AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Nicole Brossard (5)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Temps réel du poème

A la fois poétesse, écrivaine, dramaturge essayiste et éditrice, la québécoise Nicole Brossard est une militante pour la cause féministe.

L’auteure est une résistante qui travaille le langage jusqu’à l’os. Il faut en tenir compte pour pouvoir entrer dans sa poésie, une poésie exigeante, créatrice et qui mêle tous les genres.



« Je le sais aux verbes qu’il me manque

Ma vie s’est endormie »

Dans le contour très précis

De la tête d’un os long. »



La poétesse a aussi été une voyageuse et ces atmosphères d’autres lieux imprègnent sa poésie. Elle convoque parfois, au détour d’une phrase, une autre culture.

L’écriture est aussi un voyage. Chaque pays, chaque ville traversés offrent des sensations différentes.

« A Palerme, la chute lente du temps ocre » tandis qu’« à Dresde, un matin de suie, de gare et de musée ». A Madrid, on croise le souvenir de Goya tout en cherchant « la simplicité du verbe. »



Elle se raconte en disant « je » mais elle parle aussi de « nous » car elle partage ce creusement de la langue avec ses lecteurs. Pour elle, les mots nous donnent des sensations, les mots épousent le corps et les syllabes ont « saveur l’olive et d’apéro ». Cette façon d’aborder le langage le rend présent et réel, parfois charnel.

Elle dit aussi :

« La littérature est façon d’être

Une manière de traduire je suis. »



Dans « le dos indocile des mots », elle joue sur les allitérations, déclinant l’alphabet sans se préoccuper du sens des mots. Le résultat est surprenant, voire détonnant. Jugez plutôt :

« Cendres carnivores de cervelles et de cornées

Le cœur cogne corail criblé de chagrin

Or je me suis consolée :

Cosmos chuchotement de constellations. »



Le long poème « Après les mots » explore la langue à travers le corps, l’amour, la vie dans le bruissement du monde.

« après : comment du bout des lèvres

Répartir l’idée du vaste monde

A l’intérieur de ce qui fut

Nous, cheveux ou caresses… »



Dans cette anthologie foisonnante, Nicole Brossard propose des poèmes écrits à des périodes différentes. Mais tous tendent vers les mystères de l’existence, et ce qui fait notre humanité.

Ce peut être assez déconcertant, ou au contraire, d’une grande limpidité. Je reconnais ne pas avoir apprécié tous les poèmes, mais un grand nombre a retenu mon attention et ma curiosité.

Une poétesse que je découvre, et, bien que parfois ardue, j’ai aimé cette lecture.



Commenter  J’apprécie          561
Temps réel du poème

Nicole Brossard , essayiste, romancière et poète, fort connue au Canada et dans le monde, a actuellement 79 ans. Féministe et avant-gardiste, elle a été et est encore un phare de la littérature québécoise. Son oeuvre prolifique témoigne de sa vitalité.



Cette anthologie, s'étalant de 1980 à 2022, permet de mieux cerner son univers. Comment le qualifier ? Déroutant, ébouriffant et complexe, dirais-je. C'est avant tout une exploratrice du langage. J'ai rarement vu une telle utilisation de ce thème. Les mots" vocabulaire", " verbe", " lettre" et bien sûr " mot" sont fréquents, elle en creuse le sens:



" au présent je suis toujours

une phrase et son silence

une forme de condensation

buée d'univers"



Elle envisage même un monde, difficile, après les mots:



" après les mots

rouleau d'images et ciel de pixels

le temps aura dispersé les joies de l'alphabet

et des milliers de petits univers, et frayeur"



Elle fouille , elle fait flamboyer les mots vitaux:



" à la fin au milieu d'une langue vivante

bien irriguée j'aurai

de tels élans au bout des doigts"



Dans la partie " le dos indocile des mots", le tautogramme ( les mots de la phrase commencent par la même lettre), lui fait dérouler l'alphabet de manière impressionnante. Ce n'est pas qu'un jeu sur les mots, c'est aussi " la langue qui parle à la langue de la langue", comme l'ecrit Mireille Calle-Gruber dans la préface.



