des autobiographes (*) complaisants de moins de 30 ans, habituellement réservé aux sportifs, d'un jeune philosophe (sponsorisé par BHL, j'aurais dû me méfier, mais poussé par l'idée de penser contre moi-même, j'ai mis mes préjugés de côté).

L'étoile restante est pour la narration du voyage en Israël, qui garde une certaine fraîcheur. Sur le thème qui donne son titre au livre, je vous incite plutôt à vous tourner vers "Le talent est une fiction", de Samah Karaki.

(*) Et pourtant, j'aime beaucoup les biographies et les autobiographies. Mais c'est un exercice qui nécessite une condition préalable : avoir "déroulé du câble". Au moins une longueur minimum.
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Jusqu'à la page 322, ça va, puis :

Il s'agit donc, au contraire, de se diviser l'âme. de découvrir l'autre, tous les autres à l'intérieur de soi. Ces autres m'habitent : ils sont la somme de tous les individus que je ne suis pas. Ils cristallisent les vocations que j'ai manquées, les occasions que je n'ai pas saisies, les désirs que je n'ai pas pu assouvir, les possibilités que j'ai écartées, les choix que j'ai refusé de faire, les idées auxquelles je n'ai pas adhéré, les dogmes que je n'ai pas crus, les questions que je n'ai pas posées. Ils sont mes rêves et mes regrets, mes ombres et mes murmures, mes spectres et mes futurs. Et, tous ensemble, ils constituent mon anti-moi. Cet anti-moi, il m'appartient de ne pas l'ignorer. Mais d'exister face à lui. de cultiver, lui et moi, une relation d'amitié, c'est-à-dire d'opposition féconde. de dialoguer, de débattre, de combattre ensemble, avec et contre nous. Car « contre » et « avec », et sur ce point le latin et l'hébreu sont d'accord, sont des mots synonymes. Penser contre moi-même, voici ce qui me permet précisément de penser, d'exister avec moi-même. Mais avec un moi toujours absent, car toujours à venir. Il suffit que je m'écarte de ma conscience immédiate, que je renonce à l'idée d'être moi – que je cherche à me chercher. Alors, mon existence devient un lit de noce et un champ de bataille. Je « dé-coïncide » (François Jullien) de mon identité, je me dé-fusionne de ma présence au monde. Je confronte mon esprit à mon corps, mon corps aux autres corps, ces autres corps aux constellations d'autres esprits possibles, je questionne ces esprits à la lumière de mes instincts, mes instincts à l'ombre des concepts. Je désordonne. Je disloque. Je découds. J'entrelace. Je mets les antipodes en perspective. J'embrouille. Je tisse des noeuds de liens adverses. Je crée en ma conscience un grand cercle de vie.

Une exégèse serait la bienvenue.
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Un très bel ouvrage à la plume intensément précise. Comment ne pas voir en ce livre des questions personnelles qui touchent tout jeune, devant se battre ou se fondre dans une culture religieuse ? Un livre tout en réflexivité et historicité qui fait réfléchir aux questions de déterminisme et de parcours de vie.
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Livre fascinant dans lequel l'auteur raconte plus ou moins sous forme de fiction ses évolutions d'adolescent.
Issu d'une famille juive peu pratiquante, il plonge dans la religion, fréquente intensément les synagogues, veut devenir rabbin. Puis très brusquement, envahi soudainement par le doute, se tourne vers la philosophie.
Nous avons tous vécu ces valses-hésitations, abandons, décisions communs à tous les hommes mais surtout aux ados. Souvent ils sont subis sans trop comprendre.

