Mais lorsque Cole ouvrit la bouche pour répondre, sa langue se détacha, et pendit de façon pathétique pendant quelques secondes sur sa lèvre inférieure avant de choir.
L'emprise du temps glissait sur les deux soeurs, leur héritage démoniaque prenait le dessus sur leur vulnérabilité humaine. Encore quelques siècles et elles seraient probablement immortelles. Ensemble, elles avaient traversé une grande partie du continent et échappé plusieurs fois à des populations effrayées, décidées à les brûler sur le bûcher.
Mon Dieu, je suis en train de me raconter ma vie. C’est la défense que mon esprit a mise en place pour lutter contre cette paralysie totale de mon corps, cette sensation de mort physique. Si je faisais un petit check-in à l’instar d’un commandant de bord avant le décollage de son gros porteur, j’observerais que bien trop de voyants rouges me contraindraient à rester au sol. Je vais plutôt faire l’inventaire des voyants verts, ce sera plus rapide. Je respire et mon cœur bat : les fonctions vitales basiques sont OK.
Mon regard glisse sur Johnny. Celui-là aussi en tient une sacrée couche. Il ne supporte pas qu'on l'observe. Sa psychose l'a obligé à se terrer dans une maison isolée en pleine forêt. Elle s'est accentuée gravement à un point où même le regard des animaux le contrariait.
Il prononça des mots dans une langue oubliée, tandis qu'il tanguait de droite à gauche, pris dans une transe surnaturelle. Ses mains décrivaient des arabesques au-dessus du cadavre de Samantha. L'étrange cérémonie ne dura pas plus d'une minute.
"Ce fut Charles qui osa inviter celle qui deviendrait sa future femme, lors d’une livraison de catalogues. Le coup de foudre les frappa tous deux, ils se marièrent rapidement, vécurent heureux et n’eurent aucun enfant."
Je m’en doutais. Trop d’indices au cours de ma longue vie allaient dans ce sens. La mort n’est donc qu’un passage. Je flotte, mais je ne ressens rien physiquement, pour la simple et bonne raison que je ne suis plus dans mon corps. En réalité, je n’ai plus de corps, je ne suis qu’une sorte de boule d’énergie, prise dans le flot d’un courant invisible, où d’autres sphères m’accompagnent. Soudain, je comprends.
Bon, tu peux me poser trois questions, et tu me laisses tranquille, c’est compris ? Je fais un signe de la tête. – Pourquoi suis-je un fantôme ? Elle rit avec sincérité devant ma naïveté. – Ah ouais, tu ne sais vraiment rien du tout, ajoute-t-elle. Devant mon air déconcerté, elle reprend une attitude sérieuse. – Nous ne sommes pas des fantômes, nous sommes des anges gardiens.
J'ai lu tant de livres, vu tant de films, j'ai appris des langues étrangères, pratiqué de nombreux instruments de musique. Je me suis adonné aux arts de la peinture, de la photographie, rédigé de magnifiques poèmes... mais plus rien ne m'intéresse. L'immortalité n'est pas un don, mais une malédiction.
Ajouté à cela la solitude et vous devenez un vampire dépressif.
Elle était vêtue d’une robe légère, d’un blanc immaculé, qui semblait avoir été directement cousue sur sa peau ambrée. Une cascade de cheveux noirs et bouclés recouvrait ses épaules et encadrait son visage fin et harmonieux. Son regard vert, profond, rivalisait avec son sourire charmant, qui laissait apparaître une dentition parfaite, aussi éclatante que sa robe.