Un exemple :



" pour toutes les passions au présent

parfois une promenade

nous plongions dans le paysage

avec des phrases, des pensées

au pouvoir de parfum et de paradoxe "



C'est une réflexion sur le langage pertinente et subtile, déployant des images surprenantes, libres . Je n'ai pas tout compris, l'émotion est peu présente mais ce fut



un régal réjouissant, ravivant le roulis verbal....







Commenter  J’apprécie          312
Hier



« Hier » est reconnu comme étant un chef-d’œuvre de la postmodernité lesbienne québécoise. On y trouve l’intertextualité, la métafiction, des multiples références culturelles, la linguistique, l’autoréférentialité, le féminisme, et l’écriture hybride. Elle salue les grands écrivains qui l’ont influencé notamment Luigi Pirandello (« Six personnages en quête d'auteur »), Gertude Stein (« Autobiographie d'Alice Toklas »), et Lawrence Stern (« Vie et opinions de Tristram Shandy, gentilhomme »). Ma recommandation sera de ne pas lire « Hier » avant de lire les trois livres des prédécesseurs de Brossard que je viens de mentionner.

À mon avis « Hier » n’offre rien d’original mais il offre une synthèse assez complète de toutes les tendances postmodernes. Ça vaut la peine de lire « Hier » pour ceux qui s’intéressent à l’histoire culturelle du Québec. En plus de bien refléter l’état de la littérature québécoise à la fin du vingtième siècle elle donne aussi une image assez juste de la vie de tous les jours des québécoises de l’époque.

Nicole Brossard a mérité tous honneurs (Chevalier de l'Ordre de la Pléiade, Officier de l'Ordre du Canada, Chevalière de l'Ordre national du Québec, et cetera) qu’elle a reçu pendant sa longue carrière. Néanmoins, je ne suis pas capable de donner plus de deux étoiles à ce roman agaçant.
Commenter  J’apprécie          20
La nef des sorcières

"La nef au sorcières" est une pièce de théâtre composé de sept monologues des femmes représente les diverses dimensions de la condition féminine. (On inclut une écrivaine, une comédienne, une lesbienne, une prostituée et une femme à l'âge de ménopause. Pourtant, il faut reconnaitre que la question lesbienne domine la deuxième moitié de la pièce).

Montée pour la première fois à Montréal en 1976, les sept auteures de "La nef au sorcières" cherchaient un succès de scandale comparable à celui qu'avait le "Sacré du Printemps" de Stravinsky à Paris en 1913. Si on comprend que Montréal est un moins grand tremplin que, cette pièce a eu le succès visé. On en parlait beaucoup dans le milieux artistiques québécois pendant la décennie après la première représentation. De nos jours on en parlerait un peu plus, si "La nef au sorcières" était une bonne pièce de théâtre ce qu'elle n'est pas.

"La nef au sorcières" garde toujours une mission pédagogique. Elle reflète bien le féminisme littéraire (fortement saphiste) du Québec des années soixante-dix. Elle est facile à lire et, grâce à ses défauts flagrants, se prête bien à l'analyse étudiante.

On regrette que le monologue de Marie-Claire Blais ne soit pas à la hauteur de son talent. Nicole Brossard, par contre, est en grande forme sibylline.

Parce que "La nef au sorcières" revendique le statut de pièce engagé, on a droit à la critiquer sur le plan politique. Ici, le problème est que parmi les femmes qui prennent la parole il n'y a pas de représentante des femmes gestionnaires. Donc, il n'y a aucune discussion sur le plafond de verre. Les femmes gestionnaires, le plafond de verre existait déjà au Québec en 1976 et une pièce avec les ambitions politiques de "La nef au sorcières" aurait dû en parler. Le collectif des auteurs ont bel et bien choisi de raconter le voyage de la nef des sorcières et non celui des gérantes.
Commenter  J’apprécie          10
Baiser vertige

Un incontournable de la littérature gay et lesbienne....
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Nicole Brossard (461)Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter à l'école des sorciers (très difficile)

Quel était le coffre où se trouvait la pierre philosophale ?

913
813
713
613

10 questions
3765 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter, tome 1 : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}