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Critiques de Otto Weininger (5)
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Sexe et caractère

Marrant à lire, à titre de curiosité. Ce n’est pas parce que son auteur s’est suicidé à 23 ans qu’il faut considérer que ce texte est l’œuvre d’un homme talentueux. Non, c’est pathétique dans l’ensemble, ennuyeux localement.





Ce texte est connu pour avoir suscité de grosses polémiques, rapport au discours misogyne et antisémite. Ouais, en gros Otto raconte que la femme et le juif sont le néant mais l’homme doit quand même les traiter comme des êtres humains, d’un point de vue moral, histoire de montrer qu’il possède bien une conscience et un sens des responsabilités.





Certains, pour atténuer la polémique (ou pour justifier sur le ton du politiquement correct leur engouement passionnel pour une théorie pas gentille), mentionnent la première partie du texte. Ici, Otto raconte l’histoire de la polarité sexuelle qui définit chaque individu. L’homme comme la femme peuvent se quantifier selon une répartition des éléments F et des éléments H tels que F = 1-H (ou H = 1- F). Les pédés posséderaient ainsi plus d’éléments F que d’éléments H en eux, et les lesbiennes, ce serait le contraire. L’amour idéal est aussi défini selon une fonction, comme quoi, si un type est quantifié H(56) et F(44), alors il recherchera une femme quantifiée F(56) et H(44). Hop, c’est bouclé. Et donc, les gentils contempteurs nous disent que dans la deuxième partie, Weininger ne parle en fait que de l’élément F présent en chaque individu. Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je lis que la femme est quand même un être humain, je pense qu’il parle de la femme individu, et non pas de l’élément femelle présent justement en chaque être humain.





Weininger se montre souvent contradictoire, mais ce n’est plus très intéressant de faire la liste de ses hésitations. Par contre, pour rigoler, on peut faire la liste de tous les trucs les plus dingues qu’on peut lire là-dedans. Et la liste ne sera pas exhaustive, histoire de vous donner envie de feuilleter un peu pour prolonger le best-of :

- « L’homme a le pénis, mais le vagin possède la femme. »

- « L’homme ne s’intéresse pas à la nudité de l’homme, tandis que toute femme, toujours, déshabille en pensée sa voisine. »

- « Les bibliothèques de prêt sont fréquentées surtout par des femmes, et notamment par des femmes ayant suffisamment d’argent pour acheter plusieurs bibliothèques ; mais il leur manque d’avoir un rapport plus profond avec ce qui leur appartient qu’avec ce qu’elles empruntent. »

- « C’est donc ce qu’on loue dans l’amour maternel que j’estime être en lui blâmable : l’absence de choix. Il s’agit là d’un amour instinctif et impulsif. »

- « Mère ou courtisane, la femme, n’étant que sexuelle, et l’étant par le corps tout entier, est constamment et par tout ce qu’elle rencontre coïtée. »





Après, il y a quelques idées intéressantes quand même, notamment celle selon laquelle la femme serait un équivalent de l’Ombre de l’homme. La femme aurait été créée comme objectivation de la sexualité de l’homme. « La malédiction qui pèse sur la femme n’est que le résultat de la volonté MAUVAISE DE L’HOMME : le néant n’est que l’instrument de la négation. […] Lorsqu’il s’est SEXUALISE, l’homme a CREE la femme. Le fait que la femme soit là signifie donc l’acceptation, l’affirmation, de la sexualité par l’homme. La femme n’est que le résultat de cette acceptation et de cette affirmation de la sexualité, elle est la sexualité elle-même ». C’est intéressant, mais cela reste manichéen, comme tout le reste.





De bonnes idées aussi sur le génie et la nature de la philosophie (« Philosopher ne consiste en rien d’autre que cette rencontre avec soi-même ; c’est une révélation de soi, un éveil du moi réel par la moi idéal. L’acte de philosopher est le fondement de toutes les autres révélations ; et au point de départ de la philosophie, il y a cette invite faite au moi réel à penser, à s’éveiller, et à devenir esprit »). Un peu de folie aussi avec la conclusion proposée : la femme doit devenir totalement homme, abandonnant toute velléité à la reproduction, entraînant ainsi la conversion de l’humanité à la chasteté. Et la survie de l’espèce ne constitue pas un devoir moral car « le refus de la sexualité ne tue que l’homme physique, et ne le tue que pour faire place à l’homme spirituel ». Voilà, c’est un peu fou, un peu réjouissant, totalement abstrait et donc peu souhaitable, j’imagine.





