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EAN : 9782251444888
236 pages
Les Belles Lettres (15/01/2014)
4.22/5   67 notes
Résumé :
Il n'est pas vrai – pas même en temps de crise – que seul ce qui est source de profit soit utile. Il existe dans les démocraties marchandes des savoirs réputés « inutiles » qui se révèlent en réalité d’une extraordinaire utilité. Dans cet ardent pamphlet, Nuccio Ordine attire notre attention sur l’utilité de l’inutile et sur l’inutilité de l’utile. À travers les réflexions de grands philosophes (Platon, Aristote, Tchouang-tseu, Pic de la Mirandole, Montaigne, Bruno,... >Voir plus
Que lire après L'utilité de l'inutile. ManifesteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Un manifeste : plaidoyer pour la créativité artistique, culturelle et scientifique que l'appât du gain ne motive pas. le moteur ; la curiosité, la beauté, l'élévation de l'esprit ...
Pas difficile de persuader la convaincue que je suis mais ce qui m'a le plus étonnée c'est l'actualité des citations concernant le constat que le mercantile, le matérialisme tendent à supplanter la part de créativité dans la société. Forcée de constater que la recherche du profit, de " l'utile" va crescendo mais que, même si la culture en pâtit, elle reste d'une force éblouissante et de plus en plus accessible.
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Un petit essai limpide sur l'importance de l'inutile.

De nombreux auteurs sont cités ici pour démontrer la dangerosité de la tendance à vouloir que tout ait une finalité pratique ou profitable.

Les réflexions de l'auteur sont regroupées en trois parties: une première partie sur l'utile «inutilité» de la littérature, des arts et du savoir, qui ne doivent pas être soumis au principe de rentabilité; une deuxième partie qui regroupe des réflexions sur l'université-entreprise où la recherche de profits dans le domaine de l'enseignement, du savoir (disparition de librairies historiques, bibliothèques entières remisées dans des cartons) et de la recherche fondamentale peut avoir des conséquences désastreuses ; et une troisième partie, où l'auteur aborde la valeur illusoire de la possession, le "posséder tue", avec ses effets destructeurs sur la dignité humaine, sur l'amour et sur la vérité.

Petit manifeste très lisible avec une importante bibliographie, à mettre entre toutes les mains.
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A travers les déclarations, les pensées, les écrits des plus grands philosophes, des écrivains classiques ou plus contemporains, Nuccio Ordine nous explique, avec des mots simples, l'utilité de l'inutile.
Ou plus précisément, ce qui est considéré dans notre monde actuel, par le politique, le dirigeant d'entreprise, les parents, bref la société, comme inutile, c'est-à-dire toute chose ou action qui n'apporte aucun profit monneyable, qui n'est pas concret.
Qu'est-ce que l'inutile ? L'art, la culture, l'enseignement des écrivains classiques, des langues mortes, de la philosophie..., les pensées, l'enrichissement personnel à travers l'étude des savoirs humanistes.
Et Ordine insiste sur le fait que toutes ces choses qui sont soit spontanées, soit dénuées de tout intérêt pécunier, restent utiles pour l'Homme et son devenir, pour la mémoire et la transmission des connaissances, pour mieux se connaître en tant qu'individu et ainsi garder son libre-arbitre, pouvoir encore faire des choix et ne pas subir pour plaire à une société qui n'attend de vous que des résultats, du profit et ne vous demande plus de réfléchir puisqu'elle réfléchit à votre place.
Et pour ceux qui aiment le livre, tant à la fois comme objet que pour ce qu'il véhicule, c'est effarant les exemples de tentatives de destruction, encore à l'heure actuelle !
C'est un livre TRES intéressant.
Et je précise que l'auteur, très érudit, a écrit d'autres essais très pointus, mais qu'il a rendu celui-là abordable et tout à fait compréhensible pour le plus grand nombre;
Je le recommande vivement.
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Pourquoi, dans l'imaginaire collectif, les sciences dites « dures » sont jugées plus utiles que les sciences humaines ou l'art ? La médecine sauve mais peindre ou lire non : et pourtant...