Nathan, lui, veut comprendre et nous explique !
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La trajectoire de Nathan Devers est peu commune : issu d'une famille juive traditionnelle, il se plonge dans la religion avec une ferveur extrême et devient ultra religieux en quelques temps.
Devenir rabbin sera son projet.
Mais....les doutes philosophiques et les questionnements s'installent.....jusqu'au renoncement total.
Curieux cheminement, fort intéressant.
Les deux tiers du livre sont captivants.
La fin en revanche, philosophée et ardue.
Les chemins de pensée qu'emprunte Nathan Devers sont exigeants et parfois difficiles à suivre, trop pour moi.. J'ai donc terminé la lecture en demi teinte et un peu frustrée de ne pas accéder facilement à sa conclusion.
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critiques presse (6)
LeSoir
04 mars 2024
Qu’apporte la philosophie à l’existence ? Que change-t-elle à nos vies ? Dans son brillant essai Penser contre soi-même, le normalien Nathan Devers apporte une réponse très personnelle à ces questions ressassées […]
Lire la critique sur le site : LeSoir
LeFigaro
12 février 2024
L'auteur et philosophe, qui publie Penser contre soi-même (Albin Michel), analyse la révolution de l'intelligence artificielle à travers le spectre de la littérature.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
RevueTransfuge
06 février 2024
En un récit trépidant et captivant, le chroniqueur de Transfuge Nathan Devers nous convie à suivre les aventures de son esprit, de la religion à la philosophie.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Lexpress
09 janvier 2024
Dans "Penser contre soi-même", un récit autobiographique époustouflant, [l'auteur] raconte la tentation rabbinique de son adolescence.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
09 janvier 2024
Ce livre foisonnant éclaire comme nul autre les trajets obscurs d’où émerge un désir d’être philosophe. Sa plus intéressante leçon est sans doute de faire entrevoir comment l’existence forge en silence la pensée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
09 janvier 2024
Un ouvrage inattendu et pour le moins salvateur qui désigne les contours même de l’existence inachevée en flirtant volontairement avec certains usages surannés sans pour autant bouleverser les procédés littéraires et les procédures romanesques
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Il s'agit de discuter dans l'abstrait, qu'est-ce que " la philosophie"?
(...) En à peine quelques minutes, la notion de philosophie avait perdu son centre de gravité pour s'ouvrir sur un bouquet divergents d'aspirations multiples et de passions mobiles.
(...) et si " la philosophie" n'était rien d'autre qu'une volière d'ascension plurielles, un échange de trajectoires, d'itinéraires où chacun s'enfonce seul, en éclaireur de soi ?
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(...) le soleil crée en moi un étrange sentiment de culpabilité m'obligeant à tout interrompre sur le champ pour profiter de lui. Sinon, j'ai la mauvaise conscience du tournesol à l'ombre.
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La naissance est un décès à l'envers. Une mort qui sourit.
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[chapitre 4 de l’épilogue]

Une première solution serait de soutenir que, pour penser par soi-même, il faut commencer par essayer de déconstruire toutes les entraves dont dépend la pensée – et donc de s’en prendre au « soi » qu’on est avant de méditer. Cette tâche est infinie, à l’image de la variété des contraintes qui pèsent sur notre esprit : physico-chimiques (corporelles), historico-géographiques (contextuelles), sociales, familiales, religieuses, idéologiques, mais aussi psychologiques, biographiques, affectives, instinctives… Par-delà leur diversité, ces facteurs tiennent tous à un fait brut : nous n’avons pas choisi d’exister. Nous n’avons pas non plus sélectionné notre point d’entrée dans le monde, qui est à la fois décisif et relatif, incontournable et contingent. Penser contre soi serait ainsi un travail de désobstruction perpétuel. Cette tâche, personne ne l’achèvera jamais, mais est-on seulement capable de s’y aventurer ? Elle paraît, en effet, mener vers une aporie : quand j’essaie de me détacher de mes déterminations, cette volonté n’est-elle pas également le fruit d’autres déterminations ? Pour qu’un « soi » se retourne contre l’image qu’il se fait de lui, il faudrait qu’un autre soi le soumette à un examen critique, qu’un quatrième déconstruise le troisième, qu’un cinquième conteste le quatrième… Régression à l’infini qui conduit à une certaine forme de désespoir. Au constat désabusé que nous n’aurons jamais raison de notre finitude : quand je prétends penser contre moi-même, n’est-ce pas une autre version – un autre masque – de moi-même qui pense ? Ne suis-je pas, toujours, l’otage de mon moi ?

Et s’il s’agissait plutôt de désobstruer le « soi » ? Non pas de penser à rebours de soi-même, mais contre l’idée selon laquelle on serait un « soi-même » ? Car cette notion est auréolée d’une certaine confusion. Que nomme-t-on le moi ? Il y a déjà chez Descartes une différence entre le moi biographique – celui qui a étudié à l’université, qui a appris la littérature, les mathématiques, la théologie, l’histoire de la philosophie – et le moi méthodique : celui qui décide de s’enquérir de la vérité. Chez Kant, cet écart se déplace. Il conduit à distinguer le « je » et le « moi ». D’une part, le pôle de la subjectivité ; de l’autre, le moi concret, celui de l’expérience psychologique que j’explore quand je me livre à l’introspection. Or, ces deux instances ne se fondent jamais l’une dans l’autre. Il n’y a pas de miroir qui permette à l’esprit de se réverbérer. Le « moi » n’est jamais « je ».

