Un autre « Je suis Charlie ! » se fit entendre. Sorti du contexte, il aurait presque pu passer pour un cri d’espoir.
Il fut décidé de créer (...) une sorte de chaîne de solidarité, avec chacune des lettres de Charlie Hebdo réparties sur les paumes de nos mains. Je porterais le « C ». Un « C » comme Charlie. « C » comme Colère. « C » comme Consternation.
Je songe à cette peluche licorne, aux billes de plastique à la place de ses yeux. J'aimerai parfois que les miens contemplent le monde aussi froidement.
Putain... Mais je te demande juste d'être là Max ! De me prendre dans tes bras, de m'embrasser, de me promettre que la vie ce n'est pas çà et de me jurer que tout ira mieux... Je n'ai pas besoin de te récupérer en lambeaux, je n'ai pas envie d'être celle qui prend soin de toi, là, ce soir, parce que tu ne sais pas gérer ta colère, j'ai juste besoin que tu sois avec moi, et pas contre moi !
Je ne le reverrai probablement jamais. Il n’aura été qu’une apparition, un compagnon d’infortune dans un salon bien trop grand, bien trop éloigné de tous les autres, ceux qui rient et passent du bon temps.J’ai projeté mon regard vers l’extérieur, effleuré les visages sans réussir à les imprimer dans ma mémoire.Il avait raison.Qui comptait vraiment pour moi ici ?
Je relève la tête, inspire profondément pour me donner la force de croiser son chemin. Ne jamais se montrer faible, c’est une règle absolue quand on a vécu dans la rue – je n’y ai pourtant traîné que quelques semaines avant de rencontrer Eva. À la fac comme au squat, je n’ai jamais réussi à me défaire de cette loi
J’ai observé la dénommée Leah, une femme charmante d’une quarantaine d’années. Ses imposantes boucles d’oreilles en or juraient avec son jean et sa chemise légère, par-dessus laquelle elle avait gardé une veste stricte. J’ai eu l’impression de voir mon ancienne moi en miroir.
Mercredi 07, 13h15. Dans les couloirs, il régnait une sorte d'ambiance pré-apocalyptique, comme si quelque chose de grave allait se produire, comme si nous étions sur la brèche. Sauf que nous avions déjà basculé.
Ses yeux bleus et son nez droit équilibrent les contours plus doux de son visage, tandis que la cicatrice qui parcourt son front et cette marque de brûlure dans son cou témoignent de son expérience de la vie.
Sa tête me dit quelque chose, probablement un type croisé à la fac.
Mais ce sont ses yeux qui m’interpellent. Des yeux en colère, profonds et agités. Comme ceux de Manon, songé-je. Si elle était encore en vie, ce mec aurait probablement été pour elle.
- Il n'y a pas si longtemps, une fille m'a dit qu'il fallait que je laisse les autres me rappeler ce en quoi je ne crois plus. Cette fille m'a dit aussi que mes cicatrices, c'est pas la seule chose qui compte, qu'il n'y a que moi qui y apporte de l'importance...
C'est tout juste si je perçois un léger tréssaillement. Moi, je ne sais plus à qui je parle - à elle ou à moi ? - ça non plus, ça n'a plus aucune importance.
- ... Alors je vais faire comme toi. Je vais te dire une vérité à laquelle tu ne crois peut être plus. Après tout, t'en feras bien ce que t'en veux.
J'inspire longuement.
- ... Je ne me suis jamais senti aussi vivant que depuis que je te fréquente Tina. Alors crois-moi, que t'aie une vie de merde ou de princesse, un plan cul ou personne, moi je m'en tape.
Ces quelques mots ont pris tout mon oxygène, mes poumons sont à vide. Aussi vide que la tonalité dans mes oreilles, aussi vide que sa réaction face à moi.