Pourquoi les Hommes recherchent-ils sans cesse le profit, notamment en matière économique ? L'inutile ne peut-il pas devenir utile un jour et vice-versa ?

A-t-on encore le droit aujourd'hui d'être simplement curieux et de découvrir le monde pour notre propre plaisir et en toute innocence ?
Toutes ces questions intéressantes sont débattues dans ce court manifeste instructif, même si ce dernier n'est pas toujours facile à lire. La philosophie souffre souvent de longues phrases, parfois pompeuses...

Le texte de Flexner à la fin, paru en octobre 1939, est franchement stupéfiant et criant de vérité à propos de l'inutile en temps de guerre et de la cruauté dont les Hommes sont capables pour assouvir leurs fantasmes vils :-(
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Chers Babéliens

Aristote énonce que : « L'homme possède naturellement la passion de connaître. Et la preuve que ce penchant existe en nous tous, c'est le plaisir que nous prenons aux perceptions des sens. Indépendamment de toute utilité spéciale, nous aimons ces perceptions pour elles mêmes. »

Voilà pourquoi, je vous recommande tout particulièrement ce manifeste de Nuccio Ordine qui convoque les plus grands esprits de la pensée universelle, pour nous signifier la beauté du savoir en soi et rappeler que ce qui peut sembler inutile, dans notre civilisation dominée par l'économisme, se révèle parfaitement utile à l'homme et à la société, à commencer par la littérature.

J'ai toujours considéré que la connaissance élargit ma liberté en faisant un peu reculer mon ignorance qui demeurera toujours grande, bien sûr. Que l'université n'a pas pour but de dispenser des savoirs utiles à l'économie, ou à la recherche d'un job, mais utiles à l'homme, à son esprit, à son développement personnel, tout simplement.

Par conséquent, la poésie, la littérature, la philosophie, toutes les disciplines dites des sciences humaines, l'Art en général, ont toute leur place dans la formation des esprits, et pas seulement les études utilitaires telles que l'entendent les tenants du développement continue de l'activité économique, du travail et du profit.

L'utilitarisme anglo-saxon paraît tout à fait détestable – un John Locke trouvait inutile de faire perdre leur temps aux écoliers à l'étude de la poésie, au lieu de les former aux sciences et techniques, par exemple ; on se croirait à l'époque moderne où l'on ne jure que par des études de BTS utiles à la recherche d'un emploi. Les Anglais ont eu pourtant Shakespeare et bien d'autres.

Je n'irai pas jusqu'à trouver « l'homme utile hideux », comme l'exprimait Baudelaire ; les génies ont toujours quelque excès de caractère propre à leur génie précisément. En effet, les sciences et les techniques dont le développement n'est pas sans émerveiller l'esprit, sont à l'origine de réels progrès de la condition humaine, mais l'Art également.

Et, selon Nuccio Ordine, « Il faudrait imposer aux membres des gouvernements européens la lecture d'un discours passionné de Victor Hugo à l'Assemblée constituante prononcé le 10 novembre 1848 » (Visionnaire toujours actuel, comme je l'observais dans un autre billet).

Un extrait du discours figure en citation ; je vous y renvoie avec l'insistance d'avoir à lire ce petit et tellement utile opuscule de N. O.

