Dans ce roman, nous partons à la rencontre de l’auteur lui-même : le narrateur, Syrien, dont on devine qu’il s’agit de l’auteur, entame son récit alors qu’il fuit son pays pour gagner la France, où il vit désormais. Au fur et à mesure des pages, nous revenons sur son enfance, passée en Arabie Saoudite après un premier départ de Syrie, ses parents ayant chacun trouvé un emploi en Arabie Saoudite, dans un pays dans lequel l’islam salafiste est partout, dans le religieux comme dans le politique et la vie quotidienne.
Dans de tous petits chapitres, à l’écriture fluide, l’auteur déroule son histoire et le quotidien du pays dans lequel il vit, dans lequel la population, bridée par diverses commissions, est sous la menace constante d’arrestations, emprisonnements, agressions et mort pour les cas jugés les plus graves. Tenue vestimentaire, écrits, alimentation, tout peut être prétexte à ennuis. En tant que Syrien, sa scolarité est plus compliquée, les élèves saoudiens se sentant supérieurs et brimant volontiers ceux qui viennent d’ailleurs. Comme pour le reste de son quotidien, celle-ci est marquée par l’apprentissage intensif du Coran et l’endoctrinement qui l’accompagne.
J’ai beaucoup apprécié ce récit de vie, et ai autant été intéressée par ce que j’ai appris sur le quotidien en Arabie Saoudite, même si je ne peux absolument pas envisager vivre de cette manière (et encore moins en tant que femme), que par le cheminement du narrateur, dont les pensées et la foi vont évoluer au fur et à mesure de l’histoire. En effet, au fur et à mesure des pages, nous nous retrouvons face à ses tiraillements entre religion et premiers émois du corps, entre questionnements et réponses à trouver dans la foi, entre ce qu’il a appris, et ce à quoi il peut avoir accès en utilisant internet, et qui lui ouvre d’autres possibles, parfois plus radicaux encore… et puis ce voyage qu’il fait et qui remet tout en question…
Je pense que c’est un livre qui mérite d’être lu pour ce qu’il nous apprend, pour le regard plus nuancé, également, qu’il nous permet d’avoir : en fonction d’où on naît, d’où on grandit, en fonction de ce à quoi nous avons accès ou pas en termes d’enseignement, d’informations, d’accès à l’altérité, notre esprit critique ne se développe pas de la même manière, et notre quotidien et nos croyances peuvent fort différer…
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Un témoignage saisissant sur une enfance bercée par l'islam où en grandissant l'auteur se questionne sur la religion musulmane tout en y cherchant sa place. L'écriture légère de Omar Youssef Souleimane nous plonge avec plaisir dans ce récit de parcours à la recherche de ses croyances.
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Foire aux livres.....Brive......foule compacte.....et derrière un stand,seul!, un personnage!! ...petit homme jeune,replié derrière ses lunettes,joli sourire ....et loin! si loin de ces paires de jambes qui s'activent,courent, stoppent brusquement, à la recherche de "celle de plus belle la vie", du "futur président", de "l'ancien cycliste", "de la grande journaliste", du dernier Goncourt".....
Lui ,c'est Omar Youssef Souleimane ,un immense poète;des mots qui disent l'exil, la souffrance, l'éloignement mais aussi l'espoir ,le bonheur de vivre, le plaisir.....
Lire Souleimane c'est ne plus jamais voir Damas et ses horreurs de la même façon
La langue de Souleimane s'inscrit, avec sa spécificité, dans la grande tradition de celle de nos poètes (Eluard,Char....)
Belle traduction (Souleimane écrit en Arabe)
"Quand nous passerons la frontière
fuyant les balles
ne dis à personne que nous sommes encore vivants"
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"Loin de Damas"un excellent recueil, une poésie vibrante, une explosion d'images contrastantes où se mêlent beauté poétique d'instants volés , des éclats sublimés et horreur bien réelle de scènes de guerre, des images incisives aux couleurs sombres, déconcertantes et bouleversantes pour décrire l'insoutenable d'un quotidien , des scènes imprimées au fer rouge dans l'âme .
Un superbe style très expressif qui touche la conscience, un talent certain , un don dans l'expression poétique , Omar est un poète remarquable, un "grand" poète du XXI ième siècle ...
Josyane moral auteur de poésies
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Un jeune réfugié syrien prend possession d'une chambre à Bobigny. Il a comme objectifs de s'y poser, se reconstruire et oublier "les jours noirs de la guerre". Un lieu pour y déposer ses souvenirs de Syrie: un costume, une poème d'Eluard calligraphié et autres objets qui comme lui, ont traversé la méditérannée.
Au gré se ses déambulations, il fait connaissance avec les habitants de son quartier : Fouad, un tunisien gérant de bar, Saïd, un dealer, un imam radical flirtant avec un monde politique trop complaisant. Il fait ainsi la connaissance d'une autre France, loin des clichés et qui fait ressurgir ce qu'il a fui.
