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Citations de Nuccio Ordine (41)


Comme Ionesco l'a très justement observé, "si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art". Bien des années avant lui, une description de la cérémonie du thé avait d'ailleurs permis à Okakura Kakuzô de situer, dans le simple geste d'un homme cueillant une fleur pour l'offrir à sa compagne, le moment précis où l'être humain s'est élevé au-dessus des animaux : " En percevant l'usage subtil de l'inutile, il est entré dans le royaume de l'art." D'un seul coup, un double luxe : la fleur (l'objet) et l'acte de la cueillir (le geste) représentent tous les deux l'inutile, qui remet en question le nécessaire et le profit.
Les véritables poètes savent bien que c'est seulement loin des calculs et de la vitesse qu'il est possible de cultiver la poésie : ainsi, selon Rilke, "être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l'été puisse ne pas venir". Les vers ne se plient pas à une logique de la précipitation et de l'utilité.
(Introduction de Nuccio Ordine)
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Nuccio Ordine
La littérature : cet acte gratuit, dénué de toute fonction précise, échappant à toute logique commerciale (...), et pourtant absolument nécessaire pour exprimer, du simple fait de son existence, des valeurs qui puissent concurrencer la suprématie des lois du marché et de la rentabilité.
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"La connaissance est une richesse qu'on peut donner sans s'appauvrir."
Seul le savoir peut perturber la logique dominante du profit en étant partagé sans appauvrir, et en enrichissant même à la fois celui qui le transmet et celui qui le reçoit.
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Indépendamment de la question de savoir pour quelles raisons les entreprises et les Etats se sont endettés à ce point, on ne peut que s'étonner de voir comment la rigueur épargne la corruption galopante et les rémunérations fabuleuses d'anciens politiciens, de manageurs, de banquiers et de superconsultants, et de constater que les nombreux acteurs de la dérive récessionniste ne sont en rien troublés par le fait que ceux qui en paient le prix sont surtout les classes moyennes et les plus faibles, ces millions d'innocents à qui l'on enlève leur dignité !

(introduction)
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N'est-il pas curieux que , dans un monde pétri de haines insensées qui menacent la civilisation elle-même, des hommes et des femmes de tout âge, s'arrachant en partie ou totalement au furieux tumulte de la vie quotidienne, choisissent de cultiver la beauté, d'accroitre le savoir, de soigner les maladies et d'apaiser les souffrances, comme si, au même moment, des fanatiques ne se vouaient pas au contraire à répandre la douleur, la laideur et la souffrance ? Lemonde a toujours été un lieu de misère et de confusion; or les poètes, les artistes et lesscientifiques ignorent les facteurs qui auraient sur eux, s'ils y prenaient garde, un effet paralysant.D'un point de vue pratique, la vie intellectuelle et spirituelle est, en surface, une forme d'activité inutile , que leshommes apprécient parce qu'ils y trouvent plus de satisfactions qu'ils n'en peuvent obtenir ailleurs.On se demandera ici dans quelle mesure la poursuite de ces satisfactions inutiles s'avère en réalité, contre toute attente, lasource dont procède une utilité insoupçonnée .
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seul le savoir peut perturber la logique dominante du profit en étant partagé sans appauvrir, et en enrichissant même à la fois celui qui le transmet et celui qui le reçoit
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La possession et le profit sont mortels, alors que la recherche déliée de toute obligation utilitariste peut rentre l'humanité plus libre, plus tolérante et plus humaine.
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Ce livre est incroyablement intéressant. Les citations des auteurs tels que Gautier, Shakespeare, Cervantès, sont expliquées, détaillées, amenées avec simplicité. Toutes les sources des citations se retrouvent à la fin du livre bien expliquées. On apprend beaucoup de choses. C'est un condensé de culture générale qui s'articule autour d'un sujet très polémique finalement, l'utilité de l'inutile. Nuccio Ordine montre à quel point il est important de préserver ce qu'il nomme l'inutile (ce qui ne produit pas).
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Un de ses élèves demanda un jour à Euclide quel avantage il pourrait retirer de son enseignement. Le grand mathématicien fit alors venir un esclave et lui ordonna de donner une obole à cet étudiant. "Parce qu'il a besoin de tirer un profit de ce qu'il apprend...", lança le Maître, cinglant. Nuccio Ordine commente la scène dans un bref essai intitulé L'Utilité de l'inutile, à paraître aux Belles Lettres (158 p., 5,50 €, en librairie le 16 janvier). Ce spécialiste des études littéraires et de la Renaissance, qui enseigne en Italie mais aussi aux Etats-Unis et en France, propose là un texte idéal pour bien commencer l'année.