Pat.
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critiques presse (1)
Lexpress
20 juin 2014
À l'heure où la logique du profit est devenue la valeur absolue d'une société déboussolée, Nuccio Ordine démontre admirablement qu'il existe des choses inutiles qui nous élèvent.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Comme Ionesco l'a très justement observé, "si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art". Bien des années avant lui, une description de la cérémonie du thé avait d'ailleurs permis à Okakura Kakuzô de situer, dans le simple geste d'un homme cueillant une fleur pour l'offrir à sa compagne, le moment précis où l'être humain s'est élevé au-dessus des animaux : " En percevant l'usage subtil de l'inutile, il est entré dans le royaume de l'art." D'un seul coup, un double luxe : la fleur (l'objet) et l'acte de la cueillir (le geste) représentent tous les deux l'inutile, qui remet en question le nécessaire et le profit.
Les véritables poètes savent bien que c'est seulement loin des calculs et de la vitesse qu'il est possible de cultiver la poésie : ainsi, selon Rilke, "être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l'été puisse ne pas venir". Les vers ne se plient pas à une logique de la précipitation et de l'utilité.
(Introduction de Nuccio Ordine)
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Un de ses élèves demanda un jour à Euclide quel avantage il pourrait retirer de son enseignement. Le grand mathématicien fit alors venir un esclave et lui ordonna de donner une obole à cet étudiant. "Parce qu'il a besoin de tirer un profit de ce qu'il apprend...", lança le Maître, cinglant. Nuccio Ordine commente la scène dans un bref essai intitulé L'Utilité de l'inutile, à paraître aux Belles Lettres (158 p., 5,50 €, en librairie le 16 janvier). Ce spécialiste des études littéraires et de la Renaissance, qui enseigne en Italie mais aussi aux Etats-Unis et en France, propose là un texte idéal pour bien commencer l'année.

Sous-titré Manifeste, son livre est composé comme un florilège de citations qui valent bonnes résolutions pour 2013. Signés Pétrarque, Kant, Leopardi ou Calvino, ces aphorismes convergent tous vers une même conviction : les amis de la littérature et du savoir ont le droit de refuser toute obligation de rendement immédiat, toute finalité purement pratique ou "profitable" ; ils ont donc le devoir de demeurer fidèles à l'éthique d'une recherche désintéressée. "Si on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art", tranchait Ionesco. Cela vaut tout autant pour les sciences, rappelait jadis le pédagogue américain Abraham Flexner dans un texte publié en annexe dans le même volume et traduit pour la première fois en français : la plupart des découvertes fondamentales qui ont fait progresser l'humanité ont été l'oeuvre d'individus qui étaient animés par la simple envie de satisfaire leur curiosité, écrivait Flexner en 1939.

C'est dans les périodes de crise, ajoute pour sa part Nuccio Ordine, quand triomphent "l'utilitarisme et l'égoïsme le plus sinistre", qu'il faut réaffirmer la valeur essentielle des activités qui résistent à la pure logique marchande. En ce début d'une année qui s'annonce rude, gardons en tête ce précieux adage : la littérature et les idées sont d'autant plus fécondes qu'elles passent pour futiles ; c'est leur gratuité même qui donne du prix à nos existences. En 2013, faisons voeu d'inutilité !

Jean Birnbaum LE MONDE DES LIVRES | 04.01.2013
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Extrait du discours prononcé par Victor Hugo, le 10 novembre 1848 devant l’Assemblée constituante

« Je dis, Messieurs, que les réductions proposées sur le budget spécial des sciences, des lettres et des arts, sont mauvaises doublement : elles sont insignifiantes au point de vue financier et nuisibles à tous les autres points de vue.
« Insignifiantes au point de vue financier. Cela est d’une telle évidence, que c’est à peine si j’ose mettre sous les yeux de l’Assemblée les résultats d’un calcul des proportion que j’ai fait. Je ne voudrais pas éveiller le rire de l’Assemblée dans une question sérieuse (…). Que penseriez-vous, Messieurs, d’un particulier qui aurait 1500 fr. de revenus, qui consacrera tous les ans à sa culture intellectuelle une somme bien modeste, 5fr. et qui, dans un jour de réforme voudrait économiser sur son intelligence 6 sous.

« Et quel moment choisit-on (c’est ici, à mon sens, la faute politique grave que je vous signalais en commençant), quel moment choisit-on pour mette en question toutes ces institutions à la fois ? Le moment où elles sont plus nécessaires que jamais, le moment où loin de les restreindre, il faudrait les étendre et les élargir.

