Nicolas Hulot

Pour la première fois dans l'histoire, les ennemis les plus redoutables que nous avons à affronter ne sont pas les autres, mais nous-mêmes. Pendant des siècles, les maux qui s'abattaient sur les hommes venaient d'ailleurs, des dieux, du destin, des ennemis d'en face. Aujourd'hui, l'ennemi de l'homme n'est autre que l'homme, et le voici contraint d'endosser le double rôle de responsable et de victime. Mais il ne tient qu'à lui d'en prendre un troisième et de devenir son propre sauveur.

Les spécialistes prévoient dans un premier temps l'amplification des extrêmes. Les étés chauds seront de plus en plus chauds, les précipitations de plus en plus fortes, les cyclones de plus en plus violents. Ensuite, les effets s'amplifieront en cascade, avec des conséquences en partie inconnues mais suffisament dramatiques pour poser dès maintenant la question de la survie de l'espèce humaine sur Terre.

Que la température moyenne monte d'un ou deux degrés supplémentaires, et des maladies de tous ordres se répandront sur l'ensemble du globe.

Le président Reagan n'avait-il pas soutenu en son temps que la pollution atmosphérique était en grande partie due... aux plantes ?

Les études concernant l'impact de l'alimentation sur la santé sont encore balbutiantes. On sait cependant que toutes les molécules ingérées soit par traitement, soit par alimentation, sont conservées dans la mémoire corporelle. Et l'on a de sérieuses présomptions sur les conséquences directes de ces actes en apparence anodins. Il y a dix ou quinze ans, on a assisté à un échouage massif de dauphins sur le littoral français. Quelques journalistes ont parlé de suicide collectif, de dépression généralisée et autres sornettes. Puis les scientifiques ont mené des analyses et retrouvé dans les tissus de ces pauvres animaux une concentration anormale de substances toxiques. Situé en bout de chaîne alimentaire, leur organisme avait stocké au fil des jours tous les polluants répandus dans la mer. Sur ce, de grandes tempêtes étaient survenues. Elles avaient obligé les dauphins à des dépenses d'énergie inhabituelles pour survivre, et donc à puiser dans leurs réserves. Les substances toxiques accumulées dans leur organisme étaient ainsi passées dans leur sang,ce qui avait entraîné un hécatombe sanitaire. Ce qui est vrai pour les dauphins doit être vrai pour l'homme. Il importe donc de donner aux consommateurs des informations fiables pour une meilleure nutrition, et d'appliquer ces principes dans les cantines, les hôpitaux et autres lieux de restauration publique en imposant des produits issus de la filière biologique.

De même que la somme des petites pollutions individuelles peut avoir un impact pire que certaines catastrophes médiatisées, la somme des comportements civiques et des choix responsables peut infléchir la tendance générale.

À vingt ans, quand j'ai pour la première fois posé le pied en Afrique du Sud, j'ignorais presque tout des haines dans lesquelles ce pays s'était enfermé. La nature y était belle et les filles jolies, point. J'ai déchanté dès les premiers jours. D'accord, les filles étaient jolies; mais amener une Blanche sur une plage Black Only, ou l'inverse, pouvait se payer dix ans de prison... Lesquelles plages étaient protégées des requins par des filets quand elles étaient réservées aux Blanc, mais non protégées pour les Noirs- ce qui avait permis à des scientifiques de conclure que les requins étaient plus attirés par la chair noire que par la chair blanche !

L'utopie, c'est simplement ce qui n'a pas encore été essayé.

Il est vain de faire peser la responsabilité du dérèglement climatique sur les seuls individus puisque notre survie dépend du système social, technique et économique en place, ainsi que des énergies fossiles.

Nous poursuivons des objectifs qui sont totalement contradictoires et incompatibles. Nous faisons des petits pas et la France en fait beaucoup plus que d'autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent à endiguer, inverser, et même à s'adapter parce que nous avons basculé dans la tragédie climatique ? La réponse est non.

Lutter pour la protection de l'environnement imposé donc de lutter contre les inégalités sociales, dans un monde où elles sont de plus en plus prégnantes.

Nelson Mandela : "J'ai appris que le courage n'est pas l'absence de peur, mais la capacité de la vaincre."

Le cliché n'est pas de penser qu'ils seraient dans le vrai et nous dans le faux, mais d'être convaincus que nous sommes l'universel et qu'ils sont le singulier, que nous, nous serions les seuls détenteurs du progrès.

Quand les exclus ont vue sur les inclus, on ajoute à l'exclusion un élément explosif qui est l'humiliation.

Ce que je croyais immuable a disparu le temps d'une absence. Aucun territoire, même le plus reculé, n'échappe à la blessure de l'homme. Pendant 30 ans de rencontres et de découvertes sans relâche, pendant 30 ans de noces avec la planète, j'ai eu ce sentiment, à la fois de tristesse et d'émerveillement, d'arriver juste à temps pour observer des reliques.

Nicolas, on en a déjà discuté, c'est le côté extrême et ludique d'Ushuaia qui plaît aux gens. Si tu invites des scientifiques ou si tu vas voir les peuples premiers, comme tu m'en as parlé, tu vas barber tout le monde et on perdra des parts de marché.

L'émerveillement est un premier pas vers le respect.

En 2018, un cachalot de 10 mètres a été retrouvé mort sur une plage d’Indonésie.
Son estomac contenait 6 kilos de plastique dont :
115 gobelets de plastique
4 bouteilles en plastique
4 tongs
25 sacs en plastique
1000 morceaux de plastique

C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches.
Victor Hugo (1802-1885)

Sauve un arbre, mange un lobbyiste !