Sous-titré Manifeste, son livre est composé comme un florilège de citations qui valent bonnes résolutions pour 2013. Signés Pétrarque, Kant, Leopardi ou Calvino, ces aphorismes convergent tous vers une même conviction : les amis de la littérature et du savoir ont le droit de refuser toute obligation de rendement immédiat, toute finalité purement pratique ou "profitable" ; ils ont donc le devoir de demeurer fidèles à l'éthique d'une recherche désintéressée. "Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art", tranchait Ionesco. Cela vaut tout autant pour les sciences, rappelait jadis le pédagogue américain Abraham Flexner dans un texte publié en annexe dans le même volume et traduit pour la première fois en français : la plupart des découvertes fondamentales qui ont fait progresser l'humanité ont été l'oeuvre d'individus qui étaient animés par la simple envie de satisfaire leur curiosité, écrivait Flexner en 1939.

C'est dans les périodes de crise, ajoute pour sa part Nuccio Ordine, quand triomphent "l'utilitarisme et l'égoïsme le plus sinistre", qu'il faut réaffirmer la valeur essentielle des activités qui résistent à la pure logique marchande. En ce début d'une année qui s'annonce rude, gardons en tête ce précieux adage : la littérature et les idées sont d'autant plus fécondes qu'elles passent pour futiles ; c'est leur gratuité même qui donne du prix à nos existences. En 2013, faisons voeu d'inutilité !

Jean Birnbaum LE MONDE DES LIVRES | 04.01.2013
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Extrait du discours prononcé par Victor Hugo, le 10 novembre 1848 devant l’Assemblée constituante

« Je dis, Messieurs, que les réductions proposées sur le budget spécial des sciences, des lettres et des arts, sont mauvaises doublement : elles sont insignifiantes au point de vue financier et nuisibles à tous les autres points de vue.
« Insignifiantes au point de vue financier. Cela est d’une telle évidence, que c’est à peine si j’ose mettre sous les yeux de l’Assemblée les résultats d’un calcul des proportion que j’ai fait. Je ne voudrais pas éveiller le rire de l’Assemblée dans une question sérieuse (…). Que penseriez-vous, Messieurs, d’un particulier qui aurait 1500 fr. de revenus, qui consacrera tous les ans à sa culture intellectuelle une somme bien modeste, 5fr. et qui, dans un jour de réforme voudrait économiser sur son intelligence 6 sous.

« Et quel moment choisit-on (c’est ici, à mon sens, la faute politique grave que je vous signalais en commençant), quel moment choisit-on pour mette en question toutes ces institutions à la fois ? Le moment où elles sont plus nécessaires que jamais, le moment où loin de les restreindre, il faudrait les étendre et les élargir.

« Quel est le grand péril de la situation actuelle ? L’ignorance ; l’ignorance, plus encore que la misère. Et c’est dans un pareil moment, devant un pareil danger qu’on songerait à attaquer, à mutiler, à ébranler toutes ces institutions qui ont pour but spécial de poursuivre, de combattre, de détruire l’ignorance.

« Mais si je veux ardemment, passionnément le pain de l’ouvrier, le pain du travailleur qui est mon frère, à côté du pain de la vie, je veux le pain de la pensée qui est aussi le pain de la vie ; je veux multiplier le pain de l’esprit comme le pain du corps.

« Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies ; il faudrait multiplier les maisons d’étude pour les enfants, les maisons de lectures pour les hommes ; tous les établissements, tous les asiles où l’on médite, où l’on s’instruit, où l’on se recueille, où l’on apprend quelque chose, où l’on devient meilleur, en un mot ; il faudrait faire pénétrer de toute part la lumière dans l’esprit du peuple, car c’est par les ténèbres qu’on le perd. »

Victor H.
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Ainsi aucune religion ni aucune philosophie ne pourront-elles jamais prétendre détenir une vérité absolue et valable pour tous le êtres humains.
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C'est le jouir, non le posséder, qui nous rend heureux
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Tandis qu'on lui prépare la ciguë, Socrate s'exerce à la flûte pour apprendre un air et, quand on lui demande :"À quoi cela te servira -t-il ?", le philosophe impassible répond :"À connaître cet air avant de mourir."
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Pour "l'homme d'aujourd'hui", en effet, il est de plus en plus compliqué d'éprouver de l'intérêt pour quelque chose qui n'implique aucune utilisation en vue d'une "finalité technique immédiate".
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Ne confonds point l'amour avec le délire de la possession, lequel apporte les pires souffrances. Car au contraire de l'opinion commune, l'amour ne fait point souffrir. Mais l'instinct de propriété fait souffrir, qui est le contraire de l'amour.
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En offrant la première guirlande de fleurs à sa compagne, l'homme primitif a transcendé la brute. Par ce geste, qui l'élevait au-dessus des nécessités grossières de la nature, il est devenu humain. En percevant l'usage subtil de l'inutile, il est entré dans le royaume de l'art.
Okakura Kakuzô
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Nous n'avons pas conscience, en effet, que la littérature et les savoirs humanistes, la culture et l'instruction constituent le liquide amniotique idéal dans lequel seulement les idées de démocratie, de liberté, de justice, de laïcité, d'égalité, de droit à la critique, de tolérance, de solidarité et de bien commun peuvent se développer avec vigueur.
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Il faudra donc se battre au cours des années à venir pour préserver de la dérive utilitariste non seulement la science, l'école et l'université, mais aussi tout ce que nous appelons "culture". Il faudra résister à la dissolution programmée de l'enseignement, de la recherche scientifique, des classiques et des biens culturels. Car saboter la culture et l'instruction, c'est saboter le futur de l'humanité. Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion de lire une phrase simple, mais pleine de sens, qui était inscrite sur un panneau signalétique dans une bibliothèque de manuscrits au milieu d'une oasis perdue du Sahara : "La connaissance est une richesse qu'on peut donner sans s'appauvrir." Seul le savoir peut perturber la logique dominante du profit en étant partagé sans appauvrir, et en enrichissant même à la fois celui qui le transmet et celui qui le reçoit.
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Car, parmi tant d'incertitudes, une chose semble sûre : si nous laissions périr ce qui est inutile et gratuit, si nous renoncions à la fécondité de l'inutile, si nous écoutions uniquement ce véritable chant des sirènes qu'est l'appât du gain, nous n'aboutirions qu'à former une communauté malade et privée de mémoire qui, toute désemparée, finirait par perdre le sens de la vie et le sens de sa propre réalité. Et, une fois desséchés par la désertification de l'esprit, nous aurions alors bien du mal à imaginer que l'ignorant homo sapiens puisse conserver le rôle qu'il est censé jouer : rendre l'humanité plus humaine...
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Alors, le fils fuira la famille, non pas à dix-huit ans, mais à douze, émancipé par sa précocité gloutonne; il la fuira, non pas pour chercher des aventures héroïques, non pas pour délivrer une beauté prisonnière dans une tour, non pas pour immortaliser un galetas par de sublimes pensées, mais pour fonder un commerce, pour s'enrichir, et pour faire concurrence à son infâme papa.
Baudelaire
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