« Quel est le grand péril de la situation actuelle ? L’ignorance ; l’ignorance, plus encore que la misère. Et c’est dans un pareil moment, devant un pareil danger qu’on songerait à attaquer, à mutiler, à ébranler toutes ces institutions qui ont pour but spécial de poursuivre, de combattre, de détruire l’ignorance.

« Mais si je veux ardemment, passionnément le pain de l’ouvrier, le pain du travailleur qui est mon frère, à côté du pain de la vie, je veux le pain de la pensée qui est aussi le pain de la vie ; je veux multiplier le pain de l’esprit comme le pain du corps.

« Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies ; il faudrait multiplier les maisons d’étude pour les enfants, les maisons de lectures pour les hommes ; tous les établissements, tous les asiles où l’on médite, où l’on s’instruit, où l’on se recueille, où l’on apprend quelque chose, où l’on devient meilleur, en un mot ; il faudrait faire pénétrer de toute part la lumière dans l’esprit du peuple, car c’est par les ténèbres qu’on le perd. »

Victor H.
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N'est-il pas curieux que , dans un monde pétri de haines insensées qui menacent la civilisation elle-même, des hommes et des femmes de tout âge, s'arrachant en partie ou totalement au furieux tumulte de la vie quotidienne, choisissent de cultiver la beauté, d'accroitre le savoir, de soigner les maladies et d'apaiser les souffrances, comme si, au même moment, des fanatiques ne se vouaient pas au contraire à répandre la douleur, la laideur et la souffrance ? Lemonde a toujours été un lieu de misère et de confusion; or les poètes, les artistes et lesscientifiques ignorent les facteurs qui auraient sur eux, s'ils y prenaient garde, un effet paralysant.D'un point de vue pratique, la vie intellectuelle et spirituelle est, en surface, une forme d'activité inutile , que leshommes apprécient parce qu'ils y trouvent plus de satisfactions qu'ils n'en peuvent obtenir ailleurs.On se demandera ici dans quelle mesure la poursuite de ces satisfactions inutiles s'avère en réalité, contre toute attente, lasource dont procède une utilité insoupçonnée .
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Indépendamment de la question de savoir pour quelles raisons les entreprises et les Etats se sont endettés à ce point, on ne peut que s'étonner de voir comment la rigueur épargne la corruption galopante et les rémunérations fabuleuses d'anciens politiciens, de manageurs, de banquiers et de superconsultants, et de constater que les nombreux acteurs de la dérive récessionniste ne sont en rien troublés par le fait que ceux qui en paient le prix sont surtout les classes moyennes et les plus faibles, ces millions d'innocents à qui l'on enlève leur dignité !

(introduction)
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Videos de Nuccio Ordine (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nuccio Ordine
L'épilogue de notre première saison de podcasts fait la synthèse des grandes pistes de réflexion qui ont été tracées par les précédents invités. Tous ont mis la science et plus largement notre pratique des savoirs au défi de l'humanité, à travers une exploration honnête et transversale de leur discipline. Cet épisode leur rend hommage et donne un sens à leur travail, pour qu'il résonne loin devant.
Accumuler les connaissances comme nous le faisons, à une vitesse croissante, ne signifie pas les employer de manière plus respectueuse et humaine, bien au contraire. Pour faire face à la crise écologique et aux grands enjeux de l'Anthropocène, c'est-à-dire d'une Terre où l'homme a laissé irrémédiablement son empreinte, il est nécessaire de repenser notre rapport à la connaissance, en unifiant les savoirs, mais aussi en collaborant à l'échelle mondiale. C'est ainsi, et seulement ainsi, que nous parviendrons à sortir des ornières d'un système néolibéral hanté par le profit et la compétition, où l'université devient une entreprise comme une autre et où la recherche, dans le temps long, ne peut plus prospérer. Deux hommes en ont fait le pari, Nuccio Ordine, philologue et essayiste italien, et Jürgen Renn, historien des sciences et directeur de deux instituts de la prestigieuse société Max-Planck. Leur discussion propose des solutions concrètes pour affronter le futur.
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