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Citations de Olivier Bordaçarre (146)


Une odeur de gomme cramée atteint les narines de la jeune femme.
Les roues bloquées par la tenaille des freins, les pneus ont explosé sur le bitume. À l’instant du choc, vitres et pare-brise ont été pulvérisés, moteur déboulonné, phares exorbités. La Clio rouge, toupie de papier froissé, a valsé jusqu’au centre du carrefour quand l’autre voiture terminait sa course, encastrée dans la devanture rose et or d’un institut de beauté. Un long silence de sidération a fondu sur les passants, sur les chiens à l’arrêt au bout des laisses tendues, et sur les choses elles-mêmes, les façades aux crépis de poussière, les fenêtres écarquillées, les panneaux de signalisation, les feuilles mortes.
L’huile bouillante dégouline du carter et se mélange à l’essence qui coule du réservoir éventré. Une fumée saturée d’une menace lente s’échappe des plis de la carrosserie, mais pénètre aussi dans l’habitacle par le châssis fendu et le tableau de bord, avant de s’évacuer par les ouvertures et de se désagréger.
Pour la passagère du tas de ferraille et de carbone immobilisé sur l’intersection, le temps est une notion momentanément étrangère. Elle n’entend plus rien et garde les yeux clos sans en avoir conscience. Son cœur hoquette sous ses côtes. Sa respiration est si frêle qu’elle n’entraîne aucun mouvement de poitrine. Elle fournit l’effort de soulever à demi ses paupières. Proches ou lointaines, les images floues se confondent. Torsions de tôle à portée de main, feux rouges et groupes d’humains, platanes nus sur l’horizon citadin. Elle ne distingue pas les marionnettes grises qui gesticulent aux fenêtres des immeubles quand d’autres se contentent de rester bouche ouverte dans un vague encadrement de rideaux.
Le mot accident clignote dans sa tête.
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Paulo, soyons réalistes : le public de la peinture, c'est le bourgeois. Des hommes ou des cailloux, pour lui, c'est kif-kif ! Il vient das la galerie parisienne, il mate cinq minutes, il achète un tableau de cailloux, il fout ça dans son salon pour le montrer à ses invités charmants, et après, ils bouffent comme des cochons. Voilà. Fin de l'intérêt de la bourgeoisie pour l'art.Le prolo, lui, il sait même pas que ça existe, il est trop préoccupé par sa survie.
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Des choses ? Quelles choses ? Si tu parles de choses qui engagent les êtres, je pense qu'un nombre infime de ces actes nous échappe peut-être, comme tu le prétends, mais que la plupart ne sont pas l’œuvre d'un inconscient qui nous ferait faire n'importe quoi ! Qu'est ce que cela veut dire ? Qu'on peut faire les pires conneries impunément ?
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En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un fait est constaté, on peut être certain qu’il a été prévu pour se dérouler ainsi. » J’l’ai appris par cœur ! Regarde le pseudo qu’on a donné à l’euro : froggy-doll ! Le dollar de ceux qui bouffent des grenouilles !
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L’énergie, c’est le pouvoir absolu. L’État, c’est le pouvoir de fliquer pour protéger les friqués ! Ils ont découvert un truc hypercentral : posséder toutes les énergies. It is THE solution. La biologie pour contrôler l’énergie naturelle et le spectacle pour contrôler l’énergie sociale. Que de l’algèbre. L’unique science de l’énergie, c’est l’algèbre.
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Le risque, c’est après qu’il se vit. Dans l’incertitude, la fragilité ou l’absence d’échafaudage, l’inconnu, la fusion, la peur de l’abandon, dans cet « on ne sait quoi » d’irréalisable, dans ce qui devait être et qui n’est pas tout à fait, ce bonheur en va-et-vient, cette sensation récurrente de faire fausse route, cette nécessité de l’attention constante à l’autre, dans ce désir irrépressible d’être au centre, d’être l’unique, de refuser ainsi la solitude, dans cet état inhérent à tout face-à-face, cette tension dévoreuse où l’autre, parfois, l’espace d’un instant, devient la proie, celle ou celui qui étanchera la soif, dans ces pensées inavouables, instinctives, qui font de cette autre l’objet d’un désir sans issue, dans la crainte de la propre finitude du couple, cette lucidité qui, au fil des deuils à trois sous, des concessions, des surprises, des abandons, te fait dire tout bas, quand, seul sur ton canapé, tu tournes sans entrain les pages d’un polar ordinaire alors qu’elle dort déjà, là-bas, derrière la porte, et que son souffle régulier traverse la pièce, tout bas te fait dire : que serais-je sans toi ?
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Les États-Unis font la guerre à presque un tiers des habitants du globe ! C’est perdu d’avance. Enfin, entre nous, les Arabes et les Juifs n’ont qu’à se débrouiller. Parce que, au final, si on s’occupe d’eux, c’est la chienlit. La preuve.
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Les libéraux (droite/gauche confondus) avaient tout bousillé sur leur passage. Avant, ça grouillait dans la zone. C’était pas une vie, d’accord, vie de boulot, vie de chien, sauf que ça faisait béqueter… tout juste. « Toujours les gros qui prennent les petits pour des cons ! Le jour qu’on va s’révolter, on leur écrasera la gueule ! » . C’est pour ça que « les gros » avaient inventé la police, pour cogner sur la feignasse rebelle.
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Le progrès a consisté à lever le tabou sur la grande finance. On dit que nous ne nous intéressons qu’aux dividendes. C’est faux ! Qui est capable aujourd’hui de débloquer des fonds pour financer de grands projets ? L’année passée, CSI a investi dans l’exposition internationale de l’Art égyptien au Louvre. J’adore la statuaire égyptienne, j’y peux rien ! Qu’a fait l’État ? Zéro pointé ! Si les gens ne sont pas contents, on arrête tout et on verra ! Aujourd’hui, qui finance les hôpitaux, la recherche, les écoles supérieures ? Nous entrons dans l’ère de l’éthique financière. On entend encore quelques groupuscules soutenir l’idée de l’organisation collective et je ne sais quelle ineptie ! Pourtant, ces gens-là profitent des progrès que nous avons activés, nous ! Nous serons bientôt les principaux donateurs, l’État deviendra un concept superflu. Loin de nous bien sûr l’idée d’enlever à l’État ses prérogatives sur la sécurité intérieure, cela doit rester un noyau dur du pouvoir élu. D’ailleurs, nous payons pour cela. Pour le reste, l’avenir nous appartient.
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Rien ne vous destinait à cette rencontre hasardeuse, sauf, peut-être, une certaine disponibilité inconsciente. Vous étiez soudain troublés par quelque chose d’irraisonnable. Ça n’aurait pas été très sage de céder au coup de foudre, au plaisir facile. Et pourtant, vous partagiez une rare sensation de liberté.
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Être plus près d’elle, sentir son odeur, toucher sa peau, ses tâches de rousseur que tu avais devinées sur son profil, ce léger duvet blond sous l’oreille, ces lèvres fines, frôler d’une phalange le tortillon rebelle évadé de la pince noire qui retenait ses cheveux en un chignon désinvolte.
Tu t’es dit : « Je vais oser. Pas difficile. Il suffit d’oser. » Et… tu es resté là, assis, sans bouger, à la regarder.
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Ce qui submergea Jonathan en une fraction de seconde et le laissa comme pétrifié ne fut pas la surprise de constater que la cuisine de Vladimir Martin était en tout point identique à la sienne, à la différence que tout y était neuf (couleur des murs et du sol, meubles, électroménager, petite pendule en forme de vache à gauche de la fenêtre) ni l'envie d'exiger des explications sur cet étonnant mimétisme. Non, c'était la peur, la lame de fond de la peur, une peur muette, sourde, implacable. Son coeur s'emballa.
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La première image qu'on offre à un inconnu à cinq cents mètres de qui on va vivre est capitale pour la suite.
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Soumis à la mode de la plus grande consommation possible de néant, ils s'étaient agités des années durant comme deux papillons dans un bocal de cornichons.
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- Connaissez-vous une seule personne qui ne possède pas de compte bancaire ?
- Celà, pour nous posséder, elles nous ont possédés. Sur toute la ligne. Et quand elles sont dans la merde, elles peuvent compter sur l'Etat. C'est tout bénéf !
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Le pervers est un caméléon.

