Citations de Olivier Barde-Cabuçon (455)
- Je pensais à vous et des Ronans. Pourquoi êtes-vous devenu son ami ? Il est si différent de vous..."
Les traits de Beau Geste se déridèrent.
"C'est peut-être déjà, une bonne raison".
Mais comme cette réponse ne semblait pas contenter Daphné, le hussard redevint sérieux et ajouta :
-"Au début, j'ai cru qu'il avait la tête plus haute que les cheveux. Il est si docte et sentencieux par moments. Et puis, derrière le soldat méditatif et indécis, j'ai aperçu les failles et le ressort cassé...Sans doute ai-je aussi quelque part une certaine tendresse pour les gens qui rêvent de s'arrêter pour rattraper leur vie. Comme eux, Des Ronans vit son présent dans son passé.
Le théâtre du XVII et XVIIIème siècle, univers du mouvement du cœur et de l'âme, où l'art du dialogue extériorise les sentiments les plus cachés, avait succombé à la Révolution pour subir le coup de grâce sous l'Empire. De nos jours, le théâtre au goût des honnêtes gens est aussi appétissant, pardon de l'expression, que la merde réchauffée. Il s'agit de comédies moralisantes ou de drames bourgeois censés mettre la larme à l'œil et vanter les vertus familiales
"Vous ne doutez jamais de rien maugréais-je.
- Détrompez-vous. Le choix le plus difficile est de douter de tout mais de ne jamais cesser d'espérer. C'est là ma voie".
- Fort bien, fis-je, une fois revenu de ma surprise, mais comme aide de camp de Soult, qu'elle sera ma clé d'entrée auprès de Ney ?
- La franc-maçonnerie".
Je m'attendais à quelque chose de ce genre. La plupart des maréchaux étaient affiliés à une loge et on disait qu'un quart des officiers subalternes appartenait à l'une d'elles : l'Union militaire, la Parfaite Union, les Amis réunis de la Victoire, Saint-Jean de Jérusalem, la Rose étoilée, les Amis éprouvés...
La nature humaine me paraît pourtant bien difficile à changer, enlisée dans sa petitesse et sa bassesse quotidiennes. Pauvre humanité, si facile à manipuler et si prompte à se tromper.
- Les hommes ont des instincts, les femmes ont des émotions. Une fois que l'on a compris ça...
L'empereur en se retournant saisit le mouvement du regard de Spazalini. Un bref sourire éclaira son visage.
- "Savez-vous, dit-il, que les livres sont peut-être mes seuls amis ? Quand j'étais jeune, je vivais d'eau et de pain sec. Je n'allais jamais au spectacle ou dans les cafés, mes maigres économies finissaient dans la boutique d'un libraire près de l'évêché. A cette époque, mes livres occupaient plus de place dans ma malle que mes vêtements et mes affaires de toilette.
A considérer la guerre comme un jeu d'échecs, on pouvait à la rigueur y trouver un plaisir intellectuel. Vu ensuite de la lunette d'un général en chef, on pouvait même lui trouver une beauté sauvage, voire grandiose. En revanche, dans la boue jusqu'aux genoux on écrivait plus modestement l'histoire qui sent des pieds.
- Je sais simplement que vous êtes à la recherche de quelque chose perdue ou oubliée depuis longtemps et que votre quête sera longue. C'est le lot de certains être sur notre terre. Ce à quoi vous aspirez n'est pas à portée de votre main ou même n'existe pas, tout au moins pas comme vous le pensez Il vous faudra suivre un chemin difficile. A chaque étape, vous pourrez progresser mais en payant un tribut supplémentaire.
Je sentais dans ma nuque le poids de son regard comme doit l'éprouver une putain quand son client monte derrière elle.
Le temps, ça vous file entre les doigts. Le temps ça vous vole en douce un peu de vos espoirs, de vos passions, de vos souvenirs. Quant à votre corps, votre force, ils déclinent lentement comme la flamme chancelante des chandelles au bout de la nuit… Le temps, ça réduit de plus en plus le champ des possibles avant de vous clouer un jour dans un fauteuil au coin du feu, plus bon qu'à manger sa soupe en se tachant. On se sent volé de sa jeunesse comme si un roué aubergiste venait de vous arracher des mains un plat que vous commenciez à peine de goûter et d'apprécier.
- Non, je n'ai plus l'âge pour ces folies. Mon vieux cœur a suffisamment palpité dans ma vie. Il est temps qu'il s'arrête. La sérénité...
- La sérénité n'est jamais qu'un autre mot pour désigner la mort, rétorqua Violetta. On ne voit bien qu'avec le cœur, la raison voile le regard !
- Encore un meurtre, constata son père d'un ton préoccupé. Ils ont recommencé. On a retrouvé ce pauvre hère entièrement vidé de son sang. Hallucinant... Quelque chose m'échappe !
Il paraissait perplexe.
- Qu'en dis-tu ? demanda sa fille d'un ton inexpressif.
- Que c'est mauvais pour le commerce !
D'un geste sec, elle brisa de la paume le haut de son œuf coque délaissé et qui tiédissait. Le jaune se répandit comme du sang sur la nappe.
Mais qui sommes-nous sans un État pour nous protéger, nous qui ne possédons plus d’identité, nous qui n’avons même plus le droit d’avoir des droits?
La guerre. Trois millions de cadavres. Pour qui? Pour quoi? Pourquoi? Un million et demi de morts en France mais combien d’autres victimes: invalides, mutilés, gueules cassés, gazés, veuves et orphelins?
- Varya, généralement la solitude n'est pas l'absence de personnes autour de vous mais votre impossibilité à communiquer avec elles.
La douleur est facultative.
Je n'ai gardé aucun souvenir heureux de mon enfance. Mon père battait ma mère. Je la suppliais de se séparer de lui mais elle s'y refusait. Enfant, j'étais terrorisé lorsqu'il s'en prenait à elle. Et puis un jour, j'avais quinze ans, alors qu'il marchait sur moi, au lieu de m'enfuir, j'ai avancé. Mon père a reculé. Je compris que c'était un lâche. A cet instant il cessa d'exister pour moi. Plus jamais je n'eus peur de lui. Plus jamais je n'eus peur de quiconque.
Les hommes sont inconsolables des bêtises qu'ils n'ont pas faites ! Si vous ne profitez pas de votre vie avant trente ans, les regrets vous rongeront plus tard.