On pourrait accuser Weininger d’avoir écrit ce petit brûlot parce qu’il ne baisait pas, par exemple, parce qu’il n’avait pas de succès avec les femmes, etc. En fait, je n’en sais rien. C’est possible. A 23 ans, on a envie de pécho si on est en bonne santé. Mais en fait, la principale réfutation que l’on puisse faire à ce texte, Weininger l’a écrite lui-même : « L’étude qui doit être entreprise ici ne saurait ainsi l’être que dans la mesure où l’on estime possible d’énoncer sur la femme des choses justes sans être femme soi-même ».





Rien de rationnel là-dedans mais pour la rigolade, ça fera son effet.

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Sexe et caractère

Livre scientifico-socio-PHILO-métaphysique nécessitant tant une capacité de travail pour le lire (mots complexes, références précises, densité d'informations) qu'une expérience empirique certaine de la vie, une mémoire constante contextuelle et une capacité de réflexion au-delà de soi-même et du scientisme.

Entre les procès d'intention (donc les sophismes) (en dépit de toutes les précautions littéraires d'usage de l'auteur) de ses détracteurs et les paralogismes de ses défenseurs, l'oeuvre propose une lecture et une vérité absolue hors du temps.
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Sexe et caractère

Vaste essai, très excessif dans ses propos sur la femme (on soupçonne dès les premières lignes l'auteur d'avoir fait l'objet d'une grande déception amoureuse), mais parfois intéressant. Ce qui est certain, c'est que l'auteur a beaucoup souffert, car il a mis fin à ses jours peu de temps après avoir rédigé cet ouvrage, à 23 ans. Ce livre est à la source de plusieurs autres, qu'ils le contestent ou bien qu'ils épousent ses thèses, il est donc intéressant, ne serait-ce que par curiosité, d'en prendre connaissance.
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Sexe et caractère

Vaste essai délirant par moments, qui comprend aussi bien des chapitres illisibles où l'auteur se propose de démontrer que la femme n'est pas un être humain (ou que les juifs sont intrinsèquement féminins), que des chapitres fabuleux sur la mémoire et le génie, Sexe et caractère aborde des questions biologiques, sociologiques et psychanalytique si vaste qu'on l'apparenterait plus volontiers à une épopée théorique et scientifique quelque peu homérique qu'à un essai sur lequel on aurait d'ailleurs bien du mal à placer un épithète. Et ne serait-ce que pour sa formule mathématique régissant l'attraction sexuelle de l'Homme pour la Femme (c'est-à-dire des individus fictifs ayant 100% de substance masculine si ce sont des hommes et féminines si ce sont des femmes, et non un dosage des deux substances comme pour les autres individus), Sexe et caractère doit être mis entre toutes les mains !
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Sexe et caractère

⚠️ Attention, ouvrage à ne pas mettre entre toutes les mains ! Féministes et wokistes de tout d'abord, vous risquez de vous étouffer, de vous étrangler voire de frôler l'attaque cardiaque à la lecture des propos tenus par Otto Weininger !



Antiféminisme, antisémitisme et homophobie sont les principaux sujets abordés ici par l'auteur, regroupant tout ce que nous pourrions appeller aujourd'hui des "clichés" : la femme a besoin de l'homme pour se projeter en lui afin de comprendre qu'elle existe, la femme est un objet sans conscience au même titre qu'une plante, le juif a une part élevée de féminin en lui donc ne vaut pas mieux qu'une femme, etc, etc ...



Avant de crier au scandale, le lecteur doit avant tout prendre en compte le contexte historique dans lequel vivait Otto Weininger. Dès la fin du XIXème siècle en Allemagne et en Autriche, ce courant de pensées séduisait de plus en plus de philosophes, écrivains et compositeurs. Finalement, il ne s'agit là que de la genèse ou des prémices de l'idéologie nazie. Il est alors intéressant de comprendre les rouages de cette pensée et comment elle a pu aboutir aux horreurs perpétrées lors de la Seconde Guerre Mondiale.



Grâce à "Sexe et caractère", il nous est donné de cheminer dans les méandres de ce courant de pensées, d'en comprendre les rouages et d'être à même de déconstruire ce discours à l'aune du XXIème siècle. Intéressant donc, à condition de ne pas le prendre au premier degré !



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