C'est aussi l'histoire d'un amour bref et doux avec Violette, une jeune femme au lourd secret.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce récit à forte connotation autobiographique, à l'écriture poétique et expressive.
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L'écriture faite de courts chapitres aide à entrer facilement dans le texte. Oublier le passé, vouloir commencer une vie nouvelle en France, pas facile non plus.
Je trouve ce syrien sympathique, amoureux transi de Violette (qui cache sa situation de santé) être arabe non musulman, c'est comme être juif athée: c'est mal compris!
Surpris par le fait que la police n'intervienne pas, il constate que c'est l'imam qui fait respecter certaines règles.
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Déception. Sur le papier, le livre promet d'être intéressant, mais s'essouffle très rapidement. Il n'est d'ailleurs pas tellement question d'exil, mais plus d'une mise en scène de soi comme intellectuel incompris dans un Bobigny extrémiste au sortir d'une Syrie extrémiste. Une autre mise en scène d'un soi moitié "galant" - moitié "porté sur la chose" ne suffit pas à rendre le narrateur sympathique et attachant, au point que je me suis demandé pendant les 3/4 du livre quel était son but, ce qu'il avait à apporter... Quelques passages poétiques, mais malheureusement noyé dans un récit qui piétine et qui lasse.
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Suivez le quotidien d'un jeune réfugié de guerre, pour qui les douleurs et les cicatrices d'un passé lourd sont toujours présentes.
On suit ses pensées sur la France qui est sujette à une radicalisation de l'islam, sa politisation et la violence dans certaines villes.
Une plume douce qui m'a permis, le temps d'une lecture, de me mettre à sa place et d'être sensibilisée à ce sujet.
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Ce n'est pas facile d'apprendre à écrire en français, l'auteur arrivé en France en 2012 nous le prouve. La lecture est parfois difficile, dommage que les relecteurs ne se soient pas plus appliqués. Concernant le fond, l'auteur nous livre sa vision très peu critique, très peu mise en contexte ni comparative d'une France soumise à l'islam. La démonstration est fort peu convaincante malgré un désir de réalité de la part de l'auteur qui ne semble avoir rencontré que 4-5 personnes, dont un imam et une "islamo-gauchiste" (il n'emploie pas le terme). Il en résulte une description non argumentée et très partielle de Bobigny où l'auteur vit. N'est pas sociologue qui veut, romancier encore moins.
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J'ai aimé l'écriture, en petits chapitres courts, où le narrateur alterne observations et souvenirs avec ses efforts pour s'installer dans sa nouvelle vie, dans sa nouvelle ville, se poser pour se reconstruire. J'ai souvent trouvé le récit dérangeant, certainement parce qu'il dérangeait mes convictions, mes représentations, mais la part autobiographique me fait adhérer de fait à la vision du narrateur. C'est une lecture qui me restera, c'est sûr.
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Petit livre, petite histoire, mais riche de cette enquête sur l'intégration d'un Syrien musulman non pratiquant (voire athée) qui veut se faire une place et une situation en France. On découvre avec lui l'islam de Bobigny, les lieux et les acteurs du prosélytisme grandissant.
Les chapitres sont (trop ?) courts et à chaque fois qu'on voudrait que l'auteur en dise plus, on est un peu frustré; il n'en reste pas moins que son parcours est très instructif.
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Une écriture en chapitres courts, où le narrateur alterne observations et souvenirs sur son arrivée en France. Les difficultés inhérentes à tout émigré de fraîche date, sans connaître les codes. S'installer dans vie nouvelle à Bobigny, lui procure tout d’abord des tracasseries administratives. Puis commence son intégration dans son nouveau quartier, il y entend peu de français, un mélange de dialectes d’où s’échappent des propos hostiles envers le pays d’accueil. Dans cette mouvance d’adoption, il rencontre ce qu’il appellera « la gauche hallal », avec une jeune femme activiste. Et l’incontournable Iman du quartier qui peut paraître aimable, mais qui verrouille tout son monde. Ce dernier veut naturellement l’entrainer vers les lieux de cultes, quoique de plus normal pour un musulman ? Qu’importe qu’il ne soit pas religieux, l’Iman accueille tout le monde avec une générosité financé par les Saoudiens. Un engrenage menace sournoisement le narrateur, il n’est pas libre d’enseigner l’arabe (son ex profession), sauf au profit de l’élite des écoles islamiques environnantes.
A peine installé, il n’a pas d’autres choix que de fuir à nouveau, pour devenir un homme libre...
J'ai souvent trouvé le récit dérangeant, part le regard du narrateur que l’on ne peut accuser de racisme... Ces lieux d’accueils ne correspondent pas aux espoirs fondés sur des rêves. A moins d’une volonté farouche et le pouvoir de s’en sortir seul, comment échapper à cette organisation souterraine ?
C’est par une plume douce que l’auteur nous affranchit des récupérations islamistes et gauchistes, un sujet et très controversé. Il se peut que l’auteur regarde par le petit bout de la lorgnette, mais pour vérifier son propos, il faut vivre à Bobigny ou ailleurs en banlieue.
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