La réussite des uns provoque la faillite des autres.

L'hypocrisie : clé de voûte de la manipulation.

La nudité est animale, l'impudeur est humaine.

La qualité des relations de voisinage repose sur l'hospitalité.

Contrairement au travail, l'argent rend libre.
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Il était détendu mais quelque chose l’intriguait chez Vladimir Martin. Il lui semblait que son voisin était…sec. Il l’avait senti tout à l’heure en lui serrant la main. C’est ça, sa main était sèche. Et son visage ne brillait d’aucune sueur, comme recouvert d’une peinture acrylique mate. Il ne se passait pas la langue sur les lèvres. Et il n’avait pas entamé son verre… Pourtant, il parlait, de tout, de rien, de la terrasse sous cet arbre, il y ferait bientôt poser des dalles, du terrain en friche tout autour, des indispensables travaux, du potager peut-être, s’il en avait le courage. Mais Vladimir Martin ne buvait pas et ne transpirait pas.
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Dans la cave, Mina avait repris son travail. Trier, laver, équeuter, tremper, sucrer, chauffer, égoutter, emporter, stériliser, ranger, conserver. Malgré la fraîcheur qui régnait au sous-sol, elle était en sueur. Les parfums s’encastraient dans les murs, imprégnant sa peau et ses cheveux. Parmi ses pensées éparses, des images du nouveau Martin. Elle avait noté l’absence d’alliance et la bague originale à l’annulaire droit, la tranquillité d’esprit, le raffinement, une certaine prestance. Et ce pantalon repassé, cette chemise mauve, ces sandales aux larges bandes de cuir pleine fleur : une distinction de gentleman qu’on rencontrait peu par ici. Il n’était ni agriculteur ni enseignant, encore moins ouvrier ou commerçant. Alors quoi ? Médecin ? Ingénieur ? Créateur de bijoux ? Collectionneur de … quoi ? Tableaux ? Antiquités ? Ou rentier, peut-être ? Mais pourquoi acheter une maison pareille ? Mina tentait d’établir un lien logique entre une baraque d’éclusier à peine habitable et un homme aussi soigné.
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La journée s’enroula sur elle-même jusqu’au dîner à l’ombre du parasol sous un soleil encore écrasant.
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Ça s'est déroulé si vite que je n'ai rien pu faire d'autre que mourir. En silence. Et je n'ai pas eu non plus le temps de souffrir. Ce qui est nettement plus confortable.
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