Mais si le « je » était lui-même un piège ? Si nous étions dupes de la transparence supposée de notre conscience ? Et si c’était toujours un « moi » qui pensait : un moi incarné, subjectif, biaisé, qui ne présente en lui-même aucun critère, aucune norme qui puisse guider sa pensée ? Un moi qui ne soit rien d’autre que le produit d’un corps engagé dans une histoire relative ? Tel est peut-être le mirage du doute cartésien : c’est un doute momentané. Un doute qui s’arrête dès la Deuxième Méditation. Un doute qui croit qu’il a fini le travail, sous prétexte qu’il bute prétendument sur un point de vérité : le cogito. Mais qu’est-ce que le cogito ? Comment savons-nous qu’il émane d’un « ego » ? D’où sommes-nous sûrs qu’il « pense » ? Et s’il importait donc de se libérer non seulement des tutelles étrangères, des maîtres de conscience mais aussi et surtout de l’emprise du « soi-même » ? L’enjeu n’est pas, à travers cette question, de tenir nécessairement le cogito pour un mirage de plus. Il est incontestable que j’ai l’expérience du « je pense », que je me sens exister, que je me pose des questions, que je suis en proie à certaines croyances. Mais ces phénomènes ne justifient pas d’interrompre le travail du doute. Ce qui n’est pas légitime, en ce sens, c’est la somme des évidences qu’on peut leur associer : pourquoi mon cogito serait-il l’œuvre d’un pur esprit rationnel, autonome, doté d’une lumière fiable, susceptible enfin de devenir le fondement absolu de mes méditations ?

Mais à quoi ressemblerait une philosophie qui enverrait valser toutes ces certitudes ? À une vie, justement : une âme organique, un esprit fait de chair. Une quête incorporée.
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Nathan, tu le sais à présent : ce sont les livres qui lisent à l’intérieur des hommes. Leur but n’est pas d’exprimer ce que l’auteur veut dire mais de t’examiner. Tandis que tu t’échines à étudier leur sens, ils analysent ton âme. Ils ont ce singulier pouvoir, alors que tu te crois maître de leur exploration, de palper tes secrets. Ils creusent dans ton coeur, ils sondent tes mystères. En visiteurs des songes, ils auscultent ce que ta conscience n’a jamais su nommer. À mesure que tu les traverses, ils exhument tes failles, ils réveillent tes ombres. Silencieux malgré le grand bruit de leur verbe, ils opèrent leur guerre de vérité. Leurs phrases sont des miroirs et leurs pages des yeux : ils deviennent, tout rédigés qu’ils soient, les lecteurs de leurs propres lecteurs. Ce n’est qu’une fois leur travail achevé que tu finis par comprendre qu’ils ne déroulent rien d’autre qu’un commentaire de toi. Et j’ai vu dans ton être sitôt que tu m’ouvris.
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Vidéo de Nathan Devers
Nathan Devers raconte dans son nouveau livre, intitulé "Penser contre soi-même", comment il est passé de futur rabbin à écrivain. Au-delà de ce changement d'orientation, c'est le processus de changement de paradigme que Nathan Devers cherche à mettre en lumière, ce moment où l'on va "désapprendre à naître", c'est-à-dire "sortir de soi". À travers cette expression il fait référence à plusieurs prises de conscience qui visent à se dire : "j'aurais pu naître ailleurs, j'aurais pu naître autrement. J'aurais peut-être défendu avec le même acharnement des idées, des croyances complètement contraires. J'aurais peut-être eu des pratiques contraires". L'auteur et philosophe explique que c'est la recherche de questionnements plutôt que de réponses qui l'a poussé vers la philosophie. Ainsi, penser contre soi-même consiste pour lui à "ne jamais être dupe de son époque, de sa culture, de son identité". Il évoque la rigueur, l'éthique et l'auto-critique sur toutes ses formes dont l'humour pour essayer de sortir de ce carcan. Cependant, il concède qu'il n'est pas totalement possible d'adopter ce type de